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Les blockbusters du jeu vidéo trébuchent sur la dématérialisation

Aussitôt annoncée la date de mise à disposition en téléchargement du 2e chapitre inédit de la saga Grand Theft Auto IV le 29 octobre prochain, le studio Rockstar s’empresse de préciser qu’il sera également vendu en magasin sur un disque en compagnie du 1er chapitre. Deux pas en avant, un pas en arrière, l’heure du jeu vidéo blockbuster dématérialisé n’a donc pas encore tout à fait sonné.

GTAIV

The Lost and the Damned, le premier chapitre indépendant du multimillionnaire Grand Theft Auto IV (GTA IV), commercialisé uniquement sous forme dématérialisée sur le Xbox Live en février 2009, aurait dû signer l’avènement du jeu vidéo blockbuster téléchargeable en chapitres sur console. Au lieu de quoi, le succès modéré de l’opération que l’on peut déduire de l’omerta de l’éditeur Take Two sur les chiffres de vente, aurait plutôt freiné l’élan. Et au moment de la sortie attendue, encore en exclusivité sur Xbox Live le 29 octobre, du 2e chapitre au titre clin d’œil et subversif digne de la série (The Ballad of Gay Tony), Dan Houser, un des fondateurs vedettes du studio Rockstar à l’origine de la série, annonce, à la surprise générale, la commercialisation en parallèle des 2 épisodes simultanés sur disque Xbox 360 (qui ne nécessitera pas de posséder le jeu original pour fonctionner).

Un horizon flou comme la dématérialisation

L’avenir du jeu vidéo sera téléchargeable, plus personne n’en doute. Mais quand exactement aura lieu le basculement définitif entre la vente traditionnelle de jeux en boite dans les magasins et la dématérialisation totale ? Dans un sérieux reportage vidéo allant à la rencontre de la crise économique aussi installée dans l’industrie du jeu vidéo, l’ancien directeur créatif d’Oddworld Inhabitants, Lorne Lanning, toujours prêt à jouer les prophètes, ne donne pas plus de 5 ans au jeu vidéo « en boite » avant de rejoindre le destin du vinyle. Tout en confirmant la croissance de la vente en ligne de contenu de jeux, une étude plus réservée de Screen Digest prévoit que d’ici 2013, les 830 millions d’euros dépensés à l’acquisition de jeux complets dématérialisés ne représenteront que 11 % du marché des jeux pour consoles, le reste étant encore vendus en boite. Aussi dynamique soit-elle et malgré sa durée de vie allongée à 10 ans, cette génération de consoles ne servirait que de répétition à la consommation en masse de loisirs dématérialisés. La prochaine vague de consoles de salon, que tout le monde a du mal à cerner au milieu de la fusion généralisée de tous les services dans des box de plus en plus interchangeables, signerait, elle, l’avènement de la vente totalement virtuelle, entre autres, de jeux vidéo.

Deux pas technologiques en avant

Au jour d’aujourd’hui, le marché du jeu vidéo, toujours à la pointe des tendances, avance de deux pas un jour, pour reculer d’un pas le lendemain. Le succès incontestable des DLC, ces Downloadable Contents ou encore, en français, « contenu téléchargeable » (et non « date limite de consommation »), qui occupent les communiqués de presse éditeurs et les conversations des gamers, s’arrêtent là où prix et contenu ne trouvent pas une harmonie culturelle encore à définir.
Il suffit de prendre l’exemple du nombre vertigineux de chansons disponibles à l’achat autour des jeux musicaux Guitar Hero et Rockband sur les stores Sony et Microsoft, pour mesurer à vue d’œil et d’oreille l’accélération incontestable des microtransactions sur consoles. Le nombre d’extensions de jeux (DLC donc) un jour apanage du jeu sur PC (add-ons sous la forme classique de maps, de nouveaux engins, de nouvelles épreuves ou récemment, plus fétichistes, de nouvelles tenues pour les héros…) ne cesse de croitre sur les trois consoles de salon. Un marché dématérialisé qui peut aller jusqu’à, exceptionnellement, faire le succès d’un jeu inédit dit d’arcade comme le récent Shadow Complex, supervisé par Epic Games connu pour la série Gears of War, triomphant publiquement à 200 000 exemplaires vendus en 2 semaines. Entre les rééditions de jeux anciennes générations sur la console virtuelle de la Wii, le Xbox Live Arcade de la Xbox 360 et le PS Store de la PlayStation 3, les consommateurs sont entrainés depuis 3-4 ans, à faire l’acquisition de jeux à prix réduits associés à une réalisation sérieuse mais visiblement modeste par rapport aux superproductions. L’écosystème va jusqu’à permettre d’acheter et transférer des jeux complets à partir des consoles de salon jusqu’aux consoles portables comme la PlayStation Portable et la DSi de Nintendo. Sans lecteur de disques UMD, le nouveau modèle de PSP baptisée Go, disponible le 1er octobre, ne fonctionnera plus qu’avec des jeux dématérialisés téléchargeables. Et bien sûr, depuis un an, l’AppStore et ses 6 000 jeux iPhone/iPod Touch a fait exploser les modèles d’offre et de demande.

Un pas culturel en arrière

Le succès de ces modèles repose néanmoins sur une politique de petits prix. Les jeux les plus sophistiqués comme les chapitres inédits de GTA IV plafonnent à 20 € et se cognent visiblement déjà aux limites des habitudes d’achat. À partir de quelle somme le consommateur-joueur éprouve-t-il le besoin d’avoir une trace concrète de son acquisition ? Tel un effet miroir renvoyant en magasins, la multiplication récente de versions collectors de jeux comme le récent Batman : Arkham Asylum ou le prochain Assassin’s Creed II, qui ajoutent entre 20 et 30 € à la facture déjà salée de 70 € de base, prouve que le consommateur reste plus enclin à payer cher la preuve en plastique de son achat plutôt qu’une portion inédite du jeu en ligne. Une faiblesse qu’encourage encore les éditeurs de jeu vidéo qui ne veulent surtout pas s’aliéner les circuits traditionnels de distribution. Si la mise en vente récente de jeux complets première génération Xbox 360 sur le Xbox Live semble une innovation, voire une prise de risque, le prix de vente calé à 30 euros se révèle plus élevé que celui du jeu désormais soldé en magasin (entre 15 et 25 € les titres en question). Devant la nécessité de ménager la chèvre et le chou, la poussée en avant technologique et culturelle de la dématérialisation souhaitée par Microsoft se limite pour l’instant à des phases d’observations et de béta tests. Le peu de succès de la vente dématérialisée sur le Xbox Live d’une poignée de jeux disparus des magasins de la première console Xbox, prouve que ce sont aussi les habitudes du consommateur que Microsoft, et les autres éditeurs embarqués dans l’aventure, explorent en tâtonnant.

Marche arrière forcée

La nouvelle PlayStation 3 Slim laissant encore une fois de côté, au grand dam des gamers à la pointe, la rétro compatibilité avec le catalogue de jeux PlayStation 2, contrairement aux premiers modèles de PS3 commercialisés en 2006 et 2007, on devrait s’attendre en toute logique évolutive à ce que Sony commence à vendre des jeux PS2 aux côtés des jeux PlayStation One sur son PS Store pour être jouables de façon émulée sur PlayStation 3. Pourtant, encore une fois, alors que Sony a aussi pour objectif de promouvoir son format Blu-ray contrairement à Microsoft, Sony Computer a annoncé, aux USA pour l’instant, la réédition remastorisée et upgradée de ses deux blockbusters God of War I et II de la PlayStation 2 réunis sur un seul disque Blu-ray destiné à la PS3. Deux pas en avant virtuel, un pas en arrière matériel, cahin-caha, le jeu vidéo poursuit ainsi prudemment son inexorable chemin vers la dématérialisation.

François Bliss de la Boissière

(publié le 14 septembre 2009 sur Electron Libre)

 


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Avec le jeu vidéo, votre petit foyer peut contourner la crise…

Le film La Crise de Coline Serreau propulsait ses deux héros dans la rue en 1992. Entretenue par un hiver rude et des températures s’installant en dessous de zéro, la crise globalisée d’aujourd’hui aurait plutôt tendance à cloitrer les gens chez eux, tant qu’ils ont un toit. Depuis la vraie crise française de 1995, il faut dire, Internet, home cinéma et jeux vidéo ont envahi puis relié au monde tous les foyers. Consommer, chercher du travail, jouer ou même sociabiliser, ne nécessite plus de sortir de chez soi. Régression et repli sur soi pour les observateurs à l’ancienne, confort et comportement avant-gardiste pour les pratiquants convaincus. Depuis quelques années, le jeu vidéo lui-même s’est assoupli, enrichi pour englober toutes sortes d’expériences interactives et donc susceptibles d’intéresser tous les membres de la famille. À moins d’avoir le diable au corps et le besoin impératif de se confronter physiquement aux épreuves réelles ou inventées de la vie, comme de devenir ambassadeur contre la faim dans le monde, alpiniste, champion de l’ex Paris-Dakar ou du Vendée-Globe, le loisir interactif qui s’impose un peu plus chaque année comme l’activité plébiscitée du foyer, se révèle un bon substitut à toutes les expériences. Notamment en cas de grand froid, hivernal ou économique.

Premier réchauffement possible, vérifier que sa liste d’amis joueurs, et donc plus ciblée que sa liste frimeuse d’amis publics Facebook, soit bien à jour sur ses consoles Xbox 360, PlayStation 3 et même Wii. Car, entre les parties, pendant les jeux et même le visionnage de films, il est possible, avec ou sans webcam, de tchater ou carrément taper la discute au casque-micro. Entre gamers, il y a toujours moyen de se comprendre. À partir de là il sera envisageable de contacter un « ami » n’importe quand pour jouer avec ou contre lui. Mais idéalement, évidemment, c’est avec la personne à ses côtés dans son doux foyer protégé des vagues d’austérités du dehors qu’il faut réussir à jouer. Et pour intéresser leurs partenaires, les garçons devront accepter de déposer provisoirement les armes et les filles devront prendre un peu plus au sérieux leurs performances. De retour de la guerre, le repos du gamer guerrier peut désormais être pris en charge psychiquement avec une double séance sur PS3 de l’aquatique FlOw pour valider quelques paliers de décompression puis du fleuri FlOwer pour retrouver goût à la légèreté et aux embruns peace & Love, avant de se faire penser les plaies sur Wii avec la dernière version de simulation de chirurgie Trauma Center : New Blood. Pour refaire connaissance avant de partager fusionnellement de nouvelles expériences interactives pourquoi ne pas commencer par ressortir le Cérébrale Académie de la Wii et se remettre ensemble à niveau ? Avant d’attaquer la grande aventure contemporaine du jeu vidéo, un petit tour dans les catalogues de jeux des années 80, 90 et 2000 disponibles en téléchargement surtout sur Wii mais aussi sur Xbox 360 et PS3, devrait offrir l’opportunité de comparer, voire partager, même sans y jouer, quelques souvenirs, sinon les siens, ceux du grand frère, voire, puisque les gamers aussi vieillissent, des parents.

Une fois les racines plantées, le décollage pour Oz devient possible.
Désireux de voyager sans passeport vers le soleil et les jungles antédiluviennes ? Le dernier Tomb Raider Underworld permet sans fatigue ni bagage de crapahuter en Thaïlande ou au Mexique et les 2 chapitres inédits complémentaires en vente en ligne dernièrement ajoutent de nouvelles étapes au tour du monde. Déjà fatigués de la campagne, même exotique ? Envie de retrouver la ville, ses rues, sa crasse, le bouillonnement de sa population bariolée ? Pourquoi ne pas d’abord visiter le bourg provincial d’Animal Crossing Let’s Go To The City dont l’accessoire Wii Speak autorise la causette avec ses colocataires éloignés sur Wii, et où vous aurez commencé à décorer amoureusement votre résidence secondaire ? Presque plus sérieusement, il faudra sans doute se refamiliariser avec la vie en société et les étranges mœurs humaines avec le 3e vrai chapitre des Sims sur PC. Ensuite, seulement, après ces gentil sas de recompression, il sera temps de se diriger vers la ville de toutes les villes en retournant faire un tour dans le New York, alias Liberty City de Grand Theft Auto IV, à l’occasion de la sortie du chapitre inédit The Lost and the Damned.

Aussitôt étourdi ? Vite, à l’abri dans un shopping mall aseptisé mais reposant ! Le carrefour virtuel du PlayStation Home permettra de faire quelques achats et, peut-être, de retrouver des amis aussi en balade. Samedi soir, souvenirs de sorties en boites de nuit ou en concert commencent à greffer des scrupules à ce cocooning trop durable. C’est le moment de sortir les instruments de musique virtuels. D’abord l’instrument à tout faire Wii Music pour s’échauffer et tenter de créer de concert une petite mélodie bien à soi. Puis, la soirée avançant, le sang commençant à battre sérieusement après une séance de karaoké au micro de Singstar sur PS3 ou Lips sur Xbox 360, il faut sortir les gros moyens. Guitare et batterie de Guitar Hero ou de Rockband donnent alors le gout du bœuf salé de sueur et de larmes. Les plus sages auront bifurqué avant sur la petite musique du délicat jeu de rôle Eternal Sonata évoquant avec poésie la vie de Chopin.

Dimanche matin, le vrai footing (… dehors !?) n’est toujours pas imaginable mais le programme et la planche Wi Fit sont toujours là pour permettre à monsieur de compter ses pompes et à madame de faire du yoga avant un peu de step. L’après-midi, après quelques Leçons de Cuisine presque pas pour de rire sur DS, et si les parents se sont brusquement invités pour le thé, il va être temps de sortir le dernier épisode à tout faire des quizz façon jeu TV avec Buzz ! cette fois consacré aux « plus malins des français ». Une fois les invités amadoués, tentez votre chance avec la suite de l’excellent Boom Blox devenu Bash Party sur Wii, car tout le monde sait lancer un caillou vers l’écran pour faire tomber des piles de briques, n’est-ce pas ? Tabac assuré même chez les non gamers et non fumeurs.

Une fois enfants ou parents repartis, l’envie de retourner aux choses sérieuses et vers les vrais connaisseurs de jeu vidéo dont vous partagez intuitivement la culture vous fera relancer LittleBigPlanet sur PS3. À deux vous continuerez de construire, en vous étonnant de votre imagination, ce niveau beaucoup trop élaboré qui ne verra jamais le jour, avant d’aller essayer les niveaux publiés par d’autres amateurs que vous jalouserez jusqu’à la mort. Tant de perplexité et complicité créative partagée vous entraineront dans des conversations théoriques sur l’art, les concepts et le jeu vidéo et puisqu’il n’est toujours pas question de sortir par ce temps… de crise, il sera l’heure d’essayer de comprendre en réfléchissant à deux et, qui sait, finir, l’étonnant et cérébral Braid sur Xbox 360. Enfin, si avec un peu de chance, l’éclairage chaleureux du coucher de soleil veut bien s’activer, après un transit par l’affable bourgade anglo-normande de Duelville au cœur de Banjo-Kazooie Nuts & Bolts sur Xbox 360, un petit tour sur le lac à remous de la Plaine aux Écrous du même Banjo consolidera l’idée que, oui, décidément, le jeu vidéo c’est vraiment le nouveau pays des merveilles et que pour s’en arracher, le monde réel va devoir nettement s’améliorer.

Divan… François Bliss de la Boissière

(Publié en 2009 dans AMUSEMENT #4)

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