Approximatifs, manquant de rythme, les combats de boxe convertis en jeux vidéo n’ont jamais été des réussites. Qu’il gagne ou qu’il perde, Rocky Balboa n’a jamais été un boxeur très habile non plus. Pas grave, dans ce jeu comme dans les films, Sly, c’est une affaire de coeur.
Que vaut l’american dream en 2002 ? Dans les années 70 et 80, l’ascension à la force du poignet de Rocky / Sylvester Stallone du rang de looser à celui de Superstar fut un des meilleurs exemples de la façon dont les américains envisageaient la réussite sociale : peu importe le point de départ, l’origine sociale, le travail acharné poussé par une volonté inébranlable peut conduire n’importe quel candidat au succès. Le droit à l’erreur est même inclus dans cet american way of success, puisque la rédemption – thème privilégié des fictions US – après une chute sur le trajet est toujours possible (comme les super-héros, Rocky aura droit à plusieurs chutes et revanches. Stallone aussi.). Ainsi en est-il du parcours de Rocky Balboa, boxeur de seconde zone qui obtient sa chance contre le champion mondial en titre. Le boxeur Rocky ne gagnera pas le titre de champion du monde à la première rencontre, mais Stallone, lui, gagnera ses galons de Star, et le film qu’il a écrit en trois jours, l’Oscar du meilleur film en 1976. En ce nouveau millénaire chaotique pour une Amérique obligée de resserrer les rangs, il n’est pas sûr que ce type de réussite individuelle soit encore un symbole : l’american way of life s’est quand même un peu enseveli sous les décombres du World Trace Center.
Sly, sinon rien
Arrivant un peu tard (le dernier film Rocky – V – date de 1990 quand même !), il faudra alors se contenter de prendre ce jeu de boxe à l’enseigne de Rocky Balboa comme un objet de culte un peu désuet. Inutile de s’intéresser à cette simulation de boxe sans avouer un minimum d’affection pour Sly. Les matches de boxe proprement dits se donnent beaucoup d’effort pour ressembler à un vrai affrontement de gladiateurs, mais, après d’autres essais malheureux (on pense à la licence vraiment moyenne Mike Tyson) il se pourrait bien que la boxe américaine ne soit pas vraiment adaptée au jeu vidéo. Trop lent, trop lourd (championnats de poids lourds, c’est entendu), le rythme de ce sport conduit inexorablement à une conduite tactique et donc réfléchie sur le ring. Une contradiction avec l’envie primaire du jeu de boxe qui est de… filer des coups de poings, ne l’oublions pas. Ces réserves et conditions émises, reconnaissons que, pour le reste, ce jeu a tout bon. La succession des combats suit à la lettre le scénario des cinq films. D’Apollo Creed à Tommy « Machine » Gunn, tous les adversaires célèbres et moins connus de Rocky sont là (oui, Mister T aussi). Les rings miteux de Philadelphie comme celui, glacé, de Moscou sont reconstitués et, surtout, les thèmes musicaux archi connus de la série accompagnent de nombreuses tirades originales des films (Adriaaaan ?). Ne reste qu’une question : êtes-vous prêt pour « la revanche » ?
Rocky ( Xbox [recommandée], PlaySation 2, GameCube / 1 à 2 joueurs / Genre : simulation de boxe / Sortie : novembre 2002 / Score : – )
François Bliss de la Boissière
(Publié en octobre 2002 dans le mensuel de cinéma : Score #6)
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Comme dans la rue, pas de minimum requis. Ça fera plaisir, et si la révolution des microtransactions se confirme, l’auteur pourra peut-être continuer son travail d’information critique sans intermédiaire. Pour en savoir plus, n‘hésitez pas à lire ma Note d’intention.