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Best of Séries 2024 : Ripley, Fargo… chefs-d’œuvre en mode replay

Les mini-séries semblent en augmentation plutôt que les saisons dont on ne voit jamais la fin, voilà une bonne nouvelle. Savoir que la trame sera complète sur 4 ou 6 épisodes revient à accepter un contrat de visionnage, certes plus long qu’un film, mais complet. Bonus bâtard acceptable aussi : les demies saisons qui deviennent des finales… J’ai ainsi parcouru presque jusqu’au bout une quarantaine de séries cette année…

Mes 10 séries préférées de 2024…

  • Ripley (mini-série)
  • Fargo (saison 5)
  • Alice & Jack (mini-série)
  • The Penguin (saison 1)
  • Hippocrate (saison 3)
  • Feud : Capote vs The Swan (mini-série)
  • La Maison (mini-série C+)
  • La fièvre (mini-série C+)
  • Yellowstone (saison 5 finale)
  • Landman (saison 1)

Et aussi…

  • La Diplomate (saison 2) 
  • Expats (mini-série)
  • La Palma (mini-série Norvège/ Netflix)
  • Penelope (mini-série, encore inédite en France ?)

Ripley, l’inattendue adaptation N&B du roman Le Talentueux Mr Ripley de Patricia Highsmith remplace en un magnifique coup de grâce esthétique les versions cinéma de René Clément (Plein Soleil, 1960) et d’Anthony Minghella avec Matt Damon (1999). De toute beauté, impressionnants de maîtrise visuelle et sonore, les 8 épisodes de cette mini-série diffusée sur Netflix s’impose comme une oeuvre cinématographique majeure.

Pouvait-on encore attendre une surprise dans l’univers désormais bien balisé du Fargo des frères Cohen après un film et 4 saisons traitées comme une anthologie ? À cette question, le showrunner et scénariste Noah Hawley a livré une réponse sans équivoque. Oui et plus que oui. Saisissante à tous points de vue, cette saison 5 est sans doute la meilleure. D’une cruauté terrible, avec des personnages d’une candeur invraisemblable, des acteur-rices complètement habités, un contrôle incroyable du tempo et des situations tragico-comiques, la saison déroule un manifeste féministe autant qu’une dénonciation de l’Amérique nationaliste que l’on regarde éberlué les yeux dans les yeux, larmes de sang au coin de l’oeil. D’une présence incroyable malgré sa taille menue, Juno Temple au centre du récit devra recevoir toutes les récompenses du monde pour son rôle et son accent hilarant du Minnesota. Monstrueusement odieux et charismatique, Jon Hamm engloutit enfin son personnage de Don Draper des Mad Men dans un rôle de shérif sécessionniste « constitutionnel » qui ne s’oubliera pas non plus.

Dans le registre rôle à transformation, Colin Farrel réussit lui aussi un tour de force sous le lourd maquillage du Pingouin de Batman sans Batman. Au-delà du personnage lui-même, la série s’appuie sur un très bon scénario axé sur la psyché bien tordue des personnages (mention spéciale à Cristin Milioti qui s’impose durablement dans le rôle de femme fatale sociopathe de Sofia Falcone) et un Gotham qui ne démérite pas du film de Matt Reeves. Le générique illustré inhabituellement placé en fin d’épisodes est lui aussi une totale réussite.

Une nouvelle fois passionnante et cette fois presque à nu, Andrea Riseborough livre aux côtés de Domhnall Gleeson un numéro d’équilibriste dans une histoire d’amour insaisissable particulièrement juste et émotionnelle. Alice & Jack frôlerait le mélodrame si la justesse des dialogues ne mettaient à distance toute tentation de sentimentalisme excessif. Bouleversant malgré tout, d’où la réussite.

L’intarissable dialoguiste et scénariste Taylor Sheridan est tellement sur tous les fronts, y compris en tant qu’acteur dans ses séries, que cela en devient inquiétant, entre génie et égo-narcissisme. La finale excessivement larmoyante de Yellowstone qui se joue quasi exclusivement autour de la mort du personnage absent/démissionnaire de Kevin Costner renvoie avec une étonnante ironie à l’un des tout premiers rôles de l’acteur bougon, pour ne pas dire toujours fâché à l’écran. En effet, dans le très aimé The Big Chill de 1983 signé Lawrence Kasdan, des amis de longue date se retrouvent lors du décès précipité de l’un d’entre eux. Le mort en question aimé de tous est interprété par… Kevin Costner qui sera entièrement coupé au montage ! Curieux parallèle 40 ans plus tard.
Plus réussie que l’autre nouvelle série (paramilitaire) Lioness écrite par l’inévitable Taylor Sheridan, la saison 1 de Landman a le mérite de mettre à jour le fonctionnement de l’industrie aux mains sales du pétrole au Texas. Le tout avec des personnages féminins très hauts en couleurs dont se sort fort bien des clichés la volcanique, et sans doute bipolaire, Ali Larter. Tout aussi viriliste que soient les séries de Sheridan, celui-fait naître à chaque fois des personnages féminins aussi forts, sinon plus, que les hommes autour. Quitte à leur écrire des dialogues… exagérément couillus.

François Bliss de la Boissière

(relecture danybliss)
(Photo de Une : Ripley / Netflix (DR))

Juno Temple / Fargo Saison 5 (DR)

Yellowstone saison 3 : Néowestern enfin star

Alors que la saison 5 sera diffusée le 15 novembre sur le territoire américain, que la saison 4 a intéressé une audience record inattendue (devenue n°1 en 2021 aux USA avec 14,7 millions de spectateurs) qui catapulte le drame rural politico-familial en nouveau phénomène, la saison 3* s’installe enfin sur Salto aux côtés des saisons 1 et 2. Voilà au moins une bonne raison de se réabonner à ce service de streaming français spécialisé dans les séries françaises familiales.

Grâce à l’écriture percutante du créateur-scénariste-acteur, texan et cow-boy authentique, Taylor Sheridan, devenu à lui tout seul un énorme vivier créatif (scénariste des films Sicario, il s’occupe aussi des séries 1883 – formidable – et Mayor of Kingstown encore inédits en France), Yellowstone dresse un portrait néo-classique des cow-boys d’aujourd’hui en l’encrant dans les problématiques de la vie contemporaine.

Le bourru Kevin Costner chef de famille propriétaire du ranch et sa fille (très impressionnante actrice Kelly Reilly dans la peau d’une femme d’affaire intraitable, remarquée depuis 2002 avec L’Auberge Espagnole puis Les Poupées Russes de Cedric Klapisch mais aussi en junkie réhabilitée dans Flight avec Denzel Washington en 2012) défendent leur territoire et leur mode de vie traditionnel contre des multinationales cherchant à installer un aéroport et des complexes hôteliers.

Filmée dans le Montana aux abords du parc national de Yellowstone, la série fait goûter des modes de vie – cow-boys alias « garçons vachers », réserves indiennes, dressages de chevaux, rodéos… tout en offrant le spectacle fascinant des indémodables paysages du Nord Ouest américain.

*La saison 4 arrive finalement très vite sur Salto dès le 14 octobre!

De Taylor Sheridan, avec Kevin Costner, Kelly Reilly, Luke Grimes… Série en 10 épisodes de 45’ sur Salto.

François Bliss de la Boissière

(Chronique parue dans le mensuel Comment ça marche, septembre 2022)


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Best of Series 2021 : Drames d’intérieurs

Que dire sur les séries réussies et essentiellement adultes sinon qu’elles font la démonstration que le cinéma ne suffit plus. En tous cas pas, sans le nommer, celui trop numérique qui essaie de remplir les salles. 

Même en osant l’hérésie d’un intouchable remake tout en inversant le propos (Scenes from a Marriage), une saison 2 (The Morning show), un western contemporain faussement réac (Yellowstone enfin en France), des pseudos vacances à la plage (The White Lotus) ou pauses thérapeutiques (Nine Perfect Strangers et le tétanisant En Thérapie français), ces séries là ont plongé dans l’âme humaine avec une force incisive peu commune.

Dialogues, mise en scène, photogénie n’ont absolument rien à envier au meilleur du cinéma. Et quand les sujets et les showrunners font venir les acteurs/actrices du grand écran – avec des statuts de co producteurs, donc pour entendre leur opinion créative – on obtient des objets cinématographiques qui ne se contentent plus de 1h30 ou 2h de projection.

En passant, de Yellowstone en 4 saisons (2 seulement accessibles en France ? Allons !), au récent préquel 1883 (pas encore en France ? Allons !), Taylor Sheridan s’installe aux côtés de Aaron Sorkin comme un des plus importants scénariste/dialoguiste au monde (au style concis et mordant à la James Cameron). Sans compter qu’il met aussi en scène films et nombreux épisodes. Très fort aussi, tout en valorisant le masculin, il développe des personnages féminins hors du commun. Dans Yellowstone, Sheridan offre à l’actrice britannique Kelly Reilly (que le public français avait tant aimé dans L’ Auberge espagnole et Les Poupées russes de Cédric Klapisch) un rôle d’une puissance telle que son talent explose à l’écran d’épisodes en épisodes.

Un petit regret enfin avec la disparition du réalisateur Jean-Marc Vallée cette année. Il laisse derrière lui, avec un style particulier de filmage et de montage, deux formidables séries (Big Little Lies saison 1, et Sharp Objects) ainsi que, moins connu dans sa filmographie, le long métrage Demolition qui, avec beaucoup d’élégance, en dit long sur la mort et le deuil.

Mes 10 séries préférées (et vues jusqu’au bout) de 2021

  • Scenes from a Marriage
  • En thérapie
  • Yellowstone
  • Colin in B&W
  • Cry Wolf
  • The White Lotus
  • Nine Perfect Strangers
  • Mare of Easttown
  • The Morning show 2
  • Dopesick

Mention spéciale

  • The Beatles : Get Back. Signée Peter Jackson, la vertigineuse réhabilitation de l’enregistrement du Get Back des Beatles redonne vie à toute une époque. Et laisse voir de très près le processus créatif des Fab Four. Magique.

François Bliss de la Boissière

Kelly Reilly dans Yellowstone

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