Archives de catégorie : Opinion

E3 2004 : 
Le journal d’Aliasaka

Je m’appelle Aliasaka. C’est un pseudo, mais moi j’existe, en vrai. Bonjour. Je suis à Los Angeles, en Californie, pour suivre la 10e édition de l’Electronic Entertainment Expo. En clair : l’E3, l’Ethree, l’Ecube. En plus clair encore : le mega salon annuel du jeu vidéo. Une énorme foire du jeu vidéo réservée aux « professionnels » de l’industrie venus du monde entier, y compris du Japon !

E3 2004 Convention Center © Danybliss

Tous ceux qui ont eu le privilège d’y participer vous le diront, l’E3 c’est le paradis et l’enfer. L’enfer parce qu’il faut courir d’un rendez-vous à l’autre, hurler en anglais pour se faire entendre sans, de toutes façons, se faire comprendre, au-dessus des décibels dégagés par les stands hystériques des éditeurs de jeu vidéo. Le paradis parce qu’en trois jours, il est possible de voir et même essayer tous les jeux qui sortiront d’ici la fin de l’année, voire même, pour les plus ambitieux, ou les plus laborieux, l’année prochaine. L’enfer parce que pendant que vous jouez à un jeu 10mn, vous en ratez 5 dans votre dos. Le paradis parce qu’au détour d’une conférence de presse ou d’une allée du salon, vous pouvez voir, entendre des développeurs de jeu dont vous appréciez le travail depuis longtemps. L’enfer parce que la machinerie marketing des éditeurs est si forte qu’elle peut transformer n’importe quel sous produit en évènement. Le paradis parce qu’au milieu de la cacophonie sonore, de la foule et des leurres, vous pouvez rencontrer un jeu inédit qui vous hérisse les poils de la nuque tellement il répond à une envie que vous ignoriez jusque là…
L’E3 est donc l’occasion de regarder les choses en face. Les gens, les marchands, et surtout : les jeux.

Compte à rebours

J-2 et déjà en retard.. sur l’info. Le salon ne s’ouvrira pas avant deux jours et déjà les plus futés et travailleurs des sites Internet lâchent des infos officielles ou supputées. Le site officiel de l’E3 offre aux regards des images des coulisses d’un salon en train d’être monté. Les éditeurs comme Microsoft, Sony et Nintendo qui font l’événement médiatique avant le salon avec leurs conférences publient en temps réel sur Internet leurs annonces et images ! Plus vraie encore dans le milieu du jeu vidéo qu’ailleurs, cette révolution de l’information est lancée depuis plusieurs années maintenant. C’est génial pour tous les lecteurs et passionnées du jeu avec un accès Internet. Mais c’est aussi le cauchemar du reporter de la presse papier, comme on dit encore. Que dire et raconter qui n’ait pas déjà été traité par Internet ou la TV ? Il ne reste plus qu’à parier sur le fait qu’il reste encore des joueurs qui ne regardent pas la chaîne jeux vidéo du câble ou qui ne suivent pas au jour le jour l’actu sur le web.
48 heures avant l’ouverture officielle du salon, les hostilités commencent avec les conférences trop confidentielles des japonais de Capcom et Square-Enix qui ne permettent pas de recevoir tout le monde et, surtout, celle de Microsoft où l’on attend des nouvelles de la Xbox 2.

Microsoft : tout pour le X

Bien que cela puisse paraître une évidence inutile à répéter, le fait que Microsoft soit une entreprise américaine explique bien des choses. La façon, par exemple, de transformer une conférence de presse en show entre concert rock et émission de TV où le parterre de journalistes et invités devient un public aux réactions dictées par des responsables en communication de haut vol venu jouer les chauffeurs de salle. A tour de rôle, les maintenant bien connus J Allard et Robbie Bach expliquent sur la scène du Shrine Auditorium de Los Angeles que pour Microsoft « tout commence par le software ». Bousculant les conventions ritualisées des conférences de presse, Microsoft projette un long sketch vidéo-gag où le milliardaire Donald Trump en personne met en compétition les équipes marketing de Sony, Nintendo et Microsoft pour imaginer un jeu sur sa vie « colorée ». Évidemment, les pauvres sosies des fausses Team PlayStation et Nintendo se font recaler avec mention ridicule tandis que le projet de la vraie Team Microsoft est retenu. Total irrespect pour la concurrence donc et grosse rigolade. « La règles d’hier sont du passé » prétend Microsoft. Derrière le spectacle les annonces sont quand même plutôt maigres. Le discours déjà rodé à la Game Developer Conference de mars sur le XNA, la plateforme de développement commune au PC et à la Xbox proposée par Microsoft étouffe toute annonce Xbox 2. C’est au moins l’occasion de présenter une nouvelle démo impressionnante du moteur physique du studio Pseudo Interactive qui lance cette fois 2 voitures à 200 MPH l’une contre l’autre pour un « Crash reloaded » très spectaculaire. C’est aussi grâce au XNA que les joueurs Windows et Xbox Live du MMORPG Vanguard : Saga of Heroes pourront apparemment jouer ensemble en 2005. « Nous croyons que la communication est la prochaine étape du jeu » affirme Microsoft. Et le nouveau dashboard de la Xbox ajoutera de la video chat au voice mail, voire même, démonstration à l’appui, des vidéo conférence à trois simultanément. Why not, mais où sont les jeux ? Peter Moore, l’ancien patron de Sega of America qui vient de rejoindre Microsoft sans trop d’embarras monte à son tour sur scène pour présenter le futur catalogue Xbox. Les extraits d’une quarantaine de titres défilent rapidement. Un catalogue sans génie mais très diversifié où on remarque avec envie les graphismes et ambiances réussies d’un Star Wars : Republic Commando sombre et presque gothique, la mise en scène d’un Full Spectrum Warrior très inspirée du film La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott, le toujours élégant, sexy et online Dead or Alive Ultimate et ses combats au milieu d’éléphants et girafes, le retour sous les hourras de Conker Live parodiant génialement l’intro de Terminator 2 avec des crânes d’écureuils, et le très solide Doom 3. Déclarant ouvertement la guerre à un Gran Turismo 4 online qui n’en finit pas de se faire languir, Microsoft révèle l’ambitieux projet Forza Motosport qui mélange sans surprise mais avec efficacité, conduite et modélisation réaliste, tuning détaillé, et compatibilité Xbox Live. Au double rayon grand public et nostalgie, Microsoft prévoit de lancer un système de téléchargement à petit prix de très anciens jeux d’arcades ous l’intitulé : XBox Live Arcade. Mais on commence à s’ennuyer. Peter Moore retrousse alors sa manche et révèle un tatouage en forme de promesse inscrite dans le sang : Halo 2 sortira le 9 novembre ! Oui, précise-t-il, devançant les railleries : le 9 novembre 2004. La projection d’un long tutorial d’une partie de Capture The Flag multijoueur concrétise avec bonheur la promesse. Une annonce stratégique importante tombe enfin : tous les jeux sports d’Electronic Arts seront bientôt jouables sur Xbox Live. Un coup marquant contre la mollesse de la gestion en ligne de la PlayStation 2, une bonne nouvelle pour les nombreux adeptes des licences sportives EA qui vont profiter de la convivialité de l’interface en ligne de la Xbox. Moment inédit chez Microsoft, tout le monde se lève tout à coup pour saluer la présence tremblante mais rieuse de l’énorme légende de la boxe Mohamed Ali venu sur scène, avec quelques autres sportifs plus ou moins connus, valider le partenariat EA et Xbox. Dans la foulée, le James Bond, GoldenEye : Rogue Agent, développé par EA sera lui aussi jouable en ligne ! Toutes ces présentations efficaces cachent au moins une chose : pas de Xbox 2 et pas de Half-Life 2 sur Xbox ? Pendant ce temps là, Square-Enix donne un concert symphonique au récent et magnifique Walt Disney Concert Hall. Rage…
Après le X, on passe au culte. Demain matin a lieu la conférence de presse Nintendo sur Hollywood Boulevard…

Le culte de Nintendo

Les infidèles s’en moquent, les fidèles en pleurent, les ignorants s’en étonnent : les conférences de presse Nintendo ne ressemblent pas aux autres. Les spectateurs sont assis par-terre jusqu’au pied de la scène. Les standing-ovations spontanées saluent les annonces surprises que Nintendo ne manquent jamais de faire et la présence de Shigeru Miyamoto est désormais un rituel attendu. Moins spectaculaires que celles de ses concurrentes, mais toujours très émotionnelles, les conférences Nintendo se transforment souvent en happenings. Avec la découverte de la nouvelle portable Nintendo DS et l’annonce surprise d’un nouveau Zelda version réaliste, cette année ne fait pas exception. J-1. Une heure de retard, la conférence Nintendo attend trop longtemps les navettes de journaliste revenus de la conférence de Sony USA. Une heure d’impatience alourdie par le fait que, pendant que toute la presse mondiale piétine devant les portes Nintendo, le quotidien national USA Today en vente dès le matin présente en exclusivité la Nintendo DS ! Agaçant. C’est parti ! Une nouvelle tête de Nintendo US monte sur scène pour défendre le positionnement toujours original de la firme de Kyoto. Avec une efficacité très américaine, Reggie Fils-Aime, nouveau Vice-President des Ventes et du Marketing de Nintendo of America, vante les mérites de l’héritage Nintendo avec beaucoup plus de conviction que les vrais responsables US et japonais. La prestation presque risible de Saturo Iwata l’année dernière avec son petit poing levé en défi aux méga corporations est encore en mémoire. Cette fois le discours est mieux articulé et les annonces concrètes. Les ennuyeuses mais indispensables présentations chiffrées (Source NPD, marché US) révèlent une progression de 21% des affaires Nintendo fin 2003 / début 2004, pendant que l’industrie du jeu vidéo accuse une récession de -9% à -5%. Les rumeurs parfois alarmistes sur les comptes Nintendo sont censées s’éteindre ici. Les 2,5 millions d’exemplaires vendus en 4 mois au Japon des derniers Pokémon FireRed et LeafGreen sur Game Boy suffisent à imposer le respect. Après 15 ans d’occupation, 168 millions d’unités vendues et 9 challengers éliminés, le monopole incontestable de la Game Boy sur le marché des consoles portables autorise même Nintendo à évacuer la menace de la PlayStation Portable d’un trait d’humour : en cette année d’élection américaine, pour Nintendo le vote a déjà eu lieu, et la Game Boy Advance a déjà gagné (25 millions vendues). Comme sur GameCube, sans même compter sur les éditeurs tiers, sept titres majeurs du catalogue Nintendo (Donkey Kong Country 2, Mario Pinball, Mario Golf : Advance Tour, Mario Party Advance et F-Zero GP Advance et les inattendus Mario vs Donkey Kong et Zelda : The Minish Cap) suffisent à conforter le succès de la logithèque GBA. Nintendo en profite alors pour annoncer un adapteur Wireless pour la GBA SP qui sera vendu avec les prochaines cartouches Pokémon. Cet adaptateur laissera chater, échanger des données et s’affronter dans des mini jeux sans les habituels câbles link. Le Mario Golf de la GBA devrait aussi fonctionner sans fil. Rattrapant les expériences amateurs utilisant l’écran de la GBA pour diffuser de la vidéo, Nintendo sortira des cartouches Game Boy Advance Vidéo (20$ environ). La GBA devient alors lecteur façon DVD de dessins animés comme ceux des Pokémon ou de SpongeBob SquarePants de Majesco. Sur la GameCube qui se porte mieux depuis la baisse du prix de vente, les gros calibres sont bien prévus pour cette année, du moins au Japon et aux USA : Metroid Prime : Echoes et son mode multijoueur, l’exclusif GameCube Resident Evil 4 devenu un jeu d’action, le Starfox développé laborieusement par Namco, le poétique Pikmin 2 aussi multijoueur, l’indispensable Zelda : Four Swords déjà sorti au Japon. Bonne nouvelle qui en annonce une autre : Donkey Konga, le jeu musical rythmique disponible au Japon sortira bien en occident avec son indispensable paire de kongas accessoire. Un jeu intéressant qui annonce surtout l’inédit et épatant DK Jungle Beat exploitant lui aussi les tam-tams.

Deux fois plus différents
Puis arrive le moment tant attendu du coming out de la Nintendo Dual Screen. Avec son double écran, sa connectivité sans fil et, surtout son écran tactile, Nintendo réinvente le jeu vidéo une nouvelle fois. Les spectateurs conquis d’avance adhèrent, mais il faudra sans doute du temps pour que le grand public comprenne le concept. On lui expliquera (voir page xx). La conférence tire à sa fin et, déception, Miyamoto-san n’est pas monté sur scène. Ce n’est même pas lui qui a présenté la Nintendo DS qui fait pourtant partie de ses inventions comme nous l’apprendrons plus tard. Une musique opératique envahit tout à coup la salle, les lumières s’éteignent à nouveau et VLAN ! voilà le choc projeté sur grand écran : le teaser d’une nouvelle aventure de Zelda au design réaliste. Adieu le cell-shading ! Les énormes YEAAAHH du public américain ébranlent la salle, dépassant même en décibels ceux de la toute première présentation de Metroid GameCube il y a quelques années. Les images du nouveau Link jeune adulte défilent trop vite. A peine les mots Coming Soon affichés, les lumières se rallument et, nouveau choc, Shigeru Miyamoto surgit en courant sur scène ! La foule devient hystérique, tout le monde est debout. Souriant et malicieux comme toujours, Miyamoto-San est équipé du bouclier et de l’épée de Link ! Sous sa veste, un tee-shirt vert 1-up ! Il prend des poses de guerrier du dimanche, s’amuse avec les objectifs. Son plaisir de créer la surprise est flagrant. Un petit speech en anglais pour confirmer la sortie en 2005 d’un nouveau Zelda sur GameCube, une dernière pirouette et le plus populaire des créateurs de jeu vidéo est déjà reparti sous un tonnerre d’applaudissements. ça se passe comme ça les conférences Nintendo.
Dans l’après-midi du même jour Konami donne aussi, plus modestement, une conférence où tout le monde n’est pas convié. Tant pis.

E3 2004 danybliss 4

Jour J : le salon est ouvert

9h. Après l’échauffement des jours précédents, le vrai marathon commence. Trois jours, soit exactement 24 heures à courir dans tous les sens pour essayer, vainement, de tout voir, tout essayer. On nous annonce 1000 nouveaux projets parmi les 5000 présentés cette année par 400 exposants. Le 10e serait déjà trop, un délire. Par où commencer ? Quels stands ? Quels jeux ? Cinq minutes pour se repérer entre les deux gigantesques Halls Sud et Ouest séparés par un long couloir où se cachent d’autres salles bourrées à craquer de jeux vidéo. Grande difficulté : arriver à l’heure aux rendez-vous avec les attachés de presse de Sega, Nintendo, Capcom, Eidos, Konami, Microsoft, Sony, Electronic Arts, Sega, rester présentable malgré la course effrénée, ne pas s’effondrer devant son interlocuteur, rester digne, ne pas se déshydrater, penser à grignoter quelque chose pour ne pas tomber purement et simplement avant la fin de la journée. Cette année, en plus du reste, il ne faut pas oublier de passer à l’exposition History of Video Games Museum du Hall Kentia. Où ça ?

Sony : la grosse tête VIP

Le succès de la console de salon la plus populaire (70 millions de PS2 écoulées !) du 21e siècle semble avoir donné la grosse tête à Sony Computer. La traditionnelle et spectaculaire conférence de presse de Sony Computer USA du mardi 11 mai, veille du salon, n’était pas accessible à tout le monde contrairement à celles de Microsoft et Nintendo. Ce n’est pas un manque de moyens, juste une politique de rentabilité. Sony s’assure que chaque journaliste présent couvrira bien l’événement pour un journal. Dans le doute, le journaliste, notamment européen, est aimablement renvoyé à la conférence « business » de la filiale européenne de Sony qui a lieu le premier jour du salon. Mauvaise idée, après tous les palabres des conférences non interactives, le 1er jour on préfère enfin voir et toucher les jeux plutôt que de s’enfermer encore une fois dans une salle à écouter des patrons se féliciter de leurs exploits. Mais on y va quand même, ne serait-ce que pour apercevoir enfin la PlayStation Portable de prêt, puisque sur le salon, elle est confinée dans un petit espace accessible après avoir fait une longue file d’attente. Grande inquiétude pour tous les amateurs de nouvelles technologies anxieux de voir débarquer les prochaines consoles de salon, le nouveau patron de Sony Computer Europe David Reese le dit clairement pendant la conférence, « la PlayStation 2 est à mi chemin de son cycle de vie ». Même si la PlayStation 3 peut cohabiter avec la PS2 de la même manière que la PSone a continué de se vendre en même temps que la PS2 (100 millions écoulés de 1995 à 2004 ! ), cette affirmation semble repousser la PS3 plus loin que les médias et analystes ne l’imaginent. Toujours largement en tête devant Nintendo et Microsoft, la branche PlayStation 2 est la plus rentable du groupe Sony. La multinationale japonaise n’est donc pas pressée de la couper. D’autant que Sony part à l’assaut d’un autre marché avec la PlayStation Portable. Bien conscient qu’il existe « un seuil magique » du prix de vente qui rend une console en produit totalement grand public, Reese affirme que le prix de la PS2 ne baissera pas immédiatement dans les territoires PAL. La PS2 se vend sans cela, plus vite et mieux que la PlayStation originale. Alors que 70 millions de PS2 ont été vendues dans le monde, Sony pense qu’il reste encore 50% de PlayStation 2 à vendre. Idem pour les jeux dont les ventent actuelles ne représenteraient que 40% de leur potentiel à venir. Un constat si important que Sony supplie presque les développeurs de ne pas abandonner la PlayStation 2 trop vite. « Nombreux sont ceux qui regrettent d’avoir arrêté trop tôt le développement pourtant encore rentable sur PSone », rappelle Reese. Ne se démontant pas face au succès du Xbox Live, Sony déclare avoir la plus grosse communauté de joueurs en ligne en Europe avec 25 jeux compatibles. Une affirmation à mettre en parallèle avec les 22 millions de PS2 installées en Europe bien sûr. Aussi orienté chiffres que données technologiques, Sony nous apprend que si l’industrie du jeu vidéo représente en 2003 24% des 34 milliards d’euros du marché des loisirs européen, elle atteindra 30% des 42 milliards d’euros prévus en 2008. Bref ça grimpe tellement sûrement, que Sony ne veut pas brûler les étapes. En attendant, Sony évoque son partenariat avec IBM autour du développement de la technologie Cell destinée à des stations de travail Workstation. Les rudiments de la PS3 ? 

Jouets PS2

Du côté jeux, le catalogue de Sony Europe est assez court et solide pour que chaque titre soit traité comme un événement. SCEE attend beaucoup du FPS Kill Zone par exemple ou du 2e Getaway : Black Monday toujours aussi anglais et gangster (3 millions vendus du 1er !) et si cinématographique que Sony le présente au Festival de Cannes (hors compétition allons !). Gran Turismo 4 ne se présente presque plus mais on remarque pourtant des effets de motion blur inédits jusque là lors des chocs. On prend. Le jeu de karaoké SingStar, ses 2 micros et sa compatibilité avec l’EyeToy si populaire (2,5 millions écoulés en Europe !), la licence Athens 2004 des Jeux Olympiques qui fonctionnent avec un tapis… de course (?) et les fonctions chats et vidéo de l’Eyetoy sont destinés à convaincre des consommateurs qui ne sont pas des joueurs. Et c’est presque tout, officiellement, puisque les Ratchet & Clank 2 et autres Jak III ou Sly Raccoon 2 n’existent que dans le catalogue de Sony America. On ira les voir sur le stand Sony.
Présenté presque trop ordinairement entre les mains d’un David Reese déjà en position d’orateur automatique, la pourtant inédite et hyper symbolique PlayStation Portable ne ressemble guère au dessin prototype en circulation depuis des mois. La plus grosse surprise (déception ?) vient du fait que la façade de la PSP n’est pas du tout lisse comme prévue. Croix directionnelle et boutons traditionnels de la Dual Shock dépassent comme d’habitude du châssis. Rien d’original en surface donc. Mais attention aux fonctions et à l’époustouflant écran (voir page xx) ! Comme la Nintendo DS, la PSP sortira au Japon en fin d’année et sans doute en Europe avant mars 2005. Et là non plus aucun prix de vente n’est annoncé. Chacun campe sur ses positions.

E3 2004 Convention Center © Danybliss

Retour dans la foule

Après un rapide coup d’œil dans la salle de presse prise d’assaut par de biens courageux spécialistes du jeu vidéo acharnés à écrire leurs articles en direct du salon : retour dans l’arène. A partir de là les jeux aperçus en passant devant un écran, expliqués par des professionnels de la communication, quelques fois des développeurs eux-mêmes, projetés sur de grands écrans publics ou dans des petites salles privilégiées, et parfois, quand même, vraiment joués, s’enchaînent avec un rythme infernal. Si les jambes entraînées font leur boulot, le cerveau suit à peine. D’autant que beaucoup trop de jeux se ressemblent. Le succès à contre-emploi de Halo sur Xbox au moment où le genre FPS s’essoufflait sur PC lui a redonné une nouvelle légitimité. Il y en désormais partout. Des militaires bien sûr, inspirés par les succès immersifs des Medal of Honor de Electronic Arts, ou des descendants d’Halo prêts à en découdre avec des aliens. Heureusement les bidasses de l’Armée US sont cette fois restés planqués derrière le stand du nouveau partenaire Ubi Soft. Des nouveaux jeux de courses automobiles veulent encore et toujours arracher la pole position à Gran Turismo en y greffant, comme si les succès pouvaient se cumuler, des options de tuning inspirées du dernier Need for Speed.

Faux semblants
Si sur PC le procédé consistant à ne montrer les jeux qu’en versions non interactives dans des petites salles de projections était déjà pratiqué, la méthode tend malheureusement à se généraliser pour les jeux sur consoles. Ainsi aux côtés des divas du PC Half-Life 2 et Doom 3 qui refont sans surprise le coup des files d’attentes, c’est aussi Splinter Cell 3, 3 jeux Electronic Arts dont le faux James Bond : GoldenEye 2 (James n’est pas jouable, c’est le concept), Halo 2, et même la Nintendo DS qui sont présentés uniquement en vidéo et en comité réduit, donc sur rendez-vous ou après d’interminables files d’attente. Malgré des vidéos tournantes, DOA Ultimate et Tekken 5 n’étaient carrément pas disponibles en versions jouables. Idem pour le remake ambitieux de Altered Beast présenté en vidéo pour la 2e année consécutives chez Sega ou le curieux Killer 7 de Capcom. Le comble revient alors à Atari avec un stand constitué uniquement de versions non jouables de son catalogue. Y compris le médiatique Driv3r qui pour l’instant ressemble à tous les prétendants de GTA (dont la suite brillait aussi par son absence). Drôle de salon, un peu glissant avec ses jeux qui se dérobent, et les stands visiblement revus à l’économie de Sony et Nintendo. Une économie que ne connaît pas Microsoft avec un stand drapé de vert qui gagne chaque année du terrain médiatique. Si l’annonce des consoles portables a créé l’événement dans l’industrie du jeu vidéo, leur présentation partielle a rendu ce salon aussi fuyant que nos espions spécialistes du camouflage. Un E3 de transition sans doute… Alors, si pour faire le tri et gagner du temps, on décide de survoler très vite les titres connus suivis d’un chiffre et les licences trop ouvertement marketings pour s’intéresser aux jeux inédits, vraiment jamais vus ou connus, le salon devient beaucoup plus petit que prévu. Allez, c’est dit, on s’invente un jeu : trouver les jeux inédits ! Suivez les flèches : « Inédit », « Coups de cœur », « Essayé pour vous » et « Suite incontournable » parce que, oui, quand même, il y en a qui mérite d’être jouée.

…? Et l’History of Video Games Museum du Hall Kentia ? Oui, je l’ai raté. Bouh.

François Bliss de la Boissière (alias Aliasaka)

Photos : danybliss

(Publié en mai 2004 dans GameFan 01)

 


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Futuroscope : La Coupe du Monde des Jeux Vidéo

Tué prématurément dans l’œuf de la bulle Internet, le grand village hippie communautaire international rêvé par les premiers gourous de l’Internet est en train de renaître sous la forme d’un village… sportif. Le sport électronique relie des milliers de cyberathlètes autour de très sérieuses compétitions de jeux vidéo en réseau. Une nouvelle discipline sportive est en train de naître.

ESWC 2003 photo © danybliss

Qu’est-ce donc que le jeu vidéo finalement ? Un des loisirs les plus prisés et les plus incompris des 15-25 ans ? Un passe-temps dangereux pour la jeunesse d’après le très remonté sénateur démocrate américain Joe Lieberman ? Un grignoteur de parts de marché audiovisuelles assez sérieux pour que les télévisions hertziennes l’ignorent sciemment, au même titre que l’Internet ? Le nouveau rock’n roll ? Et si, avant même de se trouver une identité culturelle, le jeu vidéo s’inventait un statut social en devenant… un sport ?

« La faute à Claire Chazal »

La première édition de la Coupe du Monde des Jeux Vidéo au Futuroscope de Poitiers l’a attesté en juillet dernier : une des familles du loisir interactif, celle qui fait appel à la compétition et se joue sur PC au moyen de la souris et du clavier, est en train d’accoucher d’une activité sportive à part entière. Un vrai sport…électronique, avec champions nommés cyberathlètes, des équipes, des coachs, des sponsors, des tournois internationaux, du spectacle, un public. Un sport, certes, pratiqué assis face à un écran d’ordinateur, mais qui demande concentration, effort physique, habileté, réflexe, esprit d’équipe, initiative individuelle, entraînement, talent. Un sport électronique avec dorénavant sa Coupe du Monde, en France. « C’est à cause de Claire Chazal si nous n’avons pas traduit littéralement l’Electronic Sports World Cup (ESWC) en Coupe du Monde des Sports Electroniques« , révèle Matthieu Dallon jeune promoteur passionné à l’origine de cette compétition. « Sur TF1 elle avait introduit un reportage en annonçant la Coupe du Monde des Jeux Vidéo. Nous avons conservé l’appellation. »

E-sport professionnel

En Corée du Sud où plus de la moitié de la population (24,4 millions d’internautes sur 46,9 millions d’habitants) a accès à l’Internet haut débit, les championnats de sports électroniques sont un phénomène. Matthieu Dallon s’emballe : « 4 millions de téléspectateurs, 12 000 spectateurs dans un stade peuvent assister à la finale de la World Cyber Games où 500 cyberathlètes venus de 45 pays s’affrontent à des jeux en réseaux sur PC ! » Avec 400 000 $ de prix à la clé, voilà ouvertement un sport professionnel. Le modèle économique et social existe donc, en Asie, mais aussi aux Etats-Unis où la Cyberathlete Professionnal League organise depuis 6 ans des compétitions internationales.

La « République numérique » de Jean-Pierre Raffarin

La contagion a fini par gagner l’Europe et notamment la France. Ainsi, après avoir organisé avec succès de gigantesques Lan-Parties en France depuis 1999 (jusqu’à 1500 PC réunis en réseau sous le toit de la Grande Halle de la Villette en juillet 2002), la jeune société Ligarena a fini par lancer son idée d’une Coupe du Monde des Jeux Vidéo. La rencontre avec le Futuroscope de Poitiers et le soutien du Conseil Général de la Vienne furent déterminants. En avril dernier, lors de l’inauguration au Futuroscope de la Cité du Numérique, le 1er Ministre Jean-Pierre Raffarin avait affirmé son soutien au jeu vidéo par un de ses bons mots : « Le ludique est une voie d’entrée à la République Numérique« . Soutenu par un René Monory toujours Président du Conseil de la Vienne à 80 ans, et surtout, instigateur avant-gardiste du Futuroscope en 1983, convaincu que « le jeu électronique est appelé à devenir un loisir de masse« , la Coupe du Monde des jeux vidéo était lancée en France.

Spectacle & compétition

Après quatre mois d’épreuves éliminatoires, 340 cyberathlètes internationaux ont été invités au Palais des Congrès du Futuroscope du 8 au 13 juillet pour la phase finale. Grand pari de cette manifestation : faire un spectacle autant qu’une compétition sérieuse. Mal informé, le public ne s’est pas encore déplacé en masse, mais l’idée et le principe sont viables. Des dizaines de matchs furent retransmis sur écrans géants. Les matchs les plus épiques s’installèrent sur la scène d’un amphithéâtre de 1500 places. Un énorme écran permettait de suivre les différentes phases de jeu tout en observant les champions en action. Des commentaires avisés osaient expliquer l’évidence pour des spectateurs néophytes tout heureux de mieux comprendre enjeux et prestations. Comble de l’émotion, grâce à des cardio fréquencemètres placés sur certains joueurs, les cœurs des spectateurs pouvaient battre au rythme cardiaque des champions grimpants jusqu’à 185 bpm !

Souris à 350 Km/h

Jouer sérieusement à Quake 3 ou Unreal Tournament 3003 demande à un cyberathlète d’être capable de déplacer sa souris à plus de 350 km/h pour viser un point en mouvement de la taille d’un pixel. Gagner à Counter-Strike oblige à coordonner une équipe de cinq personnes. Tenir bon à Warcraft 3 implique la gestion en temps réel de centaines de troupes à l’attaque de citadelles. Ceux qui pensent encore que le jeu vidéo est une distraction assoupissante feraient bien de lever le sourcil. Une nouvelle race de champions est en train de naître.


Clans féminins

ESWC 2003 photo © danybliss

Le sport électronique a déjà ses champions nationaux et internationaux, ses gagnants et ses perdants, ses ligues féminines. Vixen et Sophie, étudiantes, et Lisu, mère de famille (photo), trois des cinq membres du clan suédois Femina Bellica : « Nous nous sommes entraînées individuellement à Counter-Strike entre 3h et 6h par jour pendant les trois semaines précédant la Coupe » expliquent-elles,  » puis nous avons constitué notre équipe en fonction de nos aptitudes complémentaires« . Elles gagneront en quart de finale contre les DKGirls du Danemark, mais perdront en finale contre les Allemandes SK.Ladies qui se partageront 6000 $. Du côté des garçons les enjeux sont plus importants, les champions plus performants. « Pas parce qu’ils ont une supériorité physique sur les filles‘ » constate Matthieu Dallon, organisateur de l’ESWC, « Sans doute parce qu’ils sont plus nombreux à s’entraîner, depuis plus longtemps« .


François Bliss de la Boissière

(Publié en en 2003 dans TéléCinéObs)

 


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La GBA se met au parfum… SP

La reine des consoles portables n’a pas fini ses mutations. Après les enfants et les jeunes adultes, ce sont les hommes et les femmes, les vrais, qu’elle veut séduire. La Game Boy Advance SP est-elle vraiment pour adulte ? Eléments de réponse…

Comment se succéder à soi-même ? C’est un peu le défi d’une Game Boy en situation de monopole incontestable depuis 14 ans sur le marché des consoles portables. Si le passage à la couleur a permis à la Game Boy devenue Color de continuer presque naturellement son irrésistible ascension, le vrai saut technologique intervenu avec la Game Boy Advance en 2001, n’était pas forcément gagné d’avance. Seuls les spécialistes et les plus avertis amateurs de jeux vidéo étaient vraiment à même d’apprécier la valeur technologique 32 bits de la nouvelle Game Boy. Le grand public, lui (nous l’avons testé pour vous), ne fait pas vraiment de différences. Alors là où le message technologique ne passe pas, il faut trouver d’autres signaux. En général des signaux d’appartenance culturel.

Sans conteste ni remords, la Game Boy a toujours été destinée aux enfants, quelles que furent ses évolutions. La Game Boy Advance, en revanche, a voulu élargir son audience vers un public, toujours jeune, mais plus âgé, plus actif dans la société, des amateurs de sports extrêmes notamment, forcément adeptes de machines portables, comme le baladeur CD et, bien sûr, le téléphone mobile. Des adulescents que Nintendo n’a pas hésité à aller titiller jusque dans la Gay Pride parisienne où des dizaines de flyiers GBA ont été distribués. Des prospectus malicieux s’amusant avec l’image gentiment ambiguë d’un nouveau profil masculin de Game Boy… Advance. Touché ! Donc, avec sa campagne de pub irrévérencieuse, limite trash, où des jeunes gens, absorbés par le jeu sur GBA, oublient d’ouvrir leur parachute, pissent sans les mains, ainsi de suite, Nintendo modernise sa nouvelle console, essaie de lui donner un profil « rebelle ». 15 millions de GBA vendues plus tard, personne n’ira démentir l’efficacité de ce marketing et surtout, du double poids de l’héritage Game Boy et Nintendo. Car malgré toutes les qualités de la GBA, il est un défaut qui aurait dût être éliminatoire : l’écran non rétro éclairé quasiment impraticable !

Deux ans plus tard, ENTER : le Game Boy Advance Special Project ! Nintendo avoue apparemment son erreur et présente une nouvelle GBA avec un écran éclairé. Seulement voilà, la GBA SP ne se contente pas de présenter l’écran qu’il fallait, elle adopte cette fois un design high-tech classieux qui vise ouvertement un nouveau public. La SP new look rejoint les gadgets de pointe comme les PDA, les téléphones mobiles. Et Nintendo décline sa nouvelle image dans les magazines de modes. Des affiches GBA SP parodient dans un noir et blanc chic les pubs pour parfums. L’homme ne joue plus seul, Nintendo prévient que la SP concerne désormais le couple, voire même les femmes. La créatrice de mode Katherine Pradeau a designé une GBA sertie de pierres. Des tops modèles s’affichent en train de jouer sur GBA SP. Le magazine Elle s’en fait l’écho…

Un mois après sa sortie, la GBA SP est un succès incontestable (200 000 écoulées les 3 premiers jours en Europe !), les stocks s’épuisent dès réassort. Mais la clientèle Game Boy a-t-elle vraiment changée ? Pas vraiment. « Il y a bien des hommes d’affaires et des comités d’entreprise qui achètent la GBA SP avec intérêt« , explique un responsable des jeux du Virgin Megastore au cœur des bureaux du boulevard des Italiens, mais l’essentiel de la clientèle est resté le même affirme la Fnac de Toulouse et une majorité d’autres magasins : « Des parents avec leurs enfants« . Ou inversement.
Ce qui est sûr, c’est que la GBA 1ère génération est déjà oubliée. Les vendeurs sont unanimes : « La différence de prix entre la GBA à 95 € et la GBA SP à 129 € ne compte pas, tout le monde veut la SP, même ceux qui ont déjà une GBA« . La GBA a bien un nouveau parfum…

Game Boy : la mutation permanente

 Installée sur le trône du succès depuis 14 ans, la Game Boy n'est pour autant pas restée immobile. D'une coque grise à des coques multicolores, elle est passée de console portable à console "pocket". Son écran noir est devenu couleur, le boîtier transparent. Douze ans et 110 millions de Game Boy vendues plus tard, sans réel concurrent à l'horizon, Nintendo se lance seul sur le marché des consoles portables du XXIe siècle. Concentré de technologie mobile dédié au jeu, le Game Boy Advance est de forme horizontal, affiche des milliers de couleurs, passe à la puissance 32 bits. Deux ans plus tard encore, et 15 millions de GBA SP vendus, Nintendo modernise son image. La machine à jouer devient une machine à séduire, garde le même fond technologique mais enfile un costume de soirée. Coque métallisée, mystérieusement fermée comme une huître, le SP s'ouvre comme un écrin, son écran enfin éclairé brille dans le noir telle une perle sous la lumière… Le Game Boy Advance Special Project se veut désormais mixte. Et sa mutation n'est sans doute pas finie… 
1996
Réduction de taille, la Game Boy Pocket tient dans la poche
1998
Les jeux sont enfin en couleurs avec la sortie de la Game Boy Color
2001
Bon technologique : le Game Boy Advance est une vraie nouvelle console. Tous les jeux du catalogue Game Boy restent compatibles.
2003
Look chic anti-choc : le Game Boy Advance est plus qu'une machine à jouer

3 jeux pour Elle

  • Rayman 3 (UbiSoft)
    « Oh, il est rigolo le personnage sans bras ! Regarde comme il saute, s’accroche, jette son petit poing en avant ! Trop mignon ! »
    Jeu de plate-forme écologique, bien fait, facile d’accès (au début), personnage attachant, et qualité française garantie.
  • Kuru Kuru Kururin (Nintendo)
    « Mais c’est génial ce truc ! Attends, là, j’essaie encore une fois en mode facile, le bâton est un peu plus petit, après tu vas voir ! »
    Diriger un bâton tournoyant dans des parcours sinueux et fleuris. Un principe et une réalisation simples pour un jeu hyper malin.
  • Sonic Advance 2 (Sega / Infogrames)
    « Tu me diras ce que tu veux avec tes jeux de voitures, tu n’iras jamais aussi vite que moi avec Sonic. Jamais ! »
    Le hérisson bleu de Sega est si vif qu’on a facilement l’impression d’être un champion de la vitesse. Pour se donner des vertiges dans les loopings…

3 jeux pour Lui

  • Doom (Activision)
    « Oui, bon, je les descends à coups de fusils, c’est vrai. Mais c’est pour rire, regarde : le sang est vert … »
    Vieille légende du jeu vidéo où les monstres s’éliminent au fusil à pompes. Toujours aussi viril, même sur console portable.
  • V-Rally 3 (Infogrames)
    « Un homme sans voiture serait un homme sans cliché, sans doute, mais là quand même, chérie, c’est de la 3D sur GBA ! »
    La 3D de ces courses de rallye vacille bien un peu, il n’empêche que cela fait réaliste. Et la conduite est solide.
  • The Lost Vikings (Vu Games)
    « Tu vois mon amour : les jeux vidéo font réfléchir ! Si si. Pour trouver la sortie, chaque Viking fait appel aux compétences de ses deux copains ! »
    Ces trois pieds-nickelés du Nord ne datent pas d’hier. Mais le mélange action et puzzle est toujours aussi ludique et malicieux.

3 jeux pour eux Deux

  • Eggo Mania (Kemco)
    « Tu es dégueulasse quand même, j’étais presque arrivée en haut !« . « Bon, ok, encore une, et je te laisse un peu d’avance…« .
    Dérivé de Tetris, en plus coloré, plus funky. Il faut vite construire son mur en essayant de détruire celui de l’autre.
  • The Legend of Zelda : A Link to the past + Four Swords (Nintendo)
    « Marche sur le levier là, vite vite, le pont va se rétracter ! « . « Attends ! Il reste des rubis, faut que je les attrape ! »
    Une aventure médiéval magique à suivre ensemble ou en alternance. Plus un inédit mode 2 joueurs où il faut coopérer.
  • Mario Kart Super Circuit (Nintendo)
    « C’est toi qui as encore lâché une peau de banane dans le virage ? Avoue !« . « Mais qu’est-ce que tu racontes, je viens de tomber dans l’eau là alors… »
    Courses hyper funs de mini karts. Des parcours et des personnages bariolés pour des compétitions insouciantes et efficaces.

François Bliss de la Boissière

(Écrit en avril 2003 avec une légèreté assumée et publié en mai 2003 dans VSD Hors série jeux vidéo n°1)

VSD Hors Série JV 01 mai 2003 GBA SP 01
VSD Hors Série JV 01 mai 2003 GBA SP 02

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Les nouvelles amazones du jeu vidéo

Les femmes virtuelles imaginées par les créateurs de jeux sont apparues dans les jeux vidéo en croyant se suffire d’un physique avantageux. Elles ont aussitôt été exploitées dans de mauvais produits. Heureusement, une nouvelle vague d’héroïne arrive à point nommer pour remettre les compteurs à zéro. Une femme, cela vaut bien un homme. Et même plus si affinités…

Il fut un temps où tous les héros de jeux vidéo étaient exclusivement masculins. La seule et unique héroïne du jeu vidéo d’avant la 3D s’appelait Samus Aran, portait casque et armure asexuée et ne révélait son identité qu’à la conclusion-surprise du jeu Super Metroid en 1994. C’est dire si les formes féminines avaient peu la côte en dehors des couvertures de jaquettes racoleuses parfois hors-sujet. Depuis le succès planétaire surprise de Lara Croft dans Tomb Raider en 1996, l’industrie du jeu vidéo a finalement compris que les héroïnes peuvent rapporter gros grâce à la 3D. Facile après tout, puisque les joueurs, essentiellement masculins, le réclament, il suffit de placer une bimbo plus ou moins sculpturale devant l’écran et le tour est joué. Et les musclors d’Héroïc-Fantasy sont devenus des femmes barbares à peine habillées, les espions des espionnes, l’aventurier de base, une aventurière lambda… Placer une femme polygonée dans le rôle principal de n’importe quel produit interactif est devenu une telle exigence marketing que les jeux qui ne peuvent se passer d’un héros masculin proposent, en supplément, de traverser la même aventure avec une héroïne  (Les Resident Evil, Devil May Cry 2 pour n’en citer que quelques uns) ! Une option impliquant souvent une version plus facile du jeu (on ne relèvera même pas la phallocratie de base ici). Et l’exception initiée spectaculairement par Lara Croft est devenue une norme ridicule, avec pour seul justificatif celui de solliciter le voyeurisme masculin. Une sorte de femmexploitation excusant à peine des dizaines de jeux exécrables qui auraient dû se chercher ailleurs une identité.

Début 2003, le filon féminin ne s’épuise pas. Après un an de break pour cause de prestation cinématographique, Lara Croft revient sur console (Angel of Darkness) et plusieurs jeux annoncent ouvertement la couleur et le recours à des formes féminines. Mais cette fois la donne a changé. Car après les plans commerciaux sans lendemains d’éditeurs opportunistes, ce sont des créateurs de jeux de renom qui décident de donner la parole aux héroïnes. La séduction marketing est toujours là, mais le savoir-faire indéniable des studios concernés va au moins garantir que ces femmes là seront cette fois bien traitées. Et avec un peu de chance et d’application, elles mériteront leur statut d’icône pour leur plastique… et pour leur talent. Voici un portrait des nouvelles amazones du jeu vidéo….

Joanna Dark

La transformiste. À l’origine, cheveux courts et noirs, silhouette presque masculine, l’espionne du formidable Perfect Dark sur Nintendo 64 (2000) aurait dû être une icône lesbienne. Elle l’est peut-être. Après 20 ans de collaboration intime avec Nintendo, le mythique studio anglais Rare, géniteur de Joanna Dark se livre complètement à Microsoft et à la Xbox. Apparemment décidé à renaître sous toutes les formes, Rare présente une nouvelle Joanna totalement relookée. Cheveux roux et longs, corps de gymnaste longiligne, l’espionne qu’on aimait se féminise, rajeunit et devient manga. À l’origine un First Person Shooter fin et racé, le gameplay du prochain Perfect Dark Zero est encore secret. Seule certitude : rendez-vous immanquable.
Perfect Dark Zero : Xbox / Microsoft / 2003-2004

Joanna Dark Perfect Dark Rare

Samus Aran

La pudique. Casquée, dissimulée derrière une techno armure de pointe, la sauveuse d’univers infestés de vilains Metroids est une femme d’action qui ne s’embarrasse pas avec la séduction. Son retour attendu depuis sa dernière aventure sur Super Nintendo (1994) se fait simultanément sur GameCube et Game Boy Advance. Les deux jeux étant d’ailleurs susceptibles de communiquer entre eux via le câble prévu à cet effet. Transformée, elle aussi, pour son passage sur GameCube, Samus se cache plus que jamais derrière son viseur (le HUB, Head Up Display) pour un jeu d’aventure et d’action en vue subjective qui soustrait sa silhouette à notre vue. Il faudra alors guetter le reflet évanescent de son visage à l’intérieur de la visière lors des explosions…
Metroid Prime : GameCube / Nintendo / disponible
Metroid Fusion : Game Boy Advance / Nintendo / disponible

Samus Aran Metroid Prime Nintendo

Kelly O Lenmey

La valkyrie. Membre du commando futuriste des Gunvalkyrie qui comprend aussi des hommes. Son jeu est sorti il y a déjà quelques mois sur Xbox. Un shoot nouveau genre qui essaie de réconcilier frénésie et précision d’antan avec l’ouverture 3D des jeux récents. Résultat : un jeu à la difficulté hors norme, automatiquement réservé aux hardcore gamers. GunValkyrie démontre néanmoins qu’un jeu vidéo avec une femme en héros principal n’a pas besoin d’être bassement populiste et mal fait sous prétexte que l’héroïne est belle. Un jeu pour puristes de la manette qui réserve, sans tout à fait le vouloir, le contrôle de l’héroïne à une élite. Une femme de qualité, ça se mérite, c’est bien connu.
Gun Valkyrie : Xbox / Sega / disponible

Kelly O Lenmey Gun Valkyrie Sega

Kameo

La transfuge. Conçue sur GameCube mais jamais accouchée, Kameo a été aperçue par quelques privilégiés lors d’une discrète écographie publique à l’E3 de 2001, le salon des jeux vidéo de Los Angeles. Depuis, plus de nouvelles, jusqu’à l’annonce tonitruante du rachat du studio anglais Rare par Microsoft en septembre 2002. Cette fois, la princesse indienne Kameo se montre au grand jour. Elle est fine, a des ailes de libellule, ressemble à une fée clochette à l’âge adulte. Son talent ? Mettre, littéralement, les hommes dans sa poche, ou plutôt : l’élevage, le dressage et le contrôle de dizaines d’animaux et monstres exotiques. Premier jeu Xbox du studio Rare. Une création originale et féerique, dans tous les sens du terme.
Kameo : Elements of Power : Xbox / Rare / printemps 2003

Kameo Elements of Power Rare

Malice

La capricieuse. Elle a un marteau, cela veut dire qu’elle frappe dur, mais comme elle évolue dans un monde cartoon à la Lewis Carroll, on imagine bien que ses coups de maillet ne sont pas plus définitifs que ceux que reçoivent le Coyote ou Sylvestre. Malice est la plus jeune du pack, après avoir frimé avec les premières démos technologiques de la Xbox il y a deux ans, elle prend finalement son temps pour arriver sur le marché et faire sa maligne dans un jeu d’action-plateforme. Malgré ses grand yeux et son air effrontée, elle est donc timide, peu sûre d’elle même. Déjà capricieuse ?
Malice : Kat’s Tale : PS2 / Xbox / Argonaut Games / VU Games / 2003

Malice Argonaut

Orta

La cavalière. À cheval sur son dragon, Orta refait la charge des valkyries à elle toute seule. Petite sœur officieuse du mystérieux Arzach de Moebius, Jean Giraud lui-même avait conçu pour Sega le design du premier jeu Panzer Dragoon alors paru sur la défunte console Saturn. Essentiellement un jeu de tir sur Xbox, le dragon volant contrôlée de main de maître par Orta, et le joueur à l’extrémité de la manette, survolent des contrées fabuleuses tout en détruisant les postes de commandes… de l’Empire. Une amazone montant à cru un dragon géant et transformiste pour déclencher le règne du feu ? Il n’y avait que les japonais de Sega pour l’oser.
Panzer Dragoon Orta : Xbox / Sega / disponible

Orta Panzer Dragoon Orta Sega

Lara Croft

Cover girl indestructible. Cinq jeux, autant d’incarnations en mannequins adipeuses, un long métrage, des clips publicitaires, d’innombrables couvertures de magazines, une place de choix à la très hype expo Game On du Barbican de Londres en 2002, déjà une mort et au moins une résurrection, qu’on le veuille ou non Lara Croft est l’aventurière de référence. Au fond, toutes les autres héroïnes cherchent à imiter, sinon ses manières de plus en plus raides dans les jeux éponymes, mais son succès. Un exemple sans doute trop suivi.
Tomb Raider : The Angel of Darkness : PS2 / PC / Eidos / disponible

Lara Croft

Nova

Star prétendante. Totalement préfabriquée, cette sportive héroïne récemment annoncée devra savoir tout faire, à commencer par nous faire croire qu’elle est un croisement naturel de Solid Snake (Metal Gear Solid), de Lara Croft et d’un assassin Ninja (Elektra ?). Le fantôme du titre c’est elle. Combinaison moulante ou pas, un tel profil racoleur serait à dédaigner s’il ne provenait pas du très respecté studio américain Blizzard. Et comme les aventures de Nova se passeront dans l’univers hyper codifié, et célébré, de StarCraft…

Starcraft Ghost : PS2 / Xbox / GameCube / Blizzard / fin 2003 (annulé par Blizzard et jamais sorti)

Nova 
Starcraft Ghost Blizzard

PASS

La voix de son maître. Les Japonais l’assument les premiers. Tous ces jeux où l’on contrôle des femmes virtuelles dans des circonstances extraordinaires ne sont que des substituts de quelque chose de beaucoup plus simple et fantasmatique. Quitte à s’offrir le contrôle d’une femme virtuelle, autant la concevoir belle, sexy, docile, à domicile. Seule l’élégance des graphistes japonais et la dérision qui est généralement la leur permet de rester digne devant ce sexy robot qualifiée de… PASS (Personal Assist Secretary System). Cette N.U.D.E. (NUDITE en français !) aura le privilège de répondre à vos commandes édictées à l’aide du micro Voice Communicator de la Xbox. Mais quel sera donc son domaine d’intervention ? Al Pacino en a trouvé un récemment dans le film S1m0ne. Pour les joueurs, réponse en 2003 sur Xbox.
N.U.D.E. Natural Ultimate Digital Experiment : Xbox / Red Entertainment / printemps 2003 Japon

PASS NUDE Red Entertainment

Yuna

Cow-girl. Le personnage féminin qui inspirait la fantastique aventure de Final Fantasy X sur PlayStation 2 devient l’héroïne principale de Final Fantasy X-2, une demi suite que le studio Squaresoft a relâché début 2003 au Japon. De simple magicienne en costume traditionnel capable de maîtriser les flots d’un tour de passe-passe dans Final Fantasy X, Yuna devient une femme d’action, armes aux points dans cette suite. Un changement de look pro Lara Croft certes suspect, mais jusque là, à part le film en images de synthèse Final Fantasy, le studio japonais Square Soft n’a jamais raté un jeu de sa série fétiche.
Final Fantasy X-2 : PS2 / Squaresoft / 2003

Yuna Final Fantasy X-2 Squaresoft

Cate Archer

James Bond girl killer et même, probablement : Austin Power killer. Elle a les traits délicats, la taille fine. Sortie directement des années 60 kitsch, elle troque rarement ses mini tailleurs colorés contre des collants tendance espionnite aiguë. Et pourtant, pas d’erreur, c’est bien elle qui porte la culotte dans ce jeu d’action traversé à la première personne. Doucement James, aux pieds Goldmember ! Sous son apparence gentiment rétro se cache une moderne attitude. Armes aux poings, humour aux lèvres, coquète, Cate revendique ouvertement sa féminité et tire vers le haut les jeux d’action trop souvent lourd de testostérone. Chapeau bas mademoiselle.
No One Lives Forever 2 : A Spy in H.A.R.M. Way : PC / Monolith / Sierra / VU Games / disponible

Cate Archer Monolith

Vanessa Z. Schneider

La cyber libellule. Premières images, premiers flingues. Vanessa doit détruire robots et droïds à l’aide d’un armement spectaculaire. Et puis, encouragé par Nintendo, le studio Capcom change son fusil d’épaule. Fini les armes, les pistolets massifs, la cyber héroïne projette désormais des rayons d’énergie du bout des doigts et porte des costumes façons libellules. Cyber magie ! Plus courageux encore, assortie à un univers graphique glacial hyper design peu habituel dans les jeux vidéo, Vanessa enchaîne les pas de danse techno pour éviter les tirs ennemis. Ulala ! diront les amateurs du fameux jeu de danse Space Channel 5 ! Oui, un peu, mais cette fois le jeu est vraiment dangereux.
P.N. 03 (Product Number 03) : GameCube / Capcom / 2003

Vanessa Z. Schneider P.N. 03 Capcom

François Bliss de la Boissière

(Écrit entre 2002 et 2003, destiné originellement à Playboy magazine, jamais publié)


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Overgame, fin de la Quinzaine et de l’OPA : vive les fables !

Le Collectif Game se volatilise et laisse Overgame retrouver son rythme. Petit bilan en forme de fable avant de tirer sa révérence.

Overgame Quinzaine de la critique

Nous l’avions annoncé lors de notre arrivée lundi 27 janvier, notre « prise de contrôle » d’Overgame était provisoire. Nous profitions assez opportunément des vacances de Seb (Sébastien Kohn) habituellement aux commandes du vaisseau pour venir commenter l’actualité à notre façon, et donner au passage notre avis sur quelques jeux sortis ses dernières semaines. Nous aurions aimé parler des tous derniers jeux disponibles en France aux USA et au Japon mais, rien à faire, nous n’avons pas eu le temps.

Réunis sous le sobriquet un rien dérisoire de Quinzaine de la Critique, nous avons néanmoins réussi à évoquer sous forme d’Avis Express les jeux suivants… Project Zero, Ratchet & Clank, Eggo Mania, The Thing, Burn Out 2, Silent Hill 2, Sly Raccoon et Splinter Cell. Sortis d’abord sur une seule console, la plupart d’entres eux s’apprêtent à paraître sur les autres consoles du marché…. Si vous avez raté ces critiques parfois un peu « concept », n’hésitez pas à vous diriger vers la rubrique Tests.

Du côté de la rubrique que l’on qualifie de Preview, nous sommes heureux d’avoir été les premiers sur le web à vous parler de l’invasion 2003 du phénomène The Matrix, la veille même où le site Internet du jeu a été ouvert permettant à tous les sites de diffuser des images jusque là « interdites » par l’éditeur. Nous avons également été les seuls à fouiller un peu plus les détails du gameplay interchangeable entre le GameCube et la GBA autour de Rayman 3.

La rubrique Interview/Reportage s’est enrichie, elle, d’une brève interview avec le patron du studio Insomniac Games et donc géniteur de Ratchet & Clank. Et puis surtout, ayant eu le privilège d’assister à une manifestation quasi underground à Paris, nous avons pu faire un compte rendu de la soirée Gamehotel réunissant jeux vidéo, musique et culture pop-digitale dans un même mini happening euro-japonais.

La Rubrique Actu, enfin, nous a permis d’assister en direct à l’arrivée, en tous cas médiatique, de Nokia dans le monde du jeu mobile avec son téléphone-console de jeu vidéo N-Gage, ainsi qu’à la naissance – tangible cette fois – du fameux Freeloader du GameCube. Nous avons également enregistré les résultats records de Sony Computer et Electronic Arts en 2002 à comparer aux pertes importantes de la division jeux de Microsoft qui comprend le catalogue PC et tout ce qui concerne la Xbox. Des chiffres emblématiques d’un marché du jeu vidéo américain qui se répartit désormais entre 20% PC contre 80% console avec des intentions d’achat qui concernent le nombre incroyable de 43% de la population !

Nous avons aussi pris la parole pour tenter d’analyser l’énorme choc culturel que représente au Japon la fusion des studios Squaresoft et Enix. Nous avons même crié un peu plus fort pour dénoncer encore une fois la logique marketing autodestructrice qui consiste à faire des mauvais jeux vidéo avec des licences de films prestigieux. Même si, comme nous l’ont fait remarquer quelques lecteurs, en nous appuyant sur The Thing nous avons critiqué une des adaptations les moins pire. Si mixité entre jeux vidéo et cinéma il doit y avoir, la participation pertinente du metteur en scène du film Nid de Guêpes sur les cinématiques de Splinter Cell PS2 prouve que besoins marketing et initiatives artistiques peuvent très bien s’entendre. Avec un peu d’imagination…

Et il s’en est passé des choses pendant ces deux semaines pourtant « creuses » de début d’année. Cette industrie du jeu vidéo est plus vivante que jamais. Pour un studio Westwood qui se dilue dans la galaxie Electronic Arts, un Sega réapparaît en force dans le monde PC en prenant en charge, par exemple, un jeu comme un ex StarPeace devenu Legacy Online, et un Nec important au Japon revient tout à coup sur la scène internationale du jeu vidéo. Quand Bill Gates monte au créneau pour nier les rumeurs de rachat de Vivendi Universal Games par sa société, Microsoft réussit enfin à s’entendre avec nVidia sur le prix des processeurs Xbox. Et quand Nokia s’apprête à défier Nintendo sur son terrain, le vieux sage redresse la tête en annonçant des prévisions à la hausse de ses ventes de Game Boy Advance. Et les actions remontent un peu en bourse. Les actionnaires sont tout aussi émotifs que vous et moi. Et les lecteurs et les artistes aussi évidemment, comme l’ont prouvé la curiosité suscitée par la fausse console Nintendo Nexus.

Oui, d’une certaine façon les jeux vidéo sont encore porteurs d’espoirs. Non seulement ils sont un bon échappatoire à la grisaille du monde mais en plus ils peuvent permettre des séances de rattrapage. Non pas pour devenir le capo d’un bas quartier de Miami, mais, pour être plus constructif, comme le propose le jeu PC : Space Station Manager. A l’heure où la vraie Station Spatiale Internationale risque d’être retardée d’une génération, cela peut soulager de pouvoir construire soi même une station orbitale, et ainsi perpétuer le rêve.

Derrière le feu nourri des pouvoirs de destructions que nous offre la majorité des jeux vidéo, derrière les trop nombreux simulateurs de guerre qui vont vite devenir obsolètes si la guerre en Irak se déclenche, il existe heureusement beaucoup d’occasions de rêver un monde meilleur grâce au jeu vidéo. Les jeux de rôle colorés en provenance du Japon en sont un bon exemple. Allégoriques, porteurs de valeurs chevaleresques certes désuètes mais souvent nobles, ils ne craignent pas le ridicule pour faire vivre des belles histoires destinées aux enfants et aux adultes. Des fables pour tous les âges qui valent bien toutes les couleuvres que veulent nous faire avaler les médias et la politique. Quitte à rêver, autant rêver en couleurs, n’est-ce pas & nbsp;?

Nous vous laissons donc en compagnie d’un dossier spécial RPG japonais qui sera publié, en feuilleton comme il se doit, toute la semaine prochaine. Une contribution exceptionnelle d’un jeune journaliste cinéma et jeux vidéo en passe de faire le pas rêvé par beaucoup devenir game designer.
Et il ne sera pas seul puisque le vaillant Seb, lui spécialiste des jeux de rôle made in tradition Donjons et Dragons, sera de retour aux manettes d’Overgame. A bientôt pour de nouvelles aventures. Le Collectif Game.

PS. L’invité surprise du Collectifgame n’est finalement pas sorti de l’ombre. Tant pis pour lui. Une autre fois peut-être…

Note : Le début de l’OPA Collectifgame est annoncé ici… et, on l’aura compris, il n’y avait que moi derrière tous ces pseudonymes. On s’amuse comme on peut pour distraire le lecteur… Du moment que l’information reste juste et l’option sincère.

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2003 sur Overgame)

 


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Pas de divorce entre nVidia et Microsoft : le bébé Xbox est sauf

Après plusieurs mois de chamailleries pesant des millions de dollars, Microsoft et nVidia s’entendent sur le futur prix des processeurs au cœur de la Xbox. Histoire d’amour obligatoire et tumultueuse dont le chantage au divorce remonte avant la conception même du bébé Xbox… en 1999.

nVidia Xbox

nVidia et Microsoft viennent de faire savoir qu’ils avaient trouvé un terrain d’entente sur les tarifs du processeur graphique et audio utilisés dans la Xbox. nVidia détaillera cet accord lors de sa conférence trimestrielle le 13 février prochain. Les deux sociétés s’entendront désormais pour réduire les coûts de production de la Xbox au fur et à mesure de l’évolution du marché. Les ventes insuffisantes de la Xbox à l’échelle planétaire avaient remis sur la table l’année dernière les tarifs négociés entre Microsoft et nVidia lors de la conception de la Xbox. Microsoft estimait avoir payé 13 millions de dollars de trop à nVidia pour ses deux puces graphiques et audio. Jusqu’à aujourd’hui.

Chantage au tarif

Les tiraillements autour du prix du processeur graphique fourni à Microsoft par nVidia pour sa console Xbox remontent à l’origine de la conception même de la console américaine. Microsoft avait à l’époque négocié en parallèle avec ATI et GigaPixel, notamment, de façon à ne pas subir le chantage au tarif exigé alors par nVidia. En 1999, ATI proposait, en effet, de fournir un processeur graphique pour la Xbox au prix de 30$ l’unité là où nVidia en demandait 90$. Le processeur préféré de la communauté des développeurs était évidemment celui de nVidia, d’où la pression exercée par Jen-Hsun Huang, le wonderboy à la tête de nVidia. En 1999, Microsoft avait même envisagé d’investir 10 millions de dollars dans la nouvelle société Gigapixel tout en payant 15 millions de dollars supplémentaires pour aider à développer un processeur pour la Xbox… Microsoft cherchait à l’époque tous les moyens pour ne pas dépendre des exigences de nVidia et de son processeur vedette. Un accord avait été finalement trouvé in extremis début 2000 et la Xbox avait enfin pu être assemblée avec les processeur XGPU et MCPX spécialement conçus dans des délais records par nVidia.

Pour résumer : le papa Microsoft inquiet pour ses finances en chute depuis la naissance du gros bébé Xbox demandait en vain à la maman nVidia de réduire ses dépenses. Le divorce aurait pu être prononcé si les deux parents n’avaient pas reconnu ensemble que le plus important était sans doute l’avenir de leur bébé : la Xbox. Amen.

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2003 sur Overgame)

 


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Nintendo GBA-SP vs Nokia N-Gage

Nintendo annonce une augmentation de sa production de Game Boy Advance au moment même où Nokia s’apprête à lancer un mobile capable de jouer : le N-Gage. Nokia a-t-il une chance contre Nintendo sur le marché du jeu portable ? Non, répondent les analystes du marché…

Nintendo GBA-SP vs Nokia N-Gage

Nintendo vient d’annoncer au Japon une augmentation importante de ses prévisions de vente de Game Boy Advance pour l’année 2003. Boostée par la sortie imminente de la nouvelle Game Boy Advance SP visant un public amateur d’high-tech, la console portable de Nintendo devrait s’écouler à 20 millions d’exemplaires contre les 15 millions envisagés précédemment. Avec un GameCube en-dessous des prévisions de vente et un volume de jeux proportionnellement insuffisant, Nintendo se devait de reprendre une position agressive, au moins pour rassurer ses actionnaires. D’autant plus que, après l’intrusion du challenger de poids Microsoft sur le marché des consoles de salon, Nokia, le géant du téléphone mobile, a annoncé son intention de venir chatouiller la domination sans partage de Nintendo sur les consoles portables avec le N-Gage, un téléphone mobile hybride jeu vidéo ressemblant étrangement au design de la Game Boy Advance.

Seulement voilà, malgré des partenaires de qualité comme Sega, Capcom, Taito et ACTIVISION (annoncé ce jour) prêts à livrer des jeux pour le N-Gage, les analystes (1 et 2) du marché n’imaginent pas Nokia venir sérieusement inquiéter Nintendo sur son terrain. Un long article paru sur Bloomberg UK rappelle que malgré sa domination du marché des téléphones mobiles, Nokia n’a jamais réussi à ce jour à imposer ses modèles hybrides comme le 5510 avec un clavier. Outre les doutes émis sur le design et l’ergonomie du N-Gage, «écrans trop petits pour des joueurs», «format horizontal peu esthétique pour un téléphone», «le N-Gage pèse deux fois plus lourd que le modèle 6100 »… c’est le prix qui sera le handicap principal du N-Gage. Pas encore annoncé par Nokia, il est impossible que le N-Gage vienne concurrencer le prix de la Game Boy Advance SP annoncé entre 130 et 140 € (la GBA 1ère génération restant accessible à 95 €), le modèle 5510 de Nokia coûte par exemple près de 350 € et le 6100 se paie 629 €. Les observateurs imaginent que le N-Gage coûtera au minimum trois fois plus cher que la portable Nintendo. Un prix de vente incompatible avec la clientèle potentiel des adolescents que Nokia semble viser.

Reste que pour Nokia, le N-Gage est aussi une façon de se positionner en avance pour un futur vrai marché où téléphones mobiles et machines à jouer viendraient à fusionner réellement. Avec un tassement des ventes de mobiles Nokia depuis 2000 pour cause de saturation du marché, et même si le N-Gage s’amuse à grignoter quelques clients à Nintendo, la GBA et la GBA SP sont donc encore tranquilles pour un bon moment sur leur Olympe des ventes.
Ironie du sort ou preuve que Nintendo a encore quelques visions d’avance dans sa manche, deux mois après la présentation du N-Gage de Nokia au design inspiré outrageusement par la GBA, Nintendo présentait sa GBA SP au design plus high-tech encore. Une machine en préparation depuis plusieurs années au look proche d’un téléphone portable pliable dernier cri. Ce n’est pas aux vieux singes qu’on apprend à faire la grimace.

1. Bloomberg cite les sociétés spécialisées : Strategy Analytics, Mandatum Stockbrokers, Nordea…
2.Voir Actualité du 6 février 2003 avec les derniers détails du lancement du N-Gage annoncé par Nokia.

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2003 sur Overgame)

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NEXUS, Nintendo fait rêver les artistes

Nintendo 128 ? Dolphin ? GameCube. GB, GBC, GBA, GBA SP… Et après ? Et si les deux machines de salon et portable fusionnaient ? Mesdames et messieurs, veuillez applaudir l’arrivée de la … Nintendo Nexus. Une vue de l’esprit signée Tim Forbrook…

Nexus by Tim Forbrook

Vive les concours quand ils conduisent à de tels résultats et permettent à des talents cachés de se faire remarquer ! Les prototypes d’une console Nintendo Nexus ici présente ne sont évidemment qu’une vie de l’esprit. Une jolie et crédible infographie réalisée avec le logiciel 3D Studio Max par Tim Forbrook. Cet américain du Minnesota a participé à un concours organisé par le site IGN demandant d’imaginer la GameCube 2. Voilà la proposition de ce diplômé en animation 3D de l’Academy of Communication Arts de Bloomington qui a imaginé la fusion de la Nintendo 64, de la GameCube et de la GBA, données techniques comprises ! Pourquoi Nexus ? Sans doute en allusion à la célèbre marque de voiture Lexus dont on sent l’influence du design dans cette console imaginaire, mais aussi « Parce qu’en américain le mot nexus veut dire « lien », « connexion », « attachement«  » explique-t-il. Le concours devrait s’achever aujourd’hui ou demain, et il semblerait que le projet de Tim soit en bonne place pour le podium. On en doute à peine.

Cela fait 5 ans maintenant que Tim travaille sur la 3D. Après avoir collaboré sur deux jeux petits budgets des studios locaux Creative Carnage et Fenris Wolf, il dessine actuellement avec AutoCAD et 3D Studio Max des machines complexes pour usines à bois au sein de la société Progressive Systems. Et il s’occupe de tous les documents graphiques et animés destinés au marketing. Son rêve ? Rejoindre les studios Pixar (Toy Story, Monstres et Cie…). Les rêves ne sont-il pas fait pour être vécus ? Pour les amateurs d’infographies, voici les explications précises de Tim sur son travail.

Définitivement trop technique pour nous, nous le laissons tel quel en anglais. «The software I used to create the Nexus was 3D Studio Max. I have about 50 omni lights with ray-traced shadows scattered all around encasing the models like a dome in the scene. I also do not use any diffuse or specular, leaving just ambience. It is my personal opinion that any specular or shine ruins the realistic qualities of most scenes. Each light is an « instance » clone of each other with a multiplier of 0.02 which is very dim…but 50 of those add back up to 1.0. (which is the default setting for one light) It is the best way as to have light bouncing from all angles to create the most realistic effect…in my opinion anyway.»

Merci à SuperTony du site NEWTECHNIX.COM qui a déniché l’info.

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2003 sur Overgame)

 


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THE MATRIX : l’invasion 2003

Le monde de Matrix revient en force cette année sous la forme de 2 films, 1 jeu vidéo, des films d’animations sur Internet et en DVD. Calendrier du déferlement US.

Matrix reloaded

L’année 2003 sera sous le signe de Matrix ou ne sera pas. Les deux films Matrix Reloaded et Matrix Revolutions qui ont été filmés ensemble sortiront coup sur coup à 6 mois d’écart aux Etats-Unis comme en France. Du jamais vu. Mais reprenons depuis le début…

Premier rendez-vous 2003 le 4 février (demain !), avec la mise en ligne de l’Animatrix (dessin animé) «The Second Renaissance. Part 1» et téléchargeable gratuitement sur le site officiel thematrix.com. Deuxième repère, le 21 mars lors de la sortie du film Dreamcatcher qui sera précédé de la projection de «The Final Flight of Osiris», un Animatrix (court métrage en images de synthèse cette fois) écrit par les frères Wachowski eux-mêmes, dirigé par Andy Jones (superviseur des effets spéciaux de Titanic et Final Fantasy le film, qui ont quelques similitudes il est vrai… Quoi ? Le naufrage bien sûr, allons !) et réalisé par le studio Square USA (il n’était pas moribond lui ?) ! Les images de synthèse de cet Animatrix rappellent effectivement le film Final Fantasy, en plus modeste. Histoire préambule à celle de Matrix Reloaded, «The Final Flight of Osiris» peut être considéré comme un chapitre 1,5 du premier Matrix. Quant à Dreamcatcher, dirigé par Laurence Kasdan et écrit par Stephen King, il s’agit d’un film fantastique.

Animatrix : « The Final Flight of Osiris »

Le 29 avril, une nouvelle édition spéciale 2 DVD du premier film The Matrix sera commercialisée. On y retrouvera tous les documents de la première édition, plus ceux du documentaire sorti plus tard sous le nom de Matrix Revisited (ils ont le chic pour décliner les X et ..ed quand même !), un ticket pour une projection de Matrix Reloaded, des extraits pour la suite Matrix Revolutions, des Animatrix à sortir, un clip de Marilyn Manson, et un teaser du jeu vidéo réalisé Enter The Matrix par Shiny baptisé, avec à propos, What is the Game.

Le 15 mai, attention, sortie de Matrix : Reloaded dans les salles et du jeu vidéo Enter The Matrix ! Quelque part en mai encore, mise en ligne de «The Second Renaissance Part 2», l’Animatrix façon animé japonais. Le 3 juin, un DVD Animatrix sera mis sur la marché. Il contiendra 9 films d’animation dirigés par différentes personnalités : Andy Jones, encore, mais aussi, Peter Chung, Koji Morimoto. La BO de ce DVD devrait également sortir ce jour là (Death in Vegas, Juno Reactor, DJ Shadow et d’autres…). Enfin, le 2e film , 3e de la trilogie, Matrix Revolutions sera dans les salles en novembre 2003.

Ultime précision. Les deux frères Larry et Andy Wachowski sont à l’origine de tous les projets, ce qui garantit une démarche artistique de qualité en parallèle à ce plan d’invasion médiatique. Les Animatrix sont, par exemple, le fruit de trois ans de collaboration entre les deux frères et des artistes américains, japonais et coréens.

Pour mettre des images qui bougent sur toutes ces informations, la bande annonce du film Matrix Reloaded présentée devant les 80 millions de spectateurs du Super Bowl est disponible en ligne depuis le 26 janvier.

Rendez-vous dans la matrice.

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2003 sur Overgame)

 


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Square + Enix : le début d’une nouvelle légende

Un jour grands concurrents, Squaresoft et Enix vont fusionner. Mis à part l’alliance essentiellement créative Nintendo-Sega, l’industrie n’avait jamais assisté à un tel rapprochement contre-nature. Alors, pourquoi a-t-il lieu exactement ? Synergie ? Peur du diable ? Des chiffres et des lettres pour mieux comprendre…

Square Enix entité
Depuis l’annonce de l’augmentation du taux d’échange d’action entre les deux spécialistes japonais du RPG (1 action Square contre 0,85 action Enix, au lieu de 0,81 au début de la transaction, ça pinaille sérieux), la fusion des deux entreprises semblent donc être bien calée pour le début avril 2003. Concurrent féroces pendant des années sur le créneau très pointu des jeux de rôles japonais, chaque sortie d’un Final Fantasy pour Square ou d’un Dragon Quest pour Enix sont des évènements majeurs. Culturels, avec des files d’attente incroyables pour guetter la sortie des jeux, et commerciaux, puisque chacun de ces titres s’écoulent systématiquement à des millions d’exemplaires, un jour sur SuperNintendo, depuis sur PlayStation 1 et 2. Ayant finalement trouvé leur clientèle, et leurs fidèles respectifs, qu’est-ce qui peut bien pousser les deux sociétés à se fondre en une seule et même entreprise ? Allons-nous avoir droit à des Dragon Fantasy ? Des Final Quest et autre cross-over à la Kingdom Hearts (Square + Disney) ou à la Marvel VS Capcom ?

Microsoft à l’affût

Alors que l’annonce tonitruante a fait le tour de la planète spécialisée, le magazine anglais Edge (119, janvier 2003) donne plus de détails sur les raisons de cette alliance impensable il y a quelques années. Premier élément de l’affaire, la réunion des deux sociétés met pour de bon Enix à l’abri d’une éventuelle acquisition de… Microsoft. Le richissime « diable » américain qui aimerait bien trouver les clés du cœur des joueurs japonais serait évidemment bien avisé d’ajouter un savoir faire tel que celui d’Enix à son palmarès. Ce ne sera pas pour ce coup-ci. Plus concrètement encore, la réunion des deux sociétés va permettre à Enix de profiter des ressources matérielless de Squaresoft. Le créateur des Final Fantasy développe en effet en interne tandis que Enix sous-traite ses productions. Renforcement préventif contre un éventuel « envahisseur étranger », solidification économique et boursière, partage des ressources techniques, des éléments sans doute raisonnables mais qui ne disent pas tout.

Séduire l’occident

 » Nos styles sont peut-être différents, mais notre façon de penser est la même. Je veux créer des jeux que le monde entier dira qu’ils sont excellents  explique Keiji Honda le président de Enix qui laissera le président de Square Yoichi Wada à la tête de la nouvelle entité. Une phrase qui souligne sans ambiguïté la nouvelle ambition d’Enix : réussir à vendre ses jeux à l’étranger aussi bien que sur le sol japonais. Car si Enix et sa série Dragon Quest devance d’une courte tête les ventes des Final Fantasy au Japon, Squaresoft a réussi depuis plusieurs années à s’attacher une clientèle occidentale. Si Final Fantasy X s’est vendu à part égale au Japon et à l’étranger, Final Fantasy VII s’est plus vendu à l’extérieur qu’à l’intérieur du Japon (3,9 au Japon, contre 5,3 millions ailleurs). Et le succès de Kingdom Hearts en Europe et aux Etats-Unis (1,4 millions d’exemplaires contre 0,9 millions au Japon) confirme le flair et le savoir-faire multi culturel des studios Squaresoft.

L’union ferait la force

Au croisement des besoins de renforcement des positions de Square au Japon et de la nécessité pour Enix de conquérir les marchés étrangers, la réunion des deux semble réellement faire la force. Les deux sociétés déclarent sans réserve que les prochains domaines d’expansion sont le jeu en réseau haut débit et les ventes à l’étranger… Voici les meilleures ventes de jeux de chacune des sociétés, au Japon et à l’étranger. Où l’on remarque la grave lacune de Enix quasiment absent d’occident (chiffres de ventes non fournis) et la tendance des jeux Square à être aussi bien, sinon mieux, accueilli à l’étranger…

Ventes en millions d’exemplaires : Japon / Etranger /  Total

SQUARE

  • Final Fantasy VII 3,9 / 5,3 / 9,2
  • Final Fantasy X 2,7 / 2,7 / 5,4
  • Chrono Trigger 2,3 / 0,6 / 2,9
  • Kingdom Hearts 0,9 / 1,4 / 2,3
  • Final Fantasy Tactics 1,3 / 0,9 / 2,2

ENIX

  • Dragon Quest VII 4,1 / 4,1
  • Dragon Quest III 3,8 / 3,8
  • Dragon Quest V 2,8 / 2,8
  • Dragon Quest Monsters 2,4 / 2,4

François Bliss de la Boissière

(Publié en janvier 2003 sur Overgame)

 


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Alerte : OPA sur Overgame !

Pendant les congés d’hiver, Overgame confie à un collectif de gamers-journalistes le soin de suivre l’actualité du jeu vidéo.

Overgame logo 2003

Seul à la barre rédactionnelle d’Overgame depuis quelques mois, Seb (Sébastien Kohn) est enfin parti en vacances. Deux semaines ! Pour le remplacer, Overgame a fait appel à un petit groupe d’individus regroupé sous le label de Collectifgame. Quatre spécialistes du jeu vidéo, un tantinet dilettantes mais passionnés, vont donc alimenter le magazine dans les jours qui viennent. Qui sont-ils donc ?

Aliasaka : un gamer pur, systématiquement enthousiaste, surtout quand les jeux et les nouvelles viennent du Japon.

Godog : un râleur qui se veut néanmoins bienveillant. Il aime le jeu bien sûr, mais préfère les réseaux parallèles au système en place. Il s’intéresse aux coulisses, aux rumeurs. A l’affût derrière le Xbox Live en phase beta en Europe, il guette plus les comportements des joueurs que les tableaux des scores…

Delab : (delab…oratoire ?) le « prof », donc un rien professoral. Le reste du groupe le laisse croire qu’il comprend les technologies, l’économie, le marché et la partie artistique de la création du jeu vidéo. Ils le laissent parler…

Xxxxx : un invité surprise ! A la fois timide et amateur de suspens, il attend son heure dans l’ombre. Sortira-t-il vraiment du bois ? Que nous réserve ce groupuscule ? Un fil spécialisé d’actus, bien sûr, mais aussi une surprise qui sera annoncée dans la journée… Bonne lecture.

Note : la fin de l’OPA Collectifgame est expliquée ici...

François Bliss de la Boissière

(Publié en janvier 2003 sur Overgame)

 


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Message de Bliss : départ d’Overgame

Lecteurs, lectrices, le dénommé Bliss achève son mandat à la rédaction d’Overgame. Encore quelques lignes pour dire au revoir…

Overgame départ de Bliss

Lecteurs, lectrices d’Overgame,

Par expérience, pour avoir été – et être encore – grand consommateur de presse magazine, je sais combien il est important pour un lecteur fidèle à un titre d’être tenu au courant des changements qui surviennent à l’intérieur d’un magazine qu’il suit attentivement. C’est donc pour les habitués, ceux qui arrivent dans nos pages en tapant www.overgame.com (parce que le contenu d’Overgame est aussi décliné via d’autres enseignes) que je sors un peu du groupe pour annoncer mon départ. Donc oui, après presque 4 années au service de ce qui est devenu le meilleur quotidien francophone du jeu vidéo, je pars vers de nouvelles aventures. Mais Overgame continue sa belle histoire. Le titre est devenu assez fort, son identité est normalement assez prononcée, son capital de lecteurs suffisamment important, pour continuer à exister quels que soient les mouvements de troupes à l’intérieur. C’est tout le mal que l’on puisse souhaiter à un journal : qu’il vive de façon autonome, qu’il devienne une entité propre capable, tel un navire au long cours, de traverser les années en changeant régulièrement d’équipage.

Je veux juste profiter de ce moment presque intime pour vous remercier, lecteurs assidus, de votre fidélité. Vous remercier publiquement pour vos nombreux e-mails d’encouragements, vous saluer pour votre participation active au débat critique que mérite le jeu vidéo. D’ailleurs, maintenant que toutes les consoles nouvelles générations sont sorties et que nous sommes tranquilles pour au moins trois ans, le débat devrait enfin se tourner pour de bon vers les jeux, plutôt que vers le hardware. Je compte sur vous pour oublier les querelles claniques de propriétaires jaloux de telle ou telle console, pour évaluer et aimer la seule chose qui mérite de l’être : les jeux.

Un mot aussi pour saluer mes camarades d’Overgame : Seb, le plus ancien maintenant à la rédaction, vaillant défenseur du monde PC et d’un Forum (!) digne d’Overgame ; Matoo et ses monstrueux dossiers chiffrés, celui qui a transformé la rubrique Trucs et Astuces en une des bases de données les plus complètes du web ; Dubz, le breton vétéran qui élève la critique de la simulation mécanique au niveau de la presse spécialisée sportive ; JB, le cadet qui a la « lourde » charge de la console la plus légère, puisque portable, mais aussi la plus vendue sur la planète… Sans oublier d’évoquer Garou, parti il y a quelques mois, ancien maître du FPS et dernier résistant à la vague consoles… Merci à eux de m’avoir supporté – dans le sens toléré – lors de mes envolées parfois trop passionnelles, et supporté – dans le sens soutenu – lors de quelques prises de position éditoriales pas si faciles à défendre dans une industrie plus habituée à la propagande marketing qu’à la critique raisonnée. Continuez, vous aussi lecteurs, à les soutenir, on n’imagine pas la difficulté de canaliser la passion du jeu vidéo en un flux professionnel.

Quant à moi, je vais prendre le temps de respirer un peu, me ressourcer comme on dit dans ces cas là, lire des livres, parce que pour un journaliste c’est essentiel ; en profiter, tiens par exemple, pour finir les jeux qui me tiennent à cœur et que la pression de l’information au quotidien m’a souvent empêché de conclure. Bref, je prends des vacances 😉

Longue vie à Overgame !
Vive les jeux vidéo !

Reset

François Bliss de la Boissière

(Publié sans regret, parce qu’il était l’heure de partir, le 11 juin 2002 sur Overgame.com)

 


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EVENEMENT : Frédérick Raynal et Bruno Bonnell réunis !

Le PDG d’Infogrames et l’auteur du premier Alone in The Dark reconciliés autour d’une table ? C’est au Milia, sur Overgame, et nulle part ailleurs.

Bruno Bonnell et Frédérick Raynal réunis au Milia 2001

Le vieux différend entre Bruno Bonnell et Frédérick Raynal fait partie de la grande-petite histoire des jeux vidéo en France. Au début des années 90, alors jeune créateur avec un projet fou (Alone in The Dark), Frédérick Raynal avait trouvé en Infogrames un éditeur intéressé. Seulement voilà, quand le jeu est devenu le succès critique et commercial que l’on connaît, le contrat signé entre les deux partis s’est avéré ne pas être franchement favorable à son auteur. Alone in The Dark se transforme alors en licence pour Infogrames qui initie des suites (Alone 2 et 3) sans que Frédérick Raynal ne touche de royalties sur les millions de francs qu’engrange Infogrames. La fâcherie devient célèbre, Raynal, résigné, mais pas à cours de projets, quitte le sein d’Infogrames pour créer Little Big Adventure.

Les deux hommes se sont évidemment rencontrés depuis, mais leurs destins étaient définitivement séparés : à la conquête du monde, Bonnell continue d’exploiter Alone in The Dark avec un 4ème épisode, et Raynal, soucieux de sécuriser ses projets et son équipe, était devenu, avec No Cliché, un studio 100% Sega (voir : Sega lâche No Cliché).

Mais l’Histoire, la grande, comme celle des jeux vidéo, est pleine de surprises, de chemins imprévisibles. Même si on pouvait l’anticiper, l’arrêt brutal de la Dreamcast est, par exemple, un choc, une secousse dont on ne mesure pas encore les répercussions. Ce qu’on remarque, en tous les cas, c’est que, tout à coup, des frères ennemis comme Sega et Nintendo, ou même Sony, se mettent à travailler, non plus en concurence, mais ensemble.

C’est ainsi que, pour reprendre les mots de Bruno Bonnell, si le marché oblige sans doute à faire face à « la réalité de la divergence », nous nous sommes quand même pris à « rêver » à une « convergence ». Que Raynal, son équipe et son projet ambitieux Agartha trouvent en Bruno Bonnell une oreille attentive coule de source. Les talents français ne sont pas si nombreux, les éditeurs avec les moyens de les encourager non plus. Maintenant que No Cliché est à vendre, Raynal et Bonnell étaient appelés à se rencontrer, sans doute même pendant ce salon cannois. Ayant la chance de croiser leur route à tous les deux pendant ce Milia, notre rêve de convergence des intérêts a tout à coup pris forme. Demander à Frédérick Raynal et Bruno Bonnell d’accepter de se rencontrer devant des journalistes est aussi culotté de notre part que courageux de la leur. Connaissant les deux personnages, leur force, leur panache et leurs besoins respectifs, le rêve de la convergence devait pouvoir se faire. Peut-être en terrain neutre sous l’oeil bienveillant de notre caméra, les deux hommes se sont serrés la main, souris, se sont un peu écoutés l’un et l’autre, pour se donner sérieusement rendez-vous un peu plus tard.

L’année 2001 est définitivement une année charnière. Qui sait ce qu’elle nous réserve encore…

Bruno Bonnell et Frédérick Raynal

Remerciements à Bruno Bonnell et Fréderick Raynal pour avoir bien voulu oser ce petit défi avec nous, et à Seb, qui a réussi à dompter la réticente salle de presse de ce Milia 2001 (Windows italien pour cause de sponsor.. italien, clavier US, pas de lecteurs de disquette…)

Voir interview complète de Bruno Bonnell à cette occasion : ici

François Bliss de la Boissière

(Publié en février 2001 sur OvergameEVENEMENT – Frédérick Raynal et Bruno Bonnell réunis !

Bruno Bonnell et Frédérick Raynal

Fin de la Dreamcast (I) : 2001, renaissance de la tragédie

Préambule relecture 2011…

Il y a 10 ans tout juste, le 9/9/99 presque un an après le Japon et un mois avant l’Europe, la console Dreamcast sortait aux États-Unis. En janvier 2001, Sega annonçait l’arrêt de la production de ce qui s’avèrera sa dernière console. À l’époque le choc culturel fut important. 10 ans plus tard, les papiers commémoratifs et de regrets continuent d’être publiés et Peter Moore, le patron de la division américaine d’alors, passé chez Xbox puis Electronic Arts aujourd’hui, a lui même écrit un hommage sur son blog professionnel. En attendant des papiers plus frais ici, tout droit sorti des archives d’O., voici ce que nous écrivions à l’époque (que l’on veuille bien nous excuser le style pompier d’alors)…

Dreamcast_Logo 

[Overgame ? Overjeu ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Presque toutes les explications ici…]

Fin de la Dreamcast (I) : 2001, renaissance de la tragédie

Comme dans toute bonne tragédie, il aura fallu une mort, celle de la Dreamcast, pour prendre la mesure du drame. Les jeux vidéo vivent une de leur plus grande crise de croissance et révèlent un symptôme : l’inversion des valeurs. Réflexions.

La Dreamcast chérie se meurt, la Playstation 2 qu’on aime détester court vers le succès commercial. Quand le commerce et la communication gagnent la bataille contre la créativité et l’originalité, il s’agit bien, comme l’a dit le philosophe Nietzsche, d’une inversion de toutes les valeurs. Cette fois il ne s’agit plus de mots ou de menaces, il y a eu mort mécanique de la Dreamcast, et les choses ne seront plus jamais comme avant. Les jeux vidéo sont passés du bricolage à l’artisanat pour devenir une industrie lourde et cette fois pour de bon, sans retour en arrière possible.

La tragédie a remplacé la comédie, non pas parce que la Dreamcast a rendu les armes, mais parce que les jeux vidéos sont dorénavant aux mains des marchands. Les mastodontes de la communication capables de vendre du doré pour de l’or. Si on arrive à nous vendre aujourd’hui du hardware dessiné sur du papier ou joli comme un bibelot sans que l’on sache bien quoi en faire, quels jeux réussira-t-on à nous vendre demain ? La Dreamcast nous offrait un repère qualitatif, même si elle sera encore présente cette année dans les foyers, sa disparition laisse l’année 2001 aux seules mains de la Playstation 2, une console pour l’instant plutôt décorative.

Heureusement, une tragédie sans spectateurs ne serait rien. S’il écoute son cœur plutôt que la publicité, le versatile public des jeux vidéo peut encore tout changer. Si les valeurs s’inversent, les tendances aussi.

RENVERSEMENT DE TENDANCE.

ACTE 1 : Sega, j’aurais dû t’être fidèle

Milieu des années 90, la formidable Megadrive agonise avec le Mega CD et le 32X. Sursaut polygonal avec la Saturn, échec suivi d’une petite mort. Résurrection incroyable avec la Dreamcast et… mort définitive des consoles Sega. Sega s’est fait aimer, puis détester, puis ridiculiser, pour retrouver l’état de grâce médiatique. Mais le marché est ailleurs…

Le revirement de situation est étonnant. Heureux challenger de Nintendo avec la Megadrive, Sega était devenu la risée des joueurs après les déceptions consécutives des Mega CD, 32X et Saturn. Quand la Dreamcast est sortie fin 1998 au Japon, le scepticisme prévalait, le public ricanait. Et puis, miracle, les jeux se sont mis à parler. De plus en plus originaux, de qualité croissante, les jeux Dreamcast sont devenus les meilleurs représentants de Sega qui s’est alors offert un retour en grâce inespéré. Car la Dreamcast est une machine formidable, les développeurs le confirment et les jeux le prouvent. Avant de déclarer forfait, la Dreamcast est, en plus, entrée dans l’histoire, en offrant la première aux joueurs consoles la possibilité de se retrouver sur Internet. C’est une machine qui avait tout pour gagner, cela n’aura pas suffit à retenir le raz de marée Sony. Cela prouve au moins deux choses. Tout d’abord que le public spécialisé, et sans pitié, est assez versatile pour changer d’avis ; ensuite, cela implique qu’une console et des jeux de qualité ne garantissent plus un succès commercial.

ACTE 2 : Sony, je t’ai trop aimé

Sony arrive sur le marché des consoles en 1994. La Playstation la joue underground et se fait connaître à la base de la culture jeune et branchée, pratiquement sur les dancefloors. D’abord reconnue par les spécialistes, la console de Sony se transforme alors en produit de masse. Admirée pour avoir revigoré le marché sous le nez de Sega et Nintendo, son succès forcera le respect mais attisera les jalousies. Profitant de son statut de confiance, Sony sur-médiatise le projet Playstation 2. Sans jeux, la nouvelle console chic et trop chère déçoit. Le scepticisme grimpe, la colère monte, la détestation n’est pas loin. Un nouveau challenger sera bien accueilli…

Appréciée universellement et pendant des années, la Playstation a-t-elle assez de souffle pour une nouvelle génération ? Car la Playstation 2, sa descendance, devient peu à peu un objet de dérision quotidien. Le mépris n’est pas loin. Le revirement de tendance est en train d’avoir lieu sous nos yeux, chaque jour. Les magasins expriment clairement du ressentiment vis à vis de la méthode imposée par Sony pour distribuer sa Playstation 2 (système de réservation téléphonique, quantités limitées, …). Quand ce n’est pas le prix et le manque de jeux de qualité, les stocks limités de consoles rendent agressifs les consommateurs trop impatients. Un jour objet de consommation populaire, la Playstation nouvelle version devient un objet rare et cher, un bibelot de luxe dont les multifonctions font perdre de vue l’utilité première : les jeux vidéo.

Sans doute à tort, Sony est accusé de complot universel. Au sommet de l’industrie des jeux vidéo depuis quatre ans, Sony Computer est maintenant accusé d’avoir la grosse tête, d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Un jour au service des joueurs, Sony est à nouveau au service de l’électronique grand public et révèle à toute une génération de joueurs un visage qu’elle ignorait. Le ressentiment actuel pourrait très bien devenir de la haine généralisée si des jeux solides ne viennent pas inverser le déclin médiatique. Aussi grossiers soient-t-ils, les énormes signes d’amitié lancés par Microsoft avec sa console Xbox pourraient être entendus des joueurs comme des développeurs.

ACTE 3 : Nintendo, je n’ose plus t’aimer

Nintendo invente les jeux vidéos à l’ouest du Pacifique au début des années 80. Chute du géant américain Atari, Nintendo devient le « Frigidaire » des jeux vidéo : dans les années 80 on ne joue pas aux jeux vidéo, on joue à la Nintendo. Nintendo est devenu la norme. La SuperNintendo sort après le succès de la Megadrive de Sega, les jeux sont indispensables mais l’Empire a tremblé et le doute s’immisce chez les joueurs. La sortie trop tardive de la Nintendo 64 avec un support cartouche d’un autre âge ne convient pas au public Playstation. « La N64 ne serait-elle pas une console pour les enfants ? » se demande le joueur… La gène s’installe…

Jaloux et excessivement protecteur de son succès des années 80, à l’image de son directeur / empereur intransigeant, Nintendo jouera trop les donneurs de leçons. Le message qualité / prudence / patience est sans doute juste, mais la manière de le faire passer est trop rude. Nintendo se révèle conservateur, voire réactionnaire, et commence à transpirer la suffisance. Cartouches trop chères, royalties trop importantes pour les éditeurs, Nintendo ne cherche pas à se faire aimer et se contente du respect que lui valent ses jeux uniques. L’irritation puis l’indifférence des joueurs s’installent dans une routine. La N64 n’a pas bonne image et Nintendo n’a plus la cote. Quelques rares jeux absolument indispensables empêchent la N64 de sombrer dans l’oubli mais qui avouera jouer sur une console pour les enfants ? Surtout que le vrai succès de Nintendo est sur Game Boy avec les Pokémon. Trois extraits de projets GameCube et c’est l’euphorie. Tous les bons souvenirs remontent et le pardon est au bord des lèvres…

ACTE 4 : Constance de la tragédie, je t’aime, moi non plus

La tragédie et les coups de théâtre sont une constance dans l’industrie des jeux vidéo. Le succès phénoménal d’Atari avant une chute digne de l’Empire Romain au début des année 80 aura donné le ton. Depuis, les succès et les échecs se suivent avec une régularité digne d’un sitcom planétaire. Et le public suit.

Avec le retrait de Sega du marché des consoles, une pleine page de l’histoire des jeux vidéos est en train de se tourner. Pour Sega évidemment, qui, tel le Phénix, devrait néanmoins renaître une deuxième fois grâce à ses équipes de développement, mais aussi pour le reste de l’industrie et les joueurs. Annoncé depuis longtemps sans pouvoir en mesurer la portée, le passage d’une industrie de jeux vidéo presque artisanale à une industrie lourde est cette fois énoncée au grand jour. A l’heure où les produits comptent moins que la façon de les vendre, le procédé qui consiste à mesurer la valeur d’un produit en fonction du nombre d’unités vendues, et non de sa valeur intrinsèque, vient d’être entériné dans la jeune industrie des jeux vidéo avec l’arrêt de la console Sega. La Dreamcast était le meilleur produit en rapport qualité / prix sur le marché. Faute, sans doute, de communication suffisante, et à cause aussi de l’hégémonique culture Playstation, la Dreamcast devient un échec commercial alors que c’est une réussite artistique et industrielle. De l’autre côté, tous les acteurs s’interrogent sur la soit disant technologie de pointe de la Playstation 2. Un an après sa naissance, aucun jeu n’est encore venu prouver sa puissance et pourtant, la nouvelle console de Sony se vend aussitôt sortie des usines.

La Playstation 2 est-elle aimée pour autant ? Pas vraiment, car en gagnant la bataille contre une Dreamcast respectée, Sony se met aussi dans la position du bourreau. Si Sony ne justifie pas vite la disparition de la Dreamcast au profit de sa console, la Playstation 2, qui n’a déjà pas bonne réputation, risque définitivement d’endosser le mauvais rôle. Les victimes attirent toujours la sympathie, et les gagnants inspirent la crainte. Plus que tout autre, le public jeux vidéo a prouvé maintes fois sa capacité à changer son fusil d’épaule. Si Sony ne regagne pas rapidement le cœur blessé des joueurs, la tragédie trouvera en la Playstation 2 un nouveau vilain et réclamera en la Xbox un nouveau champion. A moins que, d’un ultime coup de théâtre à l’arraché, l’ancêtre Nintendo ne vienne réclamer avec sa GameCube, la couronne d’un royaume qui était autrefois le sien.

Rideau tiré sur la Dreamcast, il reste encore Sony, Nintendo, et un nouveau challenger de poids, Microsoft. Le petit théâtre des jeux vidéo devenu grand va à nouveau frapper trois coups. Quel sera le prochain acte ? Lever de rideau probable fin 2001.

François Bliss de la Boissière

(Publié le 8 février 2001 sur Overgame)


 


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‘hésitez pas à lire ma Note d’intention.


 

Aujourd’hui, le grand N fait sa révolution !

Jeudi 24 août 2000, le grand Nintendo présente ses consoles du nouveau millénaire. La révolution aura-t-elle lieu ?

Après moults hésitations, Nintendo se lance enfin dans la bataille de la nouvelle génération. Les machines existeront officiellement à partir du 24 août 2000. Nintendo a pris son temps pour préparer le programme du nouveau millénaire, mais, jusqu’ici, le temps a toujours joué pour Nintendo.

L’adieu à la Game Boy Color

Trouver la remplaçante de la console la plus populaire du monde depuis plus de 10 ans est forcément un enjeu majeur pour Nintendo. Nulle doute que Nintendo préfèrerait repousser au plus tard la transition. D’ailleurs, devant le succès sans cesse renouvelé de la Game Boy Color, Nintendo ne s’est pas trop fait prier pour reporter la Game Boy Advance à l’année prochaine. Il n’empêche, quelque soit l’année d’atterrissage de la nouvelle portable, le risque pour Nintendo est important. L’attachement du jeune public à la Game Boy saura-t-il se renouveler pour une console, certes plus puissante, mais différente, avec une nouvelle ergonomie ? Tout le savoir faire de Nintendo ne saurait garantir un succès. Le public est versatile. Demandez à Sega.

L’adieu à la Nintendo 64

Prenez la Nintendo 64. Au moins deux fois plus puissante que la Playstation, plus solide, plus fiable (vous avez déjà vu une seule N64 en réparation à côté des piles de Playstation ?), plus conviviale avec ses 4 ports manettes, sa memory card qui s’enfiche dans la manette comme un chargeur de pistolet, son vibreur, sa manette extraterrestre à trois poignées, son stick analogique, même avec toutes ces qualités, la Nintendo 64 est restée loin derrière la Playstation… Oui la Nintendo 64 a innové sur bien des points mais, malgré un laboratoire de Recherche et Développement totalement désinhibé, Nintendo reste une entreprise familiale traditionnelle, et donc un tantinet conservatrice. Ainsi Yamauchi (PDG depuis 50 ans) s’est obstinément accroché au format cartouche. Normal, à l’époque de la Nes et de la SuperNes, Nintendo a engrangé des millions de yens rien qu’en royalties sur la fabrication exclusive de ses cartouches. Et puis Nintendo savait, avec raison, que le support CD-Rom serait une proie facile pour les apprentis pirates. Malheureusement cette logique protectionniste a lassé les développeurs et les consommateurs. Les trompettes de Sony furent plus séduisantes : royalties bien inférieures, support CD-Rom généreux en stockage et puis, avouons le, la Playstation a su conquérir toutes les couches de joueurs. Alors…

L’adieu aux concurrents

Alors ? Alors Sony a frappé un grand coup avec la Playstation mais n’a fait qu’étendre le public jeux vidéo à monsieur tout le monde.
Les moyens mis en œuvre pour le lancement de la Playstation 2 au Japon conforte Sony dans sa position dominante du marché. Mais où est la révolution technologique annoncée ? La Playstation 2 est si puissante qu’il faudra encore un an, voire deux, avant qu’elle commence vraiment à montrer ce qu’elle a dans le ventre. Demandez aux développeurs. La Playstation 2, un grand coup médiatique ?

En attendant, il y a Sega et sa Dreamcast. Une console soit disant plus modeste mais qui n’en finit pas d’étonner. Elle a un modem en interne, elle est souple à programmer, sa mémoire vidéo lui permet d’afficher de magnifiques textures et sa manette est dotée d’un écran à cristaux liquides. Une belle bête en vérité et qui fait ses preuves de jour en jour. Mais la Dreamcast ne fait qu’améliorer ce qui est en préparation chez tout le monde. Sega est, comme toujours, le premier sur la ligne de départ.

La révolution a un nom

Retour à Nintendo, l’entreprise la plus lourde à se mouvoir, la plus lente à réfléchir, mais aussi et surtout, la plus culottée. On peut rire de Nintendo et de son archaïsme apparent, mais qui contestera son imagination, la qualité universelle des jeux signés Miyamoto, ses trouvailles hardwares intimement associées au jeu, au joueur. Nintendo désigne ses consoles en parallèle aux jeux qui vont avec. Machine et jeu doivent être en osmose, en symbiose même.
Shigeru Miyamoto est à chaque génération de plus en plus impliqué dans le processus d’élaboration des consoles. Il travaille au projet Dolphin / Star Cube (Nintendo 3 ?), au jeu en réseau et à des jeux basés sur la communication depuis de longs mois. Tout cet ensemble de recherche et de création doit se réunir dans la nouvelle console de salon. Connection internet, communication avec les téléphones mobiles, micro intégré, connectivité intime entre la portable et la console de salon, nouveau mini format de DVD, manette prototype, notre imagination ne rattrapera jamais celle des ingénieurs de Nintendo. Bien au-delà des considérations commerciales, Nintendo est au cœur du jeu vidéo depuis 20 ans. L’instinct réunit de l’industriel Yamauchi et du créatif Miyamoto a réussi jusqu’ici à conduire Nintendo vers l’innovation.

Sony est devenu le maître des médias. Sega est le roi de l’initiative. Nintendo EST l’innovation. C’est pourquoi demain doit être une révolution. Ni de la communication, ni du hardware, non, du jeu vidéo, tout simplement. N’est-ce pas pour ça que nous sommes là ?

François Bliss de la Boissière

(Publié le 23 août 2000 sur Overgame)

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Zelda : Ocarina of Time : À l’épreuve du temps

Préambule relecture 2011

Dans le registre si les éditeurs ont le droit de rééditer leurs jeux, les critiques ont aussi celui de republier leur opinion d’alors. À la belle occasion de la ressortie d’Ocarina of Time en relief sur 3DS, voici, repêché dans les toutes premières archives d’un site qui s’appelait alors Overgame, la critique d’un certain Zelda Ocarina of Time sur Nintendo 64 dont l’événement, il faut se resituer, concernait essentiellement ce que l’on qualifiait alors péjorativement de : « fans Nintendo ». C’est dans ce contexte d’ignorances et de primes jeunesses (mais ailleurs, du côté de la Grande-Bretagne et du sérieux magazine Edge, la mesure d’OoT fut bien prise) qu’il a fallut lutter un peu pour faire admettre que l’innovation créative, la valeur générale du jeu et même sa pérennité aujourd’hui confirmée, valait un 10/10 et une éloge sans réserve. Revoici, presque en l’état, la tentative de cri d’amour en destination d’un des jeux les plus importants jamais conçus. Les mots candides étaient et restent trop cours mais le constat général, comme les détails techniques, restent valables. Le titre de l’article d’alors le pressentait, l’Histoire le confirme : toujours vivante et vibrante aujourd’hui, l’œuvre d’hier s’inscrit bien dans la durée.

 

Zelda : The Ocarina of Time : à l’épreuve du temps

Le jeu de l’année pour les plus modestes, celui de la décennie pour d’autres, plus audacieux. Le jeu du siècle, enfin, pour les trop enthousiastes qui ignorent obstinément que les jeux vidéo n’ont pas encore 20 ans. Zelda rentre déjà dans la légende à coups de superlatifs. Vouloir à tout prix donner une importance à Zelda sur une échelle de temps tombe bien finalement. Car Zelda: the Ocarina of Time EST une affaire de temps. Sans même revenir sur son extravagante durée de gestation qui fait dire à son auteur Shigeru Miyamoto que « trois années pour faire un jeu est un délai beaucoup trop long… Dorénavant je voudrais que mes projets se fassent en six mois », il faut retenir que le scénario lui-même repose sur le Temps.

Trois années de création, sans doute trois ans d’attente pour les plus fidèles mais aussi trois années de cynisme et de persiflage des sceptiques. Le héros du jeu, quant à lui, battra ce record de patience puisque, après 20 heures de jeu, Link devra dormir sept ans avant d’accomplir la suite de son destin. Tout le scénario est axé sur ce clivage qui une fois énoncé peut paraître simple mais révèle une ingéniosité exemplaire.

Loin d’être un luxe, ces voyages dans le temps permettent en réalité de doubler la surface du jeu. Imaginez que vous visitez un monde complet avec ses villages, ses plaines et montagnes, et évidemment son château, et qu’après avoir zappé dans le futur tout est là mais différent. Surtout que pendant votre sommeil le vilain de l’affaire a méchamment mis à sac le paysage bucolique. Alors c’est reparti, vous refaites le tour du monde à la recherche d’items indispensables ou de donjons maléfiques. Le Zelda mythique sur SuperNintendo avait inventé ce procédé avec un petit Link qui basculait du monde de la lumière au monde des ténèbres. Cette fois là tous les donjons accomplis dans un monde se retrouvaient dans l’autre, en pire. The Ocarina of Time trouve un équilibre beaucoup plus subtil. Chaque époque a ses donjons. Trouver le lieu, l’époque et l’équipement adapté font partie intégrante du jeu.

C’est finalement une des choses les plus étonnantes de cette cartouche. Alors que le scénario, sans doute désuet, peut faire l’objet d’une grande attention pour son souci du détail, il conduit avant tout à des aires de jeux incroyablement évoluées.

Peu importe le scénario. Même si le jeu entraîne le personnage dans de nombreuses scènes en temps réel qui font avancer l’histoire et qui peuvent éventuellement lasser les plus impatients, la récompense du joueur est ailleurs. Car après les ruisseaux, les papillons et la pêche à la ligne, de vrais et sombres donjons vous attendent. C’est ici que l’inventivité des équipes de Nintendo peut faire rougir la concurrence : cette capacité à concevoir des niveaux dont les imbrications architecturales sont aussi crédibles que retorses à assimiler. Chaque « donjon » ou niveau a son thème, de l’arbre séculaire au poisson géant en passant par le vrai donjon de brique, le joueur est obligé de se créer dans la tête une topographie très rigoureuse des lieux. Et en 3D, en volume, cette fois-ci. Si vous voyez une fenêtre vingt mètres plus haut et que votre grappin ne peut l’atteindre, il vous faut penser ou repenser les couloirs, escaliers, sauts et escalades qui pourront vous y conduire. Inouï car chacun des « donjons » rencontré oblige à réfléchir différemment. A chaque thème ses spécificités.

Des décors et des paysages qui ouvrent l’espace vers le ciel comme vers l’horizon. Malgré des limites parfois visibles, les capacités d’affichage de la N64 sont totalement transcendées.

Retenant constamment l’attention du joueur, le rythme lui-même au sein de ces espaces est variable. Vous passez de combats inhumains à des phases de recherche et d’exploration méticuleuse. Luxe ultime, quelque soit le danger derrière une porte, ces phases tendues sont toujours ponctuées de découvertes graphiques surprenantes, voire, éblouissantes. S’il fallait comptabiliser le nombre de fois où la mâchoire du joueur s’ouvre d’incrédulité, Zelda 64 battrait déjà des records. Il y a toujours une surprise au fond d’un trou, derrière une colonne ou un arbre, au-delà d’une colline ou d’une fenêtre. Après plusieurs dizaines d’heures cela devient écrasant. Alors qu’on commence à penser qu’après tant de surprises la lassitude pourrait venir, une nouvelle découverte, un nouveau lieu à explorer, un nouvel objet à utiliser, un nouveau compagnon, vous fait replonger sans rémission. Et quand on perçoit ici ou là les limitations techniques de la Nintendo 64, le compromis entre réduction de définition et spectacle offert est toujours juste.

Du glaive et bouclier de bois aux attributs royaux et métalliques de la Triforce, l’exploitation des armes et autres utilitaires permet à elle seule des manières innombrables de jouer.

Moins copieux que dans un RPG standard, la collection d’armes et d’items ramassés sur la route est en revanche exploitée comme jamais. C’est entendu, le principe de locomotion du jeu est à la 3e personne (et si on disait « vue objective » ?), n’empêche, la visée du lance-pierre ou de l’arc se fait en vue subjective. Précision parfaite. Et si vous savez qu’une fois à dos de cheval vous pouvez viser en vous déplaçant, vous comprendrez que le nombre de façons d’appréhender le jeu est d’une variété invraisemblable.

Par exemple, Link va devoir apprendre à souffler un air pour de vrai dans sa flûte mystique, l’Ocarina, partition à l’appui. Ce n’est pas facultatif, il faudra vraiment jouer des mélodies de trois à cinq notes avec la manette. Pour communiquer à distance, pour ouvrir des passages, pour faire jaillir le soleil ou la pluie. Répétons : Link peut faire apparaître à volonté le soleil ou la pluie sur les terres d’Hyrule !! Vous vous rendez compte du fantasme enfin réalisé ?

Des idées que certains n’osent même pas rêver sont mises en pratique dans cette cartouche. De nouveaux concepts y naissent pour assister le joueur dans une 3D encore confinée dans votre téléviseur.

C’est une certitude, le saut automatique, déjà évoqué, qui renvoie Mario 64 à ses plate-formes simplettes, et les deux formidables trouvailles que sont le bouton « d’attention » et le bouton « sensible au contexte » vont faire des émules ! Après apprentissage progressif, l’évidence de ces fonctions saute aux yeux. La gâchette Z permet à volonté de se verrouiller sur un adversaire de façon à ne jamais le perdre de vue en plein combat. Une fois maîtrisée cela devient un véritable plaisir de faire des bonds sur les côtés ou des sauts périlleux d’esquive arrière en plein combat. D’autant plus que ce bouton Z replace instantanément l’axe de vue derrière Link et permet des changements d’angles ultra rapides.

Le bouton bleu, affiché à l’écran, indique à bon escient la fonction qu’il a. Parler, saisir un objet, frapper : pas de doute sur l’attitude à avoir et donc moins de gestes inutiles. Et puis il y a la petite fée qui accompagne Link et qui survole les différents centres d’intérêt au cas où vous seriez distrait.

Tenez, encore une idée tellement simple qu’on se demande pourquoi elle n’existait pas déjà (encore la preuve que Miyamoto a seul accès à une source d’inspiration à la fois universelle et privilégiée). Tous les personnages qui peuvent nager sont susceptibles de se noyer, non ? Et bien pas Link. Son aptitude à nager sous l’eau est limitée au temps qu’il peut retenir sa respiration. Au bout de trois secondes le personnage remonte automatiquement à la surface pour reprendre une goulée d’air. Ce n’est pas du bon sens ça ? La difficulté consiste alors à accomplir sous l’eau certains objectifs avant la remontée salvatrice. Et évidemment, l’astuce complémentaire c’est que le héros apprendra, avec l’âge, à retenir sa respiration plus longtemps.

Même avec un scénario élaboré et un monde complet reconstitué, Zelda 64 est surtout une expérience interactive. Un jeu vidéo.

Ce monde énorme offert à l’exploration ne serait qu’un tableau si l’interaction n’était pas à la hauteur. Facilement ridicules sur une image fixe, les interlocuteurs rencontrés, une fois animés et « bruités », dégagent de vraies personnalités. Ils vous arracheront toujours un sourire. En toutes circonstances vos déplacements sont suivis scrupuleusement par leurs regards.

Link peut constamment influer sur les éléments du décor, pousser des caisses, couper les mauvaises herbes. Enfant il monte sur les tables, adulte il monte sur les armoires. Gestes inutiles la plupart du temps mais qui matérialisent le décor. Lors du passage de l’enfant à l’adulte, puisque Link a réellement grandi physiquement, la position de la caméra se modifie. C’est discret. Pourtant, pour montrer Link adulte la vue est plus haute, et la caméra plus éloignée qu’enfant. Toute la perception du décor s’en trouve altérée et après des heures d’habitudes enfant, et quelques allers-retours temporels, l’effet est « inconsciemment » marquant.

Un monde interactif à l’écoute de vos oreilles.

L’autre limite reconnue du support cartouche est la qualité sonore. Zelda 64 fait complètement oublier la technique. Si quelques morceaux synthétiques sont là en souvenir des épisodes précédents, certaines compositions orchestrales laissent pantois. Comme dans les films, la musique est là pour encourager les émotions. Souvent joyeuse, elle atteint toute sa maturité dans les moments sombres et dangereux des caves suintantes. Tous les effets spéciaux participent à l’immersion dans un espace qui fourmille de détails sonores. Si ce que vous voyez est en 3D, ce que vous entendez l’est aussi. Vous savez quand le danger vient de droite, de gauche mais aussi d’au-dessus et de quelle distance.

Si vous suivez de près l’évolution des jeux vidéo vous devez savoir qu’une voie entre films et jeux vidéo est en train de se créer. Non pas pour imiter les films mais pour impliquer davantage le joueur dans un vrai scénario auquel il participerait.

Resident Evil II a cette année fait beaucoup progresser cette recherche, mais les décors étaient fixes, le thème spécifiquement horrifique. Dans un tout autre registre, Final Fantasy VII livrait un système alternant avec élégance, avancées automatiques du scénario et actions du joueur, mais il était définitivement linéaire et les combats en sélections de menus plus gestionnaires qu’actifs. A en croire le monde PC, Half-Life devient aussi une réussite de cette approche hybride, mais c’est d’abord un exercice de style en vue subjective. Une énième variation de la course après la mort. N’est-il pas temps de trouver une alternative à ce grossier et trop usité ressort dramatique ?

Car finalement, aucun de tous ces jeux n’offre la sensation de liberté de ce Zelda sur Nintendo 64. Une tentative de mettre en scène la vie et non la mort. L’essai brillant de Nintendo et Miyamoto marque enfin ce pas. Et en plus Zelda a l’ambition modeste d’abriter tous les modes de jeux : des mini-jeux à la Tétris, aux combats contre des démons pour la survie de l’univers

La gamme des émotions ressenties dans Zelda trouve sa richesse dans des infinies variations de petits plaisirs. Vous n’aurez jamais peur pour votre vie. Vous serez pourtant sollicité de mille manières. Curiosité, émerveillement, compassion, inquiétude, patience, satisfaction, rire, vous pouvez continuer la liste. Chevaucher les plaines d’Hyrule au galop pour le simple plaisir ne s’explique guère en terme de score. Il faut accepter les moments de joie pure comme des cadeaux.

Sous des dehors enfantins, voilà un jeu vidéo qui vient en réalité donner une leçon de maturité créatrice à tout le monde.

Zelda ouvre l’horizon de tous les développeurs, de votre télévision et peut-être de votre esprit. Si vous êtes prêt au voyage.

François Bliss de la Boissière

(Publié le 11 décembre 1998)


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