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BEST OF JEUX 2025 : un choix personnel clair et pas du tout obscur

Le jeu le plus récompensé et consensuel de l’année 2025 VS son jeu vraiment préféré et ses jeux les plus joués, il faut assumer. Quitte à « trahir » sa patrie.

Si, comme tout joueur attentif, mon coeur a fondu dès les premières minutes du made in France Clair Obscur : Expedition 33 (essayé sur Xbox Game Pass, aussitôt acheté sur le meilleur écrin PS5 Pro), le système de combat au tour par tour hérité, et même amélioré, des JRPG ne me convient pas sur la durée. Idem, désormais devenu enfant des mondes (ou espaces) ouverts, je me lasse vite de la linéarité des niveaux du jeu de Sandfall Interactive, comme ceux de Metroid Prime 4 Beyond. C’est une affaire de ressenti personnel évidemment, et pas d’une critique négative de ces jeux tout à fait exceptionnels et légitimes dans la concrétisation de leur idée. Le phénomène commercial puis médiatique mérité de Clair Obscur est tel qu’il oblige quand même un peu à justifier de ne pas le placer en haut de son palmarès. Dont acte.

Mes 10 jeux préférés de 2025…

  • Avowed
  • Hell is US  
  • Borderlands 4
  • Clair Obscur : Expedition 33
  • Donkey Kong : Bananza
  • Atomfall
  • Little Nightmares III
  • The Outer Worlds 2
  • The First Berserker : Khazan
  • Metroid Prime 4 : Beyond

En commercialisant la même année deux énormes RPG d’aventure-action tout en s’occupant de Grounded 2, le studio déjà historique Obsidian Interactive s’installe définitivement en 2025 dans le précieux podium des studios très haut de gamme. Plus orienté action, l’inédit et flamboyant Avowed surprend avant tout avec un level design qui transforme chaque paysage en véritable terrain d’exploration méticuleux. Le joueur avance de manière organique dans des biomes originaux très colorés comme certain des personnages. Avowed assume une certaine insolence visuelle entre humour et culot (personnage aquatique, fourreux au duvet rose…) totalement rafraichissante dans l’exercice du RPG américain muté en jeu d’action crédible. Au sein d’un tout autre univers plus futuriste aussi satirique, The Outer Worlds 2, avance en plus calme sur le même terrain : espaces concrets à explorer, combats nettement plus solides que lors du premier opus. Un vrai régal d’aller au devant des décors et des conflits localisés. Dommage que, contrairement au plus économe Avowed, The Outer Worlds 2 se laisse aller à beaucoup trop de dialogues qui, d’un point de vue scénaristique pur, ne sont que du remplissage auto complaisant façon « maître de jeu de rôle » trop bavard.

Hell Is Us

L’autre bombe totalement inédite de 2025 est Hell Is Us (qui gagne sans équivoque le prix du meilleur titre de l’année : « L’Enfer c’est nous »). Attiré par le concept médiéval (donjons) et futuriste (drone allié) mélangé puis réticent devant une interface compliquée limite absconse et, là aussi, trop de mots écrits pour dire les choses, Hell Is Us se révèle d’une profondeur interactive inattendue et puissante. Il faut se laisser pénétrer progressivement par l’intention des auteurs. Paysages extérieurs, intérieurs et créatures ennemis ne ressemblent à rien d’autre. L’histoire autour d’une guerre civile nous entraine aussi sur un terrain émotionnel inédit. Il faut remonter à This War of Mine de 2014 pour retrouver ce type de trouble politico-humanitaire.

Borderlands 4 est un cas à part en ce qui concerne ma connaissance de la série d’un studio Gearbox Software dont il faut un peu se méfier (quelques casseroles à son actif). Attiré depuis toujours par les visuels BD marqués et l’ambiance Mad Max humoristique foutraque, aucun des jeux Borderlands n’a jamais réussi à me rester dans les mains : fusillades au touché flottant s’appuyant essentiellement sur des ennemis éponges à balles et donc des stats de progression, sans compter les soucis techniques récurrents, la série ne me laissait rien attendre de Borderlands 4. Attrapé tardivement ma surprise fut totale. Techniquement et artistiquement impeccable Borderlands 4 se révèle un jeu de tir qui emprunte presque tout à ce qui fait le superbe touché des jeux de Bungie et donc Destiny (gunplay, pattern et drop des ennemis sur le terrain via vaisseaux, déplacement à bords de mini vaisseaux anti-G…). Après un préambule lourdaud on se retrouve dans un vrai monde ouvert où l’on peut se reposer ici ou là, admirer les horizons comme les détails dessinés au gros feutre, ou aller, à volonté au devant des escarmouches. Après plusieurs décennies de pratique du jeu vidéo, je comprends enfin que ce sont désormais ce type de jeux immersifs où, tout en restant et existant dans le jeu, on choisit son moment de passer à l’action qui me conviennent le mieux. Par opposition aux jeux en flux quasiment tendu où chaque minute, à la limite de l’hystérie, requiert dextérité et nervosité permanente. Depuis les salles d’arcade, le jeu vidéo a heureusement muri avec ceux qui le font (et ceux qui le jouent encore) pour offrir des alternatives plus… accueillantes et donc, osons le mot qui fâche, moins hystérisantes.

Little Nightmares III

C’est pourquoi, ce même registre d’exploration méticuleuse de la campagne anglaise avant d’aller à la rencontre des ennemis, place l’original Atomfall parmi mes grands préférés de l’année malgré quelques maladresses. S’il fallait quand même retourner sur le terrain d’un gameplay plus nerveux, après une mise à jour le rendant plus abordable, la beauté stupéfiante stylée en cell shading manga de The First Berserker : Khazan devient mon premier choix dans une catégorie désormais trop encombrée de Souls-like. Quant à Little Nightmares III repris en main par Supermassive games, après une période de scepticisme « culturel » qu’un autre studio puisse renouer avec le style original des deux premiers créés par Tarsier Studios, une fois en main et sur l’écran il faut bien reconnaître que Supermassive a réussi ce défi. Même si les situations interactives se répètent un peu et prennent moins de risque que le prochain Reanimal de Tarsier (essayer vite la démo disponible), Little Nightmares III a non seulement une ambiance sombre folle, mais des moments de pure émotion entre les deux petits personnages. Quand l’un des deux prend dans ses bras l’autre presque mourant, le tout dans un moment suspendu lourd de conséquences, cette minute d’amitié et de silence réussit à vraiment toucher là où tous les coups de feu, de sabres et de poings de l’année jeu vidéo ne font plus rien.

Les rééditions/remakes/remasterisations exceptionnel(les)…

Zelda Tears of The Kingdom / Switch 2 (aveu : première raison de l’achat de la Switch 2 day one, et pas déçu de – enfin – la 4K 60fps)

Zelda Breath of The Wild / Switch 2 (aveu : deuxième raison de l’achat de la Switch 2 day one, et pas déçu de – enfin – la 4K 60fps)

Days Gone / PS5 Pro (encore plus beau et immersif que la version 60fps déjà disponible, il fallait le réussir)

The Talos Principle Reawakened (visuellement enfin à la hauteur des puzzles de dingue)

Gears of War Reloaded (pas plus subtil aujourd’hui qu’à sa sortie mais drôlement bien remasterisé)

The Elder Scrolls IV : Oblivion Remastered (oui il y a des défauts mais rien qui puisse gêner le plaisir de revivre ce voyage avec des visuels d’aujourd’hui)

Tomb Raider Definitive Edition / Switch 2 (si si, contrairement à certains avis maniaco-techniques, le jeu est superbe sur Switch 2)

Les magnifiques indés (qu’il faut essayer absolument) …

Revenge of the savage Planet (exploration, plate-forme, tir, humour, créativité, réalisation digne d’un AAA dès que le 60 fps a été intégré)

Blue Prince (stupéfiant et inédit concept de puzzle game au style visuel BD européenne totalement adapté)

Metal Eden (entre Destiny et Doom Eternal, un FPS cyberpunk au touché et au level design totalement au point et jouissif)

Fast Fusion (sur Switch 2 véritable héritier speed de F-Zero, WipeEout, Redout)

Eternal Strands (plein de bonnes intentions que les devs peaufinent au fil des mois)

ROUTINE (immersion totale et génialement oppressante dans du NASApunk plus crédible que Starfield qui – rendons à César – a inventé le terme et l’idée graphique)

The Alters (vraiment sur une autre planète)

Arc Raiders (et son option solo « don’t shoot » qui laisse un peu d’espoir dans l’humanité en ligne)

Herdling (adorable et joli comme tout)

South of Midnight (belle thématique et approche visuelle, dommage que le gameplay soit plan-plan)

Rain World (pixel art de 2017 découvert en 2025 grâce au Game Pass Xbox)

Reanimal (la démo en attendant la sortie complète début 2026)

Atomic Heart : Enchantment Under The Sea

Le Meilleur DLC…

Atomic Heart : Enchantment Under The Sea (les développeurs désormais installés à Chypre continuent une double démonstration créative et technique que bien des studios doivent leur envier. Un 4e DLC bien fourni est ainsi déjà en approche alors que Atomic Heart 2 a déjà été présenté ainsi qu’un très excitant The Cube dans le même univers est aussi en développement)

Les gros jeux qui, plaisants, mais trop semblables à leurs prédécesseurs, m’ont laissé sur le carreau…

Death Stranding 2 : On The Beach (mêmes défauts et qualités que le premier = fascination et lassitude mêlées)

Cronos : The New Dawn (sous Dead Space à la difficulté mal réglée : sera ajustée en 2026 par le studio, on y retournera)

Monster Hunter Wilds (plus accessible mais toujours brouillon et bourrin à jouer)

Ghost of Yotei (duplicata vraiment trop semblable de Ghost of Tsushima)

Dying Light : The Beast (village à la place de grande ville ? Fausse bonne idée)

Note finale… et la Switch 2 dans tout ça ?

Ne surtout pas passer sous silence une vraie bonne nouvelle derrière toutes les polémiques, souvent négatives, qui polluent régulièrement l’industrie du jeu vidéo. 2025 signe surtout la sortie d’une nouvelle console Nintendo : la Switch 2 ! Si Nintendo semble avoir fait le choix le plus conservateur de son existence avec la Switch… 2 accompagné d’un Mario Kart (World) serviable, le succès commercial (malgré son prix élevé) oblige au respect. Ce succès replace le marché des consoles au centre de l’enthousiasme et toutes les mises à jour techniques des jeux Switch (les Zelda, Mario, Kirby…) confirment – aux plus sceptiques (ou aveugles) – que les fréquences bridées d’image et de résolution de la génération précédente de consoles Nintendo ou autres – étaient un vrai problème qu’il fallait résoudre. Le totalement original gameplay de Donkey Kong Bananza rappel en parallèle que Nintendo n’a absolument pas perdu sa capacité créative. Bien que arrivant sans doute trop tard dans la grande chronologie de l’évolution du jeu vidéo, le trop classique et même un peu daté (cela fait mal de le dire) Metroid Prime 4 Beyond répond aussi au besoin des joueurs Nintendo les plus fidèles. Sans compter l’arrivée du catalogue GameCube dans l’abonnement Nintendo Switch Online (+ Pack additionnel). Une nouvelle fois, avec la Switch 2, Nintendo ouvre le chemin vers nos foyers de cette boite magique qui ne fait que du jeu et rien que du jeu. On attend la réponse de la concurrence.

François Bliss de la Boissière
(125 jeux pratiqués en 2025 dont 70 sortis cette année)

Zelda The Wind Waker GameCube 2025