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Myst III Exile : L’AUTRE MONDE

La série Myst est une véritable énigme. Littéralement. Décriée par les gamers qui n’y voient guère un jeu, encensée par un grand public croyant pratiquer un jeu « normal », Myst est surtout une énigme sociologique avec ses 25 millions de pratiquants. Et ce n’est pas fini puisque l’épisode 3 arrive sur consoles…

Myst III Exile
Malgré l’absence de héros devant la caméra, l’histoire de Myst est celle de deux frères : Rand et Robyn Miller. Nés au Texas, élevés par un pasteur nomade prêchant aux quatre coins de l’Amérique, les deux hommes vont changer le cours de l’histoire du PC en lançant un jeu d’aventure tellement graphique qu’il nécessite, en 1993, le support balbutiant du CD-Rom. Myst devient alors l’emblème technologique du CD-Rom et renvoie le support disquette à la préhistoire. Mais au-delà de la démo high-tech, les premiers aventuriers de la souris découvrent un monde fantastique avec ses paysages et sa civilisation oubliée (D’NI). Un monde hypnotisant, mystérieux et désertique, naturellement inspiré de Jules Vernes. Un continent imaginaire morcelé en îles (des Âges dans le langage Myst) où le joueur, pris de vertiges, part à la découverte de lois et mécanismes ésotériques fascinants.

Serial Myst

Ce troisième épisode, qui transforme définitivement Myst en série (Myst 4 et une version online sont en développement, et une mini série TV est en cours de production par Columbia Tri Star), a été confié par les frères Miller à un studio externe. Sorti en 2001 sur PC, Myst III Exile retrouve donc l’interface célèbre où il suffit de cliquer devant soi pour avancer d’un pas – pour peu que le décor le permette, et les puzzles machiavéliques dont dépendent l’exploration et la suite de l’histoire. Seule amélioration technique notable – initiée par L’Amerzone, le Myst-like du français Benoît Sokal  : la possibilité de faire pivoter le point de vue dans tous les sens pour observer les alentours. Les yeux incrédules découvrent en détails de nouveaux décors lunaires, des maisons végétales, des carrières de cristaux d’où surgissent des boules de glace en apesanteur, des bâtisses minérales abritant des ascenseurs inquiétants… Le clapotis de l’océan omniprésent, le souffle du vent, le bruissement des feuillages et, parfois, les pas rapides d’un personnage hors-champ, complètent des tableaux virtuels sollicitant presque tous les sens. Il suffit d’une ondulation de l’eau, d’un vol d’oiseau, du passage furtif d’un animal étrange pour que des décors essentiellement fixes prennent vie.

Guest star

Dépendant d’une technologie douteuse quoi que bien faîte, des vidéos dites incrustées sont heureusement distillées avec parcimonie. Outre, Atrus (toujours interprété par Rand Miller lui-même), l’homme dont la prose crée à volonté les Âges de Myst, sa femme Catherine et son nouveau né, Exile invite un acteur pour de vrai en la personne de Brad Dourif (Vol au-dessus d’un nid de coucou, Alien 4) qui joue bien son rôle d’illuminé notoire. Tout en réussissant à se faire remarquer avec la présence d’un acteur du calibre de Dourif, Exile peine toutefois à endosser l’héritage du Myst original, et surtout de sa suite Riven. Aussi compliquées que furent les énigmes des deux premières aventures, elles avaient pour elles une cohérence fondamentale dont le principal mérite était de se révéler peu à peu. Les puzzles rencontrés dans Exile semblent parfois plus artificiels, moins intégrés dans l’environnement, inutilement abscons. Les mécanismes sont à nouveau magnifiquement mis en scène et le spectaculaire succède au délicat, mais la grâce et l’inspiration de Riven ne sont plus tout à fait là. Un jeu d’auteur ne saurait sans doute pas se suffire d’une suite commanditée.

Une aventure calibrée home cinéma

L’adaptation console a néanmoins été bien étudiée, voire même optimisée par rapport à la version PC. Cela se remarque sur Xbox notamment. Les temps de chargement entre les écrans et les menus sont presque inexistants, les déplacements dans le décor sont spontanés grâce à une simple pression d’un bouton de la manette, avec ou sans curseur à l’écran. Des qualités complétées par l’observation naturelle à 360° au stick analogique, l’accès immédiat aux livres contenant les précieuses informations et, surtout, un son calibré au format home cinéma Dolby Digital 5.1. De quoi apprécier davantage encore les bruitages sophistiqués et se laisser transporter par l’ample partition musicale interprétée par l’Orchestre Philharmonique de Boston. Aventure de l’esprit et des sens, Myst III Exile prend une nouvelle dimension sur un écran de télévision relié à une chaîne Hi-fi.

Myst III Exile ( Xbox [recommandée], PlaySation 2 / 1 joueur / Genre : Aventure graphique / V.O. + V.F. / Sortie : 26 septembre 2002 / Score : B )

François Bliss de la Boissière

(Publié en octobre 2002 dans le mensuel de cinéma : Score #6)

 


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