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La GBA se met au parfum… SP

La reine des consoles portables n’a pas fini ses mutations. Après les enfants et les jeunes adultes, ce sont les hommes et les femmes, les vrais, qu’elle veut séduire. La Game Boy Advance SP est-elle vraiment pour adulte ? Eléments de réponse…

Comment se succéder à soi-même ? C’est un peu le défi d’une Game Boy en situation de monopole incontestable depuis 14 ans sur le marché des consoles portables. Si le passage à la couleur a permis à la Game Boy devenue Color de continuer presque naturellement son irrésistible ascension, le vrai saut technologique intervenu avec la Game Boy Advance en 2001, n’était pas forcément gagné d’avance. Seuls les spécialistes et les plus avertis amateurs de jeux vidéo étaient vraiment à même d’apprécier la valeur technologique 32 bits de la nouvelle Game Boy. Le grand public, lui (nous l’avons testé pour vous), ne fait pas vraiment de différences. Alors là où le message technologique ne passe pas, il faut trouver d’autres signaux. En général des signaux d’appartenance culturel.

Sans conteste ni remords, la Game Boy a toujours été destinée aux enfants, quelles que furent ses évolutions. La Game Boy Advance, en revanche, a voulu élargir son audience vers un public, toujours jeune, mais plus âgé, plus actif dans la société, des amateurs de sports extrêmes notamment, forcément adeptes de machines portables, comme le baladeur CD et, bien sûr, le téléphone mobile. Des adulescents que Nintendo n’a pas hésité à aller titiller jusque dans la Gay Pride parisienne où des dizaines de flyiers GBA ont été distribués. Des prospectus malicieux s’amusant avec l’image gentiment ambiguë d’un nouveau profil masculin de Game Boy… Advance. Touché ! Donc, avec sa campagne de pub irrévérencieuse, limite trash, où des jeunes gens, absorbés par le jeu sur GBA, oublient d’ouvrir leur parachute, pissent sans les mains, ainsi de suite, Nintendo modernise sa nouvelle console, essaie de lui donner un profil « rebelle ». 15 millions de GBA vendues plus tard, personne n’ira démentir l’efficacité de ce marketing et surtout, du double poids de l’héritage Game Boy et Nintendo. Car malgré toutes les qualités de la GBA, il est un défaut qui aurait dût être éliminatoire : l’écran non rétro éclairé quasiment impraticable !

Deux ans plus tard, ENTER : le Game Boy Advance Special Project ! Nintendo avoue apparemment son erreur et présente une nouvelle GBA avec un écran éclairé. Seulement voilà, la GBA SP ne se contente pas de présenter l’écran qu’il fallait, elle adopte cette fois un design high-tech classieux qui vise ouvertement un nouveau public. La SP new look rejoint les gadgets de pointe comme les PDA, les téléphones mobiles. Et Nintendo décline sa nouvelle image dans les magazines de modes. Des affiches GBA SP parodient dans un noir et blanc chic les pubs pour parfums. L’homme ne joue plus seul, Nintendo prévient que la SP concerne désormais le couple, voire même les femmes. La créatrice de mode Katherine Pradeau a designé une GBA sertie de pierres. Des tops modèles s’affichent en train de jouer sur GBA SP. Le magazine Elle s’en fait l’écho…

Un mois après sa sortie, la GBA SP est un succès incontestable (200 000 écoulées les 3 premiers jours en Europe !), les stocks s’épuisent dès réassort. Mais la clientèle Game Boy a-t-elle vraiment changée ? Pas vraiment. « Il y a bien des hommes d’affaires et des comités d’entreprise qui achètent la GBA SP avec intérêt« , explique un responsable des jeux du Virgin Megastore au cœur des bureaux du boulevard des Italiens, mais l’essentiel de la clientèle est resté le même affirme la Fnac de Toulouse et une majorité d’autres magasins : « Des parents avec leurs enfants« . Ou inversement.
Ce qui est sûr, c’est que la GBA 1ère génération est déjà oubliée. Les vendeurs sont unanimes : « La différence de prix entre la GBA à 95 € et la GBA SP à 129 € ne compte pas, tout le monde veut la SP, même ceux qui ont déjà une GBA« . La GBA a bien un nouveau parfum…

Game Boy : la mutation permanente

 Installée sur le trône du succès depuis 14 ans, la Game Boy n'est pour autant pas restée immobile. D'une coque grise à des coques multicolores, elle est passée de console portable à console "pocket". Son écran noir est devenu couleur, le boîtier transparent. Douze ans et 110 millions de Game Boy vendues plus tard, sans réel concurrent à l'horizon, Nintendo se lance seul sur le marché des consoles portables du XXIe siècle. Concentré de technologie mobile dédié au jeu, le Game Boy Advance est de forme horizontal, affiche des milliers de couleurs, passe à la puissance 32 bits. Deux ans plus tard encore, et 15 millions de GBA SP vendus, Nintendo modernise son image. La machine à jouer devient une machine à séduire, garde le même fond technologique mais enfile un costume de soirée. Coque métallisée, mystérieusement fermée comme une huître, le SP s'ouvre comme un écrin, son écran enfin éclairé brille dans le noir telle une perle sous la lumière… Le Game Boy Advance Special Project se veut désormais mixte. Et sa mutation n'est sans doute pas finie… 
1996
Réduction de taille, la Game Boy Pocket tient dans la poche
1998
Les jeux sont enfin en couleurs avec la sortie de la Game Boy Color
2001
Bon technologique : le Game Boy Advance est une vraie nouvelle console. Tous les jeux du catalogue Game Boy restent compatibles.
2003
Look chic anti-choc : le Game Boy Advance est plus qu'une machine à jouer

3 jeux pour Elle

  • Rayman 3 (UbiSoft)
    « Oh, il est rigolo le personnage sans bras ! Regarde comme il saute, s’accroche, jette son petit poing en avant ! Trop mignon ! »
    Jeu de plate-forme écologique, bien fait, facile d’accès (au début), personnage attachant, et qualité française garantie.
  • Kuru Kuru Kururin (Nintendo)
    « Mais c’est génial ce truc ! Attends, là, j’essaie encore une fois en mode facile, le bâton est un peu plus petit, après tu vas voir ! »
    Diriger un bâton tournoyant dans des parcours sinueux et fleuris. Un principe et une réalisation simples pour un jeu hyper malin.
  • Sonic Advance 2 (Sega / Infogrames)
    « Tu me diras ce que tu veux avec tes jeux de voitures, tu n’iras jamais aussi vite que moi avec Sonic. Jamais ! »
    Le hérisson bleu de Sega est si vif qu’on a facilement l’impression d’être un champion de la vitesse. Pour se donner des vertiges dans les loopings…

3 jeux pour Lui

  • Doom (Activision)
    « Oui, bon, je les descends à coups de fusils, c’est vrai. Mais c’est pour rire, regarde : le sang est vert … »
    Vieille légende du jeu vidéo où les monstres s’éliminent au fusil à pompes. Toujours aussi viril, même sur console portable.
  • V-Rally 3 (Infogrames)
    « Un homme sans voiture serait un homme sans cliché, sans doute, mais là quand même, chérie, c’est de la 3D sur GBA ! »
    La 3D de ces courses de rallye vacille bien un peu, il n’empêche que cela fait réaliste. Et la conduite est solide.
  • The Lost Vikings (Vu Games)
    « Tu vois mon amour : les jeux vidéo font réfléchir ! Si si. Pour trouver la sortie, chaque Viking fait appel aux compétences de ses deux copains ! »
    Ces trois pieds-nickelés du Nord ne datent pas d’hier. Mais le mélange action et puzzle est toujours aussi ludique et malicieux.

3 jeux pour eux Deux

  • Eggo Mania (Kemco)
    « Tu es dégueulasse quand même, j’étais presque arrivée en haut !« . « Bon, ok, encore une, et je te laisse un peu d’avance…« .
    Dérivé de Tetris, en plus coloré, plus funky. Il faut vite construire son mur en essayant de détruire celui de l’autre.
  • The Legend of Zelda : A Link to the past + Four Swords (Nintendo)
    « Marche sur le levier là, vite vite, le pont va se rétracter ! « . « Attends ! Il reste des rubis, faut que je les attrape ! »
    Une aventure médiéval magique à suivre ensemble ou en alternance. Plus un inédit mode 2 joueurs où il faut coopérer.
  • Mario Kart Super Circuit (Nintendo)
    « C’est toi qui as encore lâché une peau de banane dans le virage ? Avoue !« . « Mais qu’est-ce que tu racontes, je viens de tomber dans l’eau là alors… »
    Courses hyper funs de mini karts. Des parcours et des personnages bariolés pour des compétitions insouciantes et efficaces.

François Bliss de la Boissière

(Écrit en avril 2003 avec une légèreté assumée et publié en mai 2003 dans VSD Hors série jeux vidéo n°1)

VSD Hors Série JV 01 mai 2003 GBA SP 01
VSD Hors Série JV 01 mai 2003 GBA SP 02

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Eggo Mania : oeufs maçons

Las des effets plein la face de la production jeux vidéo nouvelle génération, il devient urgent de se simplifier la vie avec un Tetris-like aussi maniable que relaxant.

Eggo Mania

Le jeu vidéo se prend si souvent au sérieux avec ses scénarios alambiqués, ses musiques prétentieuses, ses univers surchargés, qu’il est rafraîchissant de retourner de temps en temps aux origines toutes simples du loisir interactif. Sur Game Boy et sûrement sur l’écran des ordinateurs de bureaux, Tetris, casse-briques ou Shanghai sont toujours vivaces et, n’en déplaise à la course affolante aux effets spéciaux, il n’en faut finalement pas plus pour faire un jeu vidéo. Les plus anciens gamers se dirigent en toute logique vers les logiciels disponibles sur Internet qui émulent les bornes d’arcade ou les consoles d’antan et se complaisent alors à retrouver des sensations nostalgiques.

Old school consensuel

En ce nouveau millénaire, les joueurs contemporains las de l’emphase des productions actuelles, et les néophytes du jeu vidéo peuvent alors se retrouver sur des jeux old school si évident qu’ils en deviennent consensuels. Anachronisme charmant, le petit Eggo Mania récemment disponible sur toutes les consoles surpuissantes du marché (et sur GBA) ne nécessite pourtant pas beaucoup de ressources. Héritier parmi tant d’autres du Tetris original inventé par Alexey Pajitnov, le jeu demande tout simplement de récupérer des morceaux de briques tombant du haut de l’écran pour édifier un mur commençant au bas de l’écran. Décidé à ne pas se prendre au sérieux, Eggo Mania s’amuse alors avec le principe d’empilage de briques cloné sur Tetris. Toujours face à un écran vertical rectangulaire où tout se passe, le joueur contrôle un petit personnage rondouillard sans jambes ni bras ni cou, mais avec des mains, des pieds et une tête. Un œuf humanisé donc, assemblé comme le célèbre Rayman. C’est donc cet œuf staïlé en Coolio, en diablotin, en DJ ou en samouraï (13 en tout) qui fait tout ce qu’il faut pour construire son mur le plus vite possible. Très intuitivement sous le contrôle de la manette, Yolko, Astro ou Funky, sautent pour attraper les morceaux de briques aux formes diverses qui tombent du ciel. Une fois la brique entre les mains, le petit bonhomme doit choisir où la poser pour que son édifice s’élève sans s’effondrer. Et il faut faire vite puisque pendant le temps de décision d’autres morceaux de briques tombent inutilement, le chronomètre défile, et le niveau de l’eau monte en bas de l’écran révélant que des mauvais choix conduiront à la noyade. Selon les modes de jeu en solo ou contre un adversaire construisant en simultané et sous les mêmes contraintes un mur de son côté, il faudra arriver le premier en haut de l’écran tout en résistant à divers aléas : bombes jetées par l’adversaire, oiseaux voleurs de briques, crocodiles sauteurs…

En paix

Curieusement, alors que le principe du jeu devrait conduire très vite à l’hystérie, le rythme imposé par les animations rondouillardes, les musiques enfantines de la dizaine d’environnements graphiques (fête foraine, usine, maison hantée…), les temps de chargements un peu exagérés entre parties (version PS2), les modes d’initiation simples et conviviaux, la maniabilité douillette et le côté minimaliste de l’ensemble, laissent l’esprit plutôt en paix. A condition toutefois de ne pas être irrité par le côté bon enfant de l’affaire et un prix de vente outrageusement égal à celui des super productions du jeu vidéo.

Eggo Mania (PS2 – GameCube – Xbox – GBA / Kemco / 1 à 2 joueurs / Genre : Puzzle-Action / Disponible / Score : C)

François Bliss de la Boissière

(Publié en novembre 2002 dans le mensuel de cinéma : Score #7)

 


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