Archives par mot-clé : Kingdom of Heaven

La petite musique des jeux vidéo

De ses débuts il y a tout juste 30 ans jusqu’à aujourd’hui, le jeu vidéo a évolué très vite, techniquement et artistiquement. La musique illustrant les jeux vidéo est par exemple passée des sons bip bip 8-Bits de ses débuts aux compositions orchestrales d’aujourd’hui. La technologie a suivi cette évolution mais pas toujours la législation. Surtout en France où l’exception culturelle qui protège les auteurs-compositeurs au risque de compromette l’équilibre budgétaire nécessaire à la conception d’un jeu vidéo.

L’âge adulte artistique

Bien que restitués avec des moyens techniques alors limités à sa naissance dans les années 70 aux années 90, les thèmes musicaux des premiers jeux vidéo ont acquis une célébrité jusqu’à devenir des classiques et être interprétés par des orchestres symphoniques. L’apparition du support CD sur ordinateur, puis la première console PlayStation de Sony, a changé les choses au milieu des années 90 en permettant d’illustrer l’environnement sonore et musical des jeux avec une qualité optimale de reproduction. Habitué à concevoir des musiques synthétiques plus économiques à produire, l’industrie dans son entier n’a pas immédiatement basculée vers des compositions acoustiques. Aujourd’hui néanmoins, les mélodies que l’on entend sur les derniers jeux Mario sur Wii (Super Mario Galaxy…) ont été enregistrées par un vrai orchestre symphonique et s’apprécient dans toute leur grâce pendant que le joueur saute de planètes en planètes. 

Avec l’arrivée des ambitieuses consoles PlayStation 2 et Xbox dans les années 2000, les jeux vidéo ont commencé à se mettre en scène et à se dramatiser avec des partitions musicales dignes de productions hollywoodiennes. Certains compositeurs travaillent d’ailleurs dans les deux industries. Un des plus connus, Harry Gregson-Williams, a composé la musique du jeu Metal Gear Solid et des films Shrek, Narnia, Kingdom of Heaven… Immédiatement identifiables, les thèmes des séries de jeux japonais Dragon Quest, ou Final Fantasy, composé par le respecté Nobuo Uematsu, et américains, Halo composé par Martin O’Donnell, génèrent, comme ceux des films Star Wars, Indiana Jones ou Superman un culte lié à toute l’émotion que les notes de musique peuvent provoquer.

La musique de jeux vidéo en tournée

Depuis 2005, un orchestre symphonique dirigé par la baguette de deux chefs d’orchestre compositeurs de musique de jeux, Tommy Tallarico (Earthworm Jim, Prince of Persia…) et Jack Wall (Myst III et IV, Splinter Cell, Mass Effect 1 et 2…), interprète en public dans les plus prestigieuses salles de concert du monde les thèmes d’une sélection de jeux vidéo célèbres. Déjà passée deux fois à Paris, la dernière prestation de la tournée Video Games Live a eu lieu dans le Palais des Congrès de la capitale le 17 décembre dernier avec un nouveau chef d’orchestre, l’italien Emmanuel Fratianni, compositeur co-crédité sur le jeu Advent Rising. Ponctuellement, des invités rejoignent les prestations live. Kinuyo Yamashita, la compositrice japonaise du jeu Castlevania a par exemple participé aux concert donnés à Newark aux USA fin décembre 2010. Lors de la première représentation à Paris en 2009, le créateur français du jeu Rayman, Michel Ancel, est monté sur scène avec deux musiciens pour jouer en live le thème de son prochain jeu Beyond Good and Evil 2. Une captation du concert existe en CD Audio et il est possible d’écouter des extraits gratuits en streaming sur Deezer.

L’élite des OST

Réservés à une élite de passionnés qui devaient acheter à prix d’or des versions imports, les OST (Original Sound Tracks), ou bandes originales de jeux vidéo, ont commencé à être éditée en CD Audio. D’abord au Japon grâce aux compositions très appréciées sur les jeux de rôle des éditeurs Square et Enix, puis, peu à peu dans le reste du monde. De nos jours, les OST ne sont plus rares et se trouvent presque facilement dans le commerce en France. À commencer par les magasins de musique dématérialisée accessible sur les stores d’Amazon ou d’Apple. La musique des jeux Mass Effect 1 et 2 signée Jack Wall est par exemple disponible en 6 albums sur iTunes. Le store Apple référence également 10 OST des jeux vidéo japonais Final Fantasy : des bandes originales complètes ou des réinterprétations orchestrales ou au piano.

Musique étouffée en France

En pleine effervescence, la création de musique pour jeu vidéo est freinée en France par une situation juridique aujourd’hui bloquée. Encore considéré comme un simple logiciel informatique, le jeu vidéo ne peut pas s’appuyer sur un réel statut législatif et culturel. Un trouble légal qui peut créer des situations dramatiques comme le raconte Emmanuel Forsans, un ancien producteur de jeux vidéo en France, actuellement responsable de l’Agence Française pour le Jeu Vidéo (AFJV).

« Les sociétés de jeux vidéo français ne veulent plus faire travailler les compositeurs français pour des raisons de droits d’auteurs inquantifiables à payer » explique Emmanuel Forsans. « Le jeu vidéo étant depuis son origine considéré juridiquement comme un logiciel et non une œuvre, l’usage jusqu’ici avait été de payer le travail d’un compositeur de musique de jeu vidéo une somme forfaitaire nette. Mais il y a quelque temps, un compositeur français est revenu sur cette convention et les tribunaux lui ont reconnu, comme pour les compositeurs de musique de films, un droit de propriété intellectuelle sur sa musique qui l’autorise à percevoir des droits d’auteurs, c’est à dire un fort pourcentage sur les ventes du jeu. Le studio de développement qui l’avait déjà payé une somme nette a été obligé de lui régler une somme rétroactive si élevée que l’entreprise a été mise en grande difficulté financière. Depuis, dans le milieu, plus personne n’ose faire travailler un musicien français. Même si la loi n’a pas été modifiée et que du côté de la Sacem (l’organisme qui collecte et redistribue les droits d’auteurs aux artistes), le jeu vidéo reste un logiciel, ce premier cas peut faire jurisprudence.« 

Musique de chambre entre le CNC, le SELL, le SNJV et la SACEM

Depuis plusieurs années et encore à ce jour, des discussions sont en cours entre la Sacem et le SELL (instance de représentation des éditeurs de jeux et de logiciels) autour de la définition du jeu vidéo et de ses composantes artistiques. Donnent-elles, ou pas, droit, à des rémunérations spécifiques liées à la propriété intellectuelle ? Déjà engagé dans le dossier jeu vidéo, le CNC (Centre National de la Cinématographie) arriverait un peu mieux plus à faire avancer les choses selon Emmanuel Forsans. Au cœur de cette négociation, c’est la définition même de ce qu’est le loisir interactif qui se pose. « Le jeu vidéo est un ensemble hétéroclite d’images, de sons, d’interactions » expliquait en 2009 Nicolas Gaume actuel Président du SNJV (Syndicat National du Jeu Vidéo), « il n’a pas de statut juridique mais des jurisprudences contradictoires« .

« On a un peu surprotégé les musiciens en France« 

Programme informatique composé d’éléments rudimentaires animés et bruités à ses débuts, le jeu vidéo a évolué vers un ensemble composite faisant appel à des talents dans de nombreuses disciplines, en plus des programmeurs informatiques : illustrateurs, graphistes, animateurs, scénaristes, dialoguistes, acteurs, cascadeurs, compositeurs et musiciens. Avec sa singularité interactive, l’assemblage des disciplines autour de la création d’un jeu vidéo ressemble de plus en plus à son grand frère le cinéma. Pour cet ancien producteur de jeux néanmoins, « on a un peu surprotégé les musiciens en France« . Dommage collatéral de ce flou juridique qui gèle les relations de travail, les éditeurs de jeux vidéo font appel à des compositeurs résidant ailleurs qu’en France. Installé dans de nombreux pays, le français Ubisoft utilise par exemple, sur sa série de jeux Assassin’s Creed, le talent du compositeur danois Jesper Kid installé à New York. Un imbroglio juridique autour de la notion d’auteurs et de leurs droits sur le point de se complexifier avant d’être résolu en France. Les jeux les plus récents commencent à faire participer le joueur dans la création de contenu utilisable à l’infini par d’autres joueurs en ligne (LittleBigPlanet2 sur PS3 par exemple). Le joueur participatif devient, de fait, co-auteur. Sera-t-il un jour en droit de réclamer des droits d’auteur ?

Note complémentaire : La chance aux chansons

Le succès des jeux de rythme musicaux Guitar Hero et Rock Band a créé une nouvelle économie florissante entre l’industrie musicale et le jeu vidéo. Chaque chanson pop ou rock incluse dans les jeux ou vendue au détail sur les magasins PlayStation ou Xbox en ligne rapporte quelques centimes aux auteurs. Pas de quoi changer la carrière des stars de la musique sauf que, les musiciens concernés, dont des rockeurs un peu oubliés, ont eu la satisfaction de voir naître un regain d’intérêt pour leur albums grâce aux jeux vidéo musicaux. Les comptes semblent ici bon pour tout le monde jusqu’à ce qu’un éditeur de jeu ait eu la curieuse idée d’utiliser les silhouettes des dites stars de la musique en omettant d’obtenir leur autorisation et donc de payer cette présence célèbre par avatar interposé. Des procès de plusieurs millions de dollars sont maintenant en cours. Mais c’est une autre chanson.

François Bliss de la Boissière

(Enquête publiée (ou pas) dans le mensuel Comment ça Marche #9 de mars 2011)

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Charles de Lauzirika Interview HD : DVD producer Ridley Scott

En 2007 j’ai demandé à trois producteurs stars de DVD ce qu’ils pensent de la HD, est-elle tout bonus ?
Charles de Lauzirika, réalisateur de documentaires, collaborateur rapproché des frères Ridley et Tony Scott a conçu les DVD de : Alien Quadrilogy, Spider-Man 2, Gladiator, La Chute du Faucon Noir…
  
Rien que ça ! 

Version originale anglaise complète à lire après la version française éditée pour publication…

Version française éditée pour publication

Bliss : Les nouveaux supports Blu-ray et HD DVD offrent-ils un meilleur support pour les bonus ?

Charles de Lauzirika : La qualité du son et de l’image du film doivent être prioritaires. HD DVD et Blu-ray offrent de nombreuses manières d’augmenter votre appréciation et votre connaissance d’un film mais à part filmer en HD je vois beaucoup de gimmicks et peu de réinvention.

Bliss : Quel est le premier film/DVD sur lequel vous travaillez avec un format HD ?

Charles de Lauzirika : Déjà sur Kingdom of Heaven, Man on Fire, Monster House et Déjà Vu. Et actuellement sur Blade Runner qui sortira, comme l’a dit Warner, en HD DVD et Blu-ray.

Bliss : Avez-vous une approche différente pour les bonus selon les formats HD DVD et Blu-ray ?

Charles de Lauzirika : Pas encore. Entre le In-Movie Experience de Warner ou le U-Choose d’Universal il y a des choses à faire, à condition de donner aux spectateurs quelque chose qui mérite d’être vu. J’ai expérimenté des choses sur DVD SD adoptées sur les nouveaux formats, je n’imagine pas m’arrêter maintenant.

Bliss : Si l’un de vos précédents DVD ressort en HD, y travaillerez-vous ?

Charles de Lauzirika : Il sera facile de faire des upgrades directs vers la HD pour certains, tandis que d’autres auront un sérieux besoin d’être recalibrés. Cela donnera l’occasion de faire des petits ajustements.

Bliss : Comment allez vous effectuer la transition entre SD et HD pour les documents d’archives déjà mastérisés ou à venir ? Est-ce utile de filmer documentaires et interviews en HD ?

Charles de Lauzirika : J’ai commencé à travailler en HD l’année dernière. Pour des raisons de budget, presque aucun des suppléments de mes anciens projets ont été préparé pour la HD. Tout ce que je conçois et archive est désormais en HD. Tout cela a un coût que les studios ne veulent pas payer tant qu’ils ne sont pas sûrs de leur stratégie vis-à-vis des deux formats HD. Nous sommes dans une période transitoire.

Bliss : Les réalisateurs avec qui vous travaillez sont-ils concernés par la HD ?

Charles de Lauzirika : Ils sont beaucoup trop occupés sur leur film pour être très concerné par les bonus HD. Ils sont plus intéressé de savoir si ces formats vont améliorer la présentation de leurs films.

Bliss : Les fonctions interactives propres au Blu-ray et au HD DVD ouvrent-elles de nouvelles possibilités ?

Charles de Lauzirika : Je ne crois pas que ces contenus interactifs synchronisés avec le film vont améliorer significativement ce que nous faisons en SD. Les capacités du DVD SD n’ont pas été assez vantées et maintenant que l’on veut attirer de nouveaux consommateurs, le marché insiste sur ces fonctionnalités sur HD DVD et Blu-ray.

Bliss : Que pensez-vous des problèmes de compatibilités provoqués par ces nouvelles interactivités ?

Charles de Lauzirika : Je crée le contenu, le livre au studio et m’assure que cela fonctionne comme prévu. Après, c’est la responsabilité des unités d’authoring et de duplication de s’assurer que les disques fonctionnent correctement chez les gens.

Bliss : Avez-vous une préférence professionnelle entre le HD DVD ou le Blu-ray ?

Charles de Lauzirika : Pas pour le moment. Aucun des deux formats ne rend mon travail plus facile ni plus satisfaisant.

Propos recueillis et traduits en mars 2007 par François Bliss de la Boissière

Lire aussi…

  • Van Ling : DVD producteur pour James Cameron, Star Wars Trilogy…
  • Kim Aubry : DVD producer pour France Ford Coppola

Version originale anglaise complète

Bliss : Do you think there is a need for high definition bonus or is it 
still for some happy few passionate? Meaning, is it worth the efforts 
for you, the studios and even the movie directors?

Charles de Lauzirika : First and foremost, picture and sound quality for the film itself has 
to take top priority.  Then, if there’s room available and there’s an 
interesting behind-the-scenes story to be told, I think the first you 
thing you have to do is consider what are the best ways to tell that 
story, regardless of format.  Right now, there are many possibilities 
with HD and Blu-Ray in terms of finding new ways to supplement your 
enjoyment and knowledge of a film but aside from shooting interviews 
and behind-the-scenes footage in hi-def for protection, I’m not seeing 
a lot of new ways to better tell the story.  I see a lot of gimmicks 
but not a lot of reinvention.  Hopefully, as HD and Blu-Ray evolve, 
that will change for the better.

Bliss : What is the first film you worked, or are working on, that is going 
to be released on any HD formats?

Charles de Lauzirika : 

The first DVDs I worked on with an eye towards an eventual HD or 
Blu-Ray release were Kingdom of Heaven, Man On Fire, Monster House and 
Deja Vu.  I’m currently working on Blade Runner, which Warners has 
announced will also be released on HD and Blu-Ray.

Bliss : Do you have a different approach regarding extras on HD DVD or 
Blu-ray?



Charles de Lauzirika : Not yet. It’s still about imparting information and meaningful 
content.  There are different ways of doing that with HD and Blu-Ray, 
such as Warner’s In-Movie Experience or Universal’s U-Choose features, 
but ultimately, it’s still about giving viewers something worth 
watching. I’ve been experimenting with interactive features since the 
beginning and doing things on standard-def DVD that are now being 
adopted or enhanced by the next generation formats, so I don’t imagine 
I’ll stop now.

Bliss : If, or when, one of your previous DVD is re-released on a HD format, 
will you work on it ? Would the bonus be a simple transfer from the DVD 
or would you work again on it?
  


Charles de Lauzirika : It depends on the project, the studio, the budget, the schedule, the 
availability of assets in HD and so many other things.  There are some 
projects that I think will be very easy to simply make a direct up-res 
to HD while others will require more serious retooling.  At the very 
least, it could provide me with an opportunity to make little tweaks 
and fixes I didn’t have time to make the first time.

Bliss : Did the digital transfers of past archives have been readied for HD 
formats and could be ported without going back to the digital scan? 
What is your opinion regarding those past documents? Going HD with them 
or keeping the already digital transfer? What is the position of the 
studios you work with regarding this issue?

Charles de Lauzirika : Due to budgetary considerations, almost none of the past projects I’ve 
worked on have been readied for HD, at least in terms of the 
supplements.  It’s really only within the last year that we’ve started 
doing that, and not on every title.  It would make things a lot easier 
to deliver everything as HD-ready but that costs more money and the 
studios don’t usually want to pay that unless they’re sure about their 
future strategy on HD or Blu-Ray.

Bliss : What about future archives you might dig up, which kind of technical 
treatment would you do for the HD formats (or not)?



Charles de Lauzirika : From now, almost everything I do will be protected for HD, so long as 
the budget allows for that.  Seriously, there is a significant 
difference in cost between a simple standard-def delivery and then 
including HD and Blu-Ray into the equation.  But in terms of scanning 
and shooting, the overwhelming majority of the content I’m working with 
will be archived with HD in mind.

Bliss : Are you shooting your documentaries and interviews in HD ? Since 
when, or do you plan to? Is it relevant to do so?



Charles de Lauzirika : Again, it depends on the budget, but yes, most of the interviews and 
behind-the-scenes footage are now being shot in HD.  We’re still in a 
little bit of a transitional period with the studios, as they decide 
how much money to spend on a given title and what kind of treatment 
that title deserves.  But for the most part, HD is part of the process 
now, especially on new movies.

Bliss : Are movie directors you work with concerned, interested by those 
high def contents that they may have to provide for future HD DVD or 
Blu-ray releases? Whether for a new projects or past projects?

Charles de Lauzirika : 

So far, they’re too busy working on their own films to be 
overly-concerned with HD or Blu-Ray extras.  They’re more interested in 
– -and rightly so —  how HD and Blu-Ray can improve the presentation 
of their films.  Everything else is icing on the cake.

Bliss : Both HD DVD and Blu-ray may be programmed for some special 
interactivities during movie footage… Did you start working on that 
technology? Is it easy to do? Does is really open some new doors for 
you as a DVD producer and maybe the consumer or is it just a gimmick?

Charles de Lauzirika : 

I discussed this above, but I don’t think the kind of synchronous HD 
and Blu-Ray content you’re talking about are allowing significantly 
more creative freedom or improved information delivery than what we 
already had in standard definition.  The difference is, most people 
weren’t pushing the capabilities of SD DVD and now they need something 
new to attract consumers, so they’re pushing that kind of experience 
harder with HD and Blu-Ray.

Bliss : There seem to have some compatibility issues with those interactive 
programs, whether on Blu-ray players or the LG Blu-ray HD DVD combo 
that doesn’t play HD DVD interactive programs. How do you deal with 
that?

Charles de Lauzirika : 

Fortunately or unfortunately, that’s out my hands.  I create the 
content, deliver it to the studio and make sure it works as designed.  
After that, it’s up to the various authoring and duplication facilities 
to make sure the discs they’re manufacturing actually work in people’s 
homes.

Bliss : Do you have a preference as a professional between the two formats 
: Blu-ray and HD DVD?

Charles de Lauzirika : 

Not at the moment. Both formats have their pros and cons. Originally 
I was rooting for Blu-Ray because of the higher disc capacity but as 
the format war drags on, it’s become more about survival of the 
fittest. I’ll wait for a clear winner before investing in one format 
or the other. Neither one makes my job any easier, or more fulfilling. Yet.

Propos recueillis en mars 2007 par François Bliss de la Boissière

Kingdom of Heaven DVD menu

(Publié en 2007 dans le mensuel Les Années Laser)

Charles de Lauzirika Interview : Kingdom of Heaven Director’s Cut

Documentariste de Ridley Scott et responsable des éditions DVD de ses films, Charles de Lauzirika s’est occupé des 4 DVD de la Director’s Cut de Kingdom of Heaven après avoir travaillé sur l’édition 2 DVD (il m’en parlait ici). Le film a ses défauts mais les documentaires et  interviews sur le tournage de cette super production restent précieux…

Charles de Lauzirika 2006

Version française éditée de l’interview ci-dessous en scrollant un peu..

Version originale anglaise intégrale…

Bliss : What part of your work you are most proud of on this 4 DVD edition ? 
And did you fail to achieve something you were aiming at ?

Charles de Lauzirika

 : I always aim for honesty and meaning in everything my company puts 
together. We try to avoid promotional fluff at every turn. So I’m 
most proud of the intimate access we were allowed in documenting the 
making of this film. You get to see meetings and stages of filmmaking 
that most other documentarians aren’t allowed to shoot. For instance, 
on Kingdom of Heaven, Ridley allowed me to shoot his cast rehearsals, 
something he had never let me, or anyone else, do before. I think 
Ridley might have had an unfair reputation as a director who doesn’t 
take care of his actors and I believe this rehearsal footage clearly 
proves otherwise. 

Something else I’m very pleased with is the Roadshow presentation of 
the Director’s Cut. For months, I had been encouraging people in 
editorial that a film of this scope should be presented with an 
overture, an intermission and an entr’acte, the same way epics of old 
were.  Everyone was simply too busy finishing the actual Director’s Cut 
to take that into consideration at the time, so very late in the 
process, I asked Ridley if we could do that, and he said yes 
immediately.  He got it. I’m relieved that so many fans and reviewers 
have really appreciated this little nod to past epics.

Bliss : You said once that you always try to avoid the « talking heads » 
syndrome on screen, so why didn’t you use more voice over real footage 
than showing the people involved on screen just sitting, surely there 
are hundred of hours of documentary on location left to show ?

Charles de Lauzirika

 : 

Because you end up losing some of the emotions and body language that 
the interviewee is giving off. You still need a human face to anchor 
the story to. And in the early stages of pre-production, it’s weird to 
cut on-set footage because, in context, it hasn’t happened yet. So 
that leaves you with script pages, which get boring after a while, and 
reference art, which can be expensive to license. Yes, we have 
hundreds of hours of behind-the-scenes footage but it needs to mean 
something when you use it. It’s not just video wallpaper. Every shot, 
every cut, every soundbite, every piece of music…it all has to add up 
to something, either informationally, intellectually or emotionally. More than ever, I’m trying to tell a story and not simply run 
surveillance video like some kind of half-assed webcam. I’ve seen a 
couple other DVD producers do that and I think it’s a very aloof and 
lazy way of presenting material.

Bliss : Thanks to your documentary, we witness some unusual things as Ridley 
Scott commenting the work in progress of the trailer and the actors 
rehearsing with Ridley Scott when they are, supposedly, at their most 
vulnerable moments, and it’s presented on the DVD as an unusual and 
welcome extended length… How did you manage to be accepted by the 
actors (and the director) and how did you film it (how many cameras, 
distance from the actors…) ? Did you have to check with them afterward 
for approval ?



Charles de Lauzirika

 : In the case of the cast rehearsals, I arrived at the location very 
early and basically waited in the basement for a few hours while Ridley 
started working with Orlando and Liam, just to warm them up.  At some 
point, he brought up the idea of shooting this for the DVD, and they 
agreed, so I was summoned into the rehearsal hall where Orlando and 
Liam greeted me very warmly, and from that point on, I was fairly 
well-established in the room, allowing me to shoot whatever I wanted. 
It was literally just me and my camera. So people start to forget that 
there’s even a camera in the room, and they really open up. I would 
shoot from one angle for a while, then quietly move to another spot, 
and continue this throughout the day, getting closer and closer as a 
comfort level was reached. Eventually more and more actors would show 
up, and they were very friendly as well.  I think most actors are 
familiar with the DVD process now, so if the director has no problem 
with it, chances are, they won’t have a problem with it either.

Bliss : The end of your documentary is not afraid to confront the lacklustre 
reception of the movie in theatres including bad reviews. Did you have 
to work hard on that, or were Ridley Scott, and the studio, ready to go 
along ?

Charles de Lauzirika

 : 

In retrospect, I think I went a little too negative with the ending. It’s honest, yes, and you can’t sugarcoat the fact that the film was 
not a big hit. But at the time we were finishing the documentary, 
there hadn’t been much reaction to the Director’s Cut yet, so I 
couldn’t balance things out. It would have been better to portray the 
film’s theatrical release as a disaster but then give things a more 
celebratory note at the end, with the overwhelmingly positive reaction 
to the Director’s Cut. I guess that’s why I titled the documentary 
 »The Path to Redemption, » because it was more about the journey than 
the arrival.

Bliss : This is presented as the Director’s cut, so that definitely mean 
there won’t be another cut at some point (from the studio for instance) 
even though they are 30 mn of cut scenes left ?



Charles de Lauzirika

 : I seriously doubt there will ever be another cut of this film. I even 
doubt that we’ll see the theatrical version released again, unless as a 
supplemental curiosity. There are probably a few more deleted bits 
that didn’t make this DVD, that could show up on some future release, 
but there’s really no reason to add them back into the film. This is 
the definitive cut of the film.  End of story.

Bliss : Did you start thinking or working on any new ways of presenting or 
making bonus material using HD DVD or Blu-Ray high defintion and 
capacity discs, for this project or any futures one ?

Charles de Lauzirika

 : 

I’m always thinking of new ways to present supplemental material, which 
is why I’ll occasionally experiment on Standard Definition to see if 
the concept works. Things like the MI6 DataStream on Die Another Day, 
or Enter The Web on Spider-Man 2, or the Interactive Production Grid on 
the theatrical version of Kingdom of Heaven, are all baby steps towards 
what we could eventually be doing on HD or Blu-Ray, if they can ever 
figure out the technical spec. Right now, you can do more with SD than 
you can with HD, which is ridiculous for a next generation format. But 
hopefully they’ll fix that soon.

Propos recueillis en août 2006 par François Bliss de la Boissière

Kingdom of Heaven Director’s Cut 4 DVD

Version française éditée pour publication…

Bliss : En tant que documentariste du film et producteur du DVD, que pensez-vous avoir le mieux réussi sur cette quadruple édition ?

Charles de Lauzirika : L’approche intime que nous avons pu obtenir en suivant ce film. J’ai assisté à des réunions et à des étapes de fabrication que les documentaristes n’ont d’habitude pas le droit de filmer. Je suis également très content de l’ouverture Roadshow de ce Director’s Cut. Pendant des mois j’ai essayé de convaincre qu’un film de cette ampleur devrait être présenté avec une ouverture, un entracte et une intermission comme les anciens péplums. Tout le monde était trop occupé à finaliser le Director’s Cut pour en tenir compte, alors, très tardivement, j’ai demandé à Ridley. Il a compris immédiatement et a dit oui.

Bliss : Pourquoi avoir privilégié les interviews de face que vous aviez dit ne pas aimer faire plutôt que des voix off sur des images inédites ?

Charles de Lauzirika

 : Parce qu’avec une voix off vous perdez les émotions que l’interviewé révèle avec ses gestes et son corps. Vous avez toujours besoin d’un visage humain pour ancrer l’histoire. Et injecter des images de tournage lorsqu’on parle de pré production serait bizarre puisqu’il n’a pas effectivement commencé. Alors oui, nous avons des centaines d’heures d’images de coulisse mais ce n’est pas juste du papier peint vidéo, elles doivent avoir un sens pour être montrer. Chaque plan, chaque coupe, chaque son, chaque morceau musical s’additionne pour créer quelque chose d’informatif, intellectuellement ou émotionnellement. Plus que jamais j’essaie de raconter une histoire plutôt de faire simplement tourner une caméra vidéo de surveillance sans point de vue comme j’ai vu faire ailleurs.

Bliss : Vous montrez des choses assez rares comme les acteurs en répétition au moment où ils sont le plus vulnérables. Comment avez-vous obtenu ça ?

Charles de Lauzirika

 : Ridley n’avait effectivement jamais laissé personne filmer les répétitions auparavant. En plein travail avec ses acteurs, il a évoqué cette idée de filmer ce moment pour le DVD et ils ont dit oui. J’ai alors été invité dans la salle de répétition où Orlando et Liam m’ont accueilli très chaleureusement. À partir de ce moment là j’ai pu filmer ce que je voulais. Les gens finissent par oublier qu’il y a une caméra dans la pièce et ils se livrent. Je filmais d’un angle pendant un moment, puis me déplaçais silencieusement jusqu’à un autre spot et ainsi toute la journée, jusqu’à atteindre une distance confortable pour tout le monde. Je pense que la plupart des acteurs sont familiers avec le processus des DVD maintenant, alors si le réalisateur n’a pas de problème avec ça, il y a des chances qu’eux non plus.

Bliss : L’échec critique et commercial du film est évoqué sans détour…

Charles de Lauzirika

 : Rétrospectivement je crois avoir été trop négatif avec la fin. C’est honnête, oui, on ne peut pas cacher le fait que le film n’a pas été un gros succès. Mais au moment où nous finissions ce documentaire, il n’y avait pas encore eu de réactions au Director’s Cut et je n’ai pas pu mieux équilibrer le propos. Cela aurait été mieux de présenter la sortie en salle comme un désastre puis de finir sur une note plus joyeuse à la fin grâce aux réactions extrêmement positives au Director’s Cut.

Bliss : Ce Director’s Cut est-il bien la version définitive ?

Charles de Lauzirika

 : Je doute sérieusement qu’il y ait un autre montage et même que l’on revoit un jour la version salle autrement qu’en curiosité offerte en bonus. Il y a probablement quelques morceaux coupés qui pourraient atterrir sur une future édition mais il n’y a aucune raison de les réintroduire dans le film. Ceci est le montage définitif du film. Point final.

Propos recueillis et traduits en août 2006 par François Bliss de la Boissière

Kingdom of Heaven

(Publié en 2006 dans le mensuel Les Années Laser)


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Comme dans la rue, pas de minimum requis. Ça fera plaisir, et si la révolution des microtransactions se confirme, l’auteur pourra peut-être continuer son travail d’information critique sans intermédiaire. Pour en savoir plus, n
‘hésitez pas à lire ma Note d’intention.

Kingdom of Heaven Interview : 2 DVD sans mal

Proche collaborateur de Ridley Scott, Charles de Lauzirika est devenu le documentariste et producteur DVD attitré des productions Scott Free et donc de la version 2 DVD de Kingdom of Heaven..

Version française éditée à lire ci-dessous en scrolling un peu…

Version originale anglaise intégrale…

Bliss : Since you are so particularly close to Ridley Scott’s work, did the studios let you more freedom with producing this 2 DVD Kingdom of Heaven edition  (compared to Spider-Man 2 for instance) ?



Charles de Lauzirika : Creatively-speaking, Fox Home Entertainment rarely interferes with 
my work in DVD.  As such, KINGDOM OF HEAVEN, was a very straightforward 
experience.  The biggest challenge was trying to come up with something 
worthwhile for the 2-disc edition.  I had an idea for another DVD 
project involving an interactive production grid that would allow 
viewers to tailor the behind-the-scenes material to their liking.  So, 
as an experiment, I thought it would be nice to try it out for the 
2-disc edition of KINGDOM OF HEAVEN.  We’ll see if people like it or 
not.

Bliss : There are supposed to be 5 hours long of bonus on the 2 DVD edition : if not counting the movie commentaries, what are they ?


Charles de Lauzirika : There’s a historical text commentary that runs over the course of 
the film called The Pilgrim’s Guide.  There are about 90 mins. of 
content in the Interactive Production Grid, but you can watch it 16 
different ways, so who knows how long you can spend watching it?  Then 
there are a pair of A&E TV specials, each about 45 mins., one called 
 »History Vs. Hollywood » and the other called « MovieReal. »  There are 
several internet promos and trailers as well, so all told, this 2-disc 
edition is fairly well loaded.

Bliss : What’s the main program (attraction) of the bonuses ?

Charles de Lauzirika : The main attraction of the 2-disc edition is clearly the Interactive 
Production Grid, but The Pilgrim’s Guide and the two A&E specials are 
also very worthwhile.

Bliss : Can you confirm and explain the « interactive » making of that seems to be planned ?


Charles de Lauzirika : Basically, the Interactive Production Grid is an easy-to-use 
navigation portal that allows you to choose the configuration of 9 
different featurettes.  You can choose perspective, such as the 
director’s, or a timeframe, such as pre-production.  You can watch the 
whole thing chronologically in « play all » mode, or you can watch a 
single featurette at an intersection between time and perspective.  I 
know that might sound complicated, but it’s actually all very easy.

Bliss : You filmed a documentary of the shooting, how many hours did you record and how long is your final documentary ? Was Ridley Scott involved in the editing ? Did he have specific demands you had to fulfill ?


Charles de Lauzirika : Since I’m still documenting KINGDOM OF HEAVEN, it’s hard to say how 
many hours of footage there will be when it’s all done. A few hundred 
hours, to be sure. I’ve been shooting video on KINGDOM OF HEAVEN for a 
roughly two years now, so there’s a vast archive of footage now. For 
the 2-disc edition, Ridley approved the materials I put together, with 
no changes, so it was a fairly easy process on this one.

Propos recueillis et traduits en août 2005 par François Bliss de la Boissière

Version française éditée pour publication…

Bliss : Avez-vous eu plus de liberté pour concevoir le DVD de Kingdom of Heaven que, disons, celui de Spider-Man 2 ?

Charles de Lauzirika : D’un point de vue créatif, la Fox se mêle rarement de mon travail. Le plus gros challenge a été d’inventer quelque chose valant le coup sur cette édition 2 DVD *. A titre expérimental, j’ai utilisé un système de grille interactive qui permet au spectateur d’adapter à son goût la vision des coulisses du tournage. Cette édition 2 DVD a été plutôt facile à faire, Ridley Scott a tout approuvé sans rien changer.

Bliss : Quels sont les bonus ?

Charles de Lauzirika : Nous avons un commentaire historique écrit nommé le « Guide du Pèlerin », et deux programmes de la chaîne TV câblée A&E (Arts & Entertainment) de 45′ chacun : « History vs Hollywood » et « Movie Real ». L’attraction principale des bonus est néanmoins l' »Interactive Production Grid », soit une grille de production interactive de 90′ visible de 16 façons différentes. Ce portail permet de choisir la configuration de 9 featurettes parmi différents points de vue : celui du réalisateur, de la pré-production, ou temporel. On regarde une featurette à partir d’un croisement entre le temps et le point de vue. Cela semble compliqué mais en réalité c’est très facile à utiliser. L’ensemble est aussi lisible chronologiquement en mode « play all ». En ajoutant plusieurs clips Internet et des trailers, cette édition 2 DVD est plutôt bien remplie.

Bliss : Combien d’heures de documentaire avez-vous enregistré sur le film ?

Charles de Lauzirika : Comme je continue à y travailler, c’est difficile à dire. Plusieurs centaines, c’est sûr. Je filme en vidéo depuis deux ans maintenant, cela fait une masse considérable d’archives.

* Une rumeur non officialisée(qui se confirmera) imagine une édition 4 DVD avec un long documentaire et une Director’s Cut pour 2006.

Propos recueillis en août 2005 par François Bliss de la Boissière

Kingdom of Heaven édition 2 DVD

(Publié partiellement en 2005 dans le mensuel Les Années Laser)


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‘hésitez pas à lire ma Note d’intention.

Charles de Lauzirika Interview : L’ogre du DVD… Spider-Man 2 et les autres

Responsable des plus généreux et passionnants suppléments que l’on puisse trouver dans les DVD ces dernières années, proche de Ridley Scott, Charles de Lauzirika a bien voulu m’expliquer son travail sur l’édition 4 DVD de Spider-Man 2 et quelques autres, dont l’étourdissante Alien Quadrilogy…

Version complète intégrale française

Bliss : Quelle est votre profession ?

Charles de Lauzirika : Je suis actuellement un producteur de DVD freelance et un metteur en scène frustré. J’ai des bureaux chez Deluxe Digital Studios qui ont la gentillesse de m’offrir un toit au-dessus de ma tête. Naturellement, ma longue collaboration avec Scott Free continue à ce jour. Mais je suis ouvert pour travailler avec d’autres réalisateurs en fonction de mes disponibilités. J’ai dorénavant travaillé avec la plupart des grands studios et je continue d’apprécier ma relation de travail avec la plupart. Le cœur de mon équipe est constituée de trois personnes mais en fonction de la quantité de travail ce nombre augmente très vite. Pour Spider-Man 2 j’ai eu quatre monteurs, un coordinateur, un producteur associé et une paire d’assistants de production. Pour Alien Quadrilogy j’ai eu une équipe encore plus grande, mais bien sûr, il s’agissait d’un projet bien plus grand, sur une période bien plus longue.

Bliss : De Alien Quadrilogy à La Chute du Faucon Noir, chacun de vos projets prend des proportions énormes, comment cela se fait-il ?

Charles de Lauzirika : Je ne crois tout simplement pas au fait de créer intentionnellement du contenu incomplet ou superficiel. Quelquefois vous n’avez pas le choix, pour des raisons légales, marketings ou parcequ’une partie du matériau est perdu ou indisponible. Mais j’essaie toujours de remplir mes disques avec autant de matériaux de qualité que possible. Ce n’est pas toujours possible mais je ne veux jamais créer un disque qui laisse les gens réclamer une deuxième assiette. Ultimement, j’essaie simplement de faire des disques que je voudrais moi-même posséder. Cela permet de comprendre facilement ma façon de travailler.

Bliss : Le DVD de Spider-Man 2 se serait vendu même sans autant de suppléments. Comment convaincre la production ?

Charles de Lauzirika : Eh bien j’ai apparemment acquis la réputation d’être cher dans l’industrie du DVD ou de ne m’attaquer qu’à des projets à gros budget. Ce n’est certainement pas mon intention. A grand film mérite un grand DVD, et un gros DVD coûte simplement beaucoup d’argent. J’ai aussi fait de nombreux petits disques pour de maigres budgets. Les variables sont toujours différentes. Cela étant dit, l’étendue (la taille, le volume) du DVD Spider-Man 2 n’a pas été difficile à vendre à Sony. C’est leur plus gros film de l’année et ils voulaient une grosse et impressionnante édition spéciale qui non seulement satisferait les fans mais ferait taire toutes les critiques du premier DVD Spider-Man dans lequel je n’étais pas impliqué. Mais vous avez raison, Spider-Man 2 serait une grosse vente même sans y mettre aucun supplément. Mais je ne crois pas que les fans en auraient été particulièrement heureux.

Bliss : Quand avez-vous pu commencer votre travail sur Spider-Man 2 ?

Charles de Lauzirika : J’ai été contacté par Sony bien avant le début du tournage. Mais à cause de la sécurité très resserrée sur ce projet, j’ai dû supplier et plaider (implorer, gratter) pour chaque petit morceau (fragment) que j’ai pu obtenir tout du long. Heureusement, Avi Arad et Kevin Feige de chez Marvel m’ont incroyablement soutenu dès le tout début, alors grâce à leur enthousiasme j’ai pu filmer le segment multi-angle « Enter The Web » pendant la production du film. A part ça, la plupart de mon travail a eu lieu près que le film fut terminé. J’ai eu plus de chance sur les projets de Ridley Scott, comme vous pouvez le voir sur le documentaire des Associés. Il m’a donné un accès total dès le début et le résultat est un rare aperçu du processus créatif d’un maître de la mise en scène. Je trouve ce matériau bien plus perspicace que les interviews promotionnelles que je suis parfois obligé d’assembler en featurettes.

Bliss : Avez-vous réussi à éviter l’aspect promotionnel des bonus DVD ?

Charles de Lauzirika : Je ne suis pas sûr que nous l’ayons évité ou pas. Pas entièrement en tous cas. C’est certainement moins promotionnel et duveteux (sucré ?) que nombre de featurettes DVD pour des films récents mais ce n’est toujours pas aussi immersif que je l’aurais souhaité. Au moins j’ai eu l’autorisation de couvrir un grand nombre de sujets cette fois-ci. Vous voyez, c’est tout le problème. Pour de nouveaux blockbuster il y a beaucoup de politiques impliquées. Beaucoup de problèmes de contrôle. Les suppléments DVD sont parfois d’abord vus comme un outil marketing qu’une archive signifiante sur la substance d’un travail. Comme il s’agit d’un nouveau film, ils essaient encore de le vendre plutôt que de mettre un peu de lumière sur le dur labeur accompli. Encore une fois, j’ai été chanceux sur certains films récents, mais je trouve beaucoup plus faciles de rassembler des suppléments de qualité sur des vieux films qui n’ont pas toute l’attention des producteurs. J’ai horreur de le dire mais c’est parfois comme ça.

Bliss : À quel bonus êtes-vous le plus attaché ?

Charles de Lauzirika : J’ai toujours voulu faire un documentaire multi-angle sur le plateau de tournage qui permettrait aux spectateurs de vraiment voir ce que représente la préparation d’un plan. Combien de temps cela prend, combien de décisions doivent être prises, tout cela pour quelques secondes de film. Je ne l’ai jamais vu fait ainsi auparavant. J’ai vu des coulisses en multi-angle sur d’autres disques qui simulaient l’expérience temps-réel, mais je voulais rendre l’exprience aussi réelle que possible, pour mettre le spectateur dans le moment. Ainsi est né « Enter The Web ». Ce n’est pas parfait, mais c’est un bon début. Je ferais même mieux que ça la prochaine fois.

Bliss : Que manque-t-il à ce DVD de Spider-Man 2 ?

Charles de Lauzirika : Visiblement il n’y a pas de scènes coupées, mais c’est la décision pleine et entière du réalisateur. Il y a déjà eu pas mal de discussions autour d’un Spider-Man 2.5, nous verrons bien ce qu’il adviendra. Autrement, tout ce que j’ai voulu inclure dans le disque s’y trouve. C’est le ton et la substance qui ne sont pas tout à fait ce que j’avais à l’esprit. Mais c’est quand même pas mal vu les circonstances.

Bliss : Quelles nouvelles du DVD « définitif » de Blade Runner ?

Charles de Lauzirika :  Autant que je le sache la situation n’a pas changée. Il n’y a pas eu beaucoup d’activité sur le projet ces deux dernières années. Mais un jour proche, j’espère, nous aurons le feu vert et pourrons avancer. C’est une honte que les fans soient privés ainsi. Pour paraphraser Roy Batty : « Si seulement ils pouvaient voir ce que j’ai vu avec leurs yeux ». Il y a vraiment un fantastique matériau à explorer.

Bliss : Quels sont vos projets actuels ?

Charles de Lauzirika : Le plus gros en ce moment est Kingdom of Heaven, le film de croisades épiques de Ridley Scott. Le film est monstrueux et le DVD est un projet très ambitieux. Je travaille aussi sur Domino pour Tony Scott, Tristan & Isolde for Kevin Reynolds et quelques autres dont je ne peux pas encore parler. Mais surtout, j’essaie que mon propre film se fasse. Je suis très content avec le script et j’espère tourner à cette époque l’année prochaine.

Bliss : David Fincher a-t-il commenté la version longue d’Alien 3 de la Quadrilogie ?

Charles de Lauzirika : Je n’ai pas eu de contact avec Fincher et n’ai absolument aucune idée de ce qu’il pense de l’édition spéciale d’Alien 3. Il a désavoué le film et j’ai désavoué le DVD, alors je ne suis pas sûr qu’il y a de quoi parler. J’adorerais produire le DVD d’un film dont il serait vraiment fier. Il est un réalisateur exceptionnellement doué et c’est une honte que ma chance unique de produire le DVD pour l’un de ses films fut celui qui ne l’intéresse pas du tout. Mais je suis malgré tout heureux d’être le premier producteur DVD à avoir créé un long et approfondi documentaire sur l’un des films de David Fincher.

Propos recueillis et traduits en novembre 2004 par François Bliss de la Boissière

Version originale anglaise complète

Bliss : Please, for the record, state your current job title and the company (ies) you work for…

Charles de Lauzirika : I’m currently a freelance DVD producer and frustrated filmmaker.  I have offices at Deluxe Digital Studios, who have been kind enough to provide a roof over my head.  Naturally, I have a longtime relationship with Scott Free, which continues to this day, but my services are also available to other filmmakers depending on my availability. I’ve worked with almost all of the major studios now and currently enjoy continuing business relationships with many of them.

My core staff consists of about three people but depending on the workload, that number could easily go up depending on the workload.  For Spider-Man 2, I had four editors, a coordinator, an associate producer and a couple of production assistants.  For Alien Quadrilogy, I had even larger team, but of course, it was a much larger project, over a much longer period of time.

Bliss : Alien Quadrilogy had some of the most complete bonus of all time, so does Black Hawk Down, and the Bonus material on Spider-Man 2 are supposed to total 10 hours (audio commentaries included I suppose)… How come your projects become so enormous ? Is it something you decide up front ? Or your way of digging so deep for material, that you come up with so much ? No question about it that you’re looking for quality but still you end up with both quality and quantity that puts any other projects to shame. Is it in your nature to work all the way or a conscious decision ?

Charles de Lauzirika : I simply don’t believe in intentionally creating incomplete or superficial content. Sometimes you have no choice, for legal reasons, for marketing reasons or because certain material is lost or unavailable.  But I always try to load my discs up with as much quality material as I can.  It’s not always possible but I never want to create a disc that leaves people begging for a double-dip.  Ultimately, I just try to make discs that I myself would want to own, so that makes understanding my process very easy to grasp.

Bliss : So much material to gather must cost a lot of money and time to the production… How do you obtain their agreement to such a huge commitment? The Spider-Man 2 DVD would sell great without so much work (and money) anyway, how do you convince the production ?

Charles de Lauzirika : Well, apparently I’ve recently gained a reputation in the DVD industry for being expensive, or only taking on big budget projects. That’s certainly not my intention. A big film deserves a big DVD, and a big DVD simply costs big money. I’ve done plenty of smaller discs for ridiculously meager budgets as well. The variables are always different. Having said that, the large scope of the Spider-Man 2 DVD wasn’t a tough sell for Sony. It’s their biggest film of the year and they wanted a big, impressive special edition that not only satisfied fans but also silenced all the critics of the first Spider-Man DVD, which I was not involved with. But you’re right, Spider-Man 2 would be a huge seller even if you didn’t put any supplements on it.  But I don’t think the fans would have been particularly happy about it.

Bliss : For Alien your work was one of research, but did you start working up front to make the Spider-Man 2 DVD ? How much were you able to decide and ask for before or during principal photography ?

Charles de Lauzirika : I was approached by Sony to produce the Spider-Man 2 DVD long before photography began. But because of the very tight security on this project, I really had to beg and plead for every scrap I could get a long the way.  Fortunately, Avi Arad and Kevin Feige at Marvel were incredibly supportive from the very beginning, so thanks to their enthusiasm, I was able to shoot the multi-angle « Enter The Web » featurette while the film was still in production. Beyond that, most of my work took place after the film wrapped. I’ve been luckier on Ridley Scott projects, as you can see in the documentary for Matchstick Men. He gave me total access from the very beginning, and the result is an extremely rare glimpse into the creative process of a master filmmaker. I find that material to be far more insightful than the promotional interviews I sometimes have to use to cobble together featurettes.

Bliss : You rightfully despise the promotional documentaries we see on too many DVD, so how did you avoid it on the Spider-Man 2 DVD (if you did avoid it) ?

Charles de Lauzirika : I’m not sure if we avoided it or not.  Not entirely, anyway. I mean, it’s certainly less promotional and fluffy than a lot of featurettes for new films on other DVDs, but it’s still not as immersive as I would have hoped.  At least I was allowed to cover a lot of different kinds of material this time. See, that’s the problem.  For new blockbuster films, there are a lot of politics involved. A lot of control issues. The DVD supplements are sometimes seen more as a marketing tool than as a meaningful archive of substantive material.  Being a new movie, they are still trying to sell the film, rather than trying to shed light on the hard work that went into it. Again, I’ve gotten lucky on some new films, but I find it much easier to put together quality supplements on older films that don’t have the full attention of the filmmakers. I hate saying that, but that’s just the way it is sometimes.

Bliss : What was the most unusual/hard to do bonus you succeeded on this Spider-Man 2 DVD ?

Charles de Lauzirika : I’ve always wanted to do a multi-angle on-set featurette that allowed viewers to see what it was really like to set up a shot. How much time it takes, how many decisions have to be made, all for a few seconds of film. I had never seen it done before quite like this. I’ve seen some multi-angle behind-the-scenes material on other discs that fake the « real-time » experience, but I wanted to make it as real as possible for the viewer, to put them in the moment. So « Enter The Web » was born. It’s not perfect, but it’s a good start. I’ll make it even better next time.

Bliss : Even with this huge projects, are there still some ideas and materials that didn’t make the DVD, and why ?

Charles de Lauzirika : Well, obviously there are no deleted scenes, but that’s enitrely the filmmaker’s decision. There has already been plenty of talk about Spider-Man 2.5, so we’ll have to see what happens with that. Otherwise, most of what I wanted to include on the disc is there. It’s just the tone and substance is not exactly what I had in mind. But it’s still pretty damn good, considering.

Bliss : What’s the last update on the Blade Runner DVD project ?

Charles de Lauzirika : As far as I know, its status hasn’t changed.  There hasn’t been a lot of activity on it in the last couple of years.  But hopefully, one day soon, things will get cleared up and we’ll be able to proceed.  It’s a shame the fans are being deprived like this.  To paraphrase Roy Batty, « If only they could see what I have seen with their eyes. »  There’s some truly fantastic material to explore.

Bliss : On what DVDs are you working now ?

Charles de Lauzirika : The big one I’m working on right now is Kingdom of Heaven, Ridley Scott’s new crusades epic. It’s a massive film and likewise, the DVD is a very ambitious undertaking. I’m also working on Domino for Tony Scott, Tristan & Isolde for Kevin Reynolds, and a few others I can’t talk about yet. Mostly, I’m just trying to get my own film made. I’ve got a script I’m very happy with and I’m hoping to be shooting by this time next year.

Bliss : Once the job done without him, what did Fincher said about your Alien 3 cut on Alien Quadrilogy  ? Did you work on any of his past DVD ? Will you ?

Charles de Lauzirika : I haven’t had any direct contact with Fincher and have absolutely no idea what he thinks of the Alien 3 Special Edition. He disowned the film and I disowned the DVD, so I’m not sure there’s a lot to talk about. I would love to produce the DVD for a film he’s truly proud of. He’s an exceptionally gifted filmmaker and it’s a shame that my one chance to produce a DVD for one of his films was the one he had no interest in. But I’m still happy to have been the first DVD producer to create a in-depth, longform documentary on one of Fincher’s films.

Propos recueillis en novembre  2004 par François Bliss de la Boissière

 

(Publié partiellement en 2004 dans les mensuels Première et Les Années Laser)


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