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Best of séries 2023 : et la série recréa la femme

Est-ce un choix personnel involontaire, ou une tendance générale ? La grande majorité des séries passionnantes et originales de l’année 2023 mettent en avant le woman power. Soit elles prennent une revanche justifiée sur les affreux bonshommes (Copenhagen Cowboy, The Lost Flowers of Alice Hart…) soit, quels que soient le lieu ou l’époque, elles résistent de toutes leurs forces et qualités au patriarcat (The Diplomate, The Morning Show, The Offer…) Dans tous les cas, alors que la société occidentale peine encore à vraiment donner la parole aux femmes au même titre que les hommes, les rôles les plus forts dans les séries sont ceux des femmes. Et c’est tant mieux.

Cette année j’ai regardé 38 séries parues en 2023, presque toutes jusqu’au bout. Et puisque l’exercice annuel du cinéphage consiste à faire le tri, voici…

Mes 10 + 5 séries préférées de 2023

  • Copenhagen Cowboy (mini série)
  • The Last of US (saison 1)
  • Fargo (saison 5 – en cours de diffusion US)
  • The Diplomate (saison 1)
  • The Morning Show (saison 4)
  • Love & Death (mini série)
  • Dear Edward [N’oublie pas de vivre] (mini série)
  • Black Mirror (saison 6)
  • The Lost Flowers of Alice Hart [Les Fleurs sauvages] (mini série)
  • The Offer (mini série)

Autant la première mini série Too Old to Die Young (2019) du réalisateur danois culte radical (et parfois incompris) Nicolas Winding Refn nous avait laissés sur le carreau, autant Copenhagen Cowboy nous a impressionnés. Formellement de toute beauté, les 6 épisodes de Copenhagen Cowboy sont un choc mental et esthétique monumental.
Les connaisseurs du monstrueusement émotionnel jeu vidéo The Last of Us du studio Naughty Dog avaient tout à craindre d’une adaptation télévisuelle et, miracle, la collaboration de l’auteur du jeu Neil Druckmann avec le showrunner Craig Mazin célébré pour la série Chernobyl, ont réussi leur pari. Le jeu vidéo et la série se répondent désormais sans se faire honte ni de l’ombre.

Surprise de cette fin d’année sur Netflix, la série politique La Diplomate devient instantanément la meilleure héritière de l’estimée série The West Wing des années 2000. D’une densité incroyable et juste, les dialogues de La Diplomate renvoient en effet à ceux de Aaron Sorkin. Sans lui, la showrunneuse, également scénariste, Debora Cahn déjà présente sur The West Wing (ce n’est donc pas un hasard) réussit un captivant tour de force intellectuel, féministe et donc moderne.

À la limite du ridicule, les deux premiers épisodes hystériques de la saison 4 de The Morning Show n’auguraient rien de bon. La suite, plus calme et raisonnée heureusement, remet la série sur le bon rail dramatique. La présence insidieusement dangereuse de Jon Hamm en gourou capitaliste-tech à la Elon Musk (qui se reconnaitra ici et là) prêt à en découvre avec les médias « traditionnels » confirme un nouveau souffle en méchant dans la carrière de l’ex Mad Men en chef. Le même Jon Hamm en affreux shérif patriarcal sécessionniste du Dakota dans la génialement tordue 5e saison de Fargo ne s’oublie pas de sitôt. De même que la présence incroyablement physique de la pourtant miniature Juno Temple.

Les desesperate housewives des suburbs américains n’ont définitivement pas fini de livrer leurs lourds secrets. Entourés d’hommes tellement engourdis – Jesse Plemons en amant involontaire comme le mari placide Patrick Fugit (le gamin devenu grand de Almost Famous, 2000), l’extravertie superficielle femme au foyer Elisabeth Olson de Love & Death prend une initiative naïve qui conduira au drame. Une nouvelle déconstruction réussie du rêve américain vendu des années 50 jusqu’au début des années 70.

À l’époque où, parmi nous, de trop nombreuses personnes vivent avec le traumatisme d’avoir survécu à un attentat ou même un accident, les tourments du jeune protagoniste de Dear Edward seul survivant d’un accident d’avion devient vite une affaire collective et pourtant intime : pourquoi moi ? La série qui s’intéresse également au traumatisme interrogatif des familles qui n’étaient pas dans l’avion garde assez de distance avec le mélodramatique pour ne pas sombrer dans l’excès.

En mélangeant high-tech et horreur, la saison 6 de Black Mirror s’éloigne un peu des saisons précédentes plus froides sans pour autant perdre sa force conceptuelle. Chaque épisode dérange comme il faut en partant du banal jusqu’à une bascule horrifique.

Dans le très étrange The Lost Flowers of Alice Hart, une Sigourney Weaver revêche jusqu’à la laideur, livre une de ses prestations les plus courageuses. Car s’il s’agit bien au coeur du récit de dénoncer une nouvelle fois (il le faut) l’horreur du comportement de l’homme /fils/frère/mari vis-à-vis des femmes, celles-ci ne sont pas du tout exemptes de défauts. Tout en célébrant une sororité salvatrice, la série fait la démonstration qu’une communauté uniquement constituées de femmes peut à son tour récréer, même en voulant bien faire, une hiérarchie de dominants et de dominés.

Osons la formule mise en abîme, aucun cinéphile ne peut refuser l’offre proposée par la série The Offer : rejouer la genèse du film Le Parrain de Coppola. Façon The Player de Robert Altman (1992), le récit nous entraine dans les coulisses de la fabrication du film, des tractations financières à l’implication de la vraie mafia, des coups de génie aux coups bas. Plaisir additionnel, là encore, comme dans la saison 5 de Fargo, l’actrice Juno Temple surnage au-dessus d’une mêlée de mâles plus arrogants les uns que les autres.

Les frenchies…

Sans les moyens des productions US, les séries françaises flanchent souvent sur la forme et la photographie mais peuvent, comme celles-ci, se rattraper avec des sujets forts, des comédien·ne·s haut de gamme, ancienne comme nouvelle génération et une mise en scène vive…

  • Salade grecque (mini série)
  • Tout va bien (mini-série)
  • B.R.I. (saison 1)
  • Pax Massilia (saison 1)
  • Bardot (mini série)

On n’aurait pas donné cher à une biosérie sur Brigitte Bardot, monument déchu d’une époque (elles ne vieillissent pas bien nos vedettes, cinéma ou chanson, des années 60-70, n’est-ce pas ?). Et puis, finalement, la réalisation et l’interprétation rassasient notre curiosité sur le personnage et l’époque qui avait, elle aussi, ses travers de moeurs au nom d’une carrière. Avec une très jolie troupe d’acteur·rices la Salade grecque de Klapisch réussit, sans forcer, à prolonger sur 8 épisodes la vibration jeune génération squatters Erasmus lancée par L’Auberge espagnole il y a … 21 ans. Et si le mélo Tout va bien nous installe avec douleur très longtemps dans l’hôpital Robert-Debré et son quartier du nord de Paris pas si fréquemment usité par le cinéma, le talent du casting nous fait vivre, démunis, les affres insurmontables d’une famille blessée collectivement. Profitant à fond de leur contexte urbain, Paris puis Marseille, le réalisme cru des deux néo polars français B.R.I. – le plus contrôlé, et Pax Massilia – aux péripéties trop vite enchainées, redonnent une belle énergie hexagonale au genre. Les suites sont attendues avec enthousiasme.

François Bliss de la Boissière

Illustration : Copenhagen Cowboy
Relecture danybliss

Best of jeux 2023 : Sur la terre comme au ciel (et en enfer)

2023 année exceptionnelle nous dit-on. Vraiment ? Peut-on encore faire l’autruche et apprécier les jeux vidéo en dehors de leur contexte social-économique ? Le grand public qui consomme deux, trois jeux par an, peut-être. Pour les autres, passionnés automatiquement engagés, les leaks crapuleux, les licenciements, les fermetures de studios, les rachats ogresques qui rebattent les cartes du jeu d’une industrie qui se cherche toujours, laissent un goût amer. Le plaisir du jeu a un coût et ce n’est pas seulement celui payé à la caisse par le gamer. En même temps (hum), le jeu vidéo continue d’être le plus efficace loisir échappatoire (escapism). Sa diversité et son impact culturel dépassent largement ceux du cinéma spectacle à bout de souffle. Parce qu’il nous engage physiquement, mentalement et artistiquement, chaque jeu laisse en nous une marque indélébile là où la plupart des films s’estompent de la mémoire comme un rêve éveillé. Le rituel des best of de fin d’année se veut néanmoins un moment de célébration plutôt que de doléances. Première année où je ne chronique pas professionnellement chaque mois des jeux vidéo depuis 25 ans, j’ai curieusement pratiqué 81 jeux, contre 58 en 2022 ! Dans le tas, un peu moins de nouveautés et plus de jeux sortis avant 2023 non terminés ou réédités sur un support ou un autre. Dernier jeu lancé : Assassin’s Creed : Mirage. Non, il ne rentre dans aucune liste.

Mes 10 jeux préférés de 2023

  • Zelda : Tears of the Kingdom
  • Atomic Heart
  • Star Wars : Jedi Survivor
  • Dead Space Remake + Resident Evil 4 Remake + Metroid Prime Remaster
  • Super Mario Bros Wonder
  • Sonic Superstars
  • Alan Wake 2
  • Forza Motorsport
  • Starfield
  • Wild Hearts


Si Zelda Tears of the Kingdom ne se retrouve pas en tête de tous les best of de l’année 2023, c’est sans doute à cause de Breath of the Wild. Le premier Zelda open-world avait fait tellement l’unanimité en 2017 que replacer Tears of the Kingdom – présenté comme une suite – tout en haut du podium 2023 pourrait sembler radoter pour une rédaction de JV, même six ans plus tard. Et puis il paraît que Baldur’s Gate 3 fait mieux. Pourtant, grands dieux, ce dernier Zelda explose tous les repères soit-disant acquis dans Breath of the Wild et des jeux d’aventure-action tout court. De la terre d’Hyrule remodelée, au ciel aérien jusqu’aux enfers des mystérieux sous-sols, il y a désormais trois terrains de jeux ! Trois surfaces de jeu et une multitude de manières de jouer et d’appréhender les situations. À partir du canevas de Breath of the Wild, l’équipe de Fujibayashi (directeur) et Aonuma (producteur) a repoussé les limites créatives d’un gameplay que l’on croyait déjà au sommet. Vivement les rééditions optimisées (4k / 60hz svp) de Breath of the Wild et Tears of the Kingdom sur le successeur de la Switch.

Le cas problématique Atomic Heart.

Le jeu n’apparait dans aucun top de l’année et presque plus personne n’en parle depuis sa sortie, y compris moi-même. Si la raison est politique, comme, encore une fois, moi-même, c’est légitime. Parce que, en effet, Atomic Heart est conçu par un jeune studio… russe (Mundfish) financé, semble-t-il en partie, par des investisseurs liés à l’État russe et que, en agressant l’Ukraine, la Russie est devenue de facto un état paria ouvertement criminel. Autant pris en otage de cette guerre que le reste du monde, le studio Mundfish n’a pas dénoncé ouvertement l’invasion russe en se contentant d’un tweet générique à valeur pacifique. Mieux que rien mais évidemment insuffisant. Et, pour ne rien simplifier, le jeu joue, comme Bioshock et Bioshock Infinite avant lui avec l’Amérique, sur un terrain de politique fiction glissant en mettant en scène une Union Soviétique rétro futuriste surpuissante des années 50 qui s’enfonce peu à peu en dystopie d’apparence colorée. Car il s’agit bien d’une uchronie satirique. J’ai pratiqué le jeu longuement, très aux aguets du moindre dérapage pro russe in game qui infiltrerait une propagande soviétique irrecevable en 2023. Bien qu’il soit quand même difficile de visiter depuis 2022 une Union soviétique même fantaisiste, je n’ai rien ressenti ni observé de condamnable. Je crois qu’en réalité l’aventure serait, avec plus ou moins de subtilité, plutôt subversive vis-à-vis de son sujet. Et de toutes façons, même quand la Russie sera condamnée internationalement pour cette tentative d’annexion de l’Ukraine, la culture russe ne sera pas « effacée ». Il faudra bien, culturellement et historiquement, continuer à la regarder.
Pour le reste, du côté ludique, gameplay, interface, gestion des armes et cyber pouvoirs, comme ses bandes-annonces le laissaient présager, Atomic Heart est bien le FPS le plus créatif et innovant depuis… Bioshock. L’inventivité visuelle et interactive est permanente. Les bruitages et bandes-son vraiment originaux, les décors souvent dingues, voire psychédéliques, des puzzles environnementaux s’invitent dans des environnements extérieurs et intérieurs jamais vus auparavant. Question originalité, trouvailles et qualité de réalisation (ambition artistique et technique parce que hyper fluide sur consoles), Atomic Heart n’a pas d’égal à part Zelda en 2023 (non, bien que valide, le tour par tour d’un Baldur’s Gate – comme d’un JRPG, n’a pas du tout le même enjeu interactif).

Les autres en un mot ou presque…

Avec sa réalisation plus qu’impeccable, ses personnages plus qu’attachants, son gameplay dynamique et fiable, son semi open world qui le transforme en terrain d’exploration, Jedi Survivor remet Star Wars (lui aussi fatigué au cinéma et en multiples séries) au centre du game. Le studio Respawn porte tellement bien son nom.
Assez ironiquement les sorties quasi jumelées de Super Mario Wonder et de Sonic Superstars au moment où les deux héros rejouent la partition 2D qui les a vus s’affronter et se rendre célèbres dans les 90s plaident plutôt en leur faveur. Évidemment que le Mario Wonder a plus d’idées à la minute que ce Sonic Superstars qui finit par nous perdre dans des labyrinthes aux parcours trop vite injustes. Il n’empêche que les deux icônes Nintendo et Sega vont trop bien ensemble pour les séparer. Que Mario et Sonic tracent encore leur route et continuent d’écrire côte à côte l’histoire du jeu vidéo c’est quand même éminemment sympathique.

Les poids (trop) lourds

Ô comme j’attendais aimer Alan Wake 2 comme son prédécesseur et, surtout, comme CONTROL, le dernier jeu du studio finlandais Remedy. Hélas, à trop vouloir en faire, le labyrinthe mental du scénariste mis en abîme plusieurs fois qui mélange pensée et écriture créative entraine le joueur manipulé dans une enquête qu’il ne contrôle absolument pas, où l’accumulation de mots et de pistes obscurantistes qui se collent seules au mur inhibent toute initiative. Noyés sous les mots, et les pseudo surcouches de réalité ou de cauchemar, le joueur subit l’intrigue, les décors, les twists, sans jamais rien maîtriser. Visuellement et d’un point de vue sonore, rien à dire, c’est impressionnant.
Pas grand chose à reprocher non plus à l’édition 2023 à vocation durable comme un game service de Forza Motorsport. En surface en tout cas. Les voitures sont impeccablement modélisées, les pistes aussi et le plaisir d’une conduite pointue et maitrisable aussi. Pourtant, spoilé sans doute par les magnifiques routes du Mexique de Forza Horizon 5, on s’y ennuie trop vite.
Et Starfield et son champ d’étoiles infini ? Je ne me lasse pas devant le spectacle des décollages et atterrissages de son vaisseau, plutôt chouette aussi à l’intérieur (le style nasapunk on prend !) comme à l’extérieur (moins cool quand même que celui de Jedi Survivor) mais bon sang, avant de viser l’horizon cosmique, Bethesda aurait pu s’occuper de l’humanité de ses personnages aux visages totalement désincarnés. Leurs regards reflètent le vide cosmique de l’aventure. Cet atterrissage là est plus dur.
Et, oui, hors jeux Nintendo et Sega à valeur universelle, le seul nouveau jeu japo-japonais de ma liste est un original (c’est même le label officiel) édité par Electronic Arts qui n’aurait pas marché commercialement. Dommage, parce que dans le genre action médiéval japonais archi -rabattu, Wild Hearts sort du lot avec son système de machines de combats et le style graphique singulier d’un magnifique bestiaire.

Rééditions de luxe 

Indispensables à ce niveau de qualité si on a l’estomac bien accroché, les remakes de Dead Space et Resident Evil 4 laissent sans voix. Les gameplay originaux sont complètement respectés tout en y ajoutant des améliorations de « qualité de vie » comme on dit en anglais. Et bien sûr les aptitudes graphiques contemporaines permettent de donner vie à ces univers avec une puissance d’évocation incroyable. Malgré son étouffante ambiance claustrophobe, j’ai une préférence marquée pour l’univers industriel rétro-futuriste spatial de Dead Space. Surtout que, cela ne me semble pas assez soulevé – certains diront que cela fait partie de son « charme » – la violence de Resident Evil 4 et de ses villageois hispaniques sous amok dégagent une ambiance beaucoup plus malsaine, malaisante même que le déjà pourtant peu ragoûtant Dead Space. Tirer sur des êtres humains avec autant de réalisme graphique ne peut pas se qualifier de « fun ». Le joueur ressent éventuellement une sorte de jouissance exutoire (on défend sa peau après tout) mais ce « plaisir » reste discutable. On préférera alors les loup-garous de Resident Evil Village.

De son côté, la sortie surprise de la réédition remasterisée plus modeste de Metroid Prime rappelle combien cette première version en vue subjective de la série Metroid était en avance sur son temps sur GameCube. Le level design intriqué et la prise en mains avec ses contraintes restent uniques. Et la réédition optimisée sur Switch est irréprochable.

Extensions

  • Cyberpunk 2077 : Phantom Liberty
    Mis à niveau next gen à plusieurs reprises dès 2022, il n’y avait pas besoin d’attendre le storytelling médiatisé de la renaissance de Cyberpunk 2077 fin 2023 pour le classer au top de l’année dès… 2022.
  • God of War Ragnarock : Valhalla

INDÉS

  • Planet of Lana
  • The Talos Principle II
  • Toem : A Photo Adventure
  • Viewfinder
  • Cocoon
  • Season : A Letter to the Future

Petit up courageux dans l’expérience narrative pour…

  • Fort Solis
    et
  • The Invincible

Mentions spéciales aux jeux PSVR2…

Sony a bien sorti le meilleur casque grand public, et plus agréable à porter, installer, lancer, et utiliser avec ses manettes façon DualSense haptiques. Mais aussi, que fait Sony à pratiquer un tarif hors sol pour son casque VR ? Quel dommage de ne viser qu’un marché de « niche » parce que, vraiment, les versions VR de GT7 et RE Village envoient du lourd en réalité virtuelle (et sûrement aussi le récent Resident Evil 4 en VR). Si l’on ne souffre pas de motion sickness / cinétose agravée, ce qui est hélas devenu mon cas. Avant de lâcher le casque j’ai quand même eu le temps, contre toute attente, de prendre un pied phénoménal avec le jeu de tir Pistol Whip qui se hisse, à ma grand surprise, aux côtés de Beat Saber comme meilleur jeu de réflexe, immersion, musical, ambiance et visée en VR. Ébloui par Beat Saber et le jeu de tir « bullet time » voisin Super Hot VR, on avait raté Pistol Whip sur les casques Oculus Rift et le premier casque PlayStation VR. Le choc fut alors d’autant plus grand de découvrir l’énergisant gameplay de Pistol Whip encore plus beau dans sa version améliorée sur le casque PlayStation VR2.

  • Pistol Whip
  • Horizon Call of the Mountain
  • Gran Turismo 7
  • Resident Evil Village

François Bliss de la Boissière

Illustration de Une : The Legend of Zelda : Tears of The Kingdom
Relecture danybliss

Best of films 2023 : le cinéma, c’est trop d’émotions, punaise !

Alors que l’on avait prudemment retrouvé le chemin des salles en compagnie du public après le long épisode Covid, voilà que les punaises de lit s’immiscent à leur tour entre nous et les grands écrans.
Cela tourne à la malédiction. D’aucuns bien équipés cinéma à domicile diront que cela confirme l’agonie progressive du modèle cinéma dans les salles. Si on ajoute à l’hygiène, et à l’accueil discutable, des complexes de cinéma comme des salles indépendantes, le prix d’entrée et les films grand spectacle hollywoodiens et même français (Astérix ?) plus vains les uns que les autres, il devient difficile de défendre les salles trop obscures pour être honnêtes. Si, parmi l’hécatombe des blockbusters, on a été content de voir le réussi (ouf) Gardiens de la Galaxie Vol 3 et le très acceptable Les Trois Mousquetaires : d’Artagnan en salles (alors qu’ils sont très bien aussi à domicile sur écran OLED), on ne peut pas en dire autant des autres très bon films de l’année. Dès que le film se fait plus intimiste, il devient tout à fait calibré pour le cinéma à domicile (évidemment pas sur smartphones ou tablettes, là, il s’agit d’une autre population de spectateurs, comme celle des avions). Et d’ailleurs, parmi mes 10 films préférés de 2023, trois inédits n’existent que sur plateformes de streaming. Au-delà de cette liste plus subjective que jamais (parmi les 107 films de 2023 vus), je mets aussi en avant quelques listes thématisées, des films ouvertement indés aux nanars qui s’ignorent…

Mes 10 films préférés de 2023…

  • Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 (de James Gunn)
  • Women Talking (de Sarah Polley)
  • Super Mario Bros.  / Spider-Man: Across the Spider-Verse (ex aequo)
  • Le Monde après nous (de Sam Esmail)
  • Je verrai toujours vos visages (de Jeanne Herry)
  • Hawaii (de Melissa Drigeard)
  • Une Nuit (de Alex Lutz) 
  • Les Trois mousquetaires : d’Artagnan (de Martin Bourboulon)
  • The Covenant (de Guy Ritchie)
  • Traquée [No One Will Save You] (de Brain Duffield)

Je ne sais pas si le talent de James Gunn ira jusqu’à nous intéresser à un reboot du DC Univers après sa version kamikaze de Suicide Squad et la dernière ligne droite de mauvais films de super-héros mais il est certain qu’il a réussi à boucler à lui tout seul et de belle manière le Marvel Univers sans queue ni tête (surtout) auquel, entre nous, Les Gardiens « de la Galaxie » n’appartiennent pas vraiment (ou au forceps en-dehors de la trilogie à leur nom). Le dernier opus des Gardiens de la Galaxy a ainsi toutes les vertus attendues, spectaculaire bien sûr, burlesque, cabotin mais aussi et surtout extrêmement touchant. À ce point frôlant la sensiblerie, on ne s’y attendait pas. Devenue réalisatrice, Sarah Polley présente un des plus puissants films de femmes de l’ère moderne (post Metoo ?) avec le très maîtrisé Women Talking dont on ne parle pas assez en cette fin d’année damnée par le scandaleux Depardieu.

Plus paranoïaque que jamais et tout à fait dans l’air du temps complotiste, l’auteur Sam Esmail de la série Mr Robot propose avec Le Monde après nous le bad trip mental qui confirme en forme de faux huit-clos toutes nos frayeurs du moment. Dans The Covenant, Guy Ritchie surprend en oubliant tous ses tics de mise en scène pour capter une impossible amitié militaire en Afghanistan mâtinée d’un petit message politique envers l’Amérique. Bien plus culotté et déroutant dans le genre fantastique que le dernier Shyamalan (Knock at the Cabin), l’inattendu Traquée (exclusivité Disney+), ne lâche pas son emprise sur l’unique actrice (épatante Kaitlyn Dever) et le spectateur pendant 90mn. Une réussite formelle doublée d’un beau suspens.

Je verrai toujours vos visages, Une Nuit… ces films français vus, y compris le dépaysant et faux film de vacances inattendu Hawaï (et d’autres encore à voir, comme Le Règne Animal), offrent de magnifiques plongées dans l’âme humaine. Merci le cinéma français pour ça. Malgré sa naïveté de réalisation, on ne boudera pas par snobisme le spectacle français trop rare des Trois Mousquetaires : D’Artagnan de Martin Bourboulon. Les combats en plan séquence font presque mouche et on adopte très vite les acteurs dans leurs rôles iconiques de mousquetaires. Sans compter les participations réjouissantes du finaud Louis Garrel en Louis XIII et de la digne Vicky Krieps en Anne d’Autriche.

Les deux cartons cartoons enfin, Super Mario The Movie et l’extravagance graphique Spider-Man Across the Spider-Verse redonnent du souffle au film d’animation là où, aussi, les champions du genre n’avancent plus vraiment. Et au double titre de gamer (voir mon Best of jeux 2023) et cinéphage passionné, je me réjouis de la transposition réussie de l’univers des jeux Mario de Nintendo en grand film intéressant. Et pourquoi la chanson Peaches interprétée par Jack Black / Bowser n’est pas sélectionnable aux Oscars ? Pourquoi ?

Mentions spéciales…

Des indés inspirés et surtout portés à bout de bras par de puissantes, voire bouleversantes, interprétations…

  • Stars at Noon (Margaret Qualley), une étrange dérive en Amérique du sud signée de l’habituée du genre : Claire Denis
  • Winter Break [The Holdovers] (Paul Giammati) entre Dead Poets Society et Breakfast Club version 70s par Alexander Payne
  • The Whale (Brendan Fraser) Le retour littéralement monstrueux de Brendan Fraser par un Darren Aronofsky à la filmo décidément indéchiffrable
  • Reality (Sydney Sweeney) Même sans maquillage et bikini, Sydney Sweeney fascine et prouve son talent d’actrice
  • Vivre (Bill Nighty) On savait déjà (depuis au moins depuis Love Actually) que Billy Nighty avait un coeur gros comme ça
  • Flora and Son (Eve Hewson) La découverte (tardive) d’une actrice au fort tempérament
  • Emily (Emma Mackey) Emma Mackey porte décidément bien le costume d’époque, même pourtant celui bien usé d’Emily Brontë
  • Are You There God? It’s Me Margaret (tout le casting). Un joli film choral de « coming of age » comme on n’en voyait plus depuis… ?

Des Ovnis cinématographiques…

  • Saltburn de Emerald Fennell. Tout juste diffusé en exclusivité sur Prime Vidéo fin décembre, encore sous le choc, on ne sait pas où ranger dans sa psyché ce film tordu et beau, beaucoup écrit et beaucoup improvisé !
  • Barbie. Greta Gerwig à la réalisation et Margot Robbie à la production réussissent le hold-up de l’année avec cette improbable ode à la femme libre à partir d’une poupée sans âme. Chapeau.
  • Oppenheimer. Masculiniste et boursoufflé d’ambition thématique et formelle, le succès improbable du biopic plutôt classique et lourdaud de Christopher Nolan se regarde avec une certaine incrédulité.

Des réalisateurs haut de gamme qui s’enlisent à privilégier la forme…

  • Asteroid City de Wes Anderson
  • Empire of Light de Sam Mendes
  • The Killer de David Fincher
  • Babylon de Damien Chazelle (vu en 2022 mais sorti en 2023 en France)

Des films dits de prestige qui laissent froid, ou énervé, notamment à cause de personnages détestables, ouvertement égocentrés, et que l’on rejette pendant tout le récit…

Rien de pire que les films qui cherchent à nous faire adhérer pendant la majorité du métrage à des personnages aux comportements odieux, sous couvert de dénonciation. La palme à ce titre à Martin Scorcese indécrottablement fasciné par les sales types (de Raging Bull à Wall Street en passant par Les Affranchis ou Casino) au point de, à nouveau, donner la vedette pendant 3h aux odieux bourreaux de Killers of the Flower Moon (voir dans ce même sens l’avis de Paul Schrader sur le jeu pénible de DiCaprio associée à la longueur excessive du film) avant de consacrer seulement 20mn à leur condamnation. Et Lily Gladstone est bien plus vivante et intelligente en vraie (voir la conférence de presse du Festival de Cannes) que dans son rôle inexpressif de femme Osage cruellement passive. En ce qui me concerne, il s’agit de cinéma torture porn.
Une larme pour l’inspiration perdue de Sofia Coppola confirmée, après Les Proies et On the Rocks, avec le lisse et inutile portrait d’une Priscilla sans intérêt auprès d’un Elvis toujours aussi cliché et insupportable.
Le célébré Anatomie d’une chute maintient certes le spectateur en tension, mais enfin son filmage téléfilm, son sujet fait divers familial qui vire en film de procès théatreux figé, mérite vraiment autant d’attention ? Saluer la prestation de Cate Blanchett, forcément, mais détester le personnage jusqu’au bout de Tár aussi.
Évidemment que les films ne peuvent se contenter de portraits confortables et de situations cosy. De la même manière le spectateur peut aussi trouver pénible de se voir rabâcher de scène en scène combien tel personnage est un monstre social, mais attention, avec un talent (séparer l’artiste de l’humain, suivez mon regard). Surtout quand cela est ouvertement visible dès la première scène. Au-delà, le spectateur subit et pour moi, il s’agit de complaisance de metteurs en scène fascinés devant le détestable. Ainsi, il faudrait aimer le Leonard Bernstein de Bradley Cooper ? La forme du film Maestro oui; la pauvre Carey Mulligan victimisée, oui; le chef d’orchestre égocentrique grimaçant baguette à la main, non. Idem avec le personnage extraverti égotiste interprété par Annette Bening dans Insubmersible. Combien de fois tous ces films donnent envie de hurler aux autres personnages : attention individu toxique à fuir !

  • Killers of the Flower Moon
  • Priscilla (sortie en janvier 2024 en France)
  • Maestro
  • Anatomie d’une chute
  • Tár (vu en 2022 mais sorti en 2023 en France)
  • Insubmersible

Des Nanars vus parce qu’on aime le cinéma jusqu’au bout de la nuit…

  • Flash (pour Michael – « let’s get nuts » – Keaton)
  • Rebel Moon (pour Zack – Sucker Punch – Snider)
  • 65 Millions (pour Adam – Ferrari – Driver)
  • Astérix & Obélix : L’Empire du Milieu (pour…. rien, le patrimoine ?)
  • Indiana Jones et le Cadran de la destinée (pour James Mangold, si si)
  • Mission Impossible : Dead Reckoning part 1 (pour Maverick)
  • Hunger Games : la ballade du serpent et de l’oiseau chanteur (pour… les fringues)

François Bliss de la Boissière

Illustration de Une : Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3
Relecture danybliss

Best of films 2022 : De l’ombre à la lumière

Retour en grâce du cinéma dans les salles ? Qui sait ? En tous cas les films eux se sont bien portés en 2022 où qu’ils soient diffusés. Après avoir vu 132 films de cette année, je me plie comme tous les ans au rituel du pire et du meilleur. Exercice aussi ridicule qu’une remise de récompenses qu’indispensable pour s’y retrouver. Alors Batman ou Blonde ? Athena ou Cyrano ? Faut-il vraiment choisir ?

En 2022, aucun film ne s’impose indiscutablement, quelles que soient les cultures cinématographiques. Il suffit de lire ici ou là les listes des 10 films préférés des médias et rédactions pour se demander si tout le monde a traversé la même année cinématographique. Il faut dire que la dissémination des supports disperse et dilue autant l’accès que les opinions. Étant moi-même plateforme agnostique et me donnant les moyens d’avoir accès à tous les films sortants (c’est du boulot), en m’assurant de les voir dans de bonnes conditions techniques (c’est un investissement), pas de snobisme, je ne fais pas de hiérarchie entre les films projetés en salle, disponibles directement en VOD ou en streaming. De la même manière, n’appartenant à aucune chapelle, sinon celle du cinéphage, je mélange sans snobisme films d’auteurs et films de divertissement, films indés américains et films sociaux français. J’avoue ne pas (encore) avoir vu les films internationaux autre qu’anglo-saxons, salués ailleurs.

N’ayant pas non plus à négocier mes choix avec une rédaction, ma liste de 10 films 2022 correspond clairement à mes goûts du moment. La hiérarchie est aisément interchangeable après… The Batman.

Plus bas, parce que le rituel du podium des 10 préférés est toujours trop court et ridicule, je continue le jeu des listes en m’inventant des rubriques « Mentions spéciales » qui permettent de ranger un peu une production cinématographique naturellement et heureusement azimutée …

Mes 10 films préférés de 2022…

Parmi les 132 films vus et sortis, sauf erreur, en 2022 (voir ma liste ici) je retiens donc ceux-ci en priorité…

  • The Batman
  • Athena
  • Blonde
  • Vesper Chronicles
  • A l’Ouest, rien de nouveau
  • Revoir Paris
  • Men
  • Cyrano
  • Les Nageuses
  • Causeway

Épuisé (comme tout le monde ?) des films de super-héros numériques sans queue ni tête ou rejouant sans cesse la même partition, je n’attendais vraiment rien de ce énième Batman. La surprise fut d’autant plus grande de découvrir un vrai grand film. Un bel essai visuel d’abord qui, culotté en 2022, égratigne l’esthétique passe-partout numérique actuellement répandue en salopant sciemment l’image. Résultat, chaque plan devient un tableau, sensuel, sombre et insaisissable comme ses personnages jamais nets. Le spleen général et la neurasthénie du personnage principal transforment ce Batman en grand film malade (c’est un compliment), comme le précédent Joker de Todd Philips. Alors malgré des échecs, on ne rêve certainement pas d’un DCU similaire au MCU. De Zack Snyder à Matt Reeves en passant par Todd Philips, surtout, surtout…, que chaque film reste un prototype unique signé par des cinéastes auteurs.

Certains longs métrages se retiennent pour leur énergie et leur brio technique (Athena), d’autres pour leur poésie (Blonde, Vesper) et leur interprétation à fleur de peau (Blonde – qui élève définitivement Ana de Armas au rang des grandes actrices, et Causeway qui rappelle l’immense présence de Jennifer Lawrence même dans un rôle tout en retenue). Le sidérant À l’Ouest, rien de nouveau prouve, lui, que le film de guerre ne s’est arrêté ni à Dunkerque ni en 1917.
En revenant à une proposition plus modeste et introspective, le film de SF anticipation retrouve enfin du sens et de l’humain grâce au surprenant de justesse formelle et thématique Vesper Chronicles. Si Novembre frappe fort en restant un peu trop dans les clous du film d’enquête, le véritable ressenti d’un attentat est indéniablement le poignant Revoir Paris d’Alice Winocour qui laisse sonné et en larmes comme son héroïne. Avec le toxique et contagieux Men, Alex Garland signe un grand film lynchien féministe bien utile à dénoncer le masculinisme toujours en vigueur dans nos sociétés. La musique nous sauvera toujours, alors on défendra becs et ongles contre la critique boudeuse l’élégant Cyrano lalaland avec Peter Dinklage et Haley Bennett. Pépite socio-géo-politique cachée sur Netflix, écho tragique de la sisuation en Ukraine, Les Nageuses de Syrie débarque à point pour rappeler l’horreur de l’exil forcé d’un pays en guerre.

Mentions spéciales :

Parce qu’une seule liste ne suffit pas…

La (bonne) cause des femmes…

Directement ou indirectement, ces films redonnent aux femmes le pouvoir que les hommes ne cessent de lui enlever…

  • She Said
  • Don’t Worry Darling
  • Emily the criminal
  • Spencer

Les Ovni…

Inclassables, évidemment prestigieux vu les auteurs, pas forcément agréables à voir, un tantinet auto complaisants avec leurs mises en scène et leurs dialogues, ils marquent quand même au fer rouge…

  • Nope
  • Bardo, Fausse chronique de quelques vérités
  • Les Banshees d’Inisherin
  • Triangle of Sadness (Sans filtre)

Prisonniers de leur nostalgie…

Des films techniquement brillants mais qui exploitent outrageusement le passé, y compris l’ex futuriste suite d’Avatar mâtinée Disney qui rhabille nombre de scènes clés du premier film. Un exercice de régurgitation qui fonctionne mieux avec Top Gun Maverick parce que distant de 35 ans du premier opus contre les « seulement » 13 ans qui séparent les deux Avatar (vu et revu le vénéré Avatar de 2009 un nombre incalculable de fois). Et quand les trois grands cinéastes, Spielberg, James Gray et Kenneth Branagh racontent leur enfance, leur talent s’exprime toujours mais transforme plus que jamais le spectateur en voyeur en peu gêné devant leur déballage familial personnel…

  • Avatar The Way of Water
  • Top Gun Maverick
  • The Fabelmans
  • Armageddon Time
  • Belfast

La France mordante…

Au-delà de ses gros auteurs attitrés, le cinéma français continue heureusement de nourrir un cinéma social, voire, plus rarement mais ici bien réussi, politique…  Certains de ces films atteignent même une sorte de psycho trance (En Roue libre, Inexorable, Selon la police), mettant à jour une psycho France… 

  • Les Promesses
  • Un Autre monde
  • Le Monde d’hier
  • En Roue libre
  • Selon la police
  • Ouistreham
  • Inexorable

La faute à qui ?

Dans la tendance lourdingue des whodunit transformés en grosses farces théâtrales prétexte à rassembler (et vendre) plein d’acteurs sur une même affiche jusqu’au crash d’Amsterdam (pas encore vu en entier tellement le cabotinage insupporte), je retiens ces deux films plus discrets et pourtant encore mieux ficelés. Ceux-là, on ne les voit vraiment pas venir…

  • The Outfit avec un Mark Rylance plus subtil que jamais
  • Contrecoups, où entourée d’un Jesse Plemons inhabituel et d’un Jason Segel fidèle à lui-même, une Lily Collins désemparée montre mieux son talent d’actrice sur Netflix que dans Emily in Paris.

Les nanars big time

On les a vu, parce qu’on aime le cinéma toutes catégories, mais trop c’est trop (et on oublie les Marvel annuels tout aussi boursoufflés et vides)…

  • The Gray Man
  • Uncharted
  • Ambulance
  • Moonfall
  • Le Samaritain
  • Bullet Train
  • Ticket to Paradise
  • Lost city (Le Secret de la cité perdue)

Les films trop appuyés

Avec une flamboyance visuelle indiscutable, ils en font des tonnes pour dire ce qu’ils ont à dire, voire pour ne rien dire du tout, ou alors en en faisant trop pour en dire peu ou rien de nouveau…

Rendez-vous manqués

On les attendait en particulier, ils sont arrivés, et ils ont laissé froid comme si formes et sujets ne se rejoignaient pas…

  • The Northman
  • Les Olympiades

François Bliss de la Boissière

Best of jeux 2022 : Cyber gods & rings

De Scorn à Kirby, en passant par GT7, le grand écart thématique auquel conduit la passion jeu vidéo est plus énorme que jamais. Bien vécu, le jeu vidéo entraîne une agilité pas seulement de prise en main mais d’intérêts, de curiosité, de capacité d’absorption d’ambiances et d’univers. Surtout que le joueur est acteur de son environnement.

Les big winners au sommet de l’Olympe annuelle du jeu vidéo 2022 sont facilement identifiables. Mais cette année plus que d’autres encore, les qualités de ces productions sont telles que prétendre que l’une est supérieure à l’autre est absurde. 

Puisque l’exercice annuel consiste néanmoins à les empiler, en sachant que j’ai au total pratiqué 57 jeux 2022 sortis en 2022, y compris quelques démos ou jeux essayés, notamment, via le Xbox Game Pass, voilà…

Mes 10 jeux préférés de 2022

Justement, question goût, centre d’intérêts et thématiques avec peut-être du sens, je botte en touche, désolé, tous les vains scénarios d’heroic fantasy (et différentes quêtes d’un anneau) qui brassent du vent entre religion, superstition et satanisme (ah les dragons) et même ceux qui ruminent les mythologies déjà établies. Si un jeu doit m’intéresser à sa fiction au point d’en lire toutes les entrées, je préfère que l’on me présente une proposition de vision futuriste de notre société. À ce titre, bien loin de ses déboires de lancement, Cyberpunk 2077 met en scène une société future crédible et fascinante grâce à ses visuels, bien sûr, et aussi et peut-être surtout grâce à son écriture. Et je félicite en passant une version française des textes absolument remarquable qui ne fait pas regretter l’originale qu’elle soit anglaise ou polonaise.

Car oui il y a beaucoup à lire dans Cyberpunk et le « lore » comme on dit même en français, n’a presque rien de gratuit. Tout y passe, guerre des méga entreprises, augmentation physique et mentale à partir de greffes d’organes, IA… De fond comme de forme, Night City offre une coupe politique et sociale d’une mégalopole future tout à fait concrète et pensée, y compris dans son érotomanie exacerbée. En y regardant de près, Cyberpunk 2077 était en accès anticipé non déclaré depuis sa fausse sortie douteuse fin 2020. La vraie sortie à valeur commerciale date en réalité de la mise à jour next-gen (PS5, Xbox Series X et sans doute aussi PC) de … février 2022. Je le comptabilise donc cette année et il prend naturellement la première place.

De la même manière je pose Scorn et Stray au-dessus du trio de AAA consensuel parce qu’ils osent et surprennent vraiment là où les autres prolongent (de belle manière sans aucun doute) leurs propres recettes déjà établies et éprouvées. Elden Ring a bien évidemment aussi surpris par sa richesse et la capacité de l’équipe des Souls à faire évoluer leur série linéaire vers une formule monde ouvert. Mais Elden Ring reste un jeu à la difficulté punitive, un jeu qui à mes yeux rejette plutôt que d’accueillir. Je dis ça tout en saluant le culot du récit insaisissable quasi muet à l’opposé d’un Horizon : Forbidden West bien trop bavard. Nouvelle preuve que la narration par le décor peut largement suffire dans un jeu vidéo et qu’il n’est pas nécessaire de servir des louches de soupe in game pour y faire croire.

À ce petit jeu du « je ne dis rien » et je laisse le joueur essayer de comprendre où il est et pourquoi il bouge, le volontairement hermétique Scorn a tout compris et tout réussi. La vraie nouveauté d’Elden Ring consiste toutefois à pouvoir aller cette fois pleinement à la rencontre visuelle de cet univers sans se cogner à un seul obstacle infranchissable. J’ai donc voyagé et bataillé totalement fasciné à travers (et souvent sous) L’Entre-terre plusieurs dizaines d’heures grâce à la possibilité d’éviter les plus gros boss. Je n’ai malheureusement pas tout vu ni affronté, mais j’en ai vécu assez pour prendre la mesure d’un jeu tout à fait monstrueux.

On peut aussi reprocher leur difficulté à, par exemple, Scorn et The Callisto Protocol aux combats mal équilibrés ici ou là. Dans les deux cas il me semble qu’elle se justifie et ce n’est pas parce que, moi, je finis par lâcher la manette avant the end du jeu que je les condamne (pas plus que Returnal l’année dernière). L’important est de pouvoir jouer une bonne partie de l’aventure avant d’être bloqué (ce qui dépend de chacun en plus). Scorn devient doucereusement plus rêche dans sa dernière partie pour accentuer la pression et, me semble-t-il, la rudesse exagérée de certains boss de The Callisto Protocol renvoie à ses modèles assumés des années 90 comme les Resident Evil. Dont acte.

Particulièrement réjouis de voir, les deux productions françaises Stray et Sifu rejoindre le top des meilleurs jeux de l’année, auquel j’aurais eu plaisir d’ajouter A Plague Tale : Requiem si seulement l’inclusion d’un mode performance à 60 i/s me permettait d’y jouer sereinement. On peut s’intéresser en priorité à la démarche artistique d’un jeu vidéo tout en gardant une exigence technique. Ainsi s’apprécie l’art interactif.

Autre satisfaction, le retour de Sonic dans une véritable percée conceptuelle. Oui les pop-ups d’affichage du décor renvoient 15 ans en arrière mais pour le reste, fluidité, créativité, trouvailles, level design, ce Sonic Frontiers en monde ouvert devient l’héritier légitime du Sonic Adventure de la Dreamcast que l’on n’attendait plus.

Et aussi…

Rééditions de luxe 

Derrière le haut du panier des productions inédites, il faut depuis quelques années aussi comptabiliser les remakes devenus des productions très haut de gamme. On ne discutera pas ici du bien fondé ou pas de tels remakes, surtout si peu de temps après l’original. Les éditeurs et studios connaissent leur marché et leur économie, et aucun gamer n’est obligé de repasser à la caisse pour un remake s’il ne le souhaite pas. À la suite également, parce qu’il ne faut oublier personne, un petit listing des meilleures extensions et des jeux indés joués et qui m’ont particulièrement épatés. Il y aurait encore tellement à dire…

  • The Last of Us part I
  • Portal Companion Collection sur Switch
  • The Stanley Parable : Ultra Deluxe
  • Uncharted Legacy of Thieves Collection
  • The Witcher 3 Wild Hunt

Extensions

  • Forza Horizon 5 : Hot Wheels
  • Destiny 2 : Witch Queen

INDÉS

  • Tunic
  • Far : Changing Tides
  • Silt
  • Ghost Song
  • Somerville
  • High on Life

Best of séries 2022 : Riches & pervers

Reine, impératrice, millionnaires de la tech ou du rap, oui ils sont riches, célèbres, oisifs et le plus souvent odieux. Les séries ordinaires célèbrent le bling et le glam. Les grandes séries prennent les mêmes VIP par les tripes et les détruisent, gold brick by gold brick. L’année 2022 en séries a aussi et surtout donné naissance à plusieurs magnifiques portraits de femmes.

La fin des confinements à domicile n’a heureusement pas signé la fin du tsunami des bonnes séries. Discerner les passionnantes des quelconques, se jeter dans les inédites et laisser tomber les anciennes interminables fait partie de l’exercice et du plaisir. Choisir, essayer, zapper, trancher et, de temps en temps, rester. Presque pas de saison 2 dans ma sélection 2022 même si, comme toutes les générations, on s’est laissé entraîner dans l’interminable et lourdaude saison 4 de Stranger Things et que Yellowstone s’essouffle et s’auto exploite au moment même où la série atteint la célébrité internationale, dommage. Pas de miracle, derrière les bonnes séries se cache presque toujours un auteur, et non pas juste un showrunner.

Mes 11 séries préférées et indispensables de 2022 (et vues jusqu’au dernier épisode)

  • The White Lotus (S02)
  • 1883 (mini série)
  • Atlanta (S03 & 4)
  • L’Impératrice (S01)
  • The Old Man (S01)
  • Tokyo Vice (S01)
  • The First Lady (mini série)
  • Les Papillons noirs (mini série)
  • The Dropout (mini série)
  • The Serpent Queen (S01)
  • Les Hautes herbes (mini-série)

Champions récidivistes

En récidivant sans faiblir et même en s’améliorant, Mike White, Taylor Sheridan et Donald Glover ont élevé les séries White Lotus, 1883 et Atlanta à un niveau d’écriture sidérant.
Les qualités de la première saison de White Lotus ne laissaient pas imaginer une suite aussi puissante, inédite, iconoclaste et corrosive. Sorte de Tarantino showrunner, son auteur Mike White cumule portraits et monologues mordants avec l’envie d’aller chercher des acteurs méconnus ou trop vite oubliés par Hollywood. Avec en tête, le coup de génie du retour au casting de l’extravagante Jennifer Coolidge.

Déjà spécialiste des femmes à têtes dures dans Yellowstone, Taylor Sheridan profite de la traversée de l’Ouest par des pionniers en 1883 – dont la première génération Dutton qui fondera Yellowstone – pour offrir à la jeune actrice Isabel May une voix intérieure d’une force qui ne s’oubliera pas de sitôt. Brûlants, à la vie à la mort et à l’amour, scénario et dialogues de Sheridan grattent cette fois directement l’os et donc l’âme. Il y a dans cette fuite remarquable à travers l’Ouest sauvage un jusqu’au boutisme à la Dernier des Mohicans de Michael Mann et du Hostiles de Scott Cooper (2017).

Les Dudes

La nonchalance naturelle de Donald – Childish Gambino – Glover et de sa petite troupe d’Atlanta, dont le désormais incontournable Brian Tyree Henry (Causeway, 2022), cache une acuité thématique et formelle inouïe. Unique et concept, chaque épisode vire au haïku. Tout n’est pas dit ni même résolu, et pourtant chaque petit récit, parfois surréaliste, en dit long sur les personnages et le monde en suspension qui les entoure, le nôtre. Sensation de vertige après chaque épisode.

La nonchalance de Jeff – The Dude – Bridges, que l’on croit un bon moment être le Old Man du titre de la série qui le met en vedette, cache lui aussi une narration puissante au style proche de la première saison de True Detective. Quel meilleur pedigree ? Le scénario ne va jamais là où il est attendu, les dialogues ou monologues sont aussi utiles qu’introspectifs, voire meta (le scénariste-dialoguiste commente insidieusement sa propre posture devant le récit incertain). Quand l’action survient parfois dans de brillants longs plans séquences inattendus, tout le rythme bascule sans alerte dans le chaos avant de redevenir un objet d’auto réflexion. Grosse surprise.

Viril et virevoltant, immersif et saisissant, le premier épisode de Tokyo Vice dirigé par Michael Mann en personne rejoint (mieux que ses derniers films) le niveau qualitatif de la filmographie du maitre du cinéma caméra à l’épaule des années 90-2000. Sans sa patte, les épisodes suivants perdent ce brio formel mais l’élan est donné, sujet et acteurs avec Tokyo en toile de fond restent extrêmement prenants.

Portraits de fame

Adieu les impératrices froufrouteuses ciné-télévisuelles des années 50 et 60 (respect à Romy Schneider), depuis le film A Royal Affair de 2012 et le wake-up call post Metoo, les cours royales abritent hommes lubriques pitoyables, et femmes fortes à l’affût du pouvoir et avides d’apprendre. Dans la foulée de la série The Great de 2021 où Elle Fanning en Catherine de Russie domine Nicholas Hoult en idiot royal, The Serpent Queen transforme la géniale Samantha Morton en une Catherine de Médicis impitoyable au centre d’un parterre d’hommes imbéciles imbus d’eux-mêmes. Enfin mis à jour, le ridicule des hommes de pouvoir consterne et réjouit terriblement. Idem dans L’Impératrice où la jeune princesse de Bavière (Sissi de son vrai surnom) apprend peu à peu à s’émanciper du patriarcat royal, à respirer, exister et, peut-être, prendre le pouvoir. Contrairement à la trop passive Marie-Antoinette de Sofia Coppola, cette princesse là devrait s’en sortir la tête haute. On espère en tous cas qu’une deuxième saison le confirmera.

Et, au 20e siècle, les épouses de Présidents sont-elles encore des princesses de procuration ? En portraiturant trois de ces épouses catapultées premières dames à la Maison Blanche, Eleanor Roosevelt, Betty Ford, Michelle Obama (respectivement jouées par Gillian Anderson, Michelle Pfeiffer, Viola Davis, excusez du peu), la prestigieuse mini-série The First Lady nous fait découvrir trois femmes bien plus puissantes et volontaires que les apparences laissent croire, tandis que les conventions et le mobilier de la Maison Blanche les tiennent tel un corset, . Une belle plongée dans les coulisses d’un pouvoir qui ne se partage qu’à l’arraché, même dans l’intimité d’un couple.

Portrait de shame

Retour à la réalité cependant avec la série contemporaine The Dropout qui décrit cette fois l’abus de pouvoir qu’une femme peut aussi exercer. Royauté auto promue de la Silicon Valley, pour de bon condamnée à la prison par la justice en 2022, le portrait implacable de l’escroc millionnaire de la tech Elizabeth Holmes par Amanda Seyfried en devient encore plus glaçant.

France insondable

S’il est plus difficile d’adhérer au style plus télévisuel que cinématographique des séries françaises, il n’est pas interdit de tomber sur des pépites, notamment noires. Le tête-à-tête Duvauchelle / Arestrup des Papillons noirs pèse très lourd. Le sujet bateau rabâché et violent du serial killer prend une tournure littéraire et féministe tout en cultivant une photographie dense et granuleuse particulièrement réussie. Seule lumière dans Les Hautes Herbes qui dissimulent, la quête de vérité d’Emmanuelle Devos révèle, comme il se doit, des secrets que seuls les habitants d’un village savent enterrer. Une France profonde que la série creuse et sonde avec beaucoup d’intelligence.

François Bliss de la Boissière

(relecture et corrections Danybliss)

Illustration de Une : The White Lotus @ HBO

Novembre : La vraie traque

Réaliser un film de fiction sur les attentats du 13-Novembre 2015 à Paris est-il une bonne idée ? Inhabituel en France en tous cas…

De son côté, sincère ou d’exploitation industriel, sans même attendre cicatrisation des blessures, le cinéma américain ne se prive pas de produire des films sur les scandales politiques, assassinats, attentats, faits de guerre qui blessent l’empire américain. Par pudeur, manque de moyens ou de culot, ce genre de film existe à peine en France. Initiative rare, Jean-Jacques Annaud a osé cette année une version cinématographique de l’incendie de Notre Dame de Paris (Notre-Dame brûle) qui n’avait, il est vrai, pas fait de victimes.

Signé par le réalisateur du tétanisant Bac Nord (2021), Novembre suit exclusivement le travail des brigades anti-terroristes engagées dans la poursuite des terroristes encore en fuite après les fusillades dans Paris et le massacre du Bataclan. Respectueux des victimes réelles et des traumatismes inconsolables, le film ne montre aucune image des attentats eux-mêmes. Avec une efficacité redoutable, la mise en scène ne s’intéresse qu’à la course folle de la police, des bureaux jusque dans Paris et sa banlieue. Une course aussi contre la montre et l’inconnu puisque de nouveaux actes de terrorisme restent alors probables.

Le générique prévient que le scénario ne respecte pas à la lettre la vraie enquête judiciaire*. Il n’empêche, avec sa réalisation nerveuse, l’incarnation puissante des acteurs, Novembre devient évènement et témoin devant l’Histoire.

* Un voile est malheureusement venu se poser sur les bonnes intentions du film lorsqu’une des protagonistes réelles et capitales de la chasse aux terroristes à dénoncer une mauvaise représentation d’elle dans le film. Sa plainte a été reçue et un message l’annonce au générique du film diffusé dans les salles publiques.

De Cédric Jimenez, avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain… Au cinéma le 5 octobre.

François Bliss de la Boissière

(Publié en octobre 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #142)

Eastward : Rétro réconfort

Chaleureusement rétro, Eastward revisite avec charme, clins d’oeil et un cachet visuel original, les jeux de rôle et d’action des années 90.

L’aventure reproduit à la lettre le système d’exploration et d’action à la Zelda pratiqué avec une vue au-dessus des décors. Héros inséparables cherchant à s’extirper de leur ville minière souterraine, le vieux barbu John et sa jeune protégée Sam aux longs cheveux blancs entreprennent de sauver le continent d’une pollution toxique, rien de moins.

Pas dupes, les dialogues enfantins teintés d’ironie (excellente VF) façon bulles BD muettes avec les pittoresques habitants désamorcent les enjeux dramatiques. Basique, le gameplay traditionnel mais toujours agréable consiste à trouver son chemin dans le méandre des rues, mines, forêts, grottes et à écraser des limaces et autres étrangetés à coups, entre autre, de poêle à frire, et donc à rire.

Un an après sa commercialisation en version uniquement téléchargeable, la nouvelle référence des jeux en pixel art sort en édition boite et cartouche sur la populaire console Switch. Conçue par Iam8bit, éditeur de collections spéciales, cela vaut consécration.

Entre hommage culturel et nostalgie régressive, Eastward renoue avec l’illusion réconfortante qu’aujourd’hui encore, le monde réel serait plus simple quand les jeux vidéo sont plus simples.

  • Supports : PC, Mac, Switch
  • Genre : RPG / action-aventure
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 12 ans
  • Chucklefish

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)


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Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire ma Note d’intention.

Yellowstone saison 3 : Néowestern enfin star

Alors que la saison 5 sera diffusée le 15 novembre sur le territoire américain, que la saison 4 a intéressé une audience record inattendue (devenue n°1 en 2021 aux USA avec 14,7 millions de spectateurs) qui catapulte le drame rural politico-familial en nouveau phénomène, la saison 3* s’installe enfin sur Salto aux côtés des saisons 1 et 2. Voilà au moins une bonne raison de se réabonner à ce service de streaming français spécialisé dans les séries françaises familiales.

Grâce à l’écriture percutante du créateur-scénariste-acteur, texan et cow-boy authentique, Taylor Sheridan, devenu à lui tout seul un énorme vivier créatif (scénariste des films Sicario, il s’occupe aussi des séries 1883 – formidable – et Mayor of Kingstown encore inédits en France), Yellowstone dresse un portrait néo-classique des cow-boys d’aujourd’hui en l’encrant dans les problématiques de la vie contemporaine.

Le bourru Kevin Costner chef de famille propriétaire du ranch et sa fille (très impressionnante actrice Kelly Reilly dans la peau d’une femme d’affaire intraitable, remarquée depuis 2002 avec L’Auberge Espagnole puis Les Poupées Russes de Cedric Klapisch mais aussi en junkie réhabilitée dans Flight avec Denzel Washington en 2012) défendent leur territoire et leur mode de vie traditionnel contre des multinationales cherchant à installer un aéroport et des complexes hôteliers.

Filmée dans le Montana aux abords du parc national de Yellowstone, la série fait goûter des modes de vie – cow-boys alias « garçons vachers », réserves indiennes, dressages de chevaux, rodéos… tout en offrant le spectacle fascinant des indémodables paysages du Nord Ouest américain.

*La saison 4 arrive finalement très vite sur Salto dès le 14 octobre!

De Taylor Sheridan, avec Kevin Costner, Kelly Reilly, Luke Grimes… Série en 10 épisodes de 45’ sur Salto.

François Bliss de la Boissière

(Chronique parue dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)


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Tout partout tout à la fois : Multivers kung-fu fou

Vous pensiez avoir compris la théorie des multivers avec les derniers films Marvel ? Erreur.

Ce film OVNI complètement kung-fu fou produit par les frères réalisateurs Joe et Anthony Russo (Avengers : Endgame) propose une version encore plus schizophrénique du concept des multivers. Actrice asiatique légendaire, Michelle Yeoh (qui sera dans les prochains films Avatar de James Cameron) se contente ici d’un rôle de mère de famille désabusée au petit commerce endettée. Sauf que tout bascule quand son mari comme possédé lui apprend que lui et elle, et le monde visible autour, appartiennent à une minuscule branche d’un univers cosmique constitué d’innombrables réalités parallèles.

S’en suit une multitude de quiproquos spatio-temporels où les protagonistes changent de personnalité et de lieux en une fraction de seconde. Tantôt victimes hurlantes tantôt champions d’arts martiaux, ils luttent pour reprendre le contrôle de l’une ou l’autre réalité. Un délire visuel et conceptuel cartoonesque, pas toujours de bon goût, qui emprunte aussi effets visuels et concepts des univers parallèles aux films Matrix.

Everything Everywhere All at Once (titre original aussi dingue) : De Daniel Kwan & Daniel Scheinert, avec Michelle Yeoh, Stephanie Hsu, Ke Huy Quan, Jamie Lee Curtis…

François Bliss de la Boissière

(Chronique parue dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)


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For All Mankind Saison 3 : Objectif Mars (Avis Express)

Pourquoi continuer à suivre cette série aux qualités inégales ? Parce que, revenue au premier plan de l’actualité, la conquête de l’espace fascine toujours.

Fidèle à l’idée d’un rétro futur alternatif et du high concept qui fait avancer de 10 années à chaque nouvelle saison, on retrouve nos pionnières astronautes dix ans après la saison 2, soit : en 1995. Celles-ci occupent désormais des postes à responsabilité qui vont très vite être remis en cause et les forcer à se réinventer un destin.

Car bien installés sur la Lune, les premiers touristes de l’espace font la fête en orbite et l’humanité prépare un premier voyage vers Mars. Conflits générationnels, politiques et technologiques freinent ou accélèrent les préparatifs. Valeur ajoutée : le brassage amusant des références passées, présentes et futures (gadgets, décors, start-ups commerciales contre NASA…).

De Ronald D. Moore, avec Joel Kinnaman, Shantel VanSanten, Jodi Balfour… Série en 10 épisodes de 60’ sur Apple TV+

François Bliss de la Boissière

(Chronique parue dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)

SILT : Echo de l’abysse (Avis express)

Grâce à un très beau noir et blanc et gris, Silt renouvelle l’exploration sous-marine périlleuse inaugurée par le célèbre Ecco Le Dauphin (1992, sur console Mega Drive de Sega).

Équipé d’une lampe torche, le petit plongeur se faufile au fond des abysses inconnus à travers plantes, roches, mystérieux temples engloutis et entités géantes (des « Goliaths ») définitivement mortelles. Pour survivre, le plongeur contrôle temporairement requins marteaux, poissons carnivores et autres créatures aptes à lui ouvrir le chemin.

Aventure immersive à l’ambiance fantastico-surréaliste et jeu de réflexion pas si facile, SILT se la joue aussi spectacle d’esthète en eaux profondes.

  • Supports (téléchargement) : PC, Xbox One & Series, PS4 & PS5, Switch
  • Genre : exploration/puzzle game
  • 1 joueur
  • Démo gratuite sur PC et Switch
  • PEGI : à partir de 16 ans
  • Fireshine Games

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)

Les Derniers jours dans le désert : À méditer (Avis Express)

Maître Jedi ou Jesus ? Les deux puisque juste avant de réendosser l’habit d’Obi-Wan Kenobi dans la nouvelle série Star Wars sur Disney+, l’acteur Ewan McGregor s’est glissé dans la peau d’un autre « saint homme » dont l’identité ne se confirme qu’à la fin du film.

Celui-ci revisite les 40 jours de jeûne et de prières que, selon la Bible, Jesus se serait imposé dans le désert. Seul au milieu d’un interminable désert rocailleux, il dialogue avec lui-même hanté par son double tentateur à ses côtés, il rencontre une famille isolée en détresse qu’il tente d’assister et se dirige vers Jérusalem où l’attend l’insoutenable crucifixion.

Un poème cinématographique, sobre, beau, contemplatif, à la lenteur nécessairement exigeante.

De Rodrigo Garcia, avec Ewan McGregor, Tye Sheridan, Ciaran Hinds…

François Bliss de la Boissière

(Publié  dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)

Revoir Paris : Décharge émotionnelle (Avis Express)

Les films Augustine et Maryland, ont démontré la force unique du cinéma de la réalisatrice française Alice Winocour. Qu’elle réussisse à faire partager avec tant de justesse et de respect l’indicible retour à la vie de survivants à un attentat au coeur de Paris ne surprend donc pas.

De l’amnésie absolue sous le choc, aux incompréhensions, reconstructions individuelles et solidarité collective, le film épouse le parcours émotionnel des survivants à un attentat hagards en quête de sens.

Aux côtés d’une Virginie Efira d’une grande justesse introspective à la recherche de sa mémoire perdue, la grouillante ville de Paris – oui avec ses lumières, mais elle aussi meurtrie, est un personnage à part entière. Pleurer est recommandé.

De Alice Winocour, avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin…

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)

Tokyo Vice Saison 1 : Signé Michael Mann

Michael Mann, l’immense réalisateur des années 90-2000 (Le Dernier des Mohicans, Heat, Miami Vice…) produit et réalise le pilote d’un récit adapté d’un livre-enquête sur le crime organisé à Tokyo.

On y suit un américain japanophile, Ansel Elgort, haute silhouette charismatique de Baby Driver et West Side Story (version 2021), apprenti journaliste recruté en 1999 par… concours dans un quotidien japonais !

Parmi toutes les découvertes de la culture japonaise de surface, police, comme underground, Yakuzas, il subit avec stupeur, et nous avec, le mode de fonctionnement tyrannique du journal qui reflète la terrible hiérarchisation de toute la société japonaise.

Sur le chemin du jeune reporter, le grand Ken Watanabe (Le Dernier Samouraï, Inception…), inspecteur de police vertueux et bougonnant, fera l’intermédiaire avec le monde à peine sous-terrain de la mafia japonaise.

Petit regret, après le premier épisode mis en scène par Michael Mann lui-même où son style caméra à l’épaule et montage fait des merveilles, les épisodes suivants deviennent formellement plus ordinaire. Au moins aucun des réalisateurs conviés n’a cherché à (mal) singer le style de Mann. Malgré tout, une passionnante immersion au coeur de Tokyo, sur les pas d’un jeune reporter culotté et sans peur.

De J.T. Rogers, avec Ansel Elgort, Ken Watanabe, Rinko Kikuchi… Série en 8 épisodes de 52’ sur Canal+.

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)


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The Quarry : À qui le mauvais tour ? (Avis Express)

Le genre « teen horror » (horreur avec et pour ados) fait le succès des films et des séries, alors pourquoi pas aussi en jeu vidéo ?

Quitte à s’éloigner du jeu vidéo traditionnel en devenant récit cinématographique aux interactions limitées à des choix narratifs.

D’un chapitre à l’autre, le joueur se glisse tour à tour dans la peau des jeunes moniteurs invités à un camp de vacances dans les bois. Mineure ou importante, chaque décision sauve ou entraine la mort mystérieuse des uns et des autres. Malgré les clichés éculés et la lenteur générale, le suspens fonctionne à peu près grâce au réalisme bluffant des visages de comédiens connus animés en motion capture. 

  • Supports : PC, Xbox One & Series, PS4 & PS5
  • Genre : aventure-horreur narrative cinématographique
  • 1 joueur, multijoueur coopératif en ligne
  • PEGI : à partir de 18 ans
  • Supermassive Games

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)

La Cour des miracles : Des moutons dans l’école (Avis Express)

La cour des miracles en question est une école primaire de Seine Saint-Denis (93) qui cherche à se rendre attractive et garder ses élèves quand une école neuve et « moderne » s’installe dans un quartier neuf deux rues plus loin.

Après l’excellent La Lutte des classes (2019) voilà une nouvelle occasion de rire et compatir à toutes les difficultés liées à la cohabitation, dans l’école, des nombreuses communautés et cultures qui font la France d’aujourd’hui. À commencer ici par les profs, plus ou moins blasés, usés voire même dépressifs que tous les efforts de l’énergique directrice n’arrivent plus à motiver.

Planche de salut inattendue, l’initiative contestée d’une nouvelle institutrice transforme l’école en laboratoire expérimental écologique. Une école « verte » avec potagers, poules et moutons qui font la joie des enfants.

De Carine May et Hakim Zouhani, avec Rachida Brakni, Anaïde Rozam, Gilbert Melki…

François Bliss de la Boissière

Le Sixième enfant : Maman à tout prix (Avis Express)

Trop fertile, un couple de gitans catholiques pratiquants a cinq enfants. Ils vivent dans un lotissement de caravanes. Stérile, un couple d’avocats aisés n’arrivent pas à concevoir d’enfant ni à en adopter.

Les deux couples se croisent et envisagent un échange de service lorsqu’une sixième grossesse involontaire se profile. Peut-on vendre ou acheter un bébé ? Non bien sûr, la loi interdit ce qu’elle qualifie de « trafic d’êtres humains ». Et pourtant, l’un parce qu’il en a les moyens, l’autre par misère, les deux couples s’engagent vers un processus qui va les déchirer. Grâce aux acteurs-rices, la tension est totale dans ce suspens psychologique qui finit par transcender les clichés sociétaux.

De Léopold Legrand, avec Sara Giraudeau, Judith Chemla, Benjamin Lavernhe, Damien Bonnard…

François Bliss de la Boissière

(Publié en octobre 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #142)

Gaslit : Politiquement incorrect (Avis Express)

Une belle poignée de pointures du cinéma se met au service d’une nouvelle lecture prenante d’un des plus grand scandale politique américain : le Watergate.

Cent fois raconté, l’espionnage des bureaux du parti Démocrate qui a conduit à la démission forcée du président Républicain Richard Nixon en 1974 prend un nouvel éclairage en donnant corps et vie à toutes les personnes impliquées, du modeste gardien d’immeuble aux commanditaires politiques littéralement pourris.

Couple amoureux improbable de la haute société de Washington, et pourtant crédible à l’écran, Julia Roberts et un très grimé Sean Penn, luttent dans l’espoir respectif de révéler ou couvrir le scandale. Adulte et fascinant.

De Robbie Pickering, avec Dan Stevens, Julia Roberts, Sean Penn… Série en 8 épisodes de 50’ sur Starzplay

François Bliss de la Boissière

(Publié en juin 2022 dans le mensuel Comment ça marche)

Cœurs vaillants : Rien d’impossible

Quand l’actualité rattrape l’Histoire, le témoignage dramatique de la population d’un pays fuyant désespérément une armée d’occupation redevient plus terrifiant encore.

Inédit et réussi, le récit rocambolesque d’une poignée d’enfants juifs cachés pendant la Seconde Guerre Mondiale dans le célèbre château de Chambord puis dans sa forêt offre de belles opportunités cinématographiques dont se saisit la réalisatrice. Ainsi, son premier long métrage manoeuvre avec talent entre drame odieux (dont la spoliation d’oeuvres d’art par l’armée allemande), légèreté enfantine et belles images du lieu prestigieux et de la nature qui l’entoure. La visite rare des coulisses, toits et coursives du fameux château où se cachent les enfants, les brumes du petit matin dans la forêt, où les enfants en fuite croisent des cerfs majestueux, montrent sans trop surligner la bêtise inexcusable des activités humaines.

Film avec des enfants qui évite les ficelles du film destiné aux enfants, Cœurs vaillants, du nom de « l’illustré » de BD d’origine catholique alors populaire, vire parfois au film de survie dans la nature plus présente, heureusement, que les soldats allemands. Conservatrice du musée du Louvre embarquée malgré elle dans l’aventure, Camille Cottin émeut aussi dans un rôle généreux quoique sévère.

De Mona Achache, avec Camille Cottin, Swann Arlaud…

François Bliss de la Boissière

(Publié en juin 2022 dans le mensuel Comment ça marche)


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L’été nucléaire : Suspens radioactif (Avis Express)

Casque sur la tête, un jeune homme fait du jogging à travers champs. Les deux cheminées d’une centrale nucléaire apparaissent à l’horizon. Une puissante sirène d’alerte envahit la campagne. Musique à fond dans les oreilles le coureur ne l’entend pas.

En quelques plans graphiques et efficaces, le sujet et le suspens sont posés. Et si un incident technique provoquait le dysfonctionnement d’une centrale nucléaire française ? Un groupe de jeunes gens soudés se calfeutrent dans une ferme et tente de se protéger des possibles radiations.

Un sujet plus que jamais brûlant très bien traité sous forme de huit-clos et de débrouille. La justesse des jeunes acteur-rices sous tension compense l’absence d’effets spéciaux.

De Gaël Lepingle, avec Shaïn Boumedine, Théo Augier, Carmen Kassovitz…

François Bliss de la Boissière

(Publié en juin 2022 dans le mensuel Comment ça marche)

Mi iubita mon amour : Vacances gitanes roumaines

Appréciée dans Portrait de la Jeune fille en feu (2019) et Les Olympiades de Jacques Audiard, l’actrice Noémie Merlant passe à la réalisation avec un premier long métrage plus tragique que son allure de film de vacances ne laisse supposer.

Projet de copines comédiennes semi improvisé à l’écran, quatre amies libres et insouciantes partent en virée en Roumanie. Hébergées par une famille de Roms, elles découvrent leur vie rurale ordinaire loin des clichés des rues de Paris où ils font la manche.

Co-écrit et dirigé avec le jeune acteur roumain principal (Gimi Covaci), visiblement talentueux, le flirt sensuel entre lui et Noémie Merlant, témoigne aussi de leur histoire d’amour et de travail dans la vraie vie. Impudique et rafraichissant.

De Noémie Merlant, avec Gimi Covaci, Noémie Merlant, Sandra Codreanu…

François Bliss de la Boissière

(Publié en juillet-août 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #140)

After Yang : Techno-sapiens (Avis Express)

Nous revoilà encore une fois confronté aux androïdes conçus à notre image. Sont-ils humains ou pas ?

Quand un père de famille tente de faire réparer Yang, l’androïde qui participe à l’éducation de leur fille, il découvre dans sa mémoire informatique une vie sensible au-delà de sa programmation. Le spectateur habitué à cette thématique découvre de son côté un traitement esthético-expérimental inédit qui ravive le sujet. Dans cette société écologique, douce et japonisante de demain, les humains vivent entourés de plantes, de « techno-sapiens » et même de clones indiscernables. Poétique, picturale et lente, cette nouvelle quête co-existentielle se vit comme un rêve semi éveillé.

De Kogonada, avec Colin Farrell, Jodie Turner-Smith, Malea Emma Tjandrawidjaja…

François Bliss de la Boissière

(Publié en juillet-août 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #140)

Olivier Derivière (Interview) : De Dying Light 2 à A Plague Tale Requiem

Capable de travailler sur des projets à petit budget comme des grosses productions, le musicien autodidacte français Olivier Derivière a, depuis 2004, composé la musique de plus d’une vingtaine de jeux vidéo. Entre avril et mai 2022, juste après la sortie de Dying Light 2 dont qu’il continuait d’améliorer la musique, et du prochain, alors non daté, A Plague Tale : Requiem en cours de finalisation, il a pris le temps de nous expliquer son approche d’une profession encore en phase d’apprentissage.

Avant-propos

La musique de jeux vidéo a l’âge du jeu vidéo, soit comme le jeu Pong : 50 ans. Contrairement à la piste musicale d’un film lié sans jamais changer aux images, la musique de jeux vidéo fait partie intégrale du logiciel de jeu programmé sur des microprocesseurs et varie en fonction de l’action du joueur. Elle sonorise l’interactivité des jeux vidéo alors sur supports cartouches dans les premières consoles de jeu (Atari 2600, Megadrive, Super Nintendo…) et les bornes de salles d’arcade. Les mélodies existent mais le son est synthétique, limité. Au milieu des années 90 les jeux comme les logiciels s’installent sur des CD-ROM, puis des DVD. La musique atteint alors une qualité de CD audio. Des chansons pop, rock ou de la musique orchestrale donnent désormais vie aux jeux vidéo. Dans les années 2000, quand des disques durs aux temps d’accès plus rapides équipent les consoles et PC, la musique se complexifie en compagnie de jeux de plus en plus sophistiqués. Les jeux profitent de plus de pistes musicales et, surtout d’une meilleure intégration au gameplay. Avec l’arrivée des SSD (Solid-State Drive, disques à mémoire flash ultra rapide) sur PC et dans les dernières consoles, la musique s’enrichit encore avec de nouvelles possibilités liées à l’interactivité des jeux.

Profile express

Entre 2004 et 2021, Olivier Derivière compose la musique de plus d’une vingtaine de jeux vidéo dans son studio d’enregistrement aux portes de Paris. À partir de 6 ans, il étudie la musique classique, apprend les harmonies, les orchestrations, s’intéresse aux percussions mais, gamer depuis l’âge de 8 ans, il rêve de devenir programmeur de jeux vidéo. Il trouve alors un compromis en s’intéressant aux logiciels de composition musicale. Sa passion du jeu vidéo entraine sa connaissance de la musique, ou inversement. Résultat ? Ses BO illustrent de nombreuses productions françaises et internationales. Il semble se spécialiser dans les jeux d’aventure sombre (Alone in the Dark), ou « de survie » (Obscure), et puis quand l’occasion se présente il s’attaque à des jeux plus narratif (11-11 : Memories Retold), ou des jeux d’arcade comme le rétro Streets Of Rage 4. Son expertise lui permet ainsi de passer de musiques orchestrales sur un jeu d’aventure (Assassin’s Creed IV : Freedom Cry), à de l’électro au service d’un jeu d’aventure futuriste (Remember Me). Capable de travailler sur des projets indés comme des grosses productions, le très actif français Olivier Derivière fait désormais partie de la courte liste de compositeurs de musique de jeux vidéo connus dans le monde. 

Interview

« On a tendance à penser que la musique de jeu vidéo n’est faite que de blip et de blop »

Bliss : Question inévitable… Quelle différence entre une musique de film et de jeu vidéo ? Tu dis notamment que la musique de film concerne l’histoire alors que la musique de jeux vidéo accompagne le gameplay. Et si un jeu vidéo contient une histoire alors il faut écrire de la musique pour les deux ?

Olivier Derivière : Le terme “jeu vidéo” reste très réducteur. Il existe une multitude d’approches et d’expériences interactives. Le jeu vidéo est ce médium particulier où le spectateur est actif, contrairement au cinéma où nous sommes passifs. Dans les jeux les plus cinématographiques, avec une histoire, incluant des phases de passivité du joueur devant des cinématiques et des dialogues, il y a de fait une proximité avec le cinéma. Et cela se retrouve dans la musique du jeu qui emprunte alors ses codes au « grand frère » cinéma. À cause de ses contraintes et possibilités interactives, le jeu vidéo demande en réalité une toute autre approche créative et technique. Mais les codes de conception musicale propres aux jeux vidéo n’existent pas encore beaucoup. 

Bliss : On sait à peu près la quantité de musique et le nombre de pistes musicales fournies pour un film, mais de ton côté, combien de pistes musicales et même d’heures de musique fournis-tu en moyenne pour un jeu vidéo ?

O.D. : Tout dépend du jeu. Un film dure en moyenne plus de 2h alors qu’un jeu peut comptabiliser plus de 20h (voire 100h et plus, NDR). S’il s’agit d’un jeu de réflection, d’action pure, des genres étrangers à la narration, alors la quantité de musique à fournir varie de quelques minutes à 1h. En revanche, avec un jeu narratif, une production de jeu vidéo s’apparente à une production de série télé, et le nombre d’heures de musique se fait en fonction. Cela peut ainsi approcher plus de 6h de plages musicales comme avec le récent Dying Light 2… ou le prochain A Plague Tale : Requiem. 

Bliss : Dans une production en monde ouvert comme Dying Light 2 (voir chronique ici) tu « bruites » (mets en musique ?) de nombreux éléments et objets interactif… A titre d’exemple, combien de pistes musicales, micro ou majeures, sont disponibles à tout moment en cours de jeu en fonction de l’action et des manipulations du joueur ?

O. D. : Cette production a été une expérience très enrichissante. Dans une telle aventure en monde ouvert où le joueur est libre d’agir à sa guise dans le décor, j’ai illustré en musique une quantité d’activités uniques de gameplay qui se jouent et s’entendent en même temps que la musique narrative de l’aventure. Quand le joueur utilise des jumelles, par exemple, son geste déclenche des notes de musiques particulières qui donnent une humeur. Les séquences de Parkour où le joueur se déplace en équilibre à travers le décor et les dangers activent plus de dix variations musicales selon le contexte et le scénario. Si le joueur se contente de courir alors la musique reste en retrait. Lorsque le joueur pratique d’avantage de mouvements de Parkour, alors la musique s’amplifie jusqu’à atteindre ce que l’on a appelé le “Parkour flow”, une sorte de transe qui gratifie le joueur d’une musique encore plus excitante. 

Bliss : Initiative très inédite, après la commercialisation de Dying Light 2 tu as proposé à tes followers sur les réseaux sociaux de modifier ici ou là ta partition musicale malgré tes trois longues années de travail dessus, voire d’ajouter des pistes, à l’occasion d’une mise à jour du jeu. Pourquoi ? Et l’as-tu vraiment fait ?

O.D. : En effet, j’ai modifié des éléments musicaux très rapidement après les premiers commentaires des joueurs. Je trouve assez fascinant qu’un jeu vidéo puisse encore s’améliorer après sa commercialisation du fait des retours des joueurs. Souvent l’équilibrage du gameplay et la qualité technique de certains effets sont modifiés après la sortie, alors pourquoi ne pas faire la même chose avec la musique ?

Bliss : Il t’arrive de composer jusqu’à 3 musiques de jeux vidéo aux style très différents en une seul année, comment fais-tu ?

O.D. : Je ne sais pas. C’est une faculté qui ne s’explique pas. Je dirais que les jeux sont tellement inspirant et les équipes tellement passionnées que je peux naviguer à travers leurs univers sans trop de difficultés.

Bliss : Tu fais parfois appel à de prestigieux orchestres symphonique comme le Boston Symphony Orchestra, ou le Choeur d’Enfants de l’Opéra de Paris… Leur utilisation dépend du budget de la production ?

O.D. : Oui, mais j’ai toujours fait en sorte que la musique que je produisais soit interprétée par les meilleurs musiciens au monde. Pas parce que je pense que ma musique la mérite en soit, mais parce que ces orchestres l’élèvent à un niveau de musicalité incroyable. On a tendance à penser que la musique de jeu vidéo n’est faite que de blip et de blop mais quand on entend les musiciens de ces orchestres au service des jeux et des joueurs, l’expérience de jeu prend une autre ampleur…

Bliss : Tu as travaillé naturellement avec plusieurs studios et éditeurs français, mais comment t’es-tu retrouvé à collaborer avec les studios polonais Techland sur Dying Light 2 et Farm 51 sur Get Even ?

O.D. : Je collabore naturellement avec beaucoup de studios français comme Asobo, Spiders, Dontnod… dont les productions rayonnent partout dans le monde. Au-delà de nos frontières j’ai travaillé avec Disney à San Francisco, avec Ubisoft Québec, le studio d’animation anglais Aardman, des studios hongrois, polonais, et actuellement des allemands et des canadiens/américains. Le jeu vidéo est très international !

Bliss : Après les jeux Obscure 1 puis 2 de tes débuts, tu travailles à nouveau cette année sur une suite avec A Plague Tale : Requiem… Est-ce plus facile ou au contraire plus complexe pour notamment garder une similarité sans se répéter ? Est-ce aussi l’occasion de corriger, ou d’améliorer – si cela te semblait nécessaire, l’approche musicale du premier jeu ?

O. D. : C’est toujours la grande difficulté. Faire une suite directe oblige à apporter un vent frais sans trahir les pré-requis. Je pense que nous avons réussi cet exercice avec le studio Asobo (développeurs de A Plague Tale, mais aussi de Microsoft Flight Simulator 2020, NDR) mais seuls les joueurs/joueuses en décideront. L’essentiel est d’étendre l’univers pré existant vers de nouvelles zones émotionnelles. 

Bliss : De nombreux posts sur les réseaux sociaux à des Masters Class, tu as une approche très militante et pédagogique de ton travail, pourquoi ? La musique de jeu vidéo a-t-elle besoin d’être défendue, mieux reconnue ?

O. D. : Cela fait plus de 20 ans maintenant que je donne des conférences* et visite les équipes de création à travers le monde. La célébrité n’a jamais été mon objectif, je profite de ma notoriété pour tenter de sensibiliser les professionnels du jeu vidéo eux-mêmes sur la manière dont la musique interactive dans le jeu vidéo pourrait être plus distincte et qu’elle ne se suffise pas de faire de l’illustration façon cinéma. On parle souvent d’avancées technologiques dans le jeu vidéo tout en oubliant que la musique elle-même peut en bénéficier, au service de l’expérience interactive. Cela peut paraitre abstrait dit ainsi mais il suffit de voir les réactions des joueurs sur la musique réactive de Parkour de Dying Light 2 pour réaliser l’apport inouï que cela a sur le ressenti des joueurs. 

* Olivier Derivière participe à la série documentaire « Play » sur les métiers du jeu vidéo diffusée sur France TV Slash.

Propos recueillis entre avril et mai 2022.

François Bliss de la Boissière

(Interview éditée et écourtée parue dans le mensuel Comment ça marche en septembre 2022)

Notes complémentaires

  • En CD, vinyle ou streaming, la musique originale du jeu de survie Dying Light 2 interprétée par le London Contemporary Orchestra comptabilise 33 pistes pour une durée de 98 minutes. Mais le jeu complet contient plus de 6h de musique selon son compositeur Olivier Derivière.

À lire également, précédente interview en 2014…

Olivier Derivièvre : Talent brut


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Stranger Things (Saison 4) Volume 1 & 2

Netflix a gardé jusqu’à la dernière minute le plus grand secret sur le retour de sa série phénomène et les nouvelles péripéties surnaturelles de la bande de copains originaire de la petite ville de Hawkins.

À l’heure où ces lignes sont écrites juste avant le bouclage du mensuel (mai 2022), tout le monde aura vu la première salve d’épisodes de cette saison 4 (29 mai) qui en comptabilise neuf séparés en deux « volumes » (1er juillet) pour une durée totale deux fois plus longue qu’auparavant ont annoncé les frères Duffer créateurs de la série à qui Netflix ne refuse rien (30 millions de dollars par épisode, un record). Les épisodes durent ainsi 64, 75, 98 mn jusqu’u final à 150 mn (!!) et cela se ressent.

Trop de situations s’éternisent, le retour en groupe des copains et copines dispersés à la fin de la saison 3 prend trop de temps. Puisqu’elle se déroule en 1986, cette saison 4, rejoue le pot-pourri des films d’adolescents et d’horreur des années 80 en piochant aussi dans les 70s et 90s. La surenchère de décors, de la figuration généreuse et donc des costumes, coiffures et accessoires entraine l’hommage aux 80s jusqu’au fétichisme. Quand cela n’arrache pas un sourire.

Plus horrifique et parfois exagérément cruelle entre lycéens, ce début de saison 4 permet surtout de renouer avec les sympathiques, plus si jeunes, acteurs passés de l’enfance à l’adolescence, du collège au lycée. Pas toujours convaincant mais devenu un incontournable de la culture pop.

De Matt et Ross Duffer, avec Millie Bobby Brown, David Harbour, Winona Ryder… Série en 9 épisodes de 60 à 150 min sur Netflix.

François Bliss de la Boissière

(Publié en juillet-août 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #140)

Kirby et le monde oublié : La vie en rose

Aux côtés des déjà bien étranges héros Nintendo, plombier moustachu (Mario), mini dino (Yoshi), champignon causeur (Toad), elfe (Link), bourgeons animés (Pikmin), calamars arroseurs (Splatoon), la boule rose Kirby apparait encore plus improbable.

Et pourtant, 30 ans après sa naissance en 1992 sur Game Boy, le personnage sans véritable forme continue de ravir toutes les générations. Sa particularité qui compense son apparence simpliste ? Kirby est un transformiste instantané. Glouton insatiable, sa bouche aspirateur brusquement géante engloutit tout ce qu’elle trouve sur son chemin. Kirby recrache ennemis et obstacles avalés devenus projectiles, ou acquiert aussitôt leurs pouvoirs tout en adoptant peu ou prou la forme de l’objet ou créature digérée. Une aptitude baptisée ici « transmorphisme ».

Ainsi, dans ce nouvel épisode plus ambitieux profitant pour la première fois d’un gameplay en 3D où Kirby se déplace dans toutes les directions, la boule rose va jusqu’à avaler un escalier qui lui sert de marche-pied, ou une voiture que le joueur se doit de piloter en fonçant à travers les murs destructibles. Chaque étape propose ainsi des mécaniques créatives et rigolotes de jeu et donc de challenge. Le tout bien sûr arrosé d’une overdose irrésistible de mignon. Un jeu estival parfait pour retrouver le sourire.

  • Support : Switch
  • Genre : action, platforme
  • 1 joueur, 2 joueurs en coopération locale
  • Démo gratuite téléchargeable
  • PEGI : à partir de 7 ans
  • Nintendo

François Bliss de la Boissière

(Publié en juillet-août 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #140)

Weird West : Cow-boys de poche (Avis Express)

Premier jeu au budget limité d’une équipe où se retrouve des membres du studio français Arkane, dont son fondateur, cette simulation de far-west sombre imbibé de fantastique renoue avec les qualités immersives des jeux Dishonored.

Même si, plus modeste, l’interface de jeu avec caméra au-dessus et petits personnages manipulés de loin a d’avantage l’allure d’un jeu PC que console. Car très vite, manette en main, on identifie les qualités interactives et artistiques (visuels stylisés et bande son travaillée) qui font la marque de fabrique des talentueux développeurs et artistes.

  • Supports (téléchargement) : PC, Xbox One et Series, PS4 et PS5
  • Genre : action-aventure, jeu de rôle, simulation
  • VO anglaise sous-titrée
  • Inclus au lancement dans abonnement Xbox Game Pass
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 16 ans
  • Wolfeye Studios

François Bliss de la Boissière

(Publié en juillet-août 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #140)

Tunic : Génération 90 (Avis Express)

Remarquablement fignolée cette production indée rend hommage à la génération des jeux d’aventure en 2D des années 90.

Le jeu va jusqu’à offrir en cours de l’aventure un fac-similé de manuel de jeu dessiné à la main tel qu’en contenaient les boites de jeu de l’époque.

Jeu d’aventure, d’action et d’énigmes mécaniques pratiqué en « top-down » et 3D isométrique (vue de haut et en perspective), le très joli et maniable Tunic met en scène un petit renard qui, épée à la main, explore progressivement son mystérieux environnement.

Toute ressemblance avec le célèbre Zelda : A Link to the Past (1991) de Nintendo n’est pas fortuite.

  • Supports (téléchargement) : PC, Mac, Xbox One et Series
  • Genre : action-aventure
  • Inclus au lancement dans abonnement PC-Xbox Game Pass
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 7 ans
  • Finji

François Bliss de la Boissière

(Publié en juillet-août 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #140)

Gran Turismo 7 : Grand-messe automobile (Avis Express)

Auto proclamé sans tromper « vrai simulateur de conduite » depuis sa révélation choc en 1996 sur la toute première PlayStation, Gran Turismo est devenu en 25 ans une institution.

Chaque édition se veut une grandiose célébration de la culture automobile d’hier et d’aujourd’hui capable de séduire même ceux peu concernés dans le monde réel. Démonstration technique au photo réalisme bluffant mais à la froideur clinique malgré l’énorme sélection de musique rocks ou classiques, GT7 remplit son contrat sans surprendre figé dans sa classieuse formule.

Manette à retour haptique en main, les sensations de conduite sur circuits restent sans égal et la précision des contrôle redoutable à la difficulté progressive. Et bien sûr, les rediffusions/replays avec des caméras en mouvements judicieusement placées sur les parcours, les sont toujours les plus belles et fascinantes à voir.

  • Supports : PS4, PS5
  • Genre : simulation automobile
  • 1 à 2 joueurs, multijoueur en ligne
  • PEGI : tout public
  • Polyphony Digital

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche #139, juin 2022)

Lire aussi…

Gran Turismo 4 : DIVAS

Gran Turismo 4 Prologue : L’expérience sans prix

Forza Motorsport 3 vs Gran Turismo 5 : Les absents ont toujours tort

Sifu : Kung-fu made in France (Avis Express)

Qui l’eut cru ? Un studio de développement parisien réussit un tour de force technique, artistique, et culturel en réconciliant le « beat ’em all » (jeux de combat star des années 80-90) avec la culture chinoise et les films de kung-fu – de karaté comme disaient les français des années 70 quand Bruce Lee était en haut de l’affiche. Le tout dans un emballage graphique dessiné-BD somptueux et une mise en scène digne des films de l’époque.

Vif et précis, le gameplay se réserve aux mains les plus nerveuses. Superbe trouvaille visuelle et conceptuelle, à chaque échec le héros vieillit de plusieurs années. Au fur et à mesure de ses mises à jour, le jeu de combat a gagné quelques options qui peuvent rendre les combats moins difficiles et donc plus accessibles. Totalement brillant.

  • Supports : PC, PS4, PS5
  • Genre : action-combat (beat ’em all)
  • VO anglaise et chinoise sous-titrée
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 16 ans
  • Slopclap

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche # 139, juin 2022)

Ghostwire : Tokyo : Suceur d’âmes

Entre le Dr Strange de Marvel pour le ballet des mains devant soi et la vivacité du jeu Doom Eternal, le joueur lance des sorts et aspire le coeur, ou l’âme, des spectres qui hantent un Tokyo désert et hanté.

Après Elden Ring (voir notre avis trop express pour un tel monument), une nouvelle prestigieuse réalisation japonaise revisite avec originalité les jeux d’action et d’aventure dit en « monde ouvert » jusque là spécialité de l’occident. Plus étonnant encore, Ghostwire se pratique en vue subjective là où les joueurs japonais préfèrent depuis toujours un contrôle des personnages à distance.

Sur PS5, Ghostwire accentue beaucoup les sensations d’immersion en exploitant avec force et subtilité les aptitudes haptiques uniques de la manette DualSense. Caresser chiens ou chats, collecte de ressources… le moindre geste s’accompagne d’une vibration adaptée. Effet spectral particulièrement troublant, la voix de l’entité surnaturelle qui habite notre héros et lui prête ses pouvoirs sort simultanément des haut-parleurs de la manette et de la TV.

Sous la pluie et les néons éclatants, la traversée nocturne du célèbre quartier de Shibuya réserve bien des trouvailles. Messages, indices, lieux, mets, créatures étranges et clins d’oeil mettent en avant la richesse et les singularités de la culture traditionnelle japonaise.

  • Supports : PC, PS5
  • Genre : action-aventure en monde ouvert urbain
  • VF, VO japonaise et anglaise sous-titrée
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 12 ans
  • Tango Gameworks / Bethesda

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça marche #139, juin 2022)

Cyrano : Chansons d’amour

Un musical avec un Cyrano de Bergerac sans problème de nez ? Hérésie américaine ou coup de génie universel ? La réussite audacieuse s’impose très vite.

Les spectateurs de Game of Thrones ou de The Station Agent (2003) le savent, malgré sa petite taille, Peter Dinklage dégage une énorme présence à l’écran. Sa voix puissante soutenue par de brillantes tirades remaniées des vers originaux d’Edmond Rostand vaut bien celle de Gérard Depardieu (célèbre Cyrano de Bergerac à la française au cinéma de 1990).
Sans nez postiche, la différence handicapante du Cyrano de petite taille saute aux yeux. Elle suffit sans explication à compatir devant un Cyrano réellement pudique s’interdisant de déclarer sa flamme à Roxanne.

Mieux encore, le casting modernise les personnages. Sobre chef de garde militaire, Cyrano s’avère fort logiquement capable d’escrimer comme un D’Artagnan. Jouée par une Haley Bennett à suivre depuis Le Come back (2007), plus ronde que fine, Roxanne prend véritablement chair. Interprété par un acteur noir américain (Kelvin Harrison Jr.), son prétendant amoureux peine à trouver ses mots parce qu’il n’est qu’un soldat et non plus un noble. Quant au registre musical, loin de toute niaiserie, les chansons occasionnelles, parfois juste parlé-chantées, élèvent avec raffinement chaque moment émotionnel.

De Joe Wright, avec Peter Dinklage, Haley Bennett, Ben Mendelson, Kelvin Harrison…

François Bliss de la Boissière

(Publié en Avril 2022 dans le n° 137 du mensuel Comment ça marche)

Destiny 2 : La Reine sorcière : Et la lumière fut (Avis express)

Nouvelle extension inédite* payante d’un Destiny 2 toujours ambitieux jouable gratuitement depuis 2019, La Reine Sorcière redonne du coeur à l’ouvrage, même à ceux qui ne participent pas aux « saisons » multijoueur régulières.

Campagne scénarisée à suivre seul ou en escouade d’amis, ce généreux chapitre renvoie sur Mars et dans de très beaux décors malicieusement agencés au service de dynamiques échanges de tir et, toujours, de cache-cache avec des aliens pas si sérieux. Seuls les plus assidus, cependant, apprécieront un scénario/quête de la « Lumière » abscons et bien plus solennel que nécessaire.

* Pour tous les joueurs : augmentation automatique de la puissance nécessaire de son personnage pour jouer au niveau 1350 

  • En téléchargement : PC, Xbox One et Series, PS4, PS5
  • FPS / SF – aventure
  • 1 joueur, multijoueur en ligne
  • PEGI : à partir de 16 ans
  • Bungie

François Bliss de la Boissière

(Publié en Mai 2022 dans le mensuel Comment ça marche #138)

Horizon Forbidden West : La nouvelle aristocratie du jeu d’aventure

Forcée, mille ans après le déclin de notre civilisation, à devenir championne du nouveau monde dans Horizon Zero Dawn (2017), la jeune Aloy aux cheveux de feu a depuis atteint le statut d’icône féminine, voire féministe. Car contrairement à trop de jeux, son apparence et ses manières n’exploitent pas une hyper sexualisation de sa silhouette.

Parmi les nouvelles prouesses techniques de cette suite directe de son histoire, les dialogues à partir de personnages animés en motion capture jouissent d’un niveau de rendu graphique jamais vu en jeu vidéo. Même si les discours s’enlisent dans trop de circonvolutions façon jeu de rôle inutilement touffu. Surtout que, de jour ou de nuit, sous la pluie, les tempêtes de sable ou les aurores boréales, les paysages et les vestiges de l’humanité parlent d’eux-même.

Époustouflante démonstration technique et artistique (privilégier la version PS5 si possible), Forbidden West entraine Aloy vers le désert du Nevada et la côte Ouest « interdite » américaine, la mer. Plus précis et maniables encore, ses combats à l’arc ou à la lance high-tech contre les majestueux animaux-robots préhistoriques laissent sans voix.

Et avec des aptitudes inédites, nager sous l’eau, grimper à flanc de montagnes, se hisser instantanément avec un super grappin, planer en Para-pente, Aloy surclasse même la vétérante Lara Croft.

  • PS4 & PS5 (exclusivité)
  • Aventure- action / jeu de rôle
  • VF et VO anglaise sous-titrée
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 16 ans
  • Guerrilla Games / Sony Interactive Entertainment

François Bliss de la Boissière

(Publié en Mai 2022 dans le mensuel Comment ça marche)


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Elden Ring : Abyssal (Avis Express)

Oeuvre gothique, cryptique, taiseuse, rare et complexe à la beauté minérale intimidante, la nouvelle production du studio japonais culte FromSoftware cherche pour la première fois à se rendre accessible à tous, ou presque.

La difficulté impitoyable des combats de la série des Souls à laquelle appartient ce Elden Ring ne faiblit certes pas. En revanche, devenu un monde ouvert à l’exploration libre, Elden Ring offre au joueur malin et vif la possibilité de contourner les plus rudes affrontements et de visiter à son rythme L’Entre-terre, un abyssal monde de Dark Fantasy médiéval à nul autre pareil.

  • PC, Xbox One et Series, PS4 et PS5
  • Action-jeu de rôle / aventure exploration
  • VO anglaise sous-titrée
  • 1 joueur, multijoueur en ligne
  • PEGI : à partir de 16 ans
  • From Software / Bandai Namco

François Bliss de la Boissière

(Publié dans le mensuel Comment ça marche en mai 2022 )

Notre-Dame Brûle : Rallumer le feu (au cinéma)

Célèbre pour ses films historique longuement documentés (La Guerre du feu, Le Nom de la Rose, Stalingrad…) le réalisateur français Jean-Jacques Annaud a pour la première fois entrepris de réaliser un film dans l’urgence afin de reconstituer le sauvetage de la cathédrale Notre-Dame de Paris. 

Comme une grande partie des français, le réalisateur Jean-Jacques Annaud a été choqué et attristé par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019. Alors que son producteur lui propose de réaliser un documentaire sur le sujet, Annaud envisage plutôt un vrai film de fiction avec des acteurs et s’étonne lui-même d’avoir écrit le scénario « beaucoup plus vite que d’habitude ». En salle le 16 mars 2022, soit trois ans après l’incendie, le film (pas encore projeté à l’heure du bouclage) retrace heure par heure l’intervention des pompiers du feu…

Encore en post-production quelques semaines avant la sortie du film, le réalisateur explique dans une note d’intention « avoir mêlées les images réelles enregistrées de l’extérieur au cours de l’évènement du 15 avril, avec celles, reconstituées dans de vastes décors reconstruits à l’identique ». Son intention consiste, « au-delà du désastre et du chagrin » à faire vivre les évènements dans une dimension émotionnelle cinématographique assumée. Notamment en reconstituant, à partir des témoignages, documents et rapports, le fil précis des évènements « que nul n’a pu filmer au moment du drame ».

Un appel à témoins lancé en mars 2021 lui a permis de mettre la main sur des images d’archives amateurs manquantes : embouteillages crées par l’évènement, chants d’encouragement des observateurs nocturnes, témoignages aussi venus de pays étrangers. Son équipe a ainsi réceptionné 6000 vidéos dès la première semaine ! Celles exploitées représentent 7% du film terminé.

Doté d’un budget de 30 millions d’euros, le tournage a commencé en mars 2021 avec 150 techniciens et 150 figurants dans la cathédrale Saint-Étienne de Bourges. Une Notre-Dame « de cinéma, un peu rêvée et plus adaptée à la narration », a ainsi été recrée en filmant l’intérieur des cathédrales d’Amiens, Bourges, Sens et Saint-Denis, explique Jean-Rabasse*, chef décorateur renommé de La Cité des enfants perdus, Jackie, le récent Oxygène sur Netflix…, et premier collaborateur du réalisateur sur ce projet titanesque. Des images ont également été prises dans les infrastructures rescapée et accessibles de Notre-Dame elle-même, la sacristie, sur le parvis… Le reste a été construit aux studios la Cité du Cinéma à Saint-Denis (93) et de Bry sur Marne (94). Sur le tournage, des pompiers ayant participé au sauvetage de Notre-Dame sont venus décrire précisément qui faisait quoi où et à quel moment à l’intérieur du monument pendant cette nuit brûlante, « dans la fumée, la claustrophobie et des flammes de 1200 degrés ». 

* Entretien Martine Pesez dans Le Berry Républicain

Notes complémentaires…

La construction originale de Notre-Dame (aussi au cinéma !)

Dans le film Le Dernier Duel de Ridley Scott (2021), plusieurs scènes montrent le chantier en cours de Notre-Dame de Paris sur l’Île de la Cité en… 1386 ! Commencée en 1163, la construction de la cathédrale la plus célèbre de France a donc duré plus de deux cents ans. L’incendie accidentel du 15 avril  2019 a failli l’abattre en une nuit. Grâce à l’intervention acharnée de 400 hommes et femmes de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (la BSPP), l’édifice principal d’architecture gothique en pierres a tenu mais la fameuse flèche ajoutée en 1859 qui pointait vers le ciel et la charpente en bois qui la soutenait ont disparu. La restauration à l’identique qui comprend la sécurisation et la consolidation du monument, doit durer cinq ans. Quarante entreprises et corps et métiers y travaillent avec un budget, majoritairement de dons, de 900 millions d’euros. Selon une estimation, le coût total de la rénovation pourrait atteindre les 7 milliards d’euros.

Sapeurs-pompiers : Sauver ou périr

Le film se veut un hommage à l’édifice historique rescapé de justesse, mais aussi et surtout au dévouement des militaires, hommes et femmes, de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris en première ligne cette nuit du 15 avril 2019. Le film en profite pour rappeler en résumé le code éthique de ces combattants du feu : « Quand tu m’appelles, j’accours, mais assure-toi de m’avoir alerté par les voies les plus rapides et les plus sûres. Les minutes d’attente te paraitront longues, très longues, dans ta détresse, pardonne mon apparente lenteur. » (rédigée par le Colonel Casso à la fin des années 60). À quoi s’ajoute un Code d’honneur de 10 commandements et une devise à faire frissonner : « Sauver ou périr ».

François Bliss de la Boissière

(Publié sous une forme remaniée et écourtée dans le mensuel Comment ça Marche #137 d’avril 2022)

Severance (Saison 1) : Double vie (Avis Express)

Dans son film tendrement poétique La Vie rêvée de Walter Mitty (2013), l’acteur devenu réalisateur Ben Stiller stigmatisait le malaise de la vie de bureau. On découvre aujourd’hui que ce thème l’obsède durablement.

Réalisateur et coproducteur d’une série filmée avec une volonté graphique belle et singulière, Ben Stiller jette un pavé dans la marre du progrès technologique poussé à son extrême ridicule. Et si, pour se rendre la vie supportable, un processeur greffé au cerveau permettait de vivre sa vie de bureau puis sa vie de famille en oubliant totalement les soucis de l’une ou l’autre ? Une schizophrénie organisée qui, inévitablement, tourne à la paranoïa. Un scénario à thèse tragiquement drôle.

De Dan Erickson, avec Adam Scott, Britt Lower, Patricia Arquette… Série en 9 épisodes de 55’ sur Apple TV+.

François Bliss de la Boissière

(Publié en Avril 2022 dans le n° 137 du mensuel Comment ça marche)

Légendes Pokémon Arceus : Enfin libres ? (avis express)

Depuis 1996, les Pokémon réjouissent les enfants et les plus grands qui grandissent, ou vieillissent, avec. Le jeu vidéo a ce pouvoir transgénérationnel. Dans cet épisode inédit, la série revoit enfin sa formule, désormais archaïque, de gameplay.

Cette fois, la chasse au Pokémon se déroule presque en temps réel et non plus seulement au tour par tour. Le joueur repère et joue à cache-cache avec les Pokémon « sauvages » dans la campagne, vise, jette sa Poké Ball dessus et, hop, ajoute à son Pokédex la bébête capturée. Visuellement toujours très en deça de ce qui se fait aujourd’hui mais collection de doudous irrésistible.

  • Nintendo Switch
  • Genre : jeu de rôle et action en monde ouvert
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 7 ans
  • Nintendo

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça Marche #137 d’Avril 2022)

Cinq nouvelles du cerveau : Au coeur de l’esprit humain

Le cerveau humain contient 70 milliards de neurones rappelle ce documentaire en introduction. Et même si les moyens technologiques utiles à l’observer progressent, les neuro scientifiques l’avouent, le mystère de son fonctionnement reste presque entier.

Sans effets de manche, la caméra de ce doc atypique épie le quotidien de cinq scientifiques qui réfléchissent, inlassablement, sur les grandes questions liées, au fond, à la nature de l’humanité. Dans cet amas spongieux qu’est donc le cerveau, où se situe la conscience ? Pourra-t-on la reproduire dans une intelligence artificielle ? Donnera-t-on naissance à une âme 2.0 ? Peut-on lire les pensées d’une personne dans le coma ? Autant de questions que de vertiges.

De Jean-Stéphane Bron, avec Alexandre Pouget, Christof Koch, David Rudrauf… Au cinéma.

François Bliss de la Boissière

(Publié en Avril 2022 dans le n° 137 du mensuel Comment ça marche)

Dying Light 2 : Rester humain en jeu vidéo

Conçu en Pologne par le studio Techland, revoilà un de ces projets passion mués en super production où le pire et le meilleur du jeu vidéo révulse et fascine simultanément.

Le pire ? Sur le modèle de la série TV The Walking Dead, la survie après l’apocalypse zombie conduit à des écoeurants carnages brutaux et sanglants à l’arme blanche. Le meilleur ? Pratiquement tout le reste. À commencer par l’humanité palpable des protagonistes.
Le scénario fouillé et cohérent donne en effet la part belle aux acteurs et dialogues, avec notamment la participation de Rosario Dawson (Daredevil…). Les qualités immersives, ensuite, où chaque geste et mouvement du corps s’exécute en vue subjective : se nourrir, se soigner, se coucher, grimper, s’agripper, se battre évidemment, cueillir camomille, lavande ou champignons.

La rue est aux zombies. Alors les humains survivent au jour le jour installés sur les toits végétalisés (avec potagers partagés ou convoités) d’une ville baignée de couchers de soleil. De rencontres en missions, le héros nomade à la recherche de sa soeur plane d’un endroit à l’autre en parapente, court, saute, glisse… en mode parKour équilibriste sur les toits, échafaudages, à travers les maisons et appartements désertés et, bien entendu, les dangers. Ceux de chuter à n’importe quel moment ou de tomber nez à nez avec des zombies, le jour, et plus terrifiant encore : la nuit.

  • PC, PS4, PS5, Xbox One & Series
  • Genre : aventure – horreur / survie en monde ouvert
  • VF et VO anglaise sous-titrée
  • 1 joueur, 2 à 4 joueurs en coopération en ligne
  • PEGI : à partir de 18 ans
  • Techland

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça Marche #137 de Avril 2022)

Uncharted Legacy of Thieves Collection : Rejouer le meilleur (avis express)

Déjà spectaculaire sur PS4 en 2016, la chasse aux trésors archéologiques la plus célèbre de la PlayStation derrière Lara Croft (Tomb Raider) profite désormais de visuels améliorés sur PS5.

Résolution 4K et taux de rafraichissement à 60 i/s fluidifient l’action et consolide les cinématiques. Car Uncharted enchaine avec habileté cascades interactives et scènes passives (dialogues intimes et action badaboum).
Récemment devenu un film (médiocre) de cinéma avec Tom Holland, cette belle réédition d’Uncharted 4 rappelle surtout que le véritable héros, Nathan Drake, est celui du jeu vidéo contrôlé par le joueur lui-même. 

  • PS5
  • Genre : action – aventure
  • VF et VO anglaise sous-titrée
  • Inclus jeux Uncharted 4 et extension The Lost Legacy
  • 1 joueur
  • PEGI : à partir de 16 ans
  • Sony Interactive Entertainment

François Bliss de la Boissière

(Chronique publiée dans le mensuel Comment ça Marche #137 d’avril 2022)

Best of Series 2021 : Drames d’intérieurs

Que dire sur les séries réussies et essentiellement adultes sinon qu’elles font la démonstration que le cinéma ne suffit plus. En tous cas pas, sans le nommer, celui trop numérique qui essaie de remplir les salles. 

Même en osant l’hérésie d’un intouchable remake tout en inversant le propos (Scenes from a Marriage), une saison 2 (The Morning show), un western contemporain faussement réac (Yellowstone enfin en France), des pseudos vacances à la plage (The White Lotus) ou pauses thérapeutiques (Nine Perfect Strangers et le tétanisant En Thérapie français), ces séries là ont plongé dans l’âme humaine avec une force incisive peu commune.

Dialogues, mise en scène, photogénie n’ont absolument rien à envier au meilleur du cinéma. Et quand les sujets et les showrunners font venir les acteurs/actrices du grand écran – avec des statuts de co producteurs, donc pour entendre leur opinion créative – on obtient des objets cinématographiques qui ne se contentent plus de 1h30 ou 2h de projection.

En passant, de Yellowstone en 4 saisons (2 seulement accessibles en France ? Allons !), au récent préquel 1883 (pas encore en France ? Allons !), Taylor Sheridan s’installe aux côtés de Aaron Sorkin comme un des plus importants scénariste/dialoguiste au monde (au style concis et mordant à la James Cameron). Sans compter qu’il met aussi en scène films et nombreux épisodes. Très fort aussi, tout en valorisant le masculin, il développe des personnages féminins hors du commun. Dans Yellowstone, Sheridan offre à l’actrice britannique Kelly Reilly (que le public français avait tant aimé dans L’ Auberge espagnole et Les Poupées russes de Cédric Klapisch) un rôle d’une puissance telle que son talent explose à l’écran d’épisodes en épisodes.

Un petit regret enfin avec la disparition du réalisateur Jean-Marc Vallée cette année. Il laisse derrière lui, avec un style particulier de filmage et de montage, deux formidables séries (Big Little Lies saison 1, et Sharp Objects) ainsi que, moins connu dans sa filmographie, le long métrage Demolition qui, avec beaucoup d’élégance, en dit long sur la mort et le deuil.

Mes 10 séries préférées (et vues jusqu’au bout) de 2021

  • Scenes from a Marriage
  • En thérapie
  • Yellowstone
  • Colin in B&W
  • Cry Wolf
  • The White Lotus
  • Nine Perfect Strangers
  • Mare of Easttown
  • The Morning show 2
  • Dopesick

Mention spéciale

  • The Beatles : Get Back. Signée Peter Jackson, la vertigineuse réhabilitation de l’enregistrement du Get Back des Beatles redonne vie à toute une époque. Et laisse voir de très près le processus créatif des Fab Four. Magique.

François Bliss de la Boissière

Kelly Reilly dans Yellowstone

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Best of Jeux 2021 : Les canons du succès

Same player shoot shoot and shoot again, les canons du jeu vidéo sont de retour en 2021. On a beau être farouchement pacifique et anti militariste dans la vraie vie, impossible de ne pas en passer par les armes virtuelles pour goûter au meilleur du jeu vidéo. En 2021 plus que jamais.

D’avantage que d’autres années sans doute, la difficulté d’un tel classement ne consiste pas à repérer les meilleurs jeux de l’année mais à établir un pseudo ordre de préférence. Quand on a l’opportunité volontaire de pratiquer tous les jeux significatifs, les bons et très bons s’imposent d’eux-mêmes. En revanche, au niveau d’achèvement technique et artistique atteint par tous ces titres, au nom de cet exercice annuel de synthèse, s’imposer un classement décroissant vire à l’injustice subjective. Je veux dire par là que les 10 jeux retenus ci-dessous, AAA déclarés et jeux dits indés dont la réalisation s’apparente à un AAA, méritent de s’aligner sur un seul et même podium.

Une sélection à vocation politiquement correct

Mon tri affiché cette année se veut en plus citoyen politiquement correct du jeu vidéo. Sans passer nécessairement par la case pseudo intello du jeu vidéo. En tant qu’expérience sensorielle complète, le jeu vidéo au sens plein et immersif reste encore physique et organique. Utiles et nécessaires à défricher le terrain, les propositions interactives froides et juste malignes, voire auteurisantes, ne suffisent pas à représenter le jeu vidéo qui passionne. Les très jolis JETT et Sable laissent par exemple un peu sur le bas-côté (et je n’ai pas, encore, joué à Psychonauts 2 dont le retour réchauffé « pour les fans » m’inquiète, sans doute à tort). Ce n’est pas tous les ans que Jonathan Blow sort un Braid ou un The Witness qui rejoignent, comme très rarement, les deux qualités, intellectuelles (ou cérébrales) et interactives. Tout cela pour dire que, par raison, instinct et culture croisée du cinéma, je privilégie d’abord les grands spectacles audiovisuels. D’autres chemins sont évidemment possibles du côté universitaire.

Plafonds de verre

Ainsi, pour, sciemment, éviter de mettre en avant les shooters 2021 (sauf l’inédit Returnal qui ne vise que des lumières) qui atteignent pourtant des sommets de jouabilité excentrique et raffinée, je pose donc les tout aussi remarquables Ratchet & Clank et Kena en haut de la liste. Cela évite aussi d’avouer avoir joué bien plus longtemps que raisonnable aux campagnes de tel ou tel classieux shooter. On aimerait aussi ne garder en tête que les titres totalement originaux comme l’éblouissant Returnal – dont je ne verrai jamais le bout, ou Deathloop qui malgré son génie fait beaucoup tourner en rond. Mais quand les suites brisent des plafonds de verre jusqu’à surclasser magistralement la qualité même des épisodes précédents, celles-ci deviennent des entités quasi autonomes, des reboots auto légitimés, de nouveaux repères qualitatifs. On pense bien sûr aux stupéfiants Forza 5, Ratchet & Clank, Resident Evil Village, Metroid Dread et même, encore plus inattendu après le psycho drame de 2020, Halo Infinite. Oui, en 2021, le jeu vidéo a été plus immersif et absorbant que jamais.

Mes 10 jeux vidéo préférés de 2021

1/ Returnal (avis ici)

2/ Forza Horizon 5

3/ Ratchet & Clank : Rift Apart (avis ici)

4/ Kena : Bridge of Spirits (avis ici)

5/ Resident Evil Village (avis ici)

6/ Metroid Dread (avis ici)

7/ Halo Infinite

8/ Deathloop (avis ici)

9/ The Ascent (avis ici)

10/ Marvel’s Guardians of the Galaxy (avis ici)

Indés au top aussi

Quand ils ne jouent pas la carte ouvertement rétro pixel, la frontière qui sépare jeux indés et grosses productions devient de plus en plus ténue. Ambitieux et réussis sur tous les plans, Kena et The Ascent par exemple n’ont absolument pas l’air de jeux indé. Les sept ci-dessous ne représentent qu’une infime partie de la production indé de l’année bien sûr. Mais j’ai bien joué ceux-là et ils m’ont presque autant estomaqué que les précédents listés en AAA. Sorti tardivement en décembre, White Shadows par exemple reprend avec brio le flambeau de INSIDE ou même Oddworld, et propose une vision à son tour bien personnelle du monde à travers un jeu de plateforme et de puzzle classique mais réinventé. Encore en early access, l’imprononçable (essayer en boucle) Arcadegeddon dégage une rétro énergie de l’arcade à Nintendo en passant par le Sega des 90s qui, frappée de rythmes hip-hop, le rend tout à fait moderne et digne de détourner la jeune population de Fortnite.

  • Little Nightmares 2
  • Death’s Door
  • White Shadows
  • It Takes Two
  • The Pedestrian
  • Arcadegeddon
  • The Gunk

Mention spéciale 2021

Sortis en 2021 et totalement réussis comme l’aventure principale, les 2 derniers DLC de Immortals Fenyx Rising (avis ici) ont permis à l’inédit d’Ubisoft Québec de prolonger sa formidable aventure à la Zelda.

François Bliss de la Boissière

White Shadows
White Shadows

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Best of Films 2021 : un air de victoire

Bons et mauvais films, la liste 2021 va être longue car malgré les sorties limitées en salle et la pandémie en cours, les films arrivent jusqu’à nous généreusement par tous les canaux. J’ai donc eu la chance de voir 106 films datés de 2021 (liste ici). En voici une rapide synthèse.

Les reports 2020 enfin sortis en 2021 révèlent des réussites inégales, en tous cas qui ne méritaient pas de tenir en haleine tant de mois. Sans plaisir de bouder, les Black Widow, Matrix Resurrections et autre « dernier » James Bond sont aussi boursouflés d’orgueil, d’auto-citation, et donc de vide, que les blockbusters direct-to-vidéo (c’était le terme auparavant) récupérés ou produits par les plateformes de streaming. On en liste ci-dessous avec carton rouge. Pas encore vu le Spider-Man sous-titré sans doute méta « No Way Home « (pas projeté à domicile donc) mais celui-ci joue autant le recyclage et le fan-service que Matrix Resurrections. Donc méfiance…

Malgré le prestige annoncé, les longs métrages inédits d’Apple TV + plus nombreux que l’année précédente (Palmer, La Mission, Cherry, Finch, Swan Song, le remake Coda) tombent la plupart à plat et à côté de leurs trop bonnes intentions affichées. Les blockbusters à effets spéciaux déclarés chez Amazon Prime Vidéo (The Tomorrow war, Sans aucun remords, Infinite…) ou Netflix ont l’air plus ridicules encore sur nos beaux écrans à domicile, qu’au cinéma si l’occasion leur avait été donné.

Alors si le cocktail effets spéciaux et mega stars ne suffit plus à donner le là du cinéma, il reste heureusement les drames humains et l’écriture. Et même si d’évidence, les séries prennent de plus en plus la vedette sur ce terrain plus dramaturgique et psychologique (ma sélection 2021 bientôt en ligne…), le cinéma d’auteur et de hauteur sait encore exprimer le meilleur. Et, très bonne nouvelle, les films français en particulier renouent avec une intensité pas si fréquemment au rendez-vous.

Mes 16 films préférés de 2021…

  • Annette
  • Suprêmes
  • The Father
  • Mes frères et moi
  • Ammonite
  • The World to come
  • Land
  • Oxygène (Netflix)
  • Malcom & Marie (Netflix)
  • Comment je suis devenu super-héros
  • Cruella
  • Les fantasmes
  • Supernova

Où l’on remarque une majorité de films français. Deux films français semi musicaux, Annette, l’un opéra-rock qui signe le retour au top du top de Leos Carax, l’autre, Suprêmes, rap de rue (forcément), qui s’arrachent enfin au syndrome Jacques Demy. Des films sociaux entre satire et réelle dénonciation (Présidents, La Fracture, France) qui donnent autant à rire qu’à réfléchir, et à compatir. Des intrusions sans concession dans les douleurs des familles avec The Father et Mes Frères et moi. Des films puissants de femmes sur les femmes (Ammonite, The World to Come, Land) qui rappellent que la dignité de la solitude n’est, évidemment pas, l’apanage de l’homme comme, du cow-boy au flic ténébreux, trop de récits l’ont fait croire. Des films quasi expérimentaux culottés sur Netflix avec Oxygène et Malcom & Marie où le spectateur est invité dans la tête de belles (et un beau) actrices en pleine crise introspective. Les meilleurs films de super-héros de l’année, vraiment, avec l’Unbreakable français Comment je suis devenu super-héros et l’explosif fashion victim Cruella. Et des revisitations de l’amour par l’intimité du sexe avec Les Fantasmes et jusqu’au bout de la vie avec Supernova.

Mention spéciale…

  • Dune. Trop de froideur sans doute, grosse impression de redite sur de nombreuses scènes vues dans le Dune de David Lynch. Les récits de messies de Superman à Néo/Matrix sont-ils encore utiles ? Et puis surtout, une moitié d’histoire. On attend la suite pour saisir tout l’ensemble.
  • Le Dernier Duel. Sujet fort et malin d’actualité mais le principe de la répétition des mêmes faits sous trois versions donnent quand même l’impression de radoter. Et, défaut récurrent depuis Kingdom of Heaven, les montages de plus en plus elliptiques, et donc à trous, de Ridley Scott nuisent à la compréhension et à la logique du récit et des personnages.
  • Sans un bruit 2. Pas aussi puissant que le premier arrivé par surprise mais qui confirme le talent de metteur en scène de John Krasinski.
  • Oranges sanguines. Une claque redoutable, un humour noir et sang qui ronge l’os jusqu’à la moelle. Une satire punk et donc destroy qui décape la comédie française.
  • Clair-obscur (Netflix). Un noir et blanc sublime pour un sujet féministe et racial fort.
  • The Lost Daughter (Netflix). Premier long métrage mature et maitrisé de l’actrice Maggie Gyllenhaal avec une Olivia Colman encore stupéfiante d’intériorité et une Dakota Johnson quasi méconnaissable.
  • Pieces of a Woman (Netflix). Encore un très beau film sur les femmes avec une poignée d’actrices hyper intenses dont Vanessa Kirby et Molly Parker.
  • Zack Snyder’s Justice League (VOD). Le (re)montage signé Snyder méritait d’exister ne serait-ce que pour la curiosité et le format plein 4/3 inédit au format numérique
  • Guermantes (salles). Un bel essai entre cinéma, théâtre, Covid-19, impros individuelles et en troupe. Pour moi le meilleur film de Christophe Honoré.

Gros ratage

  • Chaos Walking
  • Godzilla vs Kong

Embarrassant plus qu’autre chose

  • Benedetta
  • OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
  • Matrix Resurrections

François Bliss de la Boissière

Dune
Dune de Denis Villeneuve (2021)

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Metroid Dread : Oled soit qui mal y pense

Nintendo ne commercialise jamais une nouvelle console sans l’associer à un jeu qui la justifie et la met en valeur, ou réciproquement. Mario, son frère Luigi et les Zelda ont eu ce rare honneur. En 2021, c’est au tour de Metroid, série SF Nintendo mature et culte depuis 35 ans, de faire valoir la presque nouvelle console Switch.

Presque, parce que cette Switch au suffixe Oled n’est pas l’espéré modèle en 4K, mais une console équipée d’un écran… Oled là où le modèle classique utilise un écran LCD. Un poil plus large (7 pouces au lieu de 6,2), cet écran amélioré garde néanmoins la même définition (720p en mode portable, 1080p relié à la TV). Mis à part l’ajout d’une prise ethernet en complément du Wi-fi, et un stockage doublé (64 Go au lieu de 32), la Switch Oled 2021 abrite la même technologie et ne propose donc pas plus de puissance, même en mode « docké » relié à la TV.

Pour autant, l’écran Oled offre à ce nouveau jeu Metroid un écrin digne de son histoire. Grâce aux contrastes infinis de la technologie d’affichage Oled, les couleurs brillent d’un feu nouveau, y compris sur tous les jeux du catalogue Switch.

Mais il s’agit d’abord de la résurrection glorieuse de Samus Aran, une des toutes premières héroïnes du jeu vidéo, camouflée dans son armure iconique de chasseuse de prime de l’espace. Metroid Dread signe son grand retour et, surtout, celui du si apprécié et influent gameplay original en 2D.

Modernisé, cet opus réinvente ainsi le coeur interactif et cérébral (s’orienter dans le dédale) de l’aventure des années 80. Porté par les moyens technologiques de 2021 et l’écran de la Switch Oled, Metroid redevient contemporain.

Switch Oled (compatible Switch et Switch Lite)
Action/tir/aventure
1 joueur
PEGI : à partir de 12 ans
MercurySteam / Nintendo

François Bliss de la Boissière

(publié dans le mensuel Comment ça marche / Janvier 2022)

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LA FRACTURE : Du rire aux drames (Avis express)

En enfonçant sa caméra scalpel au coeur des motivations et blessures des manifestations de gilets jaunes fin 2018, la réalisatrice-scénariste de La Belle saison (2015) plonge sans anesthésie dans la plaie béante de la crise économique, sociale et politique qui divise la société française.

Le tout avec un mélange de légèreté (les gags et les gaffes pleuvent) et de profondeur (les souffrances physiques et psychiques sont réelles) qui laissent sans défense.

On pensait avoir tout vu et tout compris des difficultés des hôpitaux avec les films et la série Hippocrate de Thomas Lilti et puis quand les violences policières cognent à la porte des urgences d’un hôpital parisien submergé, le réel et le niveau d’intensité grimpent jusqu’à ébullition. Dans l’énorme capharnaüm où les urgences s’entassent, les actrices et acteurs eux aussi au bord de l’implosion osent des prestations tragicomiques inoubliables. Un film français coup de poing rare et précieux.

De Catherine Corsini, avec Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmaï…

François Bliss de la Boissière

(paru dans le mensuel Comment ça marche / novembre 2021)

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MARVEL’S GUARDIANS OF THE GALAXY : Les nouveaux champions du jeu vidéo

Personne n’attendait vraiment une telle réussite. En jeu vidéo, les chamailleurs gardiens de la galaxie n’ont rien à envier à ceux du cinéma !

La production ambitieuse s’impose dès la première mission. L’équipe hétéroclite de mercenaires de l’espace cherche son chemin dans le dédale d’un cimetière de vaisseaux spatiaux englués dans des bulles de matière rose (« nanorésine ») qui ressemblent furieusement à du chewing-gum. Plus tard, la flore sinueuse d’une planète orageuse évoque de la guimauve luisante.

Depuis Pandora d’Avatar, on n’avait pas visité des planètes aussi belles et folles. Psychédélisme, surréalisme et humour visuel cohabitent avec décontraction et imagination. Particulièrement bien écrites, les disputes hilarantes des héros égocentrés, vanneurs et jamais d’accord, surfent sur une bande son musicale années 80 choc (Simple Minds, Culture Club, WHAM!, Blondie, A-HA…). Le tout soutenu par généreuse partition orchestrale hollywoodienne.

Plus important encore, manette en main, entre balade découverte, exploration, mini casse-têtes et combats où Star-Lord commande à distance ses partenaires Drax, Gamora, Groot et même le grognon Rocket, le gameplay tout terrain entretien la flamme. Privilège rare, Les Gardiens de la Galaxie rentrent ainsi dans le club très fermé des adaptations réussies en jeu vidéo.

PC, PS4, PS5, Xbox One et Series
Action-aventure
VF et VO sous-titrée
1 joueur
PEGI : à partir de 16 ans
Eidos Montreal, Square Enix

François Bliss de la Boissière

(publié dans le mensuel Comment ça marche / novembre 2021)


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DEATHLOOP : Shebam, pow, blop, wizz… pan dans les 60s

Brillant et intimidant jeu d’action-tir en vue subjective et, surtout, de cache-cache ultime, la nouvelle réalisation du studio lyonnais Arkane renverse la table et bouscule les neurones.

Grand spécialiste de la « simulation immersive », les productions Arkane immergent dans des architectures sophistiquées (cités victoriennes steampunk de Dishonored 1 et 2, station spatiale art déco de Prey), où le joueur a presque le contrôle physique sur les lieux, les objets et les évènements.En refusant la progression chapitrée chronologique de l’aventure, Deathloop bouscule ces conventions et entraine de façon audacieuse dans une boucle temporelle infernale qui échappe toujours au joueur.

Notre destin consiste justement à maîtriser en la revivant sans cesse cette boucle temporelle digne des films Un jour sans fin et Edge of Tomorrow. Prisonnier d’une île rocheuse où des millionnaires délirants se sont inventés une journée éternelle de jouissance, le héros recommence les mêmes 24h du matin au soir en se réveillant sur la même plage de sable noir d’une mer gelée. Totalement imbriquées dans le scénario, les règles complexes de gameplay imposent lecture copieuse et gymnastique cérébrale avant de comprendre les enjeux et surtout la méthode à suivre. Une charge mentale à accepter qui conduit le joueur/cobaye à ressentir émotionnellement et intellectuellement le gameplay et le scénario entremêlés.

Ambiance James Bondienne jazzy, ultra violence clownesque à la Orange Mécanique…, Deathloop multiplie les références culturelles des années 60-70 et donne à jouer une oeuvre plastique complexe et unique. Sans se prendre pour autant trop au sérieux. 

PC et PS5
Action-tir-infiltration-énigmes
VF et VO anglaise sous-titrée
1 joueur, 2 joueurs en ligne
PEGI : à partir de 18 ans
Arkane Studios (Lyon), Bethesda

François Bliss de la Boissière

(Publié dans le mensuel Comment ça marche / décembre 2021)


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KENA : BRIDGE OF SPIRITS : Trop beau et pourtant vrai

Inspirée par la culture mystique indonésienne de Bali, musiques traditionnelles, sanctuaires sacrés et guides spirituels entrainent la jeune Kena dans des villages rustiques, des forêts oubliées aux arbres gigantesques, le long de torrents à l’eau cristalline.

Dans son parcours presque intimiste dans la nature, Kena se fait accompagner de petits esprits à débusquer dans les buissons, sous des pierres ou des coffres cachés. Plus lestes que les fameux Pikmin, ces dizaines de créatures adorables papillonnent telle une nuée de moineaux. Ils se posent ici et là autour d’elle, montrant parfois le chemin. Compagnons fidèles, ils ronronnent de plaisir quand Kena les nourrit de baies et, sous ses commandes, participent activement à la résolution des mystères et des combats. En accumulant du karma, ils ajoutent des coups spéciaux à la puissance du bâton magique et de l’arc de lumière de Kena.

Premier jeu vidéo d’un studio d’animation 3D, Kena profite d’un savoir faire visuel éblouissant à la hauteur d’un film d’animation 3D du cinéma. Et s’il fallait alors s’inquiéter d’une prise en main moins réussie lors d’un premier essai interactif trop beau pour être vrai, pas de réserves, les commandes fonctionnent merveilleusement et très précisément à chaque instant.
Une aventure à la Zelda aussi magique à jouer qu’à regarder. 

PC, PS4, PS5
Action-aventure
VO anglaise sous-titrée
1 joueur
PEGI : à partir de 12 ans
Ember Lab

François Bliss de la Boissière

(paru dans le mensuel Comment ça marche / décembre 2021)


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The Ascent : ivresse cyberpunk

L’univers cyberpunk confirme son grand retour au premier plan dans le jeu vidéo depuis un an ou deux. Et, bonne nouvelle, en prenant le joueur par surprise, le presque inconnu The Ascent réussit enfin ce que le trop médiatisé Cyberpunk 2077 avait promis : l’immersion dans une grouillante mégalopole cyberpunk de demain.

La réussite étonne d’autant plus que toute la perspective de jeu utilise une vue éloignée en 3D isométrique à l’ancienne (caméra toujours au-dessus du décor et des personnages). Ville industrielle verticale habillée de néons, fumées, vapeurs et métaux luisants, l’Arcologie fourmille de détails crédibles, des machineries mystérieuses aux voitures volantes, des androïdes ouvriers aux drones fluorescents survolant les rues.

Le joueur, ouvrier lui-même, commence son trajet dans le Cloaque, le sous-sol poubelle, et remonte, armes à la main, les strates verticales de la mégalopole. Le gameplay nerveux et solide, praticable seul ou à plusieurs ensemble, utilise un système de tirs et de roulades d’esquive très performants, surtout avec la possibilité de s’abriter derrière des obstacles façon « cover shooter » culottée dans cette perspective à distance du jeu.

Créé par un nouveau studio indépendant installé en Suède réunissant toutefois des vétérans du jeu vidéo, The Ascent est une sorte de rêve éveillé où on arpente les ambiances jusque là inaccessibles des films Blade Runner ou Outland, des intérieurs poisseux digne de l’univers des films Alien… Le joueur y vient pour les fusillades et y reste pour absorber une ambiance cyberpunk noire, dense et hypnotisante.

PC, Xbox One et Series
Genre : action-tir/jeu de rôle
VO anglaise sous-titrée

1 à 4 joueurs en coopération (local ou en ligne)
Inclus dans abonnement Xbox/PC Game Pass
PEGI : à partir de 18 ans
Neon Giant

François Bliss de la Boissière

(publié dans le mensuel Comment ça marche / novembre 2021)


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