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Ratchet & Clank : mascotte armée

Elles s’étaient fait oublier dans le grand chambardement des consoles nouvelle génération. On les croyait enterrées avec une époque et puis, coucou, les revoilou, les mascottes qui asticotent les manettes. Grosse artillerie au point, Ratchet et Clank traversent la galaxie pour réclamer leur part du gâteau…

Ratchet & Clank
Par un effet curieux du hasard, comme si tout le monde s’était concerté, l’année 2002 aura vu le grand retour des personnages mascottes après au moins deux années d’absence. Pour le grand plaisir des plus petits, et sans doute l’ennui des plus grands. Héros au design animalier improbable mais instinctivement familier. Condamné depuis les origines et Donkey-Kong à sauter de plate-formes en plate-formes, à donner des coups de cul définitifs. Emblème vidéoludique de la puérilculture qui, après d’innombrables agitations frénétiques de pixels, vient systématiquement s’essuyer dans les peluches de la culture bobo.

Chercher la bagarre aux anciens

Avant dernier candidat de qualité sur PlayStation 2 avant l’arrivée récente de Sly Raccoon, Ratchet le mécanicien et son alter ego métallique Clank, sont venus à leur tour chercher des crosses aux indétrônables Crash, Sonic et Mario des consoles concurrentes. Et pour affronter des grands frères à la réputation intouchable, l’étrange animal du futur ne vient pas les mains vides. Au cours du périple qui le conduira de planètes en planètes pour, encore et toujours, combattre un vilain empereur galactique (Président Drek en fait, un faux modeste), Ratchet trimballe avec lui un arsenal à rendre jaloux le responsable des stocks de Fort Knox. Du pistolet laser au lance-flamme, du Trespasser au Devastator, du canon sonique aux gants explosifs, du Morpha-A-Ray au Suck Cannon, et à condition de passer chez le revendeur local, le nouvel héros auto proclamé sauveur de l’univers, peut devenir une armée à lui tout seul. A tel point que même l’anciennement humaniste Moïse reconverti en Charlton Heston vindicatif à la tête de la NRA (National Rifle Association) pourrait venir lui demander des comptes, voire même ses licences.

Bon pour 3 ans et plus si affinités

Heureusement tout cela est bon enfant. A part un Conker halluciné dont on se demande encore comment il fut possible sur Nintendo 64, les mascottes dignes de cette appellation contrôlée trouvent toujours leur ligne de flottaison au-dessus de la barre des « Bon pour 3 ans et + ». Garantie surannée du Syndicat des Editeurs de Loisirs (SELL). Ce qui ne veut pas dire que cette mascotte là s’adresse aux enfants, loin de là. Tous les adultes et jeunes adultes sauront goûter les joies de la destruction efficace mais inoffensive de centaines de robots plus farfelus les uns que les autres.

Le 5e élément

Beaucoup plus tributaire de la pesanteur que ses prédécesseurs bondissants, Ratchet sautille sans grâce, n’atteint pas sans assistance mécanique les plate-formes supérieures. En s’aidant d’un Clank installé dans son dos, le malin animal utilise helipack,
jet pack, engin sur coussin d’air et autre grappin magnétique, pour décoller du sol. Malheureusement, cet amusant inventaire à la Prévert cache à peine la seule défaillance de cette production hyper soignée. Car aussi équipé qu’il soit, aussi rigolos que soient les ennemis, aussi flashants que soient les énormes environnements traversés par des dizaines d’engins volants (on pense à la circulation de New York du 5e élément et surtout à Coruscant, la ville aéroportuaire de Star Wars : Episode One), le monde de Ratchet & Clank est plutôt ennuyeux à traverser. Un défaut, que l’on peut rapprocher de celui des trois jeux Spyro le Dragon des mêmes développeurs, et qui n’a de toutes façons pas empêché le mignon dragon d’intéresser des millions de joueurs sur PlayStation 1.

Demi-frère avoué de l’excellent Jak and Daxter sorti l’année dernière, Ratchet & Clank partage la même technologie efficace, le même humour sain inspiré des meilleurs cartoons, et, porté par l’enthousiasme de Sony Computer, suivra sans doute son frère de sang (californien) vers le succès. Une grosse production forçant la sympathie, curieusement un peu plombée par une architecture des niveaux beaucoup trop ordinaire.

À lire : Ted Price : papa poule de Ratchet & Clank

François Bliss de la Boissière

(Publié le 28 janvier 2003 sur Overgame)

 


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