Réaliser un film de fiction sur les attentats du 13-Novembre 2015 à Paris est-il une bonne idée ? Inhabituel en France en tous cas…
De son côté, sincère ou d’exploitation industriel, sans même attendre cicatrisation des blessures, le cinéma américain ne se prive pas de produire des films sur les scandales politiques, assassinats, attentats, faits de guerre qui blessent l’empire américain. Par pudeur, manque de moyens ou de culot, ce genre de film existe à peine en France. Initiative rare, Jean-Jacques Annaud a osé cette année une version cinématographique de l’incendie de Notre Dame de Paris (Notre-Dame brûle) qui n’avait, il est vrai, pas fait de victimes.
Signé par le réalisateur du tétanisant Bac Nord (2021), Novembre suit exclusivement le travail des brigades anti-terroristes engagées dans la poursuite des terroristes encore en fuite après les fusillades dans Paris et le massacre du Bataclan. Respectueux des victimes réelles et des traumatismes inconsolables, le film ne montre aucune image des attentats eux-mêmes. Avec une efficacité redoutable, la mise en scène ne s’intéresse qu’à la course folle de la police, des bureaux jusque dans Paris et sa banlieue. Une course aussi contre la montre et l’inconnu puisque de nouveaux actes de terrorisme restent alors probables.
Le générique prévient que le scénario ne respecte pas à la lettre la vraie enquête judiciaire*. Il n’empêche, avec sa réalisation nerveuse, l’incarnation puissante des acteurs, Novembre devient évènement et témoin devant l’Histoire.
* Un voile est malheureusement venu se poser sur les bonnes intentions du film lorsqu’une des protagonistes réelles et capitales de la chasse aux terroristes à dénoncer une mauvaise représentation d’elle dans le film. Sa plainte a été reçue et un message l’annonce au générique du film diffusé dans les salles publiques.
De Cédric Jimenez, avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain… Au cinéma le 5 octobre.
François Bliss de la Boissière
(Publié en octobre 2022 dans le mensuel Comment ça Marche #142)