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BEST OF JEUX 2010 : Une sélection militante

Le jeu vidéo repose sur des formules, des concepts et des gameplays qui évoluent beaucoup plus lentement que les technologies qui les supportent. La stabilisation hardware du côté des consoles en place depuis 4-5 ans permet aux studios de mieux finaliser leurs productions et, parfois, d’ouvrir la porte vers de nouvelles expériences…
 

Militant comme toujours ici pour un jeu vidéo digne de lui-même, on s’obstinera à ne vouloir reconnaître que dans les premiers jets les jeux les plus légitimes. Même si elles sont techniquement supérieures au premier essai, les suites numérotées sont toujours coupables de naître d’un plan d’amortissement sur plusieurs années et non d’une pure volonté artistique. Si le jeu n°2 est « enfin » abouti cela implique que le premier été commercialisé sans l’être. Si le jeu n°3 révèle enfin le potentiel de la série c’est que les créateurs ont échoué à bien s’exprimer dans le premier. Que l’on entende bien, le work in progress artistique est tout à fait admissible, même s’il prend le joueur en otage de ses recherches et errements. En revanche, le procédé économique qui consiste à transformer le consommateur payant plein pot en béta testeur (un métier normalement rémunéré) ne devrait pas exister. Ce qui est vrai pour un artiste-concepteur comme Jonathan Blow qui a consacré deux années pleines à finaliser la mécanique du gameplay de son Braid alors que le jeu aurait pu être commercialisé bien avant, devrait l’être pour des grosses productions avec des budgets colossaux. Le modèle freemium aujourd’hui généralisé dans les jeux sociaux sera peut-être celui du jeu vidéo tout court demain.

Best of 2010 : Les jeux originaux

1 / Limbo (Playdead/Xbox Live) : Pourquoi ce jeu dit « indépendant » en tête de tous les jeux cette année et non Braid, flOw ou Flower les années précédentes ? Parce que contrairement aux propositions mettant en scène un gameplay/concept à la limite de l’abstraction, Limbo place l’humain au cœur du projet. Limbo ne se présente pas comme un pur objet interactif mais comme une œuvre qui réussit à intégrer l’interactivité à un ensemble de moyens d’expressions artistiques. Du noir et blanc expressionniste à la bande son minimaliste et enveloppante à la David Lynch, de l’absence de mode d’emploi aux mouvements discrets de caméra vers l’avant ou l’arrière, chaque élément appartient à une même sphère narrative émotionnelle et cérébrale. Le participant pénètre dans un univers complet de conte macabre par les yeux d’un petit garçon qui se réveille et dont l’éveil au monde, en quelque sorte, est naturellement fantasmatique et craintif. Un exemple parmi d’autre de la maîtrise artistique intime, aussi importante que le reste, la mise à mort chronique du personnage suggère elle aussi un commentaire à plusieurs niveaux. La lenteur de la fermeture au noir qui la conclut a déjà valeur d’ultime expiration et sert, comme le reste, à rythmer les palpitations du récit muet. Sa répétition cruelle et inévitable, chagrinante d’un point de vue émotionnel, mais non pénalisante en terme de jeu, distille un commentaire tragicomique sur ce principe mort/résurrection si fondamental au jeu vidéo tel qu’il existe depuis 30 ans. L’échec éventuel, la perplexité devant les décors en forme d’impasse ou de gouffre génèrent du récit. Ce temps de réserve individualise la relation psychique et somatique qu’entretiennent le joueur et le petit garçon à l’écran. Limbo fait preuve d’une énorme maturité d’expression physique et métaphysique non pas parce qu’il a le culot de mettre en scène des petits enfants suicidaires, mais parce qu’il réussit à concrétiser et à projeter devant nous la psyché sans garde-fou d’un enfant. Complètement référentiel (on pense à Another World), mais aussi tourné vers le futur artistique du jeu vidéo, Limbo n’est plus que du « jeu ».

2 / Heavy Rain (Quantic Dream/PS3) : Encore bancale et trop consciente d’elle-même en tant que jeu dans l’obligation de faire jouer, l’expérience ciné-interactive Heavy Rain laisse néanmoins une marque indélébile dans la mémoire du participant et la généalogie du jeu vidéo en général. Comme dans Fahrenheit, articuler le récit sur une histoire de psycho killer reste une solution bien racoleuse en direction, sans doute, des gamers, et finalement hors champ quand l’essentiel qualitatif se joue dans l’ordinaire des relations des personnages avec leur environnement proche. A ce titre, Heavy Rain réussit pleinement son pari de générer un suspens psychologique à la minute avec des choses banales et à créer une densité émotionnelle entre les personnages et le joueur.

3 / Enslaved : Odyssey to the West (Ninja Theory/PS3, Xbox 360, PC) : En quelques minutes explosives, Enslaved donne vie à deux personnages charismatiques, et à un monde complet avec ses ruines inédites, ses robots et drôles de machines tout aussi inoubliables. Enslaved s’approprie avec intelligence beaucoup de clichés avec une volonté de les transcender et de se rendre accessible à tous. Frustrant un moment pour un gamer averti, les rognages qui enlèvent du gameplay (esquisses de QTE à la God of War avec les boss, survol automatique des drones qui pourraient être pilotés par le joueur) sont autant au service de grand public que d’un récit initiatique qui ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. Ce qui n’empêche pas de tomber sur des séquences retorses et des zones de creux. D’une manière générale, le chic et l’élégance, la générosité et l’envie d’en découdre avec les décors, le gameplay, le jeu des acteurs et la mise en scène, envoient mille signaux de bienvenue en direction d’un jeu vidéo respectueux et en quête de réinvention.

4 / Darksiders (Vigil Games/PS3, Xbox 360, PC) : L’outsider qui cache sans doute un des gameplay les plus complets et les plus sophistiqués de l’année derrière un design D&D trop souvent vu. Exploration, simili plate-forme, vol, combats à l’épée hack’n slash, progression des pouvoirs et gestion manuelle des améliorations, absolument chaque rouage du gameplay donne satisfaction aux bouts des doigts et du mental comme un jeu Rare ou Nintendo. C’est cette présence tactile fiable et stimulante au fil d’environnements et d’architectures sophistiqués qui permet de supporter le contexte gothico-démoniaque grandiloquent.

5 / Kirby Au fil de l’aventure (Good-Feel, Nintendo/ Wii, disponible USA, sortie 25 février Europe) : La Wii ne se porte jamais aussi bien que quand elle joue en 2D à réinventer les chartes graphiques normatives et oublie (hélas ?) les fonctionnalités de reconnaissance dans l’espace de la Wiimote. Bien plus qu’un simple décor qui ferait tapisserie, les fils à couture, cordages, boutons, fermetures éclairs et autres tissages (dessinés et non photo réalistes comme dans LittleBigPlanet qui l’inspire un peu) donnent prétexte à une multitude de trouvailles graphiques au service du gameplay. Devenu petite voiture ou tank géant, le transformiste Kirby continue un parcours de plate-forme à mi-chemin de l’expérimental et du grand public. Un grand classique comme le restent encore Yoshi’s Story sur Nintendo 64 ou les (Super) Mario Paper sur GameCube et Wii.

6 / Alan Wake (Remedy/Xbox 360) : Encore une grande envie de réconcilier cinéma et jeu vidéo qui n’arrive pas à proposer mieux qu’une cohabitation alternée. Mais, assez bien jouée et mise en scène, la tentative est ici belle et prenante parce qu’elle s’appuie sur un environnement naturel particulièrement bien restitué. Personnage central du jeu, la forêt nord-américaine, ses ombres, son vent, sa brume, ses chalets en bois et ses rivières dégagent une présence organique inédite. La puissance d’évocation est si forte qu’elle rend crédible les situations les plus gauches.

7 / Red Dead Redemption (Rockstar San Diego/PS3, Xbox 360) : Le jeu de l’année choisi par la majorité des édiles du jeu vidéo, Red Dead Redemption impressionne surtout parce qu’il réussit quelque chose que l’on croyait impossible : un GTA western où les paysages horizontaux remplacent ceux des buildings verticaux. Cette prouesse technique admise il reste un jeu d’aventure en manque flagrant de personnalité. RDR décline tous les clichés du western classique qu’on ne supporterait plus au cinéma, comme si le western spaghetti des années 70 n’était pas passé par là. Habité de beaucoup trop de figures génériques (et de raideurs et de bugs décidemment indécrottables des free roaming games), ce premier western interactif démontre surtout qu’il va être possible – une fois cette surprise passée – d’en créer bientôt un avec une vraie personnalité.

8 / Bayonetta/Vanquish (PlatinumGames/PS3, Xbox 360) : Il faut regrouper ces deux jeux dans le même bouillonnement créatif halluciné du « jeune » studio PlatinumGames qui balance sur le marché à une cadence improbable des jeux fous et énormes qui demanderaient des années à n’importe quelle autre équipe japonaise ou occidentale. Hyper racoleur, les deux projets manquent de finesse mais pas d’imagination. Toujours au service d’un gameplay fouillé à la japonaise malgré des compromis d’accessibilités plus ou moins bien amenés, les tourbillons graphiques et sonores sexués et ultra fétichistes entrainent le joueur dans un spectacle interactif proche de l’ivresse.

9 / Sports Champions/The Shoot (Zindagi Games/Sony/PS3) : Il fallait faire la preuve de la pertinence du PlayStation Move, vis à vis de la Wiimote de Nintendo qu’il plagie, par le jeu et non par un plan de communication massif. Et ce sont justement deux jeux d’allure modeste qui font totalement l’affaire. Tennis de table où le gamer retrouve ses tics et faiblesses de vrai joueur de ping-pong, lancé de frisbees hyper raffiné et, surtout, tir à l’arc incroyablement tangible, offrent une précision de jeu HD dans la compile Sports Champions qui renvoie l’approximatif Wii Sports à ses balbutiements de nouveau né. Quant aux supers plateaux de cinéma thématiques de The Shoot et son accessoire ultra kitsch PS Move Zapper, ils développent un superbe jeu de tir sur rails que le tir au canard de Wii Play n’avait fait qu’esquisser sans concrétisation sérieuse il y a déjà quatre ans. Le jeu à reconnaissance dans l’espace trouve ici la maturité technique qui va permettre aux gamers de se livrer avec confiance à de sérieux jeux comme le prochain Killzone 3.

Best of 2010 : La suite au prochain numéro

– Super Mario Galaxy 2 (Nintendo/Wii ) : La concession commerciale du chiffre 2 fait mal chez un Nintendo qui ne cache plus son jeu marketing. Totalement vertigineux et sans doute intimidant pour tous les créateurs du monde, le jeu laisse sur place toute la concurrence d’une galaxie à l’autre.

– Mass Effect 2 (Bioware/Xbox 360, PC, PS3 le 23 janvier) : Avec une partie action cette fois vraiment travaillée en accord avec ses visuels somptueux et son histoire fouillée, et non intrusive, Mass Effect 2 devient le jeu d’aventure total entrevu dans le premier épisode. Gros point noir : en l’absence d’option alternative, la VF insupportable oblige les anglophiles à mettre la main sur un exemplaire en VO (en provenance d’Angleterre par exemple).

– Rock Band 3 (Harmonix/PS3, Xbox 360) : Le clavier musical est une merveille (bien que trop cher) même si l’apprentissage difficile. Comme les modes pro qui entrainent les joueurs vers un véritable apprentissage des instruments de musique. Peut-être le chant du cygne du genre musical en désamour, mais quel chant !

– God of War III (Santa Monica Studio/PS3) : L’énorme sens du spectacle fait avaler un gameplay solide qui ne change pas plus que les enjeux.

– Halo Reach (Bungie/Xbox 360) : C’est léché, fluide, efficace, toujours bien accompagné musicalement mais enfin, combien de campagnes faut-il avant de passer à autre chose ? Bungie a en tous cas compris et change justement de camp. Ce qui n’empêchera pas de continuer à voir débarquer des jeux Halo…

Best of 2010 : Jeux indépendants (ou presque)

– Les Mésaventures de P.B. Winterbottom (XBL, PC) : Héritier direct des concepts mentaux de Braid mélangeant espace et temps et manipulations au millimètre, mais pas suiveur, ces mésaventures là se la jouent burlesque comme un film muet avec un cachet et un raffinement artistique qui en dit à son tour long sur les possibles audaces artistiques du jeu vidéo.

– Super Meat Boy (XBL, PC) : Une vivifiante revisitation de la mécanique de précision des jeux de plate-forme au touché aussi impeccable que l’humour moitié trash moitié gamin. Adulte sans le dire.

– 3D Dot Game Heroes (PS3) : Commercialisé en boite et en magasin, ce vibrant hommage à Zelda a Link to the Past aurait aussi bien pu se vendre directement en ligne dans la catégorie indé. Inégal mais à voir absolument, ce duplicata en pixel art du monde de Zelda souligne, en passant, combien un vrai Zelda innovant manque au monde du jeu vidéo depuis The Wind Waker.

– Lazy Raiders (XBL) : Une grande folie concentrée que ce puzzle-game plate-forme qui mélange design à l’ancienne, gameplay tourneboulant bien plus fouillé qu’il n’en a l’air, et animations à faire craquer toutes les générations.

– And Yet it Moves (Wiiware, aussi sur Mac) : Limite aride, presque trop sec, mais innovant, le concept aperçu sur Mac d’un jeu de plate-forme en papier froissé où il faut faire tourner le décor pour que le personnage progresse, est enfin devenu presque jouable grâce à la Wiimote.

– Saving Private Sheep (iPad, iPhone, iPod Touch) : Angry Birds par ci, Angry Birds par là, dans la même catégorie puzzle-destruction des décors on peut préférer les bêlements irrésistibles des moutons casqués et les regards hilarants du loup aux aguets.

Le meilleur du pire 2010 : les déceptions

– Gran Turismo 5 (PS3) : Psychorigide jusqu’à l’absurde, interface étouffée par une gaine d’un autre âge, techniquement en retard sur la concurrence (Need for Speed : Shift notamment), GT5 stigmatise, avec FFXIII, tout le retard technique et culturel pris par les développeurs japonais face à l’occident. La fin d’un mythe.

– Final Fantasy XIII (PS3) : Un autre symbole majeur du jeu vidéo japonais s’effondre. 15 ou 20 heures de jeu en couloir où les combats au tour par tour se pratiquent en boucle avant d’apprécier un jeu qui s’ouvrirait d’avantage ? Les aficionados patients de la série acceptent aveuglément cette aberration mais le marché, lui, ne suit pas, et il a cette fois raison. 6 mois plus tard, tristesse, le jeu se brade déjà au tiers de son prix initial. (On ne classera pas le MMORPG Final Fantasy XIV sur PC dans cette liste mais les innombrables problèmes techniques au démarrage confirment de graves déficiences de conception chez Square Enix).

– Epic Mickey (Wii) : Survendu par un vétéran du jeu vidéo PC qui n’a pas su recréer le touché interactif des modèles Nintendo qu’il visait.

– Steam sur Mac : Un mariage contre-nature qui ne prend pas encore (voir détails ici).

– Wii Party (Wii) : La laideur passe-partout et les innombrables messages expliquant en longueur des séquences de jeu qui ne durent que quelques secondes laissent plus que perplexe : indifférent.

– Dark Void (PS3, Xbox 360, PC) : Encore un des jeux ambitieux et totalement ratés téléguidés à l’extérieur par Capcom qui oblige l’éditeur à se replier au Japon.

– Sonic the Hedgehog 4 : Episode 1 (PSN, XBL, WiiWare) : La différence avec tous les jeux Sonic annuels est que tout le monde a cru à la réussite de celui-là. Et patatras.

– Game Room (XBL) : La salle d’arcade virtuelle façon PlayStation Home rétrogaming promise par Microsoft sur Xbox 360 se retrouve plombée par des interfaces laborieuses et une ambiance sans âme. Voir une première visite ici.

– Lost Planet 2 (PS3, Xbox 360, PC) : Capcom a autant de problèmes à piloter ses productions à l’étranger (cf Dark Void cette année) qu’en interne au Japon. En voulant chasser sur ses terres le gamer occidental supposément fan des jeux multijoueur, Lost Planet 2 perd une grande partie de ce qui faisait la qualité du premier jeu.

– Split/Second Velocity / Blur (PS3, Xbox 360, PC) : Ratage presque total de repositionnement pour deux studios spécialistes de la simulation d’arcade qui tentent des jeux de courses purement arcade et sans sens de la simulation. On s’y ennuie sans savoir vraiment pourquoi.

– Crackdown 2 (Xbox 360 ) : Une déception inattendue tellement le premier jeu assurait bien ses arrières. Comme quoi les suites peuvent parfois faire moins bien, techniquement et conceptuellement.

– Metroid Other M (Wii) : Encore un exemple d’une réussite japonaise originale qui perd son essence à vouloir s’occidentaliser. Quelle mauvaise idée de (mal) scénariser les péripéties, d’automatiser la visée et de transformer en bonne idée sur le papier en exercice pénible le changement de prise en main de la Wiimote (vue subjective/vue à la 3e personne) en plein combats de boss. Et visuellement, ce projet Wii n’est pas non plus à hauteur de la série.

– Dante’s Inferno (PS3) : Du culot, de l’effronterie même à vouloir arracher de force un gameplay à L’Enfer de Dante, sauf que le gameplay ressemble comme deux gouttes de sang à God of War. Les gamers qui connaissent depuis longtemps l’enfer mais pas la Divine Comédie ne se sont pas laissés impressionner.

– Aliens vs Predator (PS3, Xbox 360 PC) : L’aura des monstres et le capital interactif de leurs mondes restent si grands qu’on veut y croire à chaque fois, et puis, comme pour Sonic de l’autre côté du spectre : patatras. À ce niveau de ratages systématiques, on peut parler de malédiction.

Best of 2010 : Rééditions

Ils le méritaient bien, surtout de si belle manière…

– Grand Theft Auto : Chinatown Wars HD (iPad)

– God of War Collection (PS2 > PS3)

– Hydro Thunder Hurricane (Dreamcast > XBL)

– ChuChu Rocket HD ! (Dreamcast > iPad)

– Prince of Persia Retro (iPad)

– Sly Trilogy (PS2 > PS3)

Hors concours en 2010 :

Le PC et sa galaxie Blizzard, StarCraft II, WoW Expansion

– COD Black Ops, Medal of Honor, Battlefield Bad Company 2 : RAS same players shoot again and again (voir ici pour les échauffourées)

DS et PSP : Totalement effacées par les mobiles Apple, de l’iPod Touch à l’iPad. La relève est indispensable, et vite.

François Bliss de la Boissière

 


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Les nouvelles frontières du jeu vidéo

Nul n’est censé ignorer le largage public du jeu Halo Reach par Microsoft le 14 septembre dernier pas plus que celui de Mafia II de Take-Two qui a pris la tête des affichages kiosques et des charts pendant trois semaines. Entre les deux Nintendo a mis le paquet médiatique sur la sortie de Metroid : Other M et aujourd’hui Sony agite les bras à qui mieux mieux pour accompagner la sortie de son nouvel accessoire PlayStation Move. Oui, les drapeaux blancs sont en berne, la saison des blockbusters du jeu vidéo est ouverte et, comme l’année dernière, elle s’étendra jusqu’au premier trimestre 2011. Dans la ligne de mire : les gamers toute catégorie. DÉCRYPTAGES…

Enslaved

C’est entendu, depuis le succès presque inattendu du premier trimestre 2008, l’industrie du jeu vidéo a pris note de deux phénomènes assez importants pour devenir méthodologie. Toujours privilégiée en terme de ventes, les fêtes de fin d’année ne sont plus tout à fait le seul moment où le jackpot se ramasse. Surtout que Noël peut aussi signer la mort de titres essayant de se frayer une place au milieu des licences déjà connues. Il y a encore quelques années, un jeu ratant le rendez-vous de Noël se voyait peu à peu repoussé jusqu’à la fin du printemps. L’hiver était mortel. Désormais, la sortie en janvier, février, ou mars (avant la fin de l’exercice fiscal annuel des sociétés) de titres forts devient alternative marketing crédible. Prévu pour le mois de novembre, et donc Noël, le jeu éminemment festif LittleBigPlanet 2 sur PS3 vient d’être reporté par exemple à janvier 2011 (pour raisons créatives) et non à mai-juin comme le voulait l’usage. Dans le jeu vidéo, la saison des « fêtes », et des affrontements, court désormais sans temps mort de septembre à mars. Soit, finalement 7 mois sur 12. Un progrès par rapport à la concentration sur environ trois mois des décades précédentes.

Le gamer le couteau sous la gorge 

L’exercice, pour le consommateur gourmand, reste dramatique. Contrairement à un passionné de cinéma qui peut assouvir sa passion de façon relativement économique avec un abonnement mensuel de 20 € donnant accès à un nombre illimité de films en salles, le passionné de jeux ne peut sérieusement envisager de jouer à tous les bons ou jeux importants sur une telle période. La location de jeux vidéo reste interdite en France (autorisée aux USA), le gamerphage ne peut que se rabattre sur le marché de l’occasion, non régulé, et proche d’un racket national. Une passion encore plus ruineuse, si, en gamer averti, le consommateur s’est équipé progressivement des consoles concurrentes au fur et à mesure de leur sortie ou de leurs baisses de prix. Seule condition pour accéder à des exclusivités associées à chaque marque comme, cette année, les attendus Epic Mickey sur Wii, Fable III sur Xbox 360, Dragon Quest IX sur DS, Halo Reach sur Xbox 360, Gran Turismo 5 sur PlayStation 3. La convergence des services audio-vidéo et interactifs lissent bien un peu plus chaque jour les différences entre chaque console, mais il reste encore des poignées de productions incontournables exclusives à chaque marque. Même si, depuis que le parc de machines vendues s’uniformisent (PS3 et Xbox 360 vont atteindre peu ou prou ensemble la barre des 40 millions d’unités vendues, la tendance s’inverse. Certains studios, Quantic Dream (Heavy Rain), Bungie (Halo) ont notamment repris leur liberté après avoir fourni leur exclusivité à quand console : Heavy rain sur PS3, Halo Reach sur Xbox 360. Eux et quelques autres ne voient plus l’intérêt de rater une grande partie du public gamer en ne sortant pas sur toutes les consoles.

Blasons & écussons

Certains jeux clés continueront néanmoins d’être exclusifs parce qu’au delà même du succès commercial, ils marquent le territoire de chaque fabriquant de consoles ou de chaque éditeur. Même si les mascottes des années 90 comme le Sonic de Sega ont perdu leur fonction de locomotive, Mario reste l’icône indétrônable de Nintendo. Alors qu’aucun jeu Mario ne fait l’actualité de cet automne, la société japonaise qui a pourtant bien d’autres cordes à son arc depuis la Wii, cherche à créer l’événement médiatique en saluant les 25 ans, non pas de la naissance du plombier moustachu sorti de la cuisse de Donkey Kong en 1981, mais du premier jeu phénomène à part entière Super Mario Bros commercialisé en 1985. Avec le nouveau et dernier Halo signé par le studio Bungie signataire de la série, Microsoft saisit à bras le corps, quitte à forcer le trait, l’occasion de le brandir en étendard de la marque (surtout à domicile, aux USA). Et de prendre les devants sur les sorties imminents des FPS (First-Person Shooters) militaires concurrents en annonçant quelques records dont les mises en perspectives auto satisfaites restent aussi discutables que celles de la concurrence les années précédentes. Halo Reach aurait ainsi rapporté 200 millions de $ de recettes le jour de sa sortie là où Halo 3 en avait gagné 170 millions en 2007. Sans qu’aucune allusion à l’inflation des prix, aux coûts de développement et de marketing n’y soit associée. Microsoft consolide ainsi sa base de hardcore gamers avant d’attaquer, au mois de novembre, le public familial avec son procédé de jeu sans manette Kinect.

L’étendard sanglant est levé

Situé entre les deux extrêmes que sont devenues la Xbox 360 pro gamers, et la Wii, pro grand public, la PlayStation 3 choisit de commencer par aller chercher d’abord le public familial avec la manette PS Move, fac-similé de Wiimote, et sa gamme de jeux touts publics (Sports Champions, Start The Party, Eye Pet…) copiant là aussi le catalogue Wii. Sony consolidera sa base tout de suite après avec l’hyper ambitieux jeu de course Gran Turismo 5 (sur la ligne de départ depuis au moins 5 ans) en novembre, puis Killzone 3 en février 2011 puisque, encore une fois, le 25 décembre n’est plus une frontière. Du côté des purs éditeurs de jeux qui ventilent leurs productions sur toutes les consoles du marché, la bataille des plus importants va se jouer aussi sur quelques titres devenus iconiques, à défaut d’être toujours recommandables. Totalement dominant le champ de bataille des FPS avec la série Call of Duty, Activision va chercher à recréer l’événement de 2009 avec l’épisode Black Ops en novembre bien que les créateurs originaux aient pris bruyamment le maquis cette année. En 2010 cependant, le concurrent direct Electronic Arts, ex numéro 1, cherche à reprendre la main sur le terrain militaire en redonnant vie à la série Medal of Honor originale mise en sommeil depuis plusieurs années. Bien décidé à retrouver une place sur le podium des campagnes militaires, Electronic Arts ne fait pas dans la demi-mesure et avance ses soldats/pions en plein Afghanistan. En allant au devant des polémiques – tout à fait officieusement parce que les porte-paroles nient en bloc toute intention maligne – l’éditeur américain compte bien attirer les regards, et le porte-monnaie des gamers toujours à l’affut d’un nouveau terrain d’affrontement en ligne.

Noël rock’n roll

La trêve de Noël n’aura donc pas lieu dans le jeu vidéo bien que le calendrier des sorties soit presque immaculé en décembre. Même les pacifiques jeux musicaux vont devoir s’affronter. Pour faire face à un Rockband 3 particulièrement novateur d’Electronic Arts (introduction d’un clavier, d’une presque véritable guitare et rapprochement avec un vrai logiciel d’apprentissage musical), Activision radicalise le 6e Guitar Hero en mettant en scène des « Warriors of Rock », avec Philippe Manœuvre en bateleur, et cherche à passer en force à coups de beats et de mashups son DJ Hero 2 dont la première tentative n’avait pas pris en 2009. Particulièrement singulier, le premier trimestre 2010 se retrouve en position de chanter un deuxième couplet vers le succès pour des jeux reconnus par la critique lors de leur première exploitation sans que le public n’ait suivi en masse. De janvier à mars, le chiffre 2 derrière Dead Space 2, LittleBigPlanet 2, inFamous 2 et Portal 2 devrait guider, en deux temps comme cela réussit à Uncharted….2, les consommateurs frileux devant l’inconnu et valider financièrement le talent des équipes à la tâche.

Nouveaux héros

Au milieu de cet interminable débarquement où même Les Sims seront de la partie sur consoles de salon (Les Sims 3), et un historique Civilisation V essaiera de raviver jeu sur PC, les outsiders, inconnus hier, auront encore une fois bien dû mal à exister, voire à s’imposer, quelles que soient leurs qualités. Pourtant, grâce aux démos jouables offertes sur consoles, le joueur consommateur n’a plus guère l’excuse de se laisser conditionner par les plans médias en oubliant de partir lui-même en reconnaissance, manettes en mains. Pour un énième Call of Duty ruminant, Star Wars radotant (Le Pouvoir de la Force II), Assassin’s Creed bégayant (Brotherhood), Fable III fabulateur, ou Sonic tournant en rond (Sonic Colours), combien de courageux et étonnants Vanquish (Sega), Epic Mickey (Wii), Kirby’s Epic Yarn (Wii) ou, notre grand favori 2010 : Enslaved : Odyssey to the West (Namco-Bandai) se casseront les dents ? Bien qu’ils s’appuient encore sur des repères fondateurs rigides, les éditeurs de jeux vidéo ont quand même entendu la rumeur publique des années passées et ont assoupli leur règle du jeu. Aux gamers maintenant de saisir les nouvelles opportunités et d’inventer de nouveaux horizons, de jeux, de consommation et d’attention.

François Bliss de la Boissière

(Publié le 24 septembre 2010 sur Electron Libre)

 


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Les jeux vidéo entrent (encore) dans une nouvelle dimension

Toujours pas arrivé à maturité, le medium jeu vidéo continue d’évoluer organiquement avec les progrès informatiques. Depuis les percées inattendues de la Wii avec sa télécommande à reconnaissance de mouvements et des interfaces tactiles de la DS puis de l’iPhone, le loisir interactif a entrepris une nouvelle mutation. Le Graal vidéo ludique se situe désormais dans l’interface homme-machine, la Natural User Interface (NUI) comme le résume Steve Ballmer, ou plutôt, dans la disparition de l’interface. Avec l’arrivée des images en relief en parallèle, le jeu vidéo s’apprête à basculer encore une fois dans de nouvelles dimensions. Petit récapitulatif de ce qui attend les joueurs, et le monde, au lendemain de la techno messe annuelle du CES de Las Vegas. EN 2010, LE JOUEUR ET L’ÉCRAN PRENNENT CORPS.

PlayStation Move de Sony
PlayStation Move de Sony

Anticipé depuis la première présentation au salon E3 de Los Angeles en 2009, le projet dit Natal associé à la Xbox 360 sera bien commercialisé fin 2010. Microsoft a profité de sa conférence au CES pour le confirmer. L’interface inédite permettant de manipuler les menus et les jeux en bougeant simplement la main en direction de l’écran, voire le corps entier, a le potentiel de bousculer la conception générale des jeux vidéo. Bien que Sony ait déjà initié sur PlayStation 2 des jeux où une webcam reconnaît et incorpore les mouvements des joueurs avec la gamme de produits ludiques EyeToy, et que Nintendo ait vraiment déclencher le paradigme shift de l’interface de jeu avec la Wiimote, il faut attendre de Microsoft une volonté forcenée de reprendre, si l’on peut dire, la main, sur ce nouveau créneau. La popularité grandissante de la PlayStation 3 / lecteur de Blu-ray menaçant chaque jour la Xbox 360 de se retrouver en 3e acteur des consoles de salon (39 millions vendues dans le monde), le géant de Redmond va positionner ce projet Natal comme un nouveau départ de sa console. Un « reboot » symbolique à mi chemin de la durée de vie de cette génération de consoles de salon qui nécessitera juste l’achat de l’extension Natal (une caméra de détection à infra-rouge à placer sous l’écran) pour avoir l’impression de changer de hardware. Une politique de rhabillage de surface déjà réussie avec les différentes versions de l’interface du logiciel interne de la Xbox 360. Microsoft revendique avoir convaincu 70 à 80 % des éditeurs de jeu vidéo de développer des jeux Natal, en plus de ceux développés par ses propres studios, notamment les légendaires équipes britanniques de Lionhead (Fable) et Rare (Perfect Dark, Banjo Kazooie…).

Virtual copieur

Pas toujours premier sur les idées mais prompt à s’engager sur des nouvelles voies, Microsoft a également annoncé la naissance d’un nouvel espace de jeu virtuel. Une « Game Room » où les avatars des joueurs pourront se retrouver pour pratiquer d’anciens jeux vidéo dits d’arcade. Microsoft cherche ainsi à mixer le Home stagnant de la PlayStation 3 (malgré ses 10 millions d’inscrits) où les avatars des gamers se retrouvent dans des espaces de sociabilisation et de jeux façon Second Life, et la Virtual Console de la Wii qui permet de télécharger et jouer des jeux d’anciennes consoles disparues des années 80-90 et 2000. Microsoft ayant déjà appliqué brillamment l’idée des petits avatars de la Wii à son Xbox Live, il faut s’attendre là aussi à ce que la société américaine s’engouffre sans gêne ou pudeur dans les voies ouvertes par les japonais Sony et Nintendo. La trentaine de jeux historiques de la Game Room (Asteroids, Centipede, Super Cobra…) se pratiqueront en HD, éventuellement à deux, à partir des cabinets d’arcade originaux. Les nouveaux jeux Xbox Live Arcade créés par la communauté auront également leur place et leurs bornes d’arcade. La simulation accessible sur Xbox 360 et sur PC ira jusqu’à permettre de payer à la partie (en points Microsoft) de la même manière que l’on glissait des pièces de monnaie dans les cabinets d’alors. Mille jeux pourraient se rendre ainsi disponibles dans les trois prochaines années.

Convergences et relief

Au même CES, Sony a plutôt remis en avant, sans la nommer ainsi, une politique de convergence. Interne avec la réorganisation de ses circuits de distribution faisant passer les produits Sony et Sony Computer par les mêmes canaux de distribution, puis la mise en place d’une nouvelle entité baptisée Sony Network Entertainment, Inc. (SNEI) qui centralisera les stratégies des différentes branches de la société. Du côté public, le PlayStation Network actuellement destiné à la PS3 et à la PlayStation Portable se rendra accessible à travers toutes les gammes de produits Sony connectés, comme désormais les écrans Bravia, les lecteurs Blu-ray et bien sûr les PC Vaio. Plus remarquable fut l’absence d’annonce concernant le projet de manette à reconnaissance dans l’espace PS3, lui aussi inspiré par la Wiimote de Nintendo. Présenté à l’E3 2009 puis envisagé pour une sortie au printemps 2010 lors du Tokyo Game Show de septembre, le procédé qui sera exploitable sur de nouveaux jeux comme sur d’anciens remixés (un Resident Evil 5 : Director’s cut notamment, mais aussi Flower, LittleBigPlanet et d’autres) est resté bien discret. Un report du lancement le rapprochant du Project Natal de Microsoft prêt à se donner les moyens de prendre la vedette ne serait pas une bonne chose pour Sony. La société japonaise a en revanche confirmé au CES que la PlayStation 3 sera bien capable d’afficher des programmes en relief après deux mises à jours de son firmware courant 2010. Une première pour les jeux et une deuxième un peu plus tard pour les films sur Blu-ray. Avec Panasonic, Samsung, LG, et Toshiba, Sony a sorti la grosse artillerie médiatique et technologique pour préparer l’avènement du relief dans les foyers avant la fin 2010. Le jeu vidéo devrait essuyer les premiers plâtres.

Influences

Une bonne idée restant rarement orpheline, les sociétés Razer et Sixense Entertainment ont aussi profité du CES pour présenter un procédé de reconnaissance de mouvements adapté aux jeux sur PC. Démonstration appuyée par le jeu Left for Dead 2 du respecté studio Valve. Plus tard qu’on aurait pu croire depuis l’idée lancée par la Wii en 2006, le coréen LG a présenté des télécommandes de télévision à reconnaissance dans l’espace façon Wiimote nommées Magic Wand. Ce n’est pas du jeu mais choisir ses menus en pointant vers l’écran devient ludique, pour ne pas dire évident une fois que tous les constructeurs s’y seront mis.

Poker menteur, par omission

Les deux gros constructeurs et leaders high-tech de l’industrie du jeux vidéo ayant mis sur la table de jeu de Las Vegas l’essentiel de leurs cartes, les regards se tournent inévitablement vers les deux players absents du CES. L’historique Nintendo qui refuse toujours de laisser filtrer une version améliorée de sa Wii, et le nouveau challenger Apple, dont la tablette à tout faire, y compris le jeu, espérée pour fin janvier, pourrait changer la donne comme l’iPhone est en train de changer les règles du gaming portable. Quoi qu’il en soit, une chose reste sûre. Du relief à la reconnaissance de mouvement dans l’espace, assis ou debout, immobile ou en mouvement, cérébral ou physique, le jeu vidéo va encore une fois franchir et explorer de nouveaux espaces, de nouvelles dimensions. Aux sens physiques et mentaux. Et sans doute entrainer le reste de l’industrie digitale et high-tech à sa suite.

François Bliss de la Boissière

(Publié en janvier 2010 sur Electron Libre) 

 


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