Fahrenheit : David Cage et les épisodes abandonnés

Précurseur ou un peu fou, avant de se résigner à adopter une forme narrative classique, David Cage avait envisagé de créer et vendre un jeu à épisodes. Ses explications…

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Bliss : Qu’est devenu le concept original à épisodes de Fahrenheit ?

David Cage : Vivendi a changé d’avis juste au moment de signer ce projet d’épisodiques. Ils regrettent un peu maintenant de ne pas avoir eu le courage d’aller sur ce format à l’époque. Mais le marché n’est pas prêt à ça. La division en épisodes posait d’énormes problèmes vis-à-vis des consoles. On doutait de notre faculté à convaincre les constructeurs de consoles de vendre des jeux moins chers sur leur machine et donc de réduire leurs royalties. On doutait aussi de l’intérêt du distributeur à placer sur son linéaire un jeu qui serait vendu moins cher qu’un jeu vendu au prix normal. On doutait aussi de la logistique qu’il fallait mettre en place en terme de livraisons, de stockages, etc. On a eu vraiment peur.

Bliss : Il n’était pas question de le vendre en ligne, en téléchargements ?

David Cage : Si, mais aujourd’hui personne n’arrive à justifier ce business modèle et à vendre un produit réellement en ligne. Donc c’est une vraie question qui reste ouverte et que j’ai envie de continuer d’explorer. On y travaille activement puisque tous les grands constructeurs de console auront sur leurs prochaines générations de consoles au moins du haut débit et du disque dur. Et que faire avec ce matériel ? Évidemment, entre autre, du download épisodique.

Bliss : Le jeu garde-t-il encore des traces de cette structure initiale ?

David Cage : J’ai tout reformaté. L’arc narratif n’est pas du tout le même en épisodes que sur un long métrage. Sous forme d’épisode c’était vraiment écrit avec ce qu’on appelle un « hook », c’est à dire une amorce forte, pour terminer sur un cliff hanger avec des climax utilisés au bon moment dans l’épisode. Moi je l’avais vraiment écrit, formaté, façon série télé, en respectant toutes les règles. Évidemment quand le format change et bien ça s’écroule. Il en reste le bon côté, le jeu est assez diversifié et rythmé. On a conservé aussi quelques histoires parallèles. Des endroits dans le jeu où on suit la vie personnelle de personnages dans leur relation avec leurs proches, leur travail, etc. Des séquences comme ça qui, à mon avis, enrichissent le récit.

Propos recueillis par François Bliss de la Boissière

(juin 2004 destiné au mensuel mort né GameSelect)

 


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