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Branché : 1er happening jeux vidéo à Paris

Une soirée débat presque underground à Paris a reçu sur scène des artistes avant-gardistes du jeu vidéo et de la culture pop-digitale. Le créateur de Rez et Space Chanel a fait faux bon, mais l’artiste derrière PaRappa The Rapper et Vib Ribbon était là aux côtés de personnalités européennes. La culture jeu vidéo est bien en marche.

Gamehotel event Paris 2003

La société TNC Network spécialisée dans l’organisation d’événements a créé l‘enseigne Gamehotel, symbole de futures manifestations culturelles autour du jeu vidéo et de la culture dite pop-digitale. Sans doute inspirée par les scènes anglaise et japonaise nettement plus actives que la française, la première soirée Gamehotel a donc initié, pour la première fois en France, une manifestation culturelle non marchande autour du jeu vidéo. Mélangeant interviews sur scène, animations bon enfant avec le public, projections vidéos sur grand écran, musique en arrière-plan et expositions de figurines sur les côtés, la soirée a fait office de mini happening. Si le public et les organisateurs ont déploré le désistement de Tetsuya Mizuguchi, l’invité majeur de la soirée, responsable du studio United Games Artists derrière Space Channel 5 et Rez, tous les participants ont pu apprécier la fraîcheur de Kiri Matsuura, co-créatrice des jeux musicaux Vib Ribbon et PaRappa the Rapper. Sur place, elle a fait une démonstration de ses talents de calligraphie japonaise à la base de son nouveau jeu.

Les journalistes David Choquet et Steven Poole, respectivement auteurs des livres 1000 Heroes et Trigger Happy sont venus débattre de l’évolution du jeu vidéo. & nbsp; Deux jeunes créateurs-entrepreneurs, le suédois Tom Söderlund du studio It’s Alive, et le français Mathieu Castelli de Newtgames, ont expliqué leurs projets de jeux sur téléphones mobiles qui transforment les villes en terrain de jeu. Succès avéré pour Söderlund avec son jeu SupaFly qui fait courir 8000 russes, et horizon dégagée pour Castelli qui a signé avec les japonais et lorgne déjà vers la Chine. Le français David Cage, Directeur du studio Quantic Dream qui a réussi à faire entrer David Bowie – corps et musique – dans son jeu The Nomad Soul il y a quelques années, est venu parler de Fahrenheit, son nouveau jeu vidéo d’aventure qu’il voudrait présenter en épisodes. Un projet qui rencontre le barrage de l’industrie console de jeux vidéo arc-boutée derrière son système de royalties pour des jeux vendus 45 €. Preuve concrète que malgré son bouillonnement créatif et sa jeunesse, le jeu vidéo est déjà enfermé dans son propre système. & nbsp;

Deux designers japonais, Yoshizo Yoshimura et Shinichiro Kaitai ont attesté en personne la folie apparemment incontrôlable et pourtant très rationnelle des designers japonais. Leurs personnages cornus ou à tête carré, les improbables Devilrobots pour les occidentaux, se déclinent à n’en plus finir en figurines et/ou objets marketings au Japon. Les deux troublions japonais s’amusent d’ailleurs volontairement à brouiller les pistes entre création artistique et calculs marketings. Un exemple de folie contrôlée à la japonaise. François Chalet, enfin, connu sur Internet et dans des clubs européens pour ses petits films d’animation est venu compléter avec brio ce panel d’artistes. Ses animations Flash, projetées sur grand écran et vocalisées en direct par lui-même ont une vraie qualité singulière. La sobriété du ton, le minimalisme du dessin vectoriel et l’absurdité quasi dadaïste des situations de ses petits sketches graphiques provoquent immanquablement rires et bonne humeur tout en faisant réfléchir sur l’existence. Signature d’un grand à coup sûr. Conviés le jeudi 30 janvier 2003 dans le Centre Culture Suisse caché dans le labyrinthe du Marais parisien, une centaine de personnes, professionnels et amateurs, ont donc eu le privilège d’assister en direct au tout premier happening jeu vidéo en France. On attend la suite avec impatience.

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2003 sur Overgame)

 


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