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Best of films 2024 : Entrechocs de civilisation

Jamais autant notre civilisation occidentale n’aura été aussi déchirée, n’aura remis autant en question nos acquis sociaux et humanistes. Et le cinéma, encore une fois, par miracle, réussit par quelques films à mettre le doigt là où cela fait mal d’hier jusqu’à demain au nom de politiques accros au pouvoir (The Zone of Interest, Civil War), où cela pêche au nom de croyances religieuses elles aussi accros au pouvoir (Conclave, Firebrand). Pas étonnant alors que, dans le même geste, un autre nombre de films puise dans ces mêmes entrechocs de civilisation le besoin de faire renaitre les créatures humaines que nous sommes. De celles qui rêvent et s’inventent une autre vie que celles imposées par le hasard (Anora, Emilia Pérez, The Outrun, Alien : Romulus). Heureusement que ces films existent pour mettre en scène l’espoir, car l’alternative à cette transmutation salvatrice serait un désir de mort et une planète forcée au silence comme le met bien en scène A Quiet Place : Day One.

Autant l’avouer d’entrée, je n’ai vu que 4 films en salle cette année. Pour toutes les raisons hygiénistes et d’impatience collective imaginables (voir explications 2023). Il m’a fallu la promesse de spectaculaires films d’auteur en IMAX de Civil War, Furiosa, Dune 2, A Quiet Place et les doux singes de Kingdom of the Planet of the Apes pour me décider. Heureusement tous les films finissent par se rendre rapidement disponibles en VOD et, de plus en plus souvent, dans la même année que leur sortie en salle. Il doit manquer dans mon échantillonnage une poignée de films français pas encore accessibles en streaming. J’ai quand même vu et apprécié Le Comte de Monte-Cristo en retenant mon souffle en attendant L’Amour ouf.

J’ai donc vu 193 films cette année dont 83 sortis en 2024 en salle ou directement en VOD SVOD.

Mes 10 films préférés de 2024

  • Civil War (de Alex Garland)
  • The Zone of Interest (de Jonathan Glazer)
  • Conclave (de Edward Berger)
  • Anora (de Sean Baker)
  • Poor Things (de Yorgos Lanthimos)
  • Emilia Pérez (de Jacques Audiard)
  • The Outrun (de Nora Fingscheidt)
  • Firebrand (Le jeu de la Reine) (de Karim Aïnouz)
  • Alien : Romulus (de Fede Alvarez)
  • A Quiet Place : Day One (de Michael Sarnoski)

Mentions spéciales…

Les grosses suites qui font beaucoup mieux que démériter… Elles ne surprennent pas comme leurs premiers opus mais elles entretiennent bien la flamme et la « suspension of disbelief » au cinéma. En se servant notamment avec intelligence des effets spéciaux vraiment au service du récit et de leurs mondes de fiction…

  • Furiosa : A Mad Max saga (de George Miller)
  • Dune : Part Two (de Denis Villeneuve)
  • Kingdom of the Planet of the Apes (de Wes Ball)

Des indés dans le top aussi (si je validais un top 20 plutôt qu’un top 10)

Plein d’énergies, de tripes et de sang, de dialogues qui fusent, de tête-à-tête d’acteur-rices, de rock’n roll, de sujets (dé)culottés…

  • Love Lies Bleeding (de Rose Glass)
  • MaXXXine (de Ti West)
  • Daddio (de Christy Hall)
  • LaRoy, Texas (de Shane Atkinson)
  • Heretic (de Scott Beck)
  • His Three Daughters (de Azazel Jacobs)
  • The Substance (de Coralie Fargeat)

Les déceptions craintes et confirmées 

Ridley Scot en tête, nos réalisateurs de films cultes restent de bons filmeurs mais – au secours –  ont complètement perdu la boussole de la structure d’un bon récit…

  • Gladiator 2 (de Ridley Scott)
  • Napoléon (de Ridley Scott)
  • Ferrari (de Michael Mann)
  • Rebel Moon – Part Two : The Scargiver (de Zack Snyder)

Les déceptions inattendues et attristantes

Il y a clairement dans ces films le sang et les larmes de réalisateurs (/acteurs) habités par leurs sujets, mais le résultat final, maladroit, tombe à côté de l’ambition. Ce qui veut être raconté l’est mal.

  • The Bikeriders (de Jeff Nikols)
  • Horizon : An American Saga Chapter 1 (de Kevin Costner)
  • The Dead don’t hurt (de Viggo Mortensen)

Ma synthèse top 10

Sans conteste, au centre de trois films d’affilés complètement différents, le talent de Cailee Spaeny s’est irrésistiblement imposé en 2024. De la passive fiancée d’Elvis Presley dans Priscilla (sorti en France en janvier 2024) qui perd ensuite sa naiveté et virginité métaphorique de photographe de guerre dans Civil War jusqu’à devenir une force en marche à la Ripley dans Alien : Romulus, son mélange de candeur enfantine et de force tranquille fait des ravages. Va-t-elle pouvoir enchaîner avec des rôles aussi forts et ce, sans se faire emprisonner dans les bulles digitales Marvel/DC ? Les occasions ne sont pas si fréquentes.

2024 est aussi l’année qui consacre définitivement en auteurs désormais majeurs. des réalisateurs jusque-là remarqués pour leur singularité. De films en série (excellent et fascinant Devs), Alex Garland confirme avec Civil War un regard d’une acuité exceptionnelle sur nos sociétés de l’ouest du globe. Dix ans après Under the Skin et vingt ans après Birth, aussi plastiquement beau que tétanisant, l’historiquement indispensable The Zone of Interest propulse Jonathan Glazer en réalisateur qui compte pour de bon. Lui aussi d’une puissance visuelle intimidante dans un film également murmuré, Conclave confirme que le réalisateur allemand Edward Berger responsable déjà de la claque militaire surprise All Quiet on the Western Front de 2022, a une vision profonde du monde qui nous anime. L’enivrante énergie d’Anora de Sean Baker qui nous a obligé à aller voir d’urgence son précédent film presque aussi fou Red Rocket, installe le réalisateur de The Florida Project, aux côtés de notre bien-aimé Jacques Audiard, des réalisateurs/auteurs capables d’offrir à leurs personnages les plus beaux voyages vers de nouvelles vies. Et donc des renaissances. Un chemin vers une nouvelle lumière qu’accomplit également Saoirse Ronan grâce à son interprétation magistrale bien sûr, mais aussi à la mise en scène et au montage de la réalisatrice Nora Fingscheidt de The Outrun dont on guettera avec ferveur le prochain film. Quant à Firebrand (renommé avec trop de facilité Le Jeu de la Reine), il met en scène la résilience féminine contre obscurantisme et patriarcat encore d’actualité aujourd’hui. Un film historique qui redonne enfin à Alicia Vikander une présence à la hauteur du rôle où son talent a explosé en 2012 : A Royal Affair.
Enfin, pour revenir à la culture purement pop, le Alien de Fede Alvarez presque comme le Blade Runner de Denis Villeneuve prouve qu’avec talent et respect il est possible de refaire du neuf avec du vieux. Alien : Romulus n’a pas la classe de Blade Runner 2049 mais il a la même compréhension intime de sa source qui fait qu’il la prolonge sans pour cela abîmer ou détourner l’héritage de façon purement mercantile (ce qu’a malheureusement fait l’inconséquent Ridley Scott avec son propre Gladiator 2).

François Bliss de la Boissière

Relecture DanyBliss
(Photo de Une : Civil War / Cailee Spaeny / DR)
(Poster ci-dessous © Andrew V.M.)

BEST OF FILMS 2015 : Rétrofuturs (la tête dans les étoiles)

Quelle période faste pour les amateurs de SF ! Ce qui était hier le plaisir des ados, geeks et autres nerds, est devenu le genre le plus attractif des salles de cinéma. Star Wars rattrape ainsi le record de Avatar au box office mondial et confirme l’aspiration populaire à décoller vers le futur et l’imaginaire. Beaucoup se plaignent de l’omniprésence des effets spéciaux numériques, et « beaucoup » a raison quand ils prennent la vedette sur les acteurs et l’humain. En réalité, puisque tout semble désormais possible à l’écran, le cinéma est vraiment en train d’atteindre la magie totale qu’on lui accordait un peu prématurément au siècle dernier. Et inévitablement, le cinéma redevient ce phénomène de foire délirant de ses débuts avec des orgies de trucages, cette fois numériques, plus ou moins spectaculaires ou de bon goût. Je crois que Méliès serait ravi de nos jours et s’amuserait comme un fou.

Mes 10 films de 2015 *

 

  1. Mad Max: Fury Road (George Miller)

  2. Ex Machina (Alex Garland)

  3. The Martian (Ridley Scott)

  4. Birdman (Alejandro Gonzalez Inarritu)

  5. Bridge of Spies (Steven Spielberg)

  6. La Belle Saison (Catherine Corsini)

  7. Maryland (Alice Winocour)

  8. Mon Roi (Maïwenn) / La Tête Haute (Isabelle Bercot)

  9. Dheepan (Jacques Audiard)

  10. Star Wars : The Force Awakens (J.J. Abrams) / Jurassic World (Colin Trevorrow)

Réalisateurs, vieux de la vieille et up & down

Si la carrière de J.J. Abrams est désormais totalement en orbite intergalactique (qui en doutait ?), le cinéma a perdu hélas en 2015 deux cinéastes majeurs des 90-2000. Michael Mann et P. T. Anderson ne sont évidemment pas morts, mais leurs derniers films ne sont plus que la caricature de leur cinéma. Six ans après le déjà discutable Public Ennemies, la présentation vieillotte des menaces cyber de Hacker dans un emballage superficiel de thriller file un terrible coup de vieux au cinéma de Michael Mann. Si l’on accordait le bénéfice du doute aux bizarreries indigestes mais si bien filmées en 70 mm de The Master, le décousu, pénible, lambin et complaisant Inherent Vice ne fait plus rire. P. T. Anderson s’enfonce ainsi dans un cinéma d’auteur private joke qui ne parle qu’à lui même et à ses acteurs. Avec l’incongru Knight of Cups (quête existentielle au coeur d’Hollywood blingbling ?), le soporifique Terrence Malick confirme qu’il ne prie plus que pour lui-même.
En parallèle, Ridley Scott (78 ans !) ne s’essouffle pas et continue de filmer des blockbusters à une cadence invraisemblable. Et tous les 3 ou 4 films il en réussi un vraiment bon. Tel The Martian que la Fox lui a proposé et qu’il a accepté en 24h. Après Alien, Blade Runner et Prometheus, et avant même la sortie de Alien Covenant, cela fait de lui devant Spielberg et J.J. Abrams le plus grand réalisateur de SF au monde avec James Cameron. Galon qu’il gardera probablement jusqu’à la sortie des 3 prochains Avatar.
Un peu dépassé par les évènements et la vague super-héros mais toujours actif contrairement au grincheux et déconnecté George Lucas, Spielberg, de son côté, lâche tranquillement un Bridge of Spies incroyablement pertinent à l’heure des frontières redevenues floues. Il rejoint sur le tard le classicisme historique visant la postérité de Clint Eastwood.

Coming out

2015 est l’année où des doubles talents aspirants réalisateurs ont réussi à s’exprimer avec leur premier film.  Avec Ex Machina le scénariste Alex Garland tape en plein dans le mille des problématiques de notre prochaine cohabitation avec l’Intelligence Artificielle. Cette version peut-être douce et cérébrale de Terminator aura certainement plu à Elon Musk. L’industriel s’est fendu d’un appel collectif à se méfier de la naissance incontrôlée d’une prochaine l’I.A potentiellement supérieure à l’homme.  Ryan Gosling a su prouver qu’il n’était pas seulement une belle gueule et un bon acteur avec son premier film Lost River entre David Lynch et Jim Jarmusch. Une carrière de réalisateur à la Sean Penn est à sa portée. Plus quelconque mais tout de même digne d’attention dans la veine des films parlés de Richard Linklater, le premier long métrage de Chris Evans réalisateur (Before we go) lui ouvre sans doute d’autres portes que celles gagnées à la force des muscles de Captain America.

Elles pour toutes

Les bonnes étoiles du 7e art ont aussi offert en  2015 une belle année, « saison », pour les femmes au cinéma, plus seulement devant mais derrière la caméra et dans les esprits. Ainsi, tout naturellement, 4 magnifiques films de réalisatrices qui frappent au ventre autant qu’à la tête s’installent dans mon palmarès pourtant plus orienté vers l’imaginaire que les drames quotidiens. Oui le cinéma français est visuellement plus modeste et plus terre à terre que le cinéma américain et ses gros moyens (sauf les films tellement stylés de Jacques Audiard) mais quand il réussit une étude de caractère, le cinéma français reste sans égal.  À l’écran, la place de la femme dans la société à plusieurs époques a été au centre d’un nombre inhabituel de films. Même si parfois maladroits, les Suffragette, Wild, Journal d’une femme de chambre, Les jardins du Roi, Far from the Madding Crowd, La Femme au tableau, Ricki and the Flash, Testament of Youth, Joy et même Big Eyes ont fait leur maximum pour rendre hommage au talent et à la détermination des femmes qui n’ont, évidemment, rien à envier aux hommes. Et qui d’autre que la guerrière Furiosa prend le pouvoir sur le monde des hommes-bêtes de Mad Max : Fury Road ?

It’s a Mad Mad Mad Mad World

Contrairement à d’autres, contemporains ou anciens, George Miller est sans doute un réalisateur économe qui prend son temps. Mais quand il sort un film, comme James Cameron d’ailleurs, il change le langage même du cinéma. Bien plus qu’une suite ou un reboot opportuniste que les producteurs espéraient sans doute, Mad Max : Fury Road, comme le nom de sa vraie héroïne Furiosa le dit, est une furieuse claque de cinéma dans une décennie cinématographique un tantinet désabusée et ronronnante à l’abri des boucliers numériques. Aussi énervé et sauvage que esthétique, Fury Road n’avait même pas besoin d’être en plus intelligent et porteur d’un message (écolo, féministe) pour balancer à la tête du monde une leçon de cinéma d’une pureté rock enfantine rare.
Finalement, le copié-collé assumé du metamodernisme** existe aussi au cinéma et ce de manière particulièrement flagrante en 2015. Les 4 reboots/remakes/relectures (comment les qualifier réellement ?) de Jurassic World, Terminator Genisys, Star Wars et même Mad Max installent un cinéma de la régurgitation, de l’auto citation, du recyclage à peine masqué. Ils ressemblent à cette époque trois-pas-en-avant-deux-pas-en-arrière, celle qui cherche à avancer avec tous les moyens technologiques du futur et n’arrive qu’à regarder et revivre le passé.

* Sur 89 vus en très grande majorité en salles (liste ici) Avec regret, on reportera au palmarès 2016 le fulgurant Steve Jobs de Danny Boyle/Aaron Sorkin et le monstrueux The Revenant de Inarritu. Futurs oscarisés que les distributeurs français déconnectés du 21e siècle n’ont pas jugé bons de sortir en 2015 en France. Ils font la joie et la tristesse du téléchargement improvisé. On retournera les voir en salle plutôt deux fois qu’une.

** « Today, we are nostalgists as much as we are futurists » (Metamodernisme Manifesto)

Quelques navets irrécupérables/inexcusables

  • Everest
  • The Walk
  • Le Tout nouveau Testament
  • In The Heart of the Sea
  • Welcome Back (Aloha)
  • Fantastic Four
  • Maze Runner : Scorch Trials
  • Chappie
  • Gunman
  • Love

Quelques coups de coeur (qui a ses raisons que…)

  • Imitation Game
  • American Ultra
  • Loin des hommes
  • La Tête haute
  • Valley of Love
  • Ricki and the Flash
  • La Résistance de l’air
  • Big Hero

François Bliss de la Boissière

 


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BEST OF JEUX 2015 : Réincarnations

Si 2015 est une sorte d’année de transition malgré elle en attendant de grosses pointures repoussées à 2016 (vous les connaissez), 2015 est aussi une année de consolidation industrielle, technique et sans doute artistique comme je commençais à l’expliquer ici. Plusieurs éléments concordants l’indiquent.

À l’affût

Des productions indépendantes atteignent désormais la qualité et l’ambition des blockbusters produits par de gros éditeurs (voir les 3 premiers de ma liste). Les (trop ?) nombreuses rééditions HD ont permis à certaines équipes de se familiariser avec les besoins et capacité des dernières consoles. Les prochaines grosses productions devraient profiter de cette expérience. Le report assumé et donc planifié à 2016 de plusieurs gros titres me semblent démontrer une forme d’assurance plutôt que de dérapages incontrôlables comme le jeu vidéo en a si fréquemment connu. Même Ubisoft a su redresser la barre dans les temps avec un Assassin’s Creed annuel (Syndicate) techniquement presque irréprochable malgré quelques craintes.

Nouvelle ère

L’assurance indiscutable de Destiny 2.0 avec ses extensions pas si corrompues rassure aussi sur l’ambition et les capacités de Bungie dont on a failli douter… Même si mal compris par les gamers qui confondent qualité intrinsèque et temps de jeu à la minute, la maîtrise visuelle de The Order : 1886 et Until Dawn entérine l’ambition graphique de Sony Computer et promet un bel avenir à la fusion jeu vidéo et cinéma qui se prolongera forcément avec le casque PlayStation VR. Et puis 2015 est aussi sans doute la dernière année d’une certaine idée du jeu vidéo. La lecture de la séquence en deux temps qui voit en 2015 la confirmation de l’effondrement du jeu vidéo japonais (Konami en tête, on y revient prochainement en détails) juste avant le débarquement de la réalité virtuelle en 2016 (même avec des freins tarifaires) annonce l’ouverture d’un nouveau chapitre dans la folle histoire du jeu vidéo.

Mes 10 jeux de 2015

 

  1. The Witcher 3 : Wild Hunt (CD project Red)

  2. Ori and The Blind Forest (Moon Studios)

  3. SOMA (Frictional Games)

  4. Rise of the Tomb Raider (Crystal Dynamics)

  5. The Order : 1886 (Ready at Dawn)

  6. The Talos Principle : édition deluxe (Croteam) PS4 et Mac

  7. Mad Max (Avalanche Studios)

  8. Destiny : Le Roi des Corrompus (Bungie)

  9. Until Dawn (Supermassive Games)

  10. Rare Replay/Zelda Majora’s Mask/Uncharted : The Nathan Drake Collection

Quand on a la chance de jouer à une majorité des jeux sortis dans une année, en retenir 3 ou 5 dans un top est vraiment insuffisant. On s’y efforce sous la demande, par exemple en 2014 et en 2015, mais la frustration est grande. Surtout parce qu’une courte sélection ne suffit pas à représenter l’étendue des expériences vécues dans une année jeu vidéo.

Indés au top

Au-delà du goût et du plaisir éventuellement subjectif, les trois premiers jeux de ma liste couvrent étonnamment le spectre des possibles du jeu vidéo d’aujourd’hui. L’open world maitrisé et non pas juste exploité en mode remplissage avec The Witcher 3 ; la régurgitation artistiquement rehaussée – et non bêtement rejouée – des fondamentaux du jeu japonais avec Ori and The Blind Forest ; la maturité de l’immersion sensorielle en vue subjective dont vont hériter directement les prochaines expériences en réalité virtuelle avec le tétanisant SOMA. Ces 3 jeux portent plusieurs messages. Ceux de leurs thématiques explicites ou en creux : la mise au premier plan de la valeur physique et temporel de l’espace et des éléments, la poésie et l’animisme intégrée au gameplay, évolution de l’être humain en milieu technologique ; et ceux de leurs réussites : 3 jeux haut de gamme développés par des studios indépendants. Ces 3 projets hyper soignées ont réussi à fusionner le fond et la forme, sont allés au bout de leur ambition. Et, signe du futur au présent, deux d’entre eux n’existent qu’en format dématérialisé.

L’horizon est la limite

Malgré toutes les pubs intrusives, Rise of the Tomb Raider n’a pas fait l’évènement qu’il mérite confiné sur Xbox One et pourtant, voilà un des jeux les mieux conçu et réalisé au monde. Sorti fin décembre 2014 sur PC puis en mai sur Mac et récemment sur PlayStation 4, The Talos Principle et son extension Road To Gehenna est non seulement un époustouflant puzzle game en vue subjective (l’imminent The Witness de Jonathan Blow sera mesuré à cet exploit) mais un objet interactif à thèse d’une intelligence et d’un humour rares. Plus fini et sérieux que le rigolo foutraque Just Cause 3, Mad Max est comme The Witcher 3 d’abord une expérience sur l’espace, la nature et ses éléments, l’horizon, connu et inconnu. Celui, justement, que le jeu vidéo repousse chaque année un peu plus.

Les maux de la fin

Un petit mot sur les jeux Nintendo dont toutes les franchises connues sont sorties sous une forme (exploitative) ou une autre sans qu’aucune ne retienne l’attention plus que la réédition de Majora’s Mask. Oui Super Mario Maker et Splatoon sont funs et intéressants mais toutes les autres productions Nintendo sont en dessous du standard de la marque (on en parle ici). Difficile de savoir si cette année aussi de transition (et de tristesse) pour Nintendo conduira à un retour en force ou à un repli sur le marché Japonais entièrement dévoué au jeu mobile low-tech.
Toutes les rééditions HD occidentales sont méritantes. Pour évacuer les polémiques à l’exploitation mercantile, rappelons qu’elles visent d’abord les nouveaux propriétaires de consoles « nextgen », les switchers (une grosse génération Xbox 360 a basculé vers la PS4, n’est-ce pas ?) et les esthètes qui apprécient un rehaut graphique et technique (j’en suis). Celles retenues ex aequo dans ma liste sont particulièrement exemplaires et indispensables pour toutes sortes de raisons historiques. Rare Replay offre enfin l’occasion de revisiter l’histoire du studio anglais manettes en main (et ça fait parfois mal). La réédition très classieuse de la trilogie Uncharted parfaitement jouable sur PS4 anticipe bien Uncharted 4 et offre l’occasion d’une relecture après la secousse The Last of Us du même Naughty Dog. Et bien entendu, pouvoir enfin relancer le trésor Zelda Majora’s Mask quand bon nous semble ne se discute même pas.

François Bliss de la Boissière


Illustration de Une : The Talos principle / Road to Gehenna


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