On aime ce film parce qu’en nous faisant partager le quotidien de trois policiers ordinaires en mission inhabituelle, il redonne de la chair et de l’humanité à cette police que l’on ne voit plus qu’en robocop apparemment déshumanisé dans la rue ou dans les médias.
Anne Fontaine, réalisatrice habituée aux portraits forts et atypiques de femmes (Les Innocentes, Gemma Bovary, Perfect Mothers…) essaie de montrer simultanément le ressenti d’une femme policier (Virginie Efira, tout en retenue), et de deux de ses collègues : Omar Sy (grande gueule presque en mode dramatique), et le pas encore assez célèbre Grégory Gadebois. Ce dernier livre en effet la prestation la plus impressionnante et la plus chaleureuse en policier responsable en apparence ingrat luttant contre l’alcool, son épouse acariâtre et son devoir hiérarchique.
En urgence nocturne alors qu’un camp de migrants a pris feu, le trio doit conduire un réfugié étranger à l’aéroport de Roissy où il sera renvoyé dans son pays. Le temps du trajet, les trois flics dont la vie privée est également en difficulté, finissent par douter du bien fondé de leur mission.
C’est évidemment le dilemme entre l’empathie naturelle (surtout de la femme flic nous dit le film, enfonçant par là quelque porte ouverte) et le respect des ordres aveugles et hiérarchiques, auquel s’intéresse le film. Mais avant d’en arriver à ce huit-clos dans la voiture, le film se perd un peu en tentant de multiplier les points de vue. Remontrer les mêmes scènes banales de commissariat ou d’interventions vécues par chaque protagoniste est une fausse bonne idée formelle s’il ne s’agit, comme ici, que de déplacer la caméra.
De Anne Fontaine, avec Virginie Efira, Omar Sy, Grégory Gadebois…
François Bliss de la Boissière
(Publié dans le mensuel Tout Comprendre #115 et en version courte #119)