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BEST OF SÉRIES 2025 : Maturités

Contrairement aux films de longs métrages plus que jamais le cul entre deux chaises entre blockbusters et films d’auteurs égarés en salles ou en streaming (lire ici), les séries inédites et même saisonnières atteignent une maturité inespérée. La preuve avec Adolescence, un choc formel ET thématique.

Les quatre épisodes d’Adolescence auront saisi tout le monde aux tripes. Avec raison. Le filmage sidérant d’habileté en temps réel continu de chaque épisode, le décorticage de la masculinité toxique en ligne et en classe et, bien sûr l’interprétation de tous les concernés informent et bouleversent sans ambiguïté. Le Royaume-Uni se penche même sur ce problème sociétal/parental depuis la diffusion de la série sur Netflix. Depuis quand un film a eu autant d’impact sur le monde ?

Mes 13 séries préférées de 2025…

  • Adolescence (mini-série)
  • Squid Game (saison 3, suite de la saison 2)
  • Empathie (saison 1)
  • Glass Heart (mini-série japonaise… 10 épisodes !)
  • The White Lotus (saison 3)
  • The Last of US (saison 2)
  • You And Everything Else (mini-série coréenne… 15 épisodes !)
  • Sirens (mini-série)
  • Landman (saison 2)
  • Chief of War (mini-série)
  • The Diplomat (saison 3)
  • Nine Perfect Strangers (saison 2)
  • Alien : Earth (saison 1)

Battle pas loyale

Pour cause de culture jeu vidéo critique face aux battle royal (tout le monde s’étripe dans un même espace) puis, de la même façon, en rejet total des jeux du cirque télévisuels ou, désormais sur YouTube, j’avais fait une fierté personnelle de résister au tsunami médiatique lors de la première saison de Squid Game. Rétrospectivement quelle erreur bien sûr. Aspiré cette année par la qualité des séries japonaises et coréennes que produit Netflix en masse, je me suis résolu à tenter le visionnage Squid Game et, bien entendu, j’ai totalement craqué. Parce que, évidemment, au-delà du jeu sadique, le scénario et la mise en scène du créateur Hwang Dong-hyuk sont saisissantes. Le plus fort réside notamment dans le portrait psycho-social des joueurs poussés dans leur limite. Même si la surprise est moins grande, la deuxième saison coupée en deux et bouclée cette année ravage tout autant le coeur. L’évolution émotionnelle de l’anti-héros Seong Gi-hoon, alias 456, transforme, en tous cas dans mes écrans, l’acteur Lee Jung-jae en méga star. Un petit coup d’oeil amusé à la série tournée depuis : Au Plaisir de ne pas faire ta connaissance (Nice to Not Meet You) sur Prime Vidéo, confirmera, du drame à la comédie, tout le talent et le charisme de Lee Jung-jae.

Squid Game S02-03 / Lee Jung-jae

Pluie d’amour

Puis, dans le registre relations humaines au plus intime, la série franco québécoise surprise Empathie écrite et interprétée par Florence Longpré au côté du français Thomas Ngijol joue aussi au ping-pong émotionnel du je-t’aime-moi-non-plus. Une confusion des sentiments hétéro-gays sur un fil d’autant plus casse-gueule qu’elle se passe au milieu d’un hôpital psychiatrique. Un sujet qui fait peur mais non, l’humanité qui se dégage de tous les personnages plus ou moins équilibrés balaie toutes les inquiétudes.

Empathie (saison 1)

Coeurs de verre

Du côté des séries asiatiques où les mini-séries peuvent faire jusqu’à 10 ou 15 épisodes d’une heure (!), Glass Heart nous offre un enivrant et tourmenté voyage musical au sein d’un groupe de rock japonais en quête de succès. La jeune apprentie batteuse qui court après un génie de la musique un rien absent au monde réel (rançon du génie sans doute) propose de nombreuses scènes en live ou en répétition réalisées avec beaucoup de classe. La passion de la musique transpire de chaque plan.
La mini-série, cette fois coréenne You And Everything Else (15 épisodes !) suite l’amitié trahie de deux amies d’enfance à travers plusieurs décennies, le tout sur fond d’études de cinéma des protagonistes. On déteste et adore le duo tour à tour sans jamais être très certain d’identifier les vraiment méchant(e)s. La série révèle aussi dans nos écrans l’actrice Kim Go-eun capable de belles transformations (voir ausi sa prestation habitée dans la série Le Prix des Aveux également sur Netflix).

Glass Heart / Netflix

Volcanique

Autre surprise pour de bon culottée, surtout jouée en langue native hawaïenne, la série Chief Of War produite, interprétée et même parfois co-écrite par Jason Momoa lève un voile historique méconnu sur les tentatives d’unification des îles hawaïennes à la fin du XVIIIe siècle. Comme attendu, les conflits occasionnent des batailles sanglantes entre tribus indigènes et affreux colons blancs, mais pas que. Visiblement bien documentée, la série met aussi en valeur le mode de vie, les moeurs et les rituels colorés de la population originale hawaïenne. Une découverte sincère.

Chief of War / Jason Momoa

Super bad girls

Si l’on croit encore que seuls les hommes se créent des univers impitoyables, le visionnage de la mini-série Sirens rappellera que la cruauté existe aussi dans le royaume des femmes. Pseudo gourou de luxe, Julienne Moore règne ainsi d’une main de fer sur son chic domaine quasi exclusivement féminin jusqu’à ce que la punkette Meghann Fahy (The White Lotus saison 2) débarque pour arracher sa soeur à son emprise (Milly Alcock, attention, la prochaine Supergirl à la mâchoire carrée de James Gunn). Les règlements de compte font aussi mal entre filles.

Sirens / Meghann Fahy

Alien runner

Cas à part, entre fascination et circonspection, le projet Alien: Earth signé Noah Hawley (toutes les excellentes saisons de Fargo, excusez du peu) appelle un deuxième visionnage. L’univers du film Alien version Ridley Scott se retrouve bien à l’écran, mais, sans peur ni scrupule, Hawley y greffe plusieurs autres thématiques politico-économiques, multiplie les espèces alien au point de banaliser l’original de H.R. Giger. Plus déconcertant encore, le récit ce concentre d’abord sur des androids à la Philip K. Dick comme si Alien et Blade Runner appartenaient au même univers. À l’ère des réunifications mercantiles forcées des univers/multivers, est-ce une bonne idée créative ou un gimmick mercantile ? On attend la saison 2 avec curiosité, donc Noah Hawley a d’ors et déjà gagné son pari.

Alien Earth (saison 1)

Saisons 2 (ou 3)

Les nouvelles saisons de The White Lotus, The Last of US, The Diplomat, Landman et, plus inattendu, de Nine Perfect Strangers, remplissent sans décevoir le contrat qualitatif haut de gamme signés entre les spectateurs et leurs saisons 1. Au point que des suites ne seraient pas de trop.

François Bliss de la Boissière

Bonus…

Plaisir coupable, la saison 3 de The Gilded Age : ses paillettes, ses fabuleuses toilettes, sa révolution industrielle, ses enthousiasmes et échecs amoureux, sa lutte de classe (nouveaux riches et anciennes fortunes) dressent un portrait de l’Amérique naissante (en l’occurrence New York au début du XX siècle) assez utile aussi pour comprendre celle d’aujourd’hui.

The Gilded Age (saison 3)