BEST OF 2009 : Les jeux, les jeux, les jeux

Cet espace à la marge depuis la fermeture de la façade officielle d’Overgame n’est pas mis à jour avec beaucoup de régularité – que les lecteurs encore de passage nous excuse. Mais, qu’on ne s’y trompe pas, la voix qui s’y exprime encore reste totalement attachée au jeu vidéo. Avec la même passion et la même exigence. Voici ce qu’elle a à dire sur les jeux vidéo qui ont marqué les 12 mois de l’année 2009.

InFamous

Best of jeux 2009

Comme d’habitude ici, les créations originales restent privilégiées aux suites attendues, même quand celles-ci font mieux que leurs prédécesseurs ou que les titres inédits. On ne voit pas pourquoi les gamers devraient payer les répétitions et les pots cassés de productions qui auraient besoin de 3 épisodes pyés plein tarif pour trouver leur bonne formule. Le Work in progress live et payant devrait cesser pour les grosses productions. Un mot aux développeurs à propos des contenus additionnels. Ne placez pas la difficulté des chapitres inédits à acheter au niveau de la fin du jeu principal. C’est une décision qui déboute les candidats potentiels. La majorité des jeux ne sont pas terminés par les joueurs, souvent à cause de la difficulté, mais on peut tout à fait avoir envie d’y jouer davantage. A condition de ne pas se faire laminer dès le début du DLC.

Meilleurs jeux originaux / consoles de salon 2009

– InFAMOUS (PS3) : Le studio Sucker Punch a tout compris des besoins et des envies d’un free roaming game pour sa première réalisation PS3. Le jeu qui dégage le plus de liberté physique, qui offre le plus d’aptitude et de plaisirs à la gymnastique sur les toits depuis toujours. Bien plus sophistiqué au bout des doigts que l’excellent Assassin’s Creed II par exemple.
– Little King’ Story (Wii) : Encore un bijou pour tous les âges qui passe inaperçu sur une Wii qui ne se porte jamais mieux que quand elle accueille des expériences graphiques et interactives artistico-créatives. Douillet comme un RPG époque 16 bits, agréable comme un Pikmin, fin comme un Okami, drôle comme une BD d’humour transgénérationnelle.
– DJ Hero / The Beatles : Rock Band (ex aequo) : S’il fallait en retenir 2 dans la déferlante des jeux musicaux, ce serait immanquablement ceux-là. Un peu raide et décevant côté musique, DJ Hero raccroche enfin la guitare au profit d’un platine de mixage. La très chic version Beatles de Rock Band signe aussi la fin de la domination du gros rock sans nuance sur le genre. À apprécier comme de nouveaux départs même si dans les 2 cas les prix de vente restent prohibitifs.
– Batman : Arkham Asylum : Ça déborde de muscles apparents mais ils étaient déjà bien visibles dans la BD de référence. L’adaptation réussie d’un univers venant d’un autre médium est si inhabituelle quelle provoque un choc que l’on voudrait voir se répercuter sur toutes les autres tentatives.
– Mini Ninjas : Un gentil héritier des Zelda, du cell shading, de la culture Ninja, de la bande-dessinée, du dessin animé et, plus généralement, d’un bon esprit qu’on aimerait retrouver plus souvent dans le jeu vidéo.
Meilleures suites 2009 / consoles de salon
– Assassin’s Creed II (Xbox 360) : Confirmation que le premier jeu n’était qu’un brouillon, que l’ambition du projet nécessitait encore plusieurs années de travail, et que l’équipe d’Ubisoft Montréal est capable de mener à bien des jeux d’une qualité technique et artistique exceptionnelle.
– Uncharted 2 : Among Thieves (PS3) : Confirmation que le premier jeu était si formidable qu’il fallait tomber dans la surenchère pour faire mieux. Génial mais attendu. La rançon du talent.
– Forza Motorsport 3 (Xbox 360) : En trois temps et autant de tentatives, la série Forza réussit à se hisser à la hauteur technique du modèle Gran Turismo. Il manque encore une richesse structurelle mais en terme de conduite il n’y a pas mieux. En attendant le retour du patron.
– Killzone 2 (PS3) : Plus une réinvention qu’une suite puisque le premier jeu date de la PS2, Killzone 2 lasse quand il se la joue Call of Duty de l’espace mais épate par sa technique, la réactivité des ennemis et quelques fulgurances graphiques.
– Colin McRae : Dirt 2 : Un confort de conduite en toutes circonstances, mêmes les plus chaotiques, pour une réalisation technique très impressionnante qui cache avec habilité quelques raccourcis de game design, comme le manque de trajets A-B au profit de circuits en boucle déplacés en si grand nombre dans une simulation de rallye.
– Call of Duty : Modern Warfare 2 : Peu à redire en terme de dynamique de gameplay, de recherche de rythme et d’impact sensoriel, la série reste maître sur ce terrain. Si seulement un minimum de cohérence intellectuelle voulait bien suivre.
– Silent Hill : Homecoming : Le pire était à craindre de ce développement confié à une équipe américaine et le meilleur en est presque sorti. Techniquement abouti, respectueux des codes esthétiques et des frissons originaux, non seulement cet épisode ne fait pas honte aux précédents mais il fait mieux que d’autres.
– Street Fighter IV : Bien vu Capcom qui opte pour un relookage visuel BD chic spectaculaire tout en gardant les bases du gameplay 2D original. Consensus générationnel réussit. Au point que l’exploitation de la série semble déjà bien relancée avec un « Super » SFIV déjà attendu au début 2010.
– Fight Night Round 4 : À chaque itération, EA Canada signe de mieux en mieux sa droite, sa gauche, son jeu de jambes, et la modélisation hyper réaliste des boxers en sueurs. Très impressionnant.
Meilleurs outsiders avec du style
– Borderlands : Les affolants et hilarants trailers conduisent à un mélange de FPS et de RPG plus prometteur que totalement satisfaisant mais bouillonnant d’envies contagieuses. Le délirant et abouti design s’inspire directement du trait BD de Tanino Liberatore (Ranx Xeros) pour accoucher d’un univers punk/Mad Max original dans le jeu vidéo.
– The Saboteur : Plus fantasmé que sérieux, le Paris vu de Californie a le mérite d’esthétiser un Paris noir & blanc que n’oserait même pas l’amateur de chromo Jean-Pierre Jeunet et d’offrir, via un DLC offert aux acheteurs neufs du jeu, des nudités full frontal de cabaret agréablement (dé)culottées.
– Brutal Legends : Beaucoup de soin, de bonnes volontés, d’idées même, mais le look et l’ambiance hard rock US, têtes de mort et dragon c’est à la fois très américain et plus ringard que contemporain, même avec clins d’œil.
– WET : Raté mais avec panache. L’ambiance pulp 70’s régurgité par la culture Tarantino aurait pu faire merveille si le gameplay avait été à la hauteur des trailers punchy.

Best of mobiles

– Grand Theft Auto : Chinatown Wars (DS) : Belle réinvention du principe de jeu qui se fait l’écho de la version 3D tout en rappelant les origines top down view 2D de la série tout en exploitant les possibilités tactiles du stylet de la DS. Encore un incroyable exemple de game design pensé jusqu’au bout par Rockstar.
– Rythm Paradise (DS) : Nintendo se penche à son tour sur les jeux de rythmes musicaux et, patatras, trouve le moyen de remettre en même temps sur la table tous les principes déjà établis pour mieux les contourner, les explorer et interroger sans le dire la position du joueur. A ce niveau de manipulation post WarioWare on reste le souffle coupé.
– Rolando 2 : Quest for the Golden Orchild (iPhone) : Originellement pompé sur les LocoRocos de la PSP et PS3, cette création indé trouve sa marque originale grâce une inventivité tout terrain (littéralement) et à l’exploitation des possibilités de contrôle de l’iPhone.
– The Legend of Zelda Spirit Tracks (DS) : La réexploitation du moteur graphique et des couleurs cartoons rugueuses sur DS commencent à sentir le réchauffé, peut-être aussi à cause d’un tchoutchou sympathique mais peu sexy à côté du bateau précédent. Un rapport je t’aime/moi non plus commence à s’instaurer avec les personnages historiques de Nintendo qui répondent de plus en plus présents comme des fonctionnaires du jeu vidéo.
– Big Band Mini (DS) : Encore une évidence de réinvention maligne et raffinée d’un gameplay à l’ancienne par les super artisans (c’est un compliment) du studio français Arkedo déjà responsable du génial Nervous Brickdown
– Edge (ou Edgy) (iPhone) : Les choses les plus simples peuvent devenir les plus fascinantes avec le bon équilibre de design graphique épuré, de game design et de touché. Un puzzle action game qui se réinvente lui-même grâce, encore, aux contrôles inhabituels de l’iPhone.

Best of rééditions…

– Donkey Kong Jungle Beat (Wii) : Un oublié explosif de la ludothèque GameCube qui retrouve une nouvelle vie, toujours aussi épuisante, avec le couple Wiimote/Nunchuk à la place des Bongos originaux.
– Pikmin 1 et 2 (Wii) : Impossible de manquer les si logiques remixes versions Wii des dernières vraies créations originales signées Shigeru Miyamoto dans la catégorie jeu vidéo « traditionnel ».
– God of War trilogy (PS3 US)
– Metroid Prime Trilogy (Wii)
– Chrono Trigger (DS)
– Myst (iPhone) : Vertige, le responsable de la popularisation du support CD-Rom dans les années 90 se joue maintenant en touchant un écran lové dans la paume de sa main. Choc spatio-temporel.
– Banjo-Tooie (XBL)
– Flashback (iPhone)
– Oddworld 1 et 2 (PSN)
– Final Fantasy VII (PSN)
– The Secret of Monkey Island : Special Edition (XBL / PC)
– Fable II en épisodes (XBL) : Belle initiative de Peter Molyneux de trouver un nouveau public en le convainquant de jouer, et donc de payer, chapitre par chapitre. D’autant plus courageux que le jeu n’a pas été conçu pour ce morcellement. Un probable modèle pour le jeu dématérialisé de demain.

Best of jeux téléchargeables

– Flower (PS3) : Jeu de l’année pour les magazines les plus affutés et qui auront raison. Sortie du bouillonnement subaquatique créatif du déjà exceptionnel flOw, Flower constitue indubitablement un énorme progrès dans la notion même de ce que peut exprimer un jeu vidéo.
– PixelJunk Shooter (PS3) : Encore une mine d’or sensorielle néorétrograde et totalement jouable de l’équipe déjà responsable d’Eden.
– Shadow Complexe (Xbox 360)
– NyxQuest : Kindred Spirits (WiiWare)
– Lost Winds 2 Winter of the Melodias (WiiWare)
– Trine (PS3 mais trop cher à 20 €)
– Machinarium (Mac/PC) : Un pointé-cliqué à l’ancienne à l’ambiance cliquetis zen humour noir qui entraine la scène des Flash games vers de nouvelles profondeurs.

Best of DLC (contenu additionnel)

– WipEout HD Fury (PS3) : Totalement époustouflant.
– GTA IV : Episodes from Liberty City (The Lost and the Damned / The Ballad of Gay Tony) Xbox 360
– Mirror’s Edge (PS3)
– The Saboteur

Déceptions dramatiques…

– Resident Evil 5 : Psychorigide à tous les niveaux : gameplay raide antédiluvien, aveuglement à l’imagerie africaine exploitée vulgairement.
– Wii Sports Resort : Miis, visuels, bruitages, « musiques », vus et revus et réentendus maintenant depuis 3 ans et la sortie du premier Wii Sports. Ce n’est plus drôle.
– The Conduit (Wii) : Les commentaires post E3 2009 ont laissé croire à l’existence d’un super FPS bien tenu sur la Wii. A l’arrivée le jeu hyper rigide rappelle l’époque Nintendo 64 plus qu’autre chose.
– New Super Mario Bros. Wii : Sans faire de procès d’intention à Nintendo et Miyamoto-san qui ont certainement raison de viser une catégorie de public nostalgique ou encore déconcerté par la 3D, on s’étonne de la platitude de l’ensemble, du niveau de difficulté absurde dès le 2e monde dans le sable qui, après coup, explique davantage la présence du Super Guide. Et les parties chaotiques à plusieurs n’ont pas la suavité juvénile de Little Big Planet.
– Bionic Commando : Tout semblait réunit pour relancer le héros dans les années 2000 et puis, au touché, le jeu échoue à faire plaisir.
– Fuel : L’open world version courses motorisées donne envie sur le papier et peine à trouver vraiment ses marques. Même l’impeccable série Burnout a déconcerté en s’y essayant. A fortiori un jeu techniquement faillible.
– Avatar : L’attraction du film de Cameron était si forte qu’on a cru que le miracle espéré du film (et plutôt atteint) irait jusqu’au jeu. Hélas, le relief du jeu ne profitant à personne, il ne reste qu’un jeu d’action bien morne.
– Gran Turismo (PSP) : Non seulement jouer sur PSP est une épreuve en soi – temps d’accès, MAJ fréquentes, autonomie – mais la version a minima du monstre de Polyphony Digital perd tout intérêt sans sa maniabilité haut de gamme et sa structure complexe.

Faits notables du point de vue gamers…

– La consolidation des jeux open world désormais presque tous fiables : Assassin’s Creed II / The Saboteur / Prototype / Borderlands…
– Le succès commercial stratosphérique de COD : Modern Warfare 2 qui risque de faire – comme GTA en son temps – un paquet d’émules (à commencer par le reboot de la série Medal of Honor d’Electronic Arts).
STOP…
– La game Musicexploitation ! Selon les pays pas toujours alignés, Guitar Hero World Tour + Metallica + Van Halen + Greatest Hits +, enfin, le 5 en 12 mois ça fait beaucoup, non ? Sans même compter les versions portables, les Rock Band 2 + Classic Rock Track Pack + Country Track Pack + Track Pack Metal + The Beatles + Lego Rock Band c’est aussi l’overdose. Et que dire du spamming permanent des stores Xbox et PS3 que constitue l’empilement interminable de chansons à acheter au détail pour les uns ou les autres. Et par dessus tout ça on rajoute un Band Hero, un Rock Revolution. Et on s’étonne que le pourtant pas si mal DJ Hero ne trouve pas sa place ? Comment ça il y aussi une multitude de jeux de karaoké ?!
– La Sonicexploitation de plus en plus dure, et embarrassante.
– Les trop nombreux et peu intéressants contenus additionnels de l’adorable Little Big Planet qui frôlent la mendicité et finissent par polluer le PS Store.
– Le racolage à outrance du public de masse par Nintendo.
– Les packs consoles démultipliant les offres, les tarifs, les ristournes sous 3 mois (et pourquoi pas tout de suite), les écarts de prix et la reconduction des fractures numériques (sans DD ? 60 Go ? 120 Go, 250 Go ?).
– Les « carnets de développeurs » pseudos documentaires making-of promotionnels jusqu’à l’obscénité.

ENCORE…

– Noby Noby Boy
– Les jeux en noir & blanc façon The Saboteur.
– Les jeux concepts à vocation universelle comme Flower.
– Les remixes HD façon les Banjo Kazooie sur Xbox Live ou les God of War sur PS3.(Qui a dit Ico et Shadow of The Colossus en parallèle à la sortie de The Gardian ?)
– Le fignolage incroyable des jeux supervisés par Sony. Killzone 2, Uncharted 2, Ratchet & Clank, inFAMOUS, Flower… c’est un quasi sans faute non ?
– Le dynamisme et la capacité de renouvellement de l’interface de la Xbox 360.
– Le jeu en relief envisageable sur PS3 dès 2010 !

François Bliss de la Boissière

 


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Jeux vidéo 2009 : Arrêts sur image

Le jeu vidéo se porte bien, merci, quoiqu’en dise la Bourse emberlificotée dans sa lecture asynchrone du marché réel. La crise a certes fini par rattraper en 2009 une industrie de loisirs devenue au fil des ans et malgré ses prix élevés une valeur refuge*, mais là où les marchés de la musique et de la vidéo s’effondrent inexorablement, le jeu vidéo résiste et, même, croit.

Best2009

DERNIERS REGARDS 2009…

En attendant le bilan chiffré post fêtes de Noël, l’étude du trafic Internet de cette fin d’année aux USA révèle que les intentions d’achats pour le jeu vidéo et les biens électroniques dépassent largement tous les autres secteurs. Le nombre de connexions vers le site d’Ubisoft aurait quadruplé depuis la sortie du hautement recommandable Assassin’s Creed II, tandis que les visites du site marchand spécialisé Gamestop auraient doublé entre octobre et novembre. En Grande-Bretagne, 1,73 milliards de Livres Sterling ont été dépensées en jeux vidéo contre 1 milliards de £ au cinéma et 198 millions de £ en DVD et Blu-ray. Le nombre de jeux console joué est ainsi passé de 13,5 millions en 2008 à 25 millions en 2009 au Royaume-Uni.
Les consoles de jeu profitent toujours de l’engouement pour la high-tech, même quand il s’agit de la « modeste » Wii. Visiblement, le ratio temps de jeu/prix d’achat semble convenir au public quand il s’agit de super productions pour grand écran à domicile allant jusqu’à coûter 70 €. Et, à 40 €, il semblait aussi être adapté aux jeux sur consoles portables comme la DSi de Nintendo. Jusqu’à maintenant. Car l’émergence et le succès inattendu du marché des minis jeux de l’AppStore d’Apple remettent tout en question.

Montagnes russes

L’industrie du jeu vidéo, toujours atypique bien qu’elle commence à se rapprocher du modèle structurel du cinéma, continue de fonctionner en montagnes russes avec ses hauts et ses bas qui s’apparentent à chaque fois à un lancer de dés. Si, du côté salariés, les contractions des équipes après chaque projet de jeu mené à terme doit continuer à faire mal, le dynamisme sans cesse renouvelé d’un secteur amarré avec une même ferveur au progrès des technologies informatiques, aux évolutions des softwares (auxquels les jeux appartiennent) et à la fascination du monde digital mis en images, lui permet sans cesse de rebondir. Du côté entreprises, le milieu continue de se structurer à coups de fermetures, rachats et fusions même si rien d’aussi spectaculaire – en dehors de l’acquisition de Marvel par Disney pour un impact plus large que le jeu vidéo – que la réunion d’Activision et Vivendi / Blizzard (World of Warcraft) de l’année dernière n’a bousculé l’ordre des choses.

Tremplins

Année de consolidation des savoir-faire sur les consoles Xbox 360 et PlayStation 3, les fondations invisibles de 2009 doivent servir de tremplin à une année 2010 charnière qui verra les trois consoles de salon se réinventer sans quitter leurs robes originales. La Xbox 360 et son projet Natal de reconnaissance des mouvements dans l’espace, la PlayStation 3 aussi sur ce créneau inspiré par le succès de la Wii mais aussi très vite apte à la 3D relief, et la Wii dont les vœux pieux de tous les observateurs pointent vers une Wii « Plus » en haute définition. L’upgrade technique ne suffira néanmoins pas à Nintendo pour justifier une nouvelle variation de sa console et il faudra s’attendre à quelqu’autre surprise tirée du chapeau de la créative entreprise japonaise. Autre joker 2010 susceptible de bousculer la donne, la déjà fameuse tablette Mac qui, si elle concrétisait tous les fantasmes (le sauvetage de la presse écrite, rien de moins), deviendrait, comme l’iPod Touch, une nouvelle machine à jouer obligeant tous les acteurs à repenser les modèles économiques et ludiques.

Quelques faits marquants de l’année jeu vidéo 2009…

Disparition de trois marques historiques du jeu vidéo.

  • En faillite, l’américain Midway, l’un des tous premiers éditeurs du jeu vidéo (1973), célèbre dans les salles d’arcade (Mortal Kombat) mais jamais marquant sur consoles, se vend par lots, dont une part importante à Warner Bros. Interactive et THQ. Ce qui reste de la branche en France a été renommé Tradewest Games.
  • En difficulté depuis des années malgré sa quasi absorption par l’éditeur SCI en 2005, l’éditeur britannique Eidos, célèbre pour avoir lancé Tomb Raider et son héroïne Lara Croft à la fin des années 90, a été absorbé par l’éditeur japonais Square Enix pour devenir Square Enix Europe (une anomalie alors que les mouvements du secteur se déplacent plutôt hors du Japon).
  • Dans le couple franco/américain Atari/Infogrames artificiellement formé par le fondateur d’Infogrames Bruno Bonnell en plein trip à la Messier au début des années 2000, il ne restera que Atari. Les dernières transactions 2009 d’une entité de plus en plus insaisissable (et ce n’est pas fini) ont vu le japonais Namco Bandai faire l’acquisition de la branche européenne et rassembler la marque sous le seul label Atari. Pour simplifier.

Le retournement de veste d’Electronic Arts

  • Après avoir perdu son titre de 1er éditeur du monde au profit de la fusion Vivendi-Blizzard / Activision en 2008, l’éditeur américain tente une inhabituelle percée créative en lançant un nombre courageux de projets inédits. Le marché plutôt conservateur ne suit pas vraiment et EA semble faire marche arrière dès cette année en annonçant un virage marqué vers le développement de jeux plus modestes dits sociaux confirmé par l’achat de la société spécialisée Playfish.

Doom perd son indépendance

  • La réunion du célèbre et vénéré studio de John Carmack id Software avec l’éditeur Bethesda, qui voit ainsi un des derniers studio indépendant de développement (Doom, Quake) rallier un éditeur à l’ambition croissante mais pour l’instant attentif à sa petite écurie de champions du jeu vidéo (les séries de jeux de rôle Elder Scrolls et Fallout). Doom 4 et l’inédit Rage sortiront de cette nouvelle alliance en 2010.

Rééquilibrages hardware

  • La chute spectaculaire des ventes de la console Wii après 4 années de domination sans partage ont obligé Nintendo a enfin baisser le prix de sa console (désormais à 200 €) pendant que Sony, cherchant encore à atteindre le seuil critique de sa PlayStation 3 baisse aussi le prix de sa machine qui impose, à 300 € et en version « Slim », le format Blu-ray dans les foyers. Réactif, Microsoft baisse aussi le prix de sa Xbox 360 plaçant le prix d’entrée de la première console HD du marché à 200 €. Les ventes de Wii sont bel et bien relancées pour Noël et les deux monstres High-tech concurrent jouent désormais au coude à coude. La PS3 qui décolle enfin dans son Japon originel pourrait sortir gagnante de ce combat de titans en 2010.

Mobiles glissants

  • Le lancement finalement peu spectaculaire en occident des consoles DSi et PSP Go, variations des modèles originaux. La DSi avec son double appareil photo se vend bien depuis le mois d’avril sans changer le succès déjà constant de la portable Nintendo (114 millions de DS dans le monde). La PSP Go ne jouant qu’avec des jeux dématérialisés ne donne aucun signe de vie depuis son lancement en octobre et laisse supposer un échec aggravant les difficultés de la PlayStation Portable de Sony (pourtant vendus à plus de 53 millions dans le monde).
  • Sur ce terrain sans fil, la vraie vedette se nomme iPod Touch. Un sous iPhone lecteur de MP3 devenu dans l’année la console de jeux mobile la plus sophistiquée du marché, sans doute la plus convoitée, d’abord officieusement, puis finalement officiellement intronisée nouvelle console de jeu par les dernières compagnes de communication d’Apple.

L’explosion de la scène dite « indé » du jeu vidéo

  • Auparavant cantonnés aux recoins les plus undergrounds du web, les nouveaux artisans du développement de jeux vidéo pénètrent toutes les plateformes à leur disposition. De l’iPhone/iPod Touch, nouvel Eldorado (et sans doute nouvelle bulle prête à imploser sur elle-même) aux stores WiiWare et DSiWare de Nintendo, « Jeux indépendants » sur le Xbox Live de Microsoft, et, tout récemment, jeux explicitement baptisés « Minis » sur le PlayStation Store. Un bel écosystème qui contrebalance les grosses productions trop formatées.

Pandémie digitale

  • La contagion planétaire du « social gaming » passant notamment par les 350 utilisateurs Facebook et dont on ne sait pas encore comment il va affecter le reste du marché et des comportements.

Les jeux marquants pour toutes les bonnes et mauvaises raisons de l’année 2009…

  • Call of Duty : Modern Warfare 2 : Le succès colossal (et discutable) du jeu rejoint celui de la série Grand Theft Auto. Ce dernier ayant profondément bousculé la culture jeu vidéo, difficile de savoir quelle influence aura ce jeu de guerre très années 2000…
  • Assassin’s Creed II : Une suite bien supérieure à l’originale réussissant le grand écart entre divertissement de masse et culture élitiste autour de l’Italie de la Renaissance.
  • Flower : Un faux jeu « indé » puisque couvé par Sony mais à la réalisation fulgurante posant, après flOw, des mêmes auteurs, les jalons d’un jeu vidéo intelligent, poétique, philosophique même, tout en restant grand public.
  • Uncharted 2 : Among Thieves : L’aboutissement technique d’un studio (Naughty Dog) capable de sortir un jeu d’aventure et d’action spectaculaire qui fait date.
  • The Beatles Rock Band : La première vraie alternative aux écrasants catalogues de musiques rock des populaires simulations musicales avec accessoires. Fétichiste, mais si mélodieux.
  • Batman : Arkham Asylum : Un des très rares (on les compte sur les doigts d’une main) jeux réussis adaptés d’une licence. Que les développeurs britanniques aient pu prendre le temps d’aller au bout de leur ambition plutôt que de respecter une date de sortie calée sur un autre produit y a fait beaucoup.
  • Avatar : L’adaptation interactive du film de James Cameron avait, pour une fois, le potentiel de s’arracher à sa condition de produit dérivé. Déception finalement à peine étonnante, le génie du cinéaste ne transparait pas du tout dans un jeu d’action réduit à sa plus simple expression. Et bien sûr, personne n’est équipé en 2009 pour y jouer en relief.

* Avec le cinéma qui lui aussi bat des records, notamment en France.

François Bliss de la Boissière

(Publié le 30 décembre 2009 sur Electron Libre)

 


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Avatar, avec ou sans entracte : la France coupée en deux

Ce n’est pas officiel, et pourtant il existe deux versions publiques du film Avatar en France. Une projetée sans interruption dans l’intégralité de ses 2H41. L’autre avec un entracte incongru placé au petit bonheur au milieu. La première, décidée par l’auteur James Cameron. La seconde improvisée par des exploitants de salle en France sous le regard ponce pilate du distributeur. Une habitude apparemment prise pour les grosses productions américaines. Avatar est-il un blockbuster comme les autres ? Qu’est devenue la France, capitale culturelle du cinéma ? ENQUÊTE…

Avatar split

PETITS ARRANGEMENTS AVEC LE PUBLIC.

Révélé en exclusivité ici et découvert presque par hasard, l’entracte forcé au milieu du film Avatar dans plusieurs centaines de cinéma soulève une pratique curieuse dans les campagnes françaises. Organisée par certains professionnels, tolérée par les autres. Interrompre le film projeté en salles pour y passer des publicités et vendre du pop-corn alors que les auteurs ne l’ont pas conçu ainsi fait entrer la France dans un tiers monde culturel auquel on n’imaginait pas la « capitale » culturelle du cinéma appartenir. Que des blockbusters américains à rallonge soient essentiellement concernés justifie-t-il ce charcutage sauvage ? Lancé comme tel, Avatar n’est de toutes façons pas un « blockbuster hollywoodien » typique. Une semaine après sa sortie, désormais entre les mains du public, tout le monde doit avoir compris qu’il s’agit là du pari fou d’un cinéaste hors norme, d’un véritable auteur jonglant avec des outils inventant le futur. Est-il normal de fermer les yeux sur la pratique de l’entracte forcé en pleine séance dans le pays des principes, des auteurs, de la Nouvelle Vague, de l’avance sur recettes, du Festival de Cannes et autres mignardises et idées nobles qui entretiennent la vitalité du cinéma hexagonal là où les autres pays européens ont depuis longtemps baissé le pavillon ?

Révélations

Formidable révélateur des vertus durables et artistiques du relief, de la crédibilité des créatures numériques, de l’efficacité de la performance capture, de la projection numérique, le futuriste Avatar met aussi à jour malgré lui des pratiques mercantiles d’un autre monde. Une pratique obscure niée par la distribution, étouffée par les observateurs attitrés pourtant indépendants, mais publique puisque des centaines de milliers de spectateurs sont concernés. Sans être forcément avertis de cette différence de traitement entre les salles de la capitale, épargnée, et le reste du territoire français. Alors même que dans la logique de la télévision ou des services mobiles, le prix du billet d’entrée pourrait varier d’une salle à l’autre en fonction de la présence ou pas, au milieu, de la publicité. Le Groupe de cinémas CGR fondé en 1974 pilote près de 400 salles en France, dont 380 sont déjà passées au numérique. Avatar est ainsi projeté dans 200 salles CGR, toutes en relief. Ce qui représenterait, selon l’exploitant, 20% des entrées *. Et avec un entracte de 10 minutes qui n’existe ni dans les salles parisiennes ni, jusqu’à preuve du contraire, dans la tête de James Cameron.

Exploitation, un mot avec une histoire

« Le Groupe CGR ne fait que de l’entertainment » souligne la journaliste Emma Deleva de l’hebdomadaire professionnel Écran Total, « Il ne gère que des multiplexes et ne passe aucun film dit d’Arts & essais. C’est la génération pop-corn ». Pionnier de l’équipement numérique en France, CGR a déjà eu le temps d’expérimenter la projection numérique 3D à base de lunettes actives, avant de réinvestir dans un procédé privilégiant les lunettes passives moins coûteuses, quand d’autres groupes d’exploitants historiques comme UGC, totalement en retard d’une révolution, n’a équipé aucune de ses salles en digital. « Le numérique est un marché de dupe » se justifie son PDG Guy Verricchia dans une interview récente. « Le surcoût que la 3D implique est à la seule charge de l’exploitant » se plaint dans une autre interview Jean Labé, président du FNCF (Fédération nationale des cinémas français). Avec une franchise louable, le directeur d’exploitation du groupe CGR, Loran Abadie, l’avoue sans détour : « C’est vrai qu’il nous arrive de créer des entractes dans les films qui atteignent ou dépassent les 2H30, même pour des projections en 35 mm. » Puis d’expliquer que cela permet de projeter le film dans plusieurs salles d’un même multiplexe : « À l’entracte les bobines du début du film sont transportées et utilisées dans une autre salle en parallèle« . Voilà l’explication des projections alternées toutes les demi heures avec éventuellement une seule copie du film. Les versions numériques des films permettent de jongler encore mieux avec les multi projections puisqu’un seul fichier de plusieurs Terra octets sur un disque dur suffit. Une clé d’autorisation est allouée par salle de projection. Notons au passage que l’évolution du tout numérique va jusqu’à permettre à l’exploitant de télécharger par satellite les spots publicitaires eux aussi en versions digitales.

La 3D a bon dos

Mais pourquoi couper aussi Avatar, un blockbuster, sans doute, mais un film pensé et monté au millimètre pendant quatre ans par son omnipotent maître d’œuvre ? « Nous pensons que 2H40 de film en 3D finit par fatiguer et qu’un entracte est bienvenu » justifie Loran Abadie. Pour vendre aussi des confiseries, n’est-ce pas ? « Bien sûr que cela augmente les chiffres de la confiserie » concède-t-il sans hypocrisie, « Nous sommes une entreprise, mais nous ne travaillons pas à court terme« . Sous-entendu, ce n’est pas le premier objectif. « Le Luxembourg et la Suisse ont pour habitude historique de couper les films en deux » se dédouane Abadie. « Les Pays-Bas aussi insèrent des entractes » enchaine un spécialiste du secteur qui préfère garder l’anonymat devant un sujet qui va fâcher, « l’Italie depuis longtemps, la Belgique flamande et ses fameux Kinépolis également, mais pas en Wallonie !« . « La Russie, la Grèce ont des « entractes culturels«  » confirme un autre professionnel de la profession sous anonymat, « les spectateurs se donnent rendez-vous au bar attenant pour parler du film« . Mais pas en France. Cameron aurait ainsi déjà prévu où placer la coupe dans son film en prévision de ces marchés atypiques subodore-t-on sans rien pouvoir prouver. Aux Etats-Unis, le film est bien projeté sans interruption, confirme le journal Variety.

Entracte au forceps

Le Seigneur des Anneaux, King Kong, Harry Potter… après Warner, Sony, Fox, même Disney laisse faire l’exploitant. « Les Pirates des Caraïbes ont été coupés en France« . Une habitude prise à partir d’une durée de 2H30. « La fatigue liée à l’utilisation de lunettes passives pour la 3D n’est pas vraiment crédible » décrypte un des spécialistes incognito. Plus légères (quelques grammes) que les pesantes lunettes actives (30g environ), les lunettes passives s’avèreraient non seulement plus supportables sur la durée mais plus efficace pendant la projection. « Pas d’anomalie selon la place excentrée du spectateur dans la salle » nous explique-t-on. Les multiplexes de CGR n’utilisent plus que le procédé avec lunettes passives, l’éventuel inconvénient de confort ne tient plus guère.

Autant en emporte l’auteur

« Les films de 4h comme Autant en Emporte le Vent ou très long pour son époque, tel 2001 l’Odyssée de l’Espace (2h30) avaient officiellement des entractes » rappelle le critique Gérard Delorme du magazine Première. Les longs films des années 50 et 60 comme Ben Hur nécessitaient d’être interrompus pour changer les bobines. « Stanley Kubrick avait planifié précisément l’entracte de 2001 avec une musique spéciale » explique Delorme. La reprise de la deuxième partie du film commençait avec un écran noir pour mieux préparer le spectateur à l’expérience. « Il semblerait qu’à partir de la limite des 2H20 de film, l’exploitant perd une séance par jour » et pourrait s’autoriser une coupure artificielle. « Il n’y a pas de loi qui interdise aux propriétaires de salles de saucissonner le film à leur guise« , précise Delorme, « Je crois que l’exploitant a tous les droits« . « Il faudrait demander à un juriste » réplique un interlocuteur pourtant bien placé alors que tout conduit vers un vide juridique comblé par des ententes tacites. « Avec un film long comme Avatar, le nombre de séances est réduit » confirme Emma Deleva d’Écran Total, « l’entracte et ses ventes de confiserie sont un bon moyen d’augmenter les recettes annexes et de rattraper l’éventuel manque à gagner. » Celles-ci ne sont pas comptabilisés dans les recettes billetteries partagées avec le distributeur. C’est tout « bénef » pour l’exploitant.

Kubrick / Lucas / Cameron

L’ambition technique, artistique et culturelle d’Avatar douze ans après Titanic confirme que chaque film de James Cameron devient phénomène et place le réalisateur canadien sur le sillon interstellaire laissé par Stanley Kubrick. Un bâtisseur de mondes, un réalisateur dont on ne mesure pas les qualités d’ »auteur » aux moyens qu’il utilise. Bien tardivement, il vient tout juste d’être adoubé d’une étoile sur le fameux Walk of Fame d’Hollywood Boulevard. S’il avait envisagé un entracte, nul doute qu’il l’aurait travaillé avec au moins autant de soin que Kubrick. Comme George Lucas en son temps avec ses cinémas labellisés THX, dont la fameuse salle du Forum des Halles à Paris, Cameron aurait supervisé l’équipement technique utilisant la technologie Dolby 3D du Gaumont Marignan en bas des Champs-Élysées. Ou du moins validé les choix techniques comparables à ceux définis à l’Empire Leicester Square de Londres où a eu lieu la première mondiale du film le 10 décembre.

Pas d’entracte pour les applaudissements

« Le film est tellement bien raconté qu’il passe à toute vitesse » s’enthousiasme sans forcer Gérard Delorme. À quoi bon un entracte ? La richesse visuelle de chaque plan occupe sans ennui chacune des 161 minutes du film. Ce que confirme sans mal chaque spectateur croisé dans la capitale. De la salle culte Max Linder au cœur de Paris qui inaugure sa première projection 3D avec Avatar, aux salles périphériques 2D avec matériel vieillissant d’UGC (et premières minutes anamorphosées puis mal calé en hauteur…), aux salles numériques du circuit MK2 de Marin Karmitz qui n’a pas raté le virage numérique malgré son profil Arts & Essais, les gens applaudissent spontanément à la fin du film. À chaque séance. Des premières du mercredi de sortie comme à celles du dimanche matin hivernal où le public vient en masse au lieu de rester au chaud chez lui. Est-ce le cas en province où la montée en puissance émotionnelle du film est brisée par l’entracte artificiel ?

Omerta

« La Fox, distributeur d’Avatar, a préconisé l’endroit où couper le film » indique sans hésiter un des professionnels anonymes de la profession. « La France est le premier marché du cinéma en Europe« , rappelle-t-il, « Lightstorm Entertainment, la société de James Cameron et son producteur Jon Landau, supervise toutes les données techniques dans le monde et est forcément au courant de tout« . Publiquement, le distributeur du film en France couvre ses arrières, nie en bloc la pratique et monte sur ses ergots : « Nous ne cautionnons pas l’entracte de CGR, c’est une décision de l’exploitant ! » tempête Frédéric Monnereau, directeur des ventes de Fox France, « C’est l’exploitant qui décide !« . Tranquille, CGR assure que projeter Avatar avec entracte dans 200 salles ne peut pas se faire sans que tout le monde soit au courant, ou d’accord. « Harry Potter, Twilight et 2012 ont été coupés« , s’indigne un Monnereau pointant du doigt la concurrence tout en refusant d’endosser la responsabilité, « Pourquoi s’acharner sur Avatar ?« . Parce que le film a été promu comme un prototype grand public susceptible de changer le visage et les anciens usages du cinéma, techniques, artistiques et même commerciaux si l’on se rappelle les 15 minutes de projection offertes dans les salles cet été. Et qu’il tient ses promesses sur tous les fronts. Des soulèvements de paupières de Jake Sully en humain puis en Na’vi qui ouvrent et concluent le film, du premier plan au dernier, Avatar demande à tous d’ouvrir les yeux.

* Depuis sa sortie le 16 décembre en France et le 18 décembre en Amérique du Nord, Avatar a récolté 165,5 millions de $ de recettes à l’international (106 pays) et 76,8 millions de $ aux USA et Canada (chiffres revus à la hausse après premier relevé) le plaçant en 2e position du record de sortie en décembre derrière Je suis une Légende (Will Smith) et le record de sortie pour un film original (non dérivé, non suite, non remake). Sur le continent nord américain le film est présent dans 3542 cinémas comprenant 3129 salles en 3D et 179 salles 3D IMAX pour 60% des recettes). Soit 242,3 M$ de recettes pour un budget estimé entre 200 et 300 M$ pour la réalisation et 500M$ en incluant le marketing.

– Màj : Pour sa première semaine d’exploitation en France du 16 au 22 décembre, le film a attiré 2 648 596 spectateurs répartis dans un parc de 726 salles. Mieux que les derniers records de 2012 et Twilight Chapitre 2. 1 650 000 de ces spectateurs ont vu le film en 3D.

François Bliss de la Boissière

(Publié le 23 décembre 2009 sur Electron Libre)

 


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Jeux, vidéo, et culture de masse : l’histoire sans fin

Sans doute en quête de reconnaissance culturelle, le jeu vidéo cherche surtout à se faire connaître au-delà de ses frontières interactives. Nouvel objectif, aller chercher le gamer qui sommeille dans l’amateur de bande dessinée, de vidéo, ou de tout autre loisir faisant aussi appel à l’imaginaire…

Dante's Inferno

GUIDES ILLUSTRÉS DE JEUX, bande originale et même singles, figurines et autres colifichets marketing présentés en objets indispensables, le jeu vidéo n’a jamais ménagé ses moyens pour accompagner la sortie de ses gros titres et entretenir la ferveur consumériste de ses adeptes. Un marketing business servant essentiellement la soupe à postériori aux fans, après la sortie du jeu. Six ans après le modèle Matrix Reloaded qui faisait courir son histoire du cinéma au jeu vidéo (Enter the Matrix) aux animés directement en DVD (Animatrix) jusqu’à la bande dessinée (Matrix Comics), l’industrie du jeu vidéo emboite le pas. La mise en vente des derniers gros titres d’Ubisoft et d’Electronic Arts s’accompagne de plusieurs extensions parallèles avant, pendant et après la commercialisation du jeu. Court métrage semi live, bande dessinée, dessin animé de long métrage directement en vidéo font désormais partie de l’arsenal de communication. Du niveau des novelisations du cinéma (elles existent aussi pour certains jeux, l’univers de Halo par exemple), la qualité du résultat laisse encore à désirer, mais à l’heure des communautés, de la communication et des buzz transversaux, l’idée presque nouvelle impose sa logique.

Pas égaux à la naissance

Il faut comprendre et excuser le jeu vidéo. Contrairement à son grand frère le cinéma, un jeu ne bénéficie pas des retombées médiatiques d’une sortie prestige en salle qui profitent ensuite à la commercialisation en DVD et Blu-ray. En dehors de quelques exceptions et icônes ayant traversé les âges, pas facile pour les héros et créations originales du jeu vidéo de se faire connaître au delà du public acquis. Le Vice-président en charge du développement de l’éditeur japonais Capcom, Christian Svensson, le répétait récemment : « Rien n’est plus difficile dans cette industrie que de lancer une nouvelle IP (Intellectual Property) ». Avant d’expliquer la mécanique inévitable du marché des consoles de jeu. Le prix élevé des consoles, surtout à leur lancement, et des jeux, limite dans un premier temps le marché aux passionnés qui connaissent le sujet. Quand le prix de vente des consoles baisse, les nouveaux consommateurs arrivant sur le marché ignorent presque tout des productions made in jeu vidéo et ont tendance à privilégier les franchises établies. Ce qui explique les grosses ventes de jeux vidéo adaptés de films, de shows TV, ou de bande dessinées alors que, historiquement, il s’agit de productions médiocres.

Mutation en cours

La façon de vendre les jeux en boutique change également révèle la Vice Présidente des ventes de Nintendo of America, Cammie Dunaway, en avouant inhabituellement que les ventes de l’épisode Grand Theft Auto : Chinatown Wars sur DS n’ont pas atteint le volume attendu (sorti en mars 2009, récemment sur PlayStation Portable et bientôt sur iPhone). « Nous avons observé le phénomène avec de nombreux titres DS, nous pensons vraiment que le jeu va continuer de se vendre sur la durée ». A condition de continuer à entretenir la campagne marketing. « Une des choses que nous avons appris ces dernières années c’est que la vieille dynamique consistant à tout balancer en campagne TV pendant quelques semaines pour tout laisser tomber ensuite ne va plus marcher, parce que de nouveaux consommateurs arrivent tout le temps. » Et qu’il faut les informer des produits de qualité encore en rayon. Distribution et revendeurs doivent aussi être en train d’opérer une mutation. Jusqu’à il y a peu, le turn over en magasins était foudroyant. Une grosse sortie chassant l’autre, le back catalogue n’existe presque pas en dehors des magasins ultra spécialisés. Tout le système force à conclure le maximum de ventes dans le minimum de temps. Une logistique qui semble encore en cours avec les grosses machines à blockbusters sur PlayStation 3 et Xbox 360 tel récemment Forza Motorsport 3, Uncharted 2 : Among Thieves, Call of Duty : Modern Warfare 2 et Assassin’s Creed II. Mais sur le point de se modifier. La mise en ligne régulière de contenu supplémentaire, payant, ou parfois gratuit, réactualise sans arrêt le contenu du jeu et rend pérenne la présence du logiciel principal en boite en magasin. L’inédite courbe des ventes durable de jeux DS et de certains jeux Wii l’atteste. Le nouveau combat va consister à réussir à s’incruster et maintenir sa place en magasin.

Nouvelles armes, culturelles

La fédération de passionnés autour de communautés artificielles dédiées à un jeu à venir, aiguisés par exemple avec du marketing viral sur Internet, n’est certes plus nouvelle et continue de fonctionner avec les gamers les plus demandeurs ou les plus candides. La nouvelle dynamique d’intérêt et de curiosité cross disciplinaires que cherchent à atteindre quelques éditeurs, le créatif Ubisoft en tête, se révèle plus culturel. Faire exister l’univers de sa saga Assassin’s Creed avec une bande dessinée (Tome 1 : Desmond, en vente) complétant l’histoire du jeu plutôt que la radotant doit appâter un lecteur de BD vers le jeu. Le début (facultatif) de l’histoire du héros Ezio raconté en ambitieux petits films semi live distribués gratuitement sur Internet complète le hors champ du jeu et doit aussi faire venir vers lui une clientèle branchée sur d’autres médias. Le blockbuster de SF horrifique Dead’s Space sorti l’année dernière avait été précédé par le dessin animé long métrage Dead Space : Downfall conçu uniquement pour le marché vidéo, DVD et Blu-ray. Lui aussi racontait une partie de l’histoire absente du jeu, ou sous entendue. Son éditeur Electronic Arts récidive aujourd’hui en mettant sur le marché de la vidéo un Dante’s Inferno : The Animated Movie précédant de quelques semaines la sortie du jeu début 2010. Une nouvelle « IP » qu’il va falloir faire connaître. De son côté, Sony met à disposition régulièrement sur le PlayStation Store, gratuit ou à tout petit prix, des épisodes de « motion comics » (BD bruitées et légèrement animées) prolongeant les aventures du héros de Uncharted 2 : Among Thieves.

« It’s me, Mario ! »

Après plusieurs décennies d’humiliation face au succès immérité de productions interactives quelconques tirées d’autres médias plus connus, les éditeurs de jeu vidéo auraient donc compris que pour imposer leurs créations originales, leurs propres héros, leurs univers, il fallait à leur tour infiltrer les autres médias. Exister sur le même plan culturel aux officiels rayons BD et ou vidéo. Ventiler sa culture en surface après l’avoir distiller, malgré elle, underground. La prochaine fois que papa, maman, cousin et cousine s’approcheront d’un rayon jeu vidéo, ils devront y reconnaitre des visages familiers vus en BD, DVD, voire au cinéma. Et, avec un peu de chance et de push marketing pluri média, cette fois, il s’agira bien de légitimes productions jeux vidéo. Et le passionné, lui déjà happé par le jeu, sortira aussi peut-être de sa bulle pour en toucher d’autres et suivre une histoire qui n’aura aucune raison de trouver sa conclusion. Tant que ça marche.

François Bliss de la Boissière

(Publié le 15 décembre 2009 sur Electron Libre)

 


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FORZA MOTORSPORT 3 vs GRAN TURISMO 5 : Les absents ont toujours tort

De l’art et la manière dont regorge Gran Turismo, Forza 3 a du second et pas encore du premier. Inutile de faire semblant, chaque minute de Forza 3 renvoie à son modèle Gran Turismo. Alors regardons en face.

Forza 3

Quatre ans. Il aura suffit de seulement quatre années à la série Forza Motorsport initiée par Microsoft pour se hisser à la hauteur de Gran Turismo. Quatre années qui correspondent peu ou prou à l’OPA technologique que les États-Unis ont réussi à faire sur l’industrie du jeu vidéo japonaise. Dès la première tentative sur Xbox en 2005, Microsoft cachait à peine son objectif : faire sur sa console l’équivalent du fameux Gran Turismo de la japonaise PlayStation 2. Une tâche colossale qui a laissé quelques malheureux candidats sur le carreau (un soupir pour Sega GT sur Dreamcast par exemple). Prêt à tout pour convaincre définitivement le compatriote Electronic Arts alors leader de rallier sa cause sur Xbox, Microsoft a du jour au lendemain accepté de stopper la production de simulations sportives sous sa propre marque dès 2004. Mais tant qu’il s’agissait de concurrencer les productions japonaises impossibles à séduire ou indexer, le géant américain n’a pas lâché prise. Le résultat après trois tentatives progressant à la vitesse de l’écrasante volonté américaine, un Forza troisième du nom, et déjà aussi deuxième essai sur console HD, qui frôle pour de bon la référence toutes catégories confondues.

Gran Turismo, encore au garage

Pendant la même période, depuis le dernier grand rendez-vous Gran Turismo 4 sorti quelques mois avant le premier Forza sur PlayStation 2 en 2005, le maestro de Polyphony Digital est quasiment resté au garage. Le Gran Turismo HD Concept gratuit au lancement de la PlayStation 3, l’esquisse Gran Turismo 5 Prologue en 2008 et la nouvelle démo GT Academy 2010 offerte le 17 décembre prochain sur PSN continuent de teaser un Gran Turismo 5 complet qui joue indéfiniment les timides (mars 2010 au Japon). Et avec raison quand on voit le seuil qualitatif atteint par Forza 3. Mieux valait pour Sony et son studio laisser passer l’orage, observer l’adversaire, analyser les innovations et le fiable mode en ligne, point fort des productions sur Xbox 360. Quitte à se contredire, le célèbre patron du studio japonais, Kazunori Yamauchi, avait déclaré en juin dernier que GT5 était, au fond, prêt à sortir à n’importe quel moment, sous entendu quand son éditeur Sony le souhaitait. Au moment d’annoncer que le jeu ne serait commercialisé qu’au début 2010 et non à Noël 2009 comme supputé par tout le monde, Sony place un panneau descriptif à côté de la démo de GT5 du Tokyo Game Show de septembre qui précise que seulement 65 % du développement du jeu serait terminé. Que croire ? Peu importe. La réalité concrète aujourd’hui se nomme Forza Motorsport 3 et se joue dès cette fin d’année. A condition d’être équipé d’une Xbox 360.

Prise de distance

Forza 3 impressionne d’autant plus qu’il est seul en piste et a enfin compris les détails de mise en scène de l’interface lui greffant le cachet classieux qui lui manquait encore. Après les chocs telluriques Colin McRae Dirt 2 et d’un Need for Speed : Shift bien énervé, la force tranquille affichée et démontrée manette en main par Forza 3 a des allures de maître du jeu prenant de la hauteur. Le blanc des menus, les légers reflets des typos, les quelques lignes fines qui séparent des menus simples et épurés, l’électro chic et neutre de Lance Hayes, même la langueur des chargements entre les menus semble chercher une zen attitude imposant le respect à la Gran Turismo. Car le work in progress du studio Turn 10 appartenant à Microsoft va jusqu’à imiter, sans doute sans le vouloir, les défauts de son aîné. Les chargements bien trop longs des circuits, l’aliasing marqué, voire le petit pop up occasionnel d’un bout de décor, prouvent que la physique des moteurs et de la dynamique des jeux de voitures de ce calibre mangent une belle tranche des capacités de calculs, même des dernières consoles haut de gamme (cela étant dit, Dirt 2 des prodiges anglais de Codemasters, se passe à 99% d’aliasing sur Xbox 360 ET sur PS3).

Replay forever

Plutôt bien conditionné avant d’arriver enfin en piste, l’apprenti pilote ne doute plus de rien une fois la course lancée. Comme toujours, et heureusement, c’est dans l’action et l’échange interactif entre le gamer et le jeu que tout se joue. Plus vive que celle de Gran Turismo, sans doute un rien moins réaliste, la prise en main des voitures de Forza 3 offre tous les plaisirs d’une pseudo simulation. Les mains y croient et la tête suit. Nul doute que l’on pilote tel bolide, que l’on dispute la ligne d’arrivée avec 7 autres concurrents. Surtout, contrairement aux célèbres files indiennes de Gran Turismo, les NPC (Non Playable Cars) adoptent des comportements beaucoup plus excitants tout en restant tout à fait crédibles sur la piste. Les sorties de pistes des adversaires ne font pas forcées, le peloton cache bien son jeu, respecte les mêmes règles de conduite que le joueur, à la merci d’une fausse manœuvre crédible ou d’un dépassement risqué. Comme dans Gran Turismo pourtant, le pilote peut encore jouer sans réelle pénalité les stocks cars indélicats pour franchir un virage ou ouvrir le peloton. Optionnel, l’impact sur la conduite des dégâts visuels et mécaniques se règle à volonté. Il faudra voir quelle route les voitures incassables de Gran Turismo 5 emprunteront après cette leçon de maîtrise. Le premier Forza avait imposé le très malin système de ligne de conduite dessinée sur la route devant la voiture, au point de voir les apéritifs Gran Turismo 5 l’adopter. Polyphony Digital suivra-t-il également Turn 10 avec la mise à disposition totalement à volonté et illimité d’une fonction replay en cours de course, même de carrière officielle, comme l’ose Forza 3 ? Cette innovation conceptuelle inventée par Codemasters dans Race Driver : Grid puis Dirt 2 est en passe de s’imposer comme une option finalement indispensable. Pour les apprentis conducteurs comme pour les amoureux de la perfection, le bouton rewind appartient désormais au set de commandes du véhicule aux côtés de l’accélérateur, du frein et des passages de vitesse. Appuyer rapido sur le bouton Select du rewind avant de heurter de plein fouet la palissade et d’entendre le cash honteux devient éventuellement un mini défi en soi. Chacun y trouvera son utilité, y compris celui de le juger tabou et donc d’apprendre à le contourner. Encore un défi…

Encore un petit effort

Ce que ne fait pas Forza 3 en revanche et que Gran Turismo 5 ne manquera pas de proposer et souligner à sa sortie, c’est offrir des parcours de rallye et une météo variable. Pas de nuit, pas de pluie, pas de neige ou de verglas dans Forza 3, le soleil brille tous les jours dans des décors au rendu inégal, plus arcade à la Sega Rally que vraiment photo réaliste, et les carrosseries qui reflètent tout dans les moindres détails ne s’en portent pas plus mal. Mais en terme de renouvellement de l’expérience de la conduite, la simulation de Microsoft arrive vite à une limite. Même avec un échantillonnage de 400 voitures, et surtout 100 tracés officiels déjà bien souvent parcourus ici ou ailleurs. Toutes les pistes sur goudron renvoient ainsi le même impact de conduite, et beaucoup trop vite dans la structure pourtant assez élaborée du mode carrière, la difficulté se corse surtout en augmentant le nombre de tour des championnats. Le principe de répétition est évidemment inscrit dans toute pratique du sport. Il dessine aussi les limites de l’exercice. Beaucoup plus élaborée de ce point de vue là, la série Gran Turismo arrange ce mal nécessaire en multipliant les variations, les mini épreuves et les franchissements des fameux permis de conduire, test par test, centième de seconde par centième de seconde. Et, surtout, sur le modèle d’un bon RPG, Gran Turismo intègre la digestion progressive de son complexe système de jeu comme faisant partie du jeu lui-même. Efficace et sans doute trop direct malgré quelques fourches de choix, Forza 3 déroule son arborescence avec confiance mais sans magie.

Aîné et cadet nez à nez

Forza n’a plus Gran Turismo dans sa ligne de mire quelque part à l’horizon d’une route sinueuse, mais contre son pare-choc avant sur une ligne droite commune qui ne fait plus de quartier. En ne sortant pas à Noël 2009 et en laissant la passable version PSP Go prendre sa place, Gran Turismo 5 s’est offert un répit de quelques mois. La série de référence finira sans doute par arrêter de snober dans son coin en promettant le Graal de la simulation de conduite et rejoindre la grille de départ. En attendant, Forza est seul en piste* et les pilotes virtuels n’ont pas à se poser de dilemme déchirant.

* En tête aujourd’hui faute de concurrent, Forza 3 ne lâchera pas facilement sa pole position. A peine l’annonce de la nouvelle démo GT Academy 2010 mâtinée de championnats réels tombée le 3 décembre (pour le 17), Microsoft annonce 5 jours plus tard avoir vendu 1 millions de Forza 3 et la disponibilité immédiate d’un pack de nouvelles voitures à télécharger (400 points) ! La course n’est vraiment pas terminée.

François Bliss de la Boissière

 


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