BEST OF JEUX 2014 : 5 jeux sinon rien

L’exercice annuel du best of passe d’abord et trop souvent par une simplification. Top 3, top 5… Top 10 ? Rarement. Réduction 2014 presque indépendante de notre volonté…

Destiny

Manque de place dans un magazine imprimé, réduction arbitraire sur un site Internet qui essaie de donner un cadre à ses rédacteurs spécialisés, tout concourt à une réduction de la synthèse annuelle au moment où, au contraire, elle devrait en profiter pour être analyser en profondeur. L’exercice serait « obligé » et incontournable, faisons le, sincèrement, personne n’en doute, mais superficiellement, bénévolement d’ailleurs tellement l’exercice est aisé… Alors de là à s’appliquer. Le marronnier de fin d’année révèle en général un manque d’imagination et de souffle sur un exercice qui, potentiellement, devrait donner toute la mesure créative d’une année jeu vidéo et de chaque rédacteur au minimum passionné. Le top 5 ci-dessous m’a été demandé par le bimestriel Games pour être publié sur le site web du magazine. Un désaccord formel avec la rédaction m’a poussé à faire dépublier le dit top tel qu’il avait été modifié sans mon accord. Le revoici en version originale. Le classement, bien sûr, ne surprendra pas, l’exercice annuel n’implique pas de faire la révolution et de bouder les grosses productions au top. Au contraire, il s’agit de réintégrer dans le même flux « objectif », oui « objectif », les blockbusters et les petites productions. Parce que les uns et les autres, les uns après les autres dans leur chronologie de parution, racontent une même histoire : celle d’une année jeu vidéo.

Les quelques lecteurs qui auront croisé mes Best of jeux naturellement étendus des années précédentes sauront ce que je veux dire (liens en bas de page). Ayant écrit plusieurs dossiers éditos pour le site enthousiaste Gameblog.fr en 2014, celui-ci m’a également aimablement proposé, comme en 2013, de participer à leur top/flop annuel. À lire en attendant une républication ici même. J’ai pu m’y étendre tout de même d’avantage.

BEST OF 2014 : 5 jeux sinon rien

1 – Destiny

Une justesse interactive quasi occulte du moment de jeu, une remise en scène du jeu du chat et de la souris entamé avec Halo et raffiné jusqu’à l’extrême 13 ans plus tard dans Destiny. Une science aussi de la terre tangible sous les pieds et du regard dirigé, de la narration par les décors et les cieux, muets mais si parlants. On va sur Vénus ou Mars, et, happé, on y reste.

2 – Infamous : Second Son

Dans le registre open world urbain on préférera toujours le plus aérien, le plus dynamique, le plus chaleureux et le moins graveleux, le plus esthétique aussi, de l’aube au crépuscule en passant par la nuit. Avec ses ballets au-dessus des toits et ses jets de néons éphémères, InFamous sur PS4 est un peu le Jakson Pollock digital du jeu vidéo.

3 – P.T.

Depuis longtemps, la plus intelligente démonstration du potentiel du jeu vidéo : surprendre le joueur, les habitudes marketing, les clichés de l’épouvante, de la narration et du gameplay. À l’heure du blockbuster qui fait tout péter, du gore qui salit tout et des démos bêtas qui avilissent, le duo de complices Kojima et del Toro l’affirment, dans le jeu vidéo aussi : qui peut le plus, peut le moins.

4 – Monument Valley

Citons sans trop de gène ce qui ne saurait être mieux reformulé après avoir été imprimé dans Games #3 : Dans ses vallées de cathédrales devenues mausolées où « il ne reste plus personne pour nous pardonner », avec douceur et délicatesse, Monument Valley convie le jeu vidéo à refaire ses humanités.

5 – Metro Redux / Oddworld New ‘n’ Tasty (ex aequo)

2014, l’année des « remasterisations » qui auront sauvé la next-gen de sa honteuse descente en enfer connecté. Enfin en série A (+ A +A), le si bien écrit et joué diptyque ukrainien devient l’écho sous-terrain du dernier conflit russo-ukrainien. Et le retour d’Oddworld, et de son créateur Lorne Lanning, confirme que obstination auteuriste et vision durable ont aussi tous les droits dans le jeu vidéo.

BEST OF JEUX 2013 : L’année à couper le souffle
BEST OF JEUX 2012 : L’année du loot
BEST OF JEUX 2011 : L’enfance de l’art
BEST OF JEUX 2010 : Une sélection militante
BEST OF 2009 : Les jeux, les jeux, les jeux

François Bliss de la Boissière

(Publié puis dépublié en décembre 2014 sur le site du bimestriel Games)

 


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LittleBigPlanet 3 : innocence perdue

Syndrome ingrat : plus un jeu est original et atypique plus ses suites perdent charme et innocence. C’est sans doute pour cela que ce 3e opus confié par ses parents originaux (Media Molecule) à des parents d’adoptions (Sumo Digital, tout aussi britannique) vise d’avantage les enfants.

LittleBigPlanet 3

Trop présentes, les voix off des narrateurs et instructeurs des mille et une fonction du jeu ont désormais un ton plus infantilisant. La diminution de l’humour au 2e degré est à peu près le seul reproche que l’on puisse faire à un jeu/atelier-artistique aux idées folles et à la réalisation, pour le coup, techniquement plus assurée sur PlayStation 4. Toutes aussi craquantes, trois nouvelles poupées en toile de jute rejoignent l’original Sackboy dans un jeu de plateforme faussement maladroit – seul ou à plusieurs ensemble – qui exploite avec ingéniosité la profondeur de champ et des mécaniques qui font réfléchir. Et le gros du jeu reste toujours son mode création de niveaux, guidé mais presque sans limite, qui cumule les éléments de construction et de décoration récupérés dans les épisodes 1 et 2 avec les nouveaux gagnés en jouant à l’aventure principale du 3. Un peu moins unique mais toujours au-dessus de la mêlée.

  • PS3, PS4
  • 1 à 4 joueurs
  • Sony Computer
  • PEGI * : à partir de 7 ans

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2015 dans le mensuel Comment ça Marche)

 


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Assassin’s Creed : Unity : révolution avec mise à jour

Entaché, hélas, comme un trop grand nombre de blockbusters en 2014, par de nombreux problèmes techniques au lancement (plus ou moins corrigés depuis), ce 7e épisode de la série historique a déclenché polémiques et débat politique de fond*.

Assassins Creed Unity

Historiens et idéologues posent la question : la représentation de la Révolution française dans un jeu vidéo, et notamment de ses protagonistes célèbres (de Danton à Robespierre en passant par Louis XVI), doit-elle être historiquement correcte ? Quelles que soient ses errances, cet Assassin’s Creed ne manque justement pas de fasciner. Car en entrainant le conflit séculier récurrent entre les sectes Templiers et Assassins sur les toits et dans les rues surpeuplées et agitées du Paris de la Révolution, le joueur traverse un Paris historique de 1789 à 1794 reconstitué avec un soin du détail affolant. Notre Dame de Paris, L’île Saint Louis, Le Marais, La Bastille, Les Invalides (et même Versailles, sa ville et son château), appartements, cafés théâtre… tous les quartiers et monuments s’explorent et se visitent (y compris à l’intérieur) quasi librement. Les polémiques et le gameplay répétitif habituel de la série s’effacent alors devant un inoubliable voyage dans le temps.

* Voir mon enquête sur les remous médiatiques ici

  • PC, PS4, Xbox One
  • 1 joueur (4 en ligne en coopération)
  • Ubisoft
  • PEGI * : à partir de 18 ans

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2015 dans le mensuel Comment ça Marche)

 


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